L’entrée de Jésus à Jérusalem

 

      

 

Homélie de notre père parmi les saints, Cyrille d'Alexandrie

 

Bien-aimés, célébrons aujourd’hui la venue de notre Roi, allons au-devant de lui, car il est aussi notre Dieu. <> Élevons vers Dieu notre cœur, n’éteignons pas l’esprit, allumons allègrement nos lampes, changeons l’habillement de notre âme.

Comme des vainqueurs, prenons en mains des palmes, et comme des gens simples, acclamons-le avec le peuple.

Avec les enfants, chantons avec un cœur d’enfant :

 

Hosanna ! Béni est celui qui vient au nom du Seigneur !

 

Aujourd’hui même il entre à Jérusalem, à nouveau la croix se prépare, l'acte d’accusation d’Adam est déchiré; à nouveau le paradis s’ouvre, le larron y est introduit, à nouveau l’Église est en fête; <>

Il ne vient pas accompagné par les puissances invisibles du ciel et les légions d’anges.

Il n’est pas assis sur un trône sublime et élevé, protégé par les ailes des séraphins, un char de feu et des êtres aux yeux multiples, faisant tout trembler par des prodiges et le son des trompettes. Il vient dans la nature humaine.

C’est un avènement de bonté, non de justice, de pardon, non de vengeance. Il apparaît non dans la gloire de son Père, mais dans l’humilité de sa mère. Le prophète Zacharie nous avait annoncé cet avènement autrefois ; il appelait toute la création à la joie :

 

Réjouis-toi de toutes tes forces, fille de Sion !

 

C’est la même parole que l’ange Gabriel avait annoncé à la Vierge: " Réjouis-toi", le même message aussi que le Sauveur a annoncé aux saintes femmes après sa résurrection: "Réjouissez-vous ".

 

Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi, assis sur un âne, un tout petit âne.

 

Qu’est-ce que cela ? Il ne vient pas avec éclat comme tous les autres rois.

Il vient dans la condition du serviteur, époux plein de tendresse, agneau très doux, fraîche rosée sur la toison, brebis conduite à l’abattoir, agneau innocent entraîné au sacrifice.

 

Aujourd’hui, les enfants des Hébreux courent au-devant de lui, offrant leurs rameaux d’olivier à celui qui est miséricordieux et, dans la joie, reçoivent avec des palmes le vainqueur de la mort.

 

                           Hosanna ! Béni est celui qui vient au nom du Seigneur !

 

Cyrille d’Alexandrie, († 444)  Homélie 13 ; PG 77, 1049,

 

 

Homélie de notre père parmi les saints, Proclus, archevêque de Constantinople

 

La fête que nous célébrons demande toute notre attention et tous nos soins; il faut que nous témoignions de la promptitude, et de l'empressement pour aller au devant de notre Roi, qui vient à nous.

C'est ce que nous dit l'Apôtre en nous apprenant cette heureuse nouvelle.  Le Seigneur est proche, ne vous inquiétez de rien: ce n'est point par notre vitesse, c'est par nos bonnes œuvres que nous le trouverons.

Il est encore fort à propos de nous ressouvenir de cette maxime de l'Apôtre: La nuit est déjà fort avancée, et le jour s'approche, quittons donc les oeuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de la lumière, marchons avec bienséance, et avec honnêteté, comme marchant durant le jour.

 

Allumons le flambeau de la foi, fournissons-nous de l'huile de la miséricorde à l'exemple des vierges sages et demeurons sur nos gardes, et veillons pour attendre la venue de Jésus-Christ.

 Chantons des hymnes à la louange de la justice et parfumons les pieds du Sauveur, comme fit Marie: écoutons ce qu'il dit à Dieu après sa Résurrection. Donnons à Dieu des louanges digne de sa Majesté, chantons avec le peuple de Jérusalem: Gloire dans les Cieux, béni est le Roi d'Israël, qui vient au nom du Seigneur. Il vient à nous, et il ne s'en éloigne jamais.

Le Seigneur ne manque point d'avoir soin de tous ceux qui implorent son secours, et qui l'invoquent avec un cœur sincère, et véritablement contrit.

 

Tout ce qui se passe dans la fête que nous célébrons, ce sont des symboles et des figures d'une marche Royale.

Lorsque le peuple se prépare à recevoir un roi qui doit faire son entrée dans une ville, il aplanit les chemins par où le prince doit passer, on couronne de fleurs les portes des maisons, on ajoute de nouveaux ornements à la ville, on n'épargne rien pour rendre le palais propre et magnifique, l'on dispose dans tous les quartiers des chœurs de musique, pour célébrer ses louanges. Ces préparatifs sont des signes de l'entrée que le prince doit faire dans une ville.

Voilà à peu près ce que nous devons faire: nous devrions même préparer de plus grandes magnificences. Car comme la dignité du Roi céleste est infiniment au dessus de celle des autres rois, ainsi les devoirs que nous lui rendons doivent croître à proportion.

 

 Voilà ce Roi débonnaire, et pacifique, qui est à la porte de notre ville. Les Chérubins lui servent de trône dans le Ciel, mais sur la terre, il se contente d'une ânesse. 

Préparons notre âme, afin qu'il y vienne faire sa demeure. Bannissons-en la haine et les animosités que nous pourrions avoir contre nos frères.  Prenons garde qu'on ne nous trouve coupables de quelques blasphèmes: que notre cœur soit une vive source de charité, et qu'il soit inaccessible à toute sorte d'inimitié. que nos lèvres