Parmi les morts, une Assemblée de vivants

 

 

J’ai étendu mes mains et je me suis offert au Seigneur;

L’extension des mains en est le signe,

l’extension du bois étendu où le Juste a été pendu, sur la route.

J’ai été sans profit à ceux qui ne m’ont pas saisi,

mais je viens auprès de ceux qui m’aiment.

Ils sont morts, tous mes persécuteurs,

mais ils me prient, ceux qui me savent vivant.

Je suis ressuscité, je suis avec eux, je parle par leur bouche.

J’ai chassé ceux qui les persécutent, sur eux j’ai jeté le joug de mon amour.

Comme le bras du fiancé sur sa fiancée,

ainsi est mon joug sur ceux qui me connaissent.

Comme la tente des fiançailles est dressée chez le fiancé,

mon amour protège ceux qui croient en moi.

Je n’ai pas été réprouvé, quand même j’ai semblé l’être.

Je n’ai pas péri, bien qu’ils m’aient condamné.

L’enfer m’a vu et il a été vaincu,

la mort m’a laissé partir, et beaucoup avec moi.

J’ai été pour elle fiel et vinaigre.

Je suis descendu avec elle, au Schéol, autant qu’il avait de profondeur.

La mort a détendu pieds et tête, ne pouvant supporter mon visage.

J’ai tenu parmi ses morts une assemblée de vivants.

Je leur ai parlé avec des lèvres vivantes,

 en sorte que ma parole ne fût pas vaine.

Ils ont couru vers moi ceux qui étaient morts,

ils ont crié et dit: aie pitié de nous,

Fils de Dieu, agis avec nous selon ta grâce: fais-nous sortir des liens des ténèbres, ouvre-nous la porte, que nous sortions avec toi.

Nous voyons que notre mort ne s’est pas approchée de toi.

Soyons délivrés, nous aussi avec toi, car tu es notre Sauveur.

Pour moi j’entendis leurs voix,  et je traçai mon nom sur leur tête.

Aussi sont-ils libres et m’appartiennent.

Alleluia !

                                                                         Ode 42 de Salomon

 

 

                                    Au Sauveur, le pouvoir de sauver

 

Les  Odes de Salomon sont datés du milieu du 2è siècle et d'origine judéo-chrétienne syrienne, elles sont présentées comme des pièces liturgiques à  deux ou trois voix: le Christ lui-même, la communauté et/ou le fidèle.   

Ce sont des poèmes d'une grande profondeur théologique avec un riche symbolisme proche du vocabulaire et de l'enseignement de saint Jean.

 

L'ode 42 nous  invite à compléter l'étude du thème de la descente aux enfers. http://coptica.free.fr/icone_de_la_resurrection_1227.htm

 

Le grand sabbat du Sauveur

 

Christ, notre lumière, se plongea au milieu des ténèbres. La mort se saisit  du crucifié, mais celui qui entre en elle n’est pas un mortel. La mort n’a aucun droit sur lui, il a assumé toute la nature humaine, excepté le péché.

 

Il mourut, lui, dont la nature était immortelle. L’auteur de la Vie fut enseveli pour délivrer de la souffrance et arracher à la mort ceux pour qui il était venu, pour rompre les chaînes du diable et libérer les hommes de sa méchanceté”.

             (anaphore des Constitutions Apostoliques, 4è siècle)

 

Notre Jésus, est mortel par amour, Il se livre volontairement à la mort par amour, pour notre Salut. Alors la mort est blessée à mort.

 

Tandis que la Source de Vie est enfouie dans le tombeau, le Grand Sabbat s’accomplit.

Dans le silence des profondeurs, “le corps du Logos” (épiclèse de l’anaphore de Sérapion, 4è siècle) est enfoui dans le jardin, la terre reçoit son Seigneur et son Dieu.

 

Les trois jours dans le tombeau, ne se présentent pas comme un temps mort, ni même comme un repos sabbatique dans la tombe, mais comme le prolongement de l'activité terrestre du Messie au royaume des morts pour faire partager les bienfaits du Salut et entraîner l'humanité entière dans le sillage de sa résurrection. –Jn 5,16-30-

Notre ode décrit la descente de Jésus aux enfers, sa prédication "qui ne fut pas vaine", et l'assemblée de ceux qui déjà, grâce à sa présence, sont des vivants.

 

Les enfers, l'enfer?

 

Pour ne pas commettre de contresens, il convient de savoir que l'enfer, les enfers sont des représentations à la fois du shéol juif et de l'hadès grec, c’est-à-dire le royaume des morts.

Les pharisiens croyaient à une vie larvaire dans le sein d'Abraham dans l'attente de la résurrection. La mythologie grecque imaginait le monde des ombres gardé par Hadès: ce monde des ombres se séparait entre les Champs Elysées pour les héros et vertueux, et le Tartare, région aride où les âmes des malhonnêtes,  sont sous la douleur des tortures.

L'enfer représenté souvent dans une certaine iconographie, semble avoir hérité des images du tartare, alors qu'il s'agit plutôt d'un état d'âme enfermée en elle-même que d'un lieu, ce n'est pas les enfers des pères, ni de la liturgie, ni le nôtre.

 

 

La prédication aux enfers selon les pères d'Orient

 

Les pères, surtout alexandrins, des cinq premiers siècles ont tiré les ultimes conséquences du signe de la descente aux enfers.

 

 

Saint Clément d'Alexandrie (†vers 215), le premier, explique que l'Economie du Salut, exige l'appel de tous,

"Le Logos divin a élevé la voix pour appeler tous les hommes <> il a fait la vocation égale pour tous, demandant à chacun selon ses forces".

 (Stromate livre 2, chap 6) D'où l'idée de la descente aux enfers du Sauveur pour l'annonce du Salut à ceux des enfers, les justes idolâtres d'abord, et "tous les esprits aliénés".

"Ils vivent au milieu des ténèbres ceux qui sont enfouis dans l'adoration des idoles <> en effet, ceux qui étaient justes selon la loi de la conscience, la foi manquait <> ils avaient besoin de croire au Seigneur, il leur fallait répudier l'idolâtrie. Aussi les voyons-nous aujourd'hui marcher à la lumière qui leur a été manifestée et se repentir des fautes antérieures. Voilà pourquoi le Seigneur a aussi prêché l'Evangile à ceux qui étaient dans les enfers. <> Ceux qui étaient placés dans les enfers et qui s'étaient jeté dans l'abîme, <> voilà bien ceux qui entendirent les accents de la puissance divine. <>

 On ne refusera pas, j'imagine, au Sauveur, le pouvoir de sauver, puisque sa mission est de sauver!

Et bien, c'est ce qu'il fait en attirant au Salut par la prédication de l'Evangile, tous ceux qui veuillent croire en lui, n'importe le lieu où ils sont. Si donc, le Seigneur est descendu aux enfers, il n'a d'autre motif que de prêcher l'Evangile, pour tous les morts où les hébreux seulement? Tous les morts. Il suit de là que tous ceux qui auront cru seront sauvés <> puisqu'ils auront confessé dans ce séjour le nom du Seigneur. Ils sont, en effet, pleins de salutaires instructions, les châtiments qui poussent le pécheur à sa conversion, et aiment mieux le repentir que la mort. Ajoutez à cela que les âmes, quoiqu'encore obscurcies par les ténèbres des passions, peuvent mieux comprendre le but et le sens de la punition, une fois dégagées de l'enveloppe charnelle qui les assujettissait. <> Le Seigneur est puissant, il sauve avec une justice égale, soit ici-bas, soit ailleurs, quiconque se tourne vers lui. <> La divine Economie de l'incarnation n'a-t-elle pas pénétrée jusque dans l'enfer, afin que là aussi toutes les âmes, au bruit de la prédication divine, ou se repentissent, ou qu'en refusant de croire, elles proclamassent solennellement la justice de leur châtiment. <> Une voix dit d'en-haut à toutes les âmes: "Quels que soient les péchés que vous aurez commis faute de connaissance de Dieu pleinement, du moment qu'ils seront reconnus dans la sincérité du repentir, ils seront pardonnés.    (Stromate 6, chap 6)

 

Clément, donc, méditant la descente de Jésus aux enfers, y entrevoit un appel à la conversion pour les  âmes du séjour de la mort, d'abord ceux qui sans connaître Dieu furent justes dans leur vie, puis celles obscurcies par les passions. Leur Salut passe impérativement par l'intermédiaire du Christ.

Saint Clément d'Alexandrie nous décrit le Christ ressuscité qui ne remonte pas seul des enfers, car là encore, il prêche la conversion et donc la possibilité aux détenus des enfers de recevoir le Salut. Clément étend cette invitation au Salut à toute l'humanité.

 

Pour respecter l'agage "testis unus, testis nullus" un témoin unique est sans valeur, nous appelons d'autres témoignages.

 

Notre grand Origène, considère la descente aux enfers du Messie crucifié comme l'appel au Salut universel. Mais non, comme on a pu lui reprocher, à n'importe condition.

"Qu'on le veuille ou non, nous affirmons ceci:

Déjà, lorsque [Jésus] était dans son corps, il a persuadé <> et [par] son âme, une fois dépouillé de son corps, il est allé s'entretenir avec les âmes dépouillés de leurs corps et il a converti à lui celles d'entre elles qui le voulaient, ou qu'il voyait, pour des raisons connues de lui, mieux disposées." (contre Celse, 2,43).

 

 C'est l'âme du Christ qui est descendu aux enfers. En vertu de l'union hypostatique en Christ de la divinité et de l'humanité, il est incontestable, comme l'ont défendu plus tard saint Grégoire de Nysse et saint Grégoire de Naziance, que si la mort a séparé le corps et l'âme du Crucifié, la divinité est demeurée unie au deux, si le corps reposant au tombeau appartient pleinement au Logos incarné, l'âme dans les enfers est aussi celle du Logos incarné, l'union hypostatique ne peut être défaite. 

Nous disons au soir du samedi saint lors de la levée du tombeau:

"Dans le tombeau avec ton corps, dans les enfers avec ton âme, en esprit, au paradis avec le larron, tu es, ô Christ, un, sur le Trône avec ton Père et l'Esprit Saint, aie pitié de nous".  

 

"Le Christ par son âme unie indissolublement avec le Logos, nous dit Origène, est venu pour sauver les pécheurs, il est allé les rejoindre là où ils étaient, où ils sont: Il ne faut pas s'étonner de cette démarche, ce sont les médecins qui visitent les malades, et quoi d'anormal que le premier des médecins descende chez les malades. Mon Seigneur et Sauveur Jésus est le grand médecin. Même la fièvre intérieure qui ne peut être soignée par les autres, il la soigne lui. Celui qui n'avait pu être soigné par aucun médecin, le Christ Jésus le soigne. Ne crains pas, ne t'étonne pas. Jésus est venu aux enfers et avant lui les prophètes qui annonçaient sa venue"  (homélie 2 sur le livre des Rois), c'est pourquoi, "après son triomphe sur les démons ennemis, il emmène ceux qu'ils détenaient sous leur empire comme le butin de sa victoire et il emporte les dépouilles du Salut".

 

Pour terminer notre visite des pères alexandrins, écoutons notre père saint Cyrille:

"Ayant dépouillé tout l'enfer, et ouvert aux esprits des morts la porte qui ne permettait auparavant aucune issue, il planta là le diable abandonné et seul". (7è homélie pascale) 

Le grand archevêque d'Alexandrie, le "pilier de la foi"  ouvre à la perspective d'un Salut général, aussi, nombreux les patrologues latins y distinguent ici une envolée oratoire dans la joie de la célébration pascale.

Lyrisme? Ce n'est pas certain, Cyrille est un théologien pointilleux qui mesure parfaitement son vocabulaire. Par ailleurs, saint Cyrille modère son affirmation en précisant que le Salut est subordonné à l'adhésion au message du Sauveur:

"Allant prêcher aux esprits en prison, le Christ a délivré ceux qui auraient cru en lui s'ils avaient vécu au temps de sa prédication publique sur la terre". (fragm. sur l'épître de Pierre 3,19 –PG 74, col 1013)

Quoi qu'il en soit, le diable se retrouvant esseulé par la résurrection du Christ demeure encore aujourd'hui un thème bien partagé par la liturgie des Eglises orthodoxes. Ainsi ces tropaires des vêpres du samedi de la joie où Adam représente toute l'humanité:

En ce jour l'enfer se lamente et s'écrit: "mon pouvoir est englouti, le Pasteur a été mis en croix et Adam s'est relevé. Je suis dépouillé de ceux sur qui je régnais, et, tous ceux que j'ai dévorés dans ma puissance, je les renvois tous. Le crucifié a vidé tous les tombeaux, la puissance de la mort n'a plus de force".

 

En ce jour l'enfer s'écrie: "J'avais accepté comme un mortel cet homme mort, il me dépouille des âmes dont j'étais le roi. Moi qui possédais depuis toujours les morts, voici que lui les ressuscite tous".

Un hymne de saint Ephrem utilisé dans l'office syriaque du 3è dimanche de Pâques est de la même veine:

Celui qui dit à Adam: "où es-tu? Celui-là volontairement a revêtu un corps de chair. Il est monté sur la croix, parce qu'il l'a voulu pour chercher le perdu. Il est descendu au shéol et l'a trouvé. Il l'a appelé et lui a dit: "viens donc mon image et ma ressemblance. Voici que je suis descendu vers toi pour te ramener à ton héritage".

 

On attribue à Origène ce cri d'admiration au Sauveur:

'Tu es venu chercher Adam sur terre, ne l'ayant pas trouvé, tu es descendu dans les enfers pour le ramener vers ton Père". 

 

 

Bien plus tard, Jean Damascène  retient la doctrine de "l'Evangélisation des âmes aux enfers, sans pour cela accepter que le Sauveur accorde le Salut à tous indistinctement, mais seulement à ceux qui alors écoutent sa voix. Ceux là seuls, en plus des justes de la Première Alliance qui avaient mené une vie juste sans avoir reçu la lumière de la foi".

Cette annonce du Salut, serait en quelque sorte, la récompense de leurs vertus! (de la foi orthodoxe 1, 3,24) Le raisonnement fait l'impasse sur la grâce divine qui comble toute défaillance pourvu qu'on entende la Parole et qu'on se tourne vers Dieu.

 

La prédication aux enfers selon les pères d'Orient

 

En Occident, saint Irénée de Lyon, (mais doit-on vraiment le ranger parmi les pères occidentaux?) lui aussi ne veut pas limiter le Salut du Christ à ceux qui ont entendu de sa bouche la Bonne Nouvelle, ni à ceux qui peuvent en bénéficier aujourd'hui par la bouche de l'Eglise. C'est pourquoi il s'appuie aussi sur la descente aux enfers du Sauveur qui porte ses effets dans tous les temps:

"[Le Christ descend aux enfers] pour absolument tous ceux qui, depuis le commencement, selon leur capacité et leur temps, ont craint et aimé Dieu, ont pratiqué la justice et la bonté envers le prochain, ont désiré voir le Christ et entendre sa voix". (contre les hérésies 4,22,1).

 

 Saint Irénée semble déjà limiter pour ne pas dire déformer la richesse de l'affirmation initiale du mystère de la descente aux enfers et sa portée pour l'humanité représentée par l'Adam.

Sa position toutefois, si elle semble bien restreinte, était alors nécessaire pour laisser la liberté à la création, et lutter contre certains gnostiques pour lesquels les âmes inévitablement devaient aller vers le Logos comme le fer est attiré par l'aimant.

Certes, Le Christ, nouvel Adam, attire à lui toute l'humanité, mais non sans lui laisser sa pleine liberté,  comme il est écrit dans l'Evangile de saint Jean: "Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, de même, le Fils de l'Homme doit être élevé afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu'il ait la vie éternelle.<> Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pour juger le monde, mais pour faire vivre le monde par ses mains." -Jn 3,14sq- 

Le Salut passe par le Christ et la foi en lui. Nous espérons que le temps de la conversion va jusqu'au moment de la résurrection universelle, alors l'Eglise respecte le mystère de ce que le Père fera des incrédules. Ce qui n'empêche pas quelques grands spirituels comme saint Isaac le Syrien d'espérer le Salut de tous. Cela n'entre pas dans la doctrine de l'Eglise en raison du manque d'unanimité des pères, mais d'espérance de quelques uns.

"Le paradis est l'amour de Dieu dans lequel se trouve les délices de tous les bienheureux. <> Les tourments de l'enfer, au contraire, se résument dans l'impossibilité de s'unir à l'amour de Dieu. Cela ne signifie pas que les pécheurs en enfer soient privés de l'amour de Dieu. <> Il fut un temps où le péché n'existait pas, et il y aura un temps où le péché n'existera plus. La géhenne est le fruit du péché, elle a commencé à exister à un certain moment, mais le moment de sa fin nous est inconnu.<> Que signifie la géhenne face à la résurrection lorsque [Christ] nous relèvera des enfers.<>   + Isaac le Syrien, discours ascétques

 

Salut de tous, oubien  Salut de ceux qui furent justes dans leur vie?

 

A la suite de Jean Chrysostome, Augustin d'Hippone et Grégoire de Rome vont s'opposer à la possibilité de se tourner vers Dieu après la mort. Ils limitent la portée de la descente aux enfers aux justes parmi les juifs et les païens d'avant la prédication du Sauveur, ceux qui ont suivi la loi naturelle.

Pour ne pas rejeter les innocents qui n'ont pas reçu le baptême de l'Eglise, les deux Grégoire cappadociens suggèrent l'existence des limbes, "lieu" neutre, sans lumière de Dieu mais sans tourments, pour les justes et enfants innocents.

 

Augustin, qui assimile l'enfer au tartare, lieu de tourments et de châtiments sans fin, s'élève contre cette nouveauté et place tout ce beau monde dans une zone de l'enfer atténué. Il semble aujourd'hui que l'occident ait dépassé cette opinion restrictive.

Une homélie du pape de Rome Benoît XVI, en laisse-t-elle le présage?:

"Retournons encore à la nuit du Samedi saint. Dans le Credo, nous proclamons, à propos du chemin du Christ : "Il est descendu aux enfers". Qu’est-il arrivé alors ? Puisque nous ne connaissons pas le monde de la mort, nous ne pouvons nous représenter ce processus de victoire sur la mort qu’à travers des images qui restent toujours peu adaptées. Avec toute leur insuffisance, elles nous aident cependant à comprendre quelque chose du mystère. <> La porte de la mort est fermée, personne ne peut entrer par là. Il n’y a pas de clé pour cette porte de fer. Pourtant, le Christ en a la clé. Sa Croix  ouvre toutes grandes les portes de la mort, les portes inviolables. Maintenant, elles ne sont plus infranchissables. Sa Croix, la radicalité de son amour, est la clé qui ouvre cette porte. L’amour de Celui qui, étant Dieu, s’est fait homme pour pouvoir mourir, cet amour-là a la force d’ouvrir la porte. Cet amour est plus fort que la mort. Les icônes pascales de l’Église d’Orient montrent comment le Christ entre dans le monde des morts. Son vêtement est lumière, parce que Dieu est lumière. "Même les ténèbres pour toi ne sont pas ténèbres, et la nuit comme le jour est lumière» (. Ps 138 [139], 12). Jésus, qui entre dans le monde des morts, porte les stigmates: ses blessures, ses souffrances sont devenues puissance, elles sont amour qui vainc la mort. Jésus rencontre Adam et tous les hommes qui attendent dans la nuit de la mort. À leur vue, on croit même entendre la prière de Jonas: "Du ventre des enfers, j’appelle: tu écoutes ma voix" (Jon 2, 3).

Dans l’incarnation, le Fils de Dieu s’est fait un avec l’être humain, avec Adam. Mais c’est seulement au moment où il accomplit l’acte extrême de l’amour en descendant dans la nuit de la mort qu’il porte à son accomplissement le chemin de l’incarnation. Par sa mort, il prend par la main Adam, tous les hommes en attente, et il les conduit à la lumière. <>  Oui, l’âme est immortelle, parce que l’homme demeure de manière singulière dans la mémoire et dans l’amour de Dieu, même après sa chute. Mais sa force ne lui suffit pas pour s’élever vers Dieu. Nous n’avons pas d’ailes qui pourraient nous porter jusqu’à une telle hauteur. Et pourtant rien d’autre ne peut combler l’homme éternellement si ce n’est être avec Dieu. Une éternité sans cette union avec Dieu serait une condamnation. L’homme ne réussit pas à atteindre les hauteurs, mais il aspire à monter : "Du ventre des enfers, j’appelle "

Seul le Christ ressuscité peut nous mener jusqu’à l’union avec Dieu, jusqu’à ce point où, par nos forces, nous ne pouvons parvenir. Lui prend vraiment la brebis perdue sur ses épaules et il la ramène à la maison. Nous vivons accrochés à son Corps, et, en communion avec son Corps, nous allons jusqu’au cœur de Dieu. Ainsi seulement la mort est vaincue, nous sommes libres et notre vie est espérance."

                            + Benoit XVI      homélie de la vigile pascale 2006

 

Pour nous, nous prenons dans toute sa force ce tropaire de Pâques:

"Ta résurrection s'est levée sur la création, la mort et Satan ont pris la fuite, l'Eglise est en joie parce qu'elle a été rachetée, et le shéol est en deuil parce qu'il a été dévasté."

 

La mort de la mort

 

Pour nos pères d'Alexandrie, la descente aux enfers est la preuve que le Sauveur est mort dans sa chair sur la croix, sa mort librement consentie apporte une défaite pour la mort et sur le démon, une victoire totale, une délivrance pour les âmes. Elle justifie la prière pour les morts http://coptica.free.fr/priere_pour_les_morts_1029.htm en les aidant à se tourner vers leur créateur. C'est toujours Satan dépouillé ou vaincu, le Christ triomphant du péché d'Adam, les âmes sortant de captivité,

 

Cette victoire, une fois pour toutes, conserve sa valeur pour l'éternité, elle s'étend dans la durée des siècles, toutes les générations peuvent en bénéficier. Saint Proclus, évêque de Constantinople, (446 †) célèbre, en ces termes, dans un sermon pour le vendredi-saint, la victoire du Sauveur:

"Aujourd'hui la mort a reçu un mort qui vit toujours.

Aujourd'hui sont brisés les fers que le serpent forgea dans le paradis.

Aujourd'hui sont délivrés ceux qui étaient esclaves depuis des siècles.

Aujourd'hui la lumière a luit dans les ténèbres et vidé tout le trésor de la mort.

Aujourd'hui le roi est rentré dans la prison.

Aujourd'hui il a brisé les portes d'airain et les verrous de fer, celui qui, absorbé comme un mort, ordinaire, a dévasté l'enfer parce que Dieu.

Aujourd'hui le Christ, pierre angulaire, a ébranlé l'antique fondement de la mort: il a arraché Adam, sauvé Abel et renversé toute la demeure infernale.

Aujourd'hui ceux qui pleuraient, ceux que la mort avait dévorés, crient à haute voix: "O mort, où est ta victoire, enfer, où est donc ton aiguillon?"

                                                    Sermon VI .PG LXV, col. 721.

 

Pas de Salut pour ceux qui sont morts en état de péché?

 

C'est pourtant un prédécesseur de Proclus sur le siège de Constantinople, saint Jean Chrysostome,(407 †) qui reprenant les arguments de la tradition juive extra-canonique et à la suite de quelques pères apologistes, prêche, à Antioche et à Constantinople, aux chrétiens de cette civilisation grecque raffinée, jouisseuse et souvent corrompue, la pérennité des peines de  l'enfer avec sa durée sans fin pour le corps et pour l'âme. -In Epist. I ad Thess.-  

Il résout l'objection tirée de la bonté divine et de la justice contre l'éternité châtiant la faute d'un instant en proposant l'exemple de la justice humaine, et prouve la nécessité morale de cette sanction, "autrement Paul, Néron et le diable seraient heureux ensemble".

Il nie toute rédemption des fautes après la mort:

 

"C'est un enfantillage de penser que la prédication [aux enfers] peut convertir après la mort. Nous n'avons que la vie présente pour faire le bien; il n'y a pas de place pour le repentir efficace dans la vie d'outre-tombe. Car si les incrédules pouvaient se convertir après leur mort et croire en Dieu, personne ne périrait jamais, puisque tous se repentiraient un jour et adoreraient Jésus-Christ selon cette parole:

" Toute langue confessera que Jésus-Christ est le Seigneur, et tout genou fléchira devant lui dans le ciel, sur la terre et dans les enfers. " (Phil. II, 14.) Et ailleurs: " La mort sera le dernier ennemi que Jésus-Christ détruira. " (I Cor. V, 11.) Mais toutes ces adorations seront alors très inutiles, parce qu’elles ne viendront point d’une humiliation volontaire, mais d’une reconnaissance forcée.

Eloignons de nous, mes frères, ces opinions puériles et ces fables judaïques. (Homélie 36 sur Mathieu)

 

Universalité des fruits de la croix et de la rédemption?

Une exégèse de l'épitre de saint Pierre

Quittons Jean Chrysostome et son opinion de circonstance, pour reprendre l'exégèse de l'épître de saint Pierre, fondement de la descente salvatrice du Sauveur aux enfers. "En effet, le Christ lui-même a souffert pour les péchés, une fois pour toutes, lui juste pour les injustes, afin de vous présenter à Dieu, lui mis à mort en sa chair, mais rendu à la vie par l'Esprit. C'est alors qu'il est allé prêcher même aux esprits en prison, aux rebelles d'autrefois, quand se prolongeait la patience de Dieu aux jours où Noé construisait l'arche, dans laquelle peu de gens, huit personnes, furent sauvés par l'eau. C'était l'image du baptême qui vous sauve maintenant: il n'est pas la purification des souillures du corps, mais l'engagement envers Dieu d'une bonne conscience; il vous sauve par la résurrection de Jésus Christ." -1 Pierre 3,18-21-.

Une grande théorie se fait jour ici: l'universalité de la rédemption s'étend au passé comme au présent. Christ a souffert une fois pour toutes pour les justes et les injustes, il est même allé prêcher aux esprits en prison. Tous les commentateurs sont d'accord pour dire que cette insolite "prison" est celle du royaume de la mort, le shéol.

 

Grégoire le Grand (604 †) le pape de Rome déclare que, dans sa descente aux enfers, "le Christ a sauvé uniquement de la prison de l'enfer ceux qu'il avait conservés par sa grâce, lorsqu'ils vivaient sur terre, dans la foi et les bonnes œuvres. Pour lui, le Sauveur n'a pu libérer que ceux qui étaient morts dans l'état de grâce, vu que le sort de l'homme serait irrévocablement fixé par la mort".

Cette doctrine s'est imposée dans la théologie occidentale.

 

Cependant, la théologie orientale jusqu'à saint Jean Damas­cène (749 †) inclus, soutient la réalité de la prédication du Sauveur et la possibilité d'une conversion.

 

Augustin d'Hippone (430 †) a lui aussi préservé l'idée d'évangélisation, mais d'une autre manière, curieuse, ainsi d'après lui, "les esprits en prison sont les contemporains de Noé enfermés dans les ténèbres de l'incrédulité, et il s'agit d'une prédication que le Christ avant l'incarnation, leur a adressée au temps du déluge.  Le Fils de Dieu leur aurait porté le message de l'Evangile, car avant de venir sur terre dans la chair, il serait venu "en esprit" vers les hommes". On reconnaît immédiatement que l'interprétation augustinienne ne répond pas au sens littéral de l'épître de Pierre, où il s'agit du Christ non pas avant son Incarnation, mais au moment de sa mort, et la prédication est adressée non pas à des vivants mais à des morts. Aussi cette interprétation est-elle plutôt abandonnée par les théologiens.

 

Le choix de la figure du temps de Noé illustre bien l'universalité. Car, dans le judaïsme, la génération du temps de Noé représente par excellence, pour tous les temps, la révolte contre Dieu, le refus de se convertir.

Lorsque saint Pierre nous décrit le Christ allant vers cette génération pour lui prêcher, il veut nous montrer l'étendue extrême de son pouvoir salvifique: par le pouvoir de vie en Esprit qu'il a acquis dans sa mort, le Christ propose la conversion aux habitants du shéol; par sa prédication ceux qui avaient résisté à l'appel de Noé, même les plus incrédules cèdent devant ce pouvoir du Sauveur et sont arrachés à la prison de leur incrédulité.

Le Sauveur apparaît comme plus puissant que tout le mal commis dans le monde. Il n'y a pas de péché qui doive empêcher la conversion, et aucun pécheur, si révolté soit-il, n'est privé de possibilité de Salut.

 

En pénétrant par la mort dans la gloire, le Sauveur a élevé son action sur un plan qui dépassait le déroulement temporel. Suggestive à cet égard est l'affirmation de l'épître aux Hébreux: par sa mort, le Christ a "trouvé une rédemption éternelle" -Hb9, 12-. 

En effet, l'épître de Pierre suggère que le Christ a agi, par cette vivification spirituelle, sur les défunts, de la même manière qu'il agit sur les vivants, notamment dans le baptême, par la force de sa Résurrection et de son Ascension -Hb2, 21-22-.

Cette confiance est confirmée par la déclaration de 1Pierre 4, 6: "C'est pour cela que l'Evangile a été annoncé aux morts, afin que, jugés dans la chair selon les hommes, ils vivent selon Dieu dans l'esprit."

Toute grâce vient du Christ glorieux, elle est la même dans le passé et dans l'avenir, sa nouveauté n'est pas enfermée dans le temps, elle le dépasse.

 

Dans cette perspective, on peut également comprendre la vue de saint Cyrille d'Alexandrie (412 †), d'après laquelle le Christ, en descendant aux enfers, y a vaincu le démon et l'y a laissé seul en lui arrachant toutes ses victimes. C'est qu'en effet, le Christ est mort pour tous les hommes, afin de leur offrir à tous le Salut.

 

Résister au Mauvais et exercer la pleine liberté

 

Cela n'entraîne pas que tous soient sauvés, mais que le Mauvais ne puisse contraindre personne à la damnation, car chaque homme reçoit la grâce qui le rend capable de résister au mal, de croire et d'être sauvé: la puissance spirituelle du Christ glorieux est plus forte que l'esprit du mal.

Seule la volonté de l'homme même libéré du Satan et de ses ruses trompeuses est encore capable de refuser la grâce, c'est pourquoi, on ne peut pas déclarer simplement: "nous irons tous au paradis."

Respectons le mystère de l'amour de Dieu et celui de la liberté de l'homme, Dieu sait quoi faire de cette antinomie. Ayons confiance.

 

Notons enfin, que par l'universalité de la proposition du Salut, la descente aux enfers prend un aspect cosmique. En pénétrant dans la mort, le Christ sauve l'univers.

Cet aspect cosmique a notamment été mis en lumière par une homélie pascale attribuée à saint Hippolyte de Rome (235 †):

"Cet arbre [du Christ en croix] aux dimensions célestes s'est élevé de la terre aux cieux, se fixant, plante éternelle, au milieu du ciel et de la terre, soutien de toutes choses et appui de l'univers, support de toute la terre habitée et joint du monde, tenant assemblée la variété de la nature humaine, et cloué par les chevilles invisibles de l'Esprit, afin qu'ajusté au divin, il n'en soit plus détaché.<>

O divine extension en tout et partout, ô crucifixion qui s'étend à travers toutes choses.

O unique des uniques, vraiment tout en tout, que les cieux aient ton esprit, le paradis ton âme, et la terre ton corps. L'indivisible s'est divisé, afin que tout soit sauvé, afin que même le lieu d'en bas ne soit  pas privé du divin avènement.

 

Le tout, c'est-à-dire le monde avec son séjour de la mort, d'une mort qui elle-même a été condamnée à mort. L'homélie dans son déroulement laisse entendre que le Christ est demeuré trois jours dans ce séjour de la mort pour sauver toute l'humanité, celle d'avant la Loi, celle de la Loi, celle de l'Alliance Nouvelle, et encore, pour sauver tout l'homme, âme, esprit et corps. C'est donc la finalité de tout l'univers, de toute l'humanité, de tout le genre humain, que le Christ, au moment où il entrait dans l'au-delà, tenait dans l'offrande de son sang.

 

Conclusion

 

Quelques grincheux posent alors la question: Dans ces conditions, à quoi nous sert-il de vivre, autant qu'il est possible, dans le respect des commandements, de prier, de consacrer du temps à l'Eglise, de se soucier des pauvres et des malades, d'aimer Dieu et sa création? Je suis tenté de répondre: avec cet état d'esprit et ce raisonnement: à rien!

Ce qui faut tenir fermement: Les enfants du Royaume se trouveront plus ou moins proches du Père, selon la capacité de chacun d'accueillir la lumière de la divinité. Il n'y aura pourtant pas de hiérarchie entre eux. Pour chacun, la mesure personnelle de sa communion avec Dieu sera la plus grande possible.

 

En vérité, notre Jésus nous donne la belle et vraie réponse dans la parabole du fils prodigue: à la colère du fils aîné devant le pardon et la générosité du père, celui-ci répondit: "mon fils, toi, tu es tout le temps avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi." –Lc 15,11-32

La vie en Eglise à la suite du Christ, une vie tournée vers Dieu, Père, Fils et saint Esprit c'est déjà le Royaume en nous: vie en Christ qui nous offre une alliance d’amour, un lien d’amour qui nous rend heureux, comme lui Jésus un avec le Père, nous aussi uns en Lui. C'est suffisant pour donner un sens à notre vie de chrétien et recevoir avec action de grâces, déjà,  la plénitude de la Vie éternelle.

Le fils prodigue n’est pas revenu chez son père parce qu’il était seulement fatigué de garder des porcs et de manger des glands. Il avait faim du pain de la joie que seul le père pouvait lui donner.

 

                                                                                          +Elias-Patrick

 

EXCURSUS:

Une représentation originale de l'enfer et de la descente aux enfers

 

 

Parmi les représentations de l'enfer dans l'imagerie du moyen âge, l'une des figures moins connue, mais pourtant bien présente en occident est celle de la gueule dévorante.  

Dépourvue de corps et de membres, la Gueule d'Enfer se limite à une tête, la bouche démesurée pleine de dents et grande ouverte. 

Il apparaît bien que cette gueule est celle de l'enfer des réprouvés.  

Sur le portail de l'abbatiale de Conques, nous voyons un diable pousser trois damnés dans la gueule de l'enfer, et aussi un satan psychopompe tenant fermement ses conquêtes.

 

 

       

 

Une enluminure du "psautier de saint Louis et Blanche de Castille,  écrit pour la Sainte Chapelle de Paris, aujourd'hui conservé à la bibliothèque de l'Arsenal, représente les deux lieux mystiques du séjour des morts: les justes dans le sein d'Abraham en référence au vocabulaire de la piété juive, et, les condamnés dans la gueule de l'enfer.

 

 

 

Une autre miniature de ce même manuscrit nous montre l'ange annonçant la résurrection aux femmes et  la gueule de l'enfer vidée par le Sauveur en prémice de sa résurrection. Elle illustre une séquence de l'anaphore de saint Hippolyte:  "[Ton Fils, le Logos/Parole] <> se livrait librement sur la croix pour détruire la mort, briser les chaînes du diable, fouler l'enfer à ses pieds, répandre sa lumière sur les justes, établir l'Alliance et manifester la Résurrection...." La préface a déjà entrevu le mystère: "Le Christ se lève du tombeau, résurrection de l'humanité et prémice de notre naissance à la vie éternelle" .  

 

 

 

La rosace dite "du jugement dernier" de la cathédrale de Chartres, montre en opposition à la pesée de l'âme par saint Michel, la gueule de l'enfer grande ouverte sur un personnage tenant une bourse;

selon les historiens de l'art, il représenterait Judas, l'archétype des condamnés au châtiment de l'enfer.

    

 

 

Un chapiteau de l'église saint Pierre de Mossac montre aussi un damné dévoré par une gueule affamée.

 

 

 

Nous retrouvons des images plus rassurantes de cet enfer glouton, corrigées par le thème de la descente du Sauveur aux enfers. Ici, la gueule de l'enfer n'engloutit pas les damnés, elle les rejette.

 

Nous voyons cette iconographie particulièrement représentée dans les calvaires des enclos bretons.

Celui de Pleyben dans le Finistère où Christ reçoit Adam et Eve suivis par des personnages en attitude de prière.

 

 

 

Dans celui de Plougonven aussi dans le Finistère,  le Christ ici, selon une typologie des icones orientale, conduit par la main Adam et Eve hors de la gueule de l'enfer.

 

 

 

 Pour terminer cette liste non exhautive, voici un détail du portail de la cathédrale de Strasbourg, qui s'inpire d' évangile apocryphe, il montre le christ dans les enfer, tenant la croix insigne du triomphe, précédent Adam et Eve, déjà sorti du gouffre de la gueule de l'enfer. Le diable, sous l'aspect de la mort, gît dans la mandibule inférieure de la gueule, tandis qu'un personnage demeure dans le chaudron, évocation du refus du Salut par quelques uns?

 

 

 

Et pour le plaisir, une enluminure du "psautier de Munich" daté des premiers jours du 13è siècle.

Dans la vignette du haut, Christ arrache Adam & Eve et bien d'autres, de la gueule de l'enfer, le diable étant enchaîné.

Dans la vignette du bas, Marie-Madeleine, abritée par un arbre de vie,  reconnait son maître dans le cri du coeur "Rabouni", et se jetant à ses pieds tente de l'embrasser.

 

Christ renverse le royaume de la mort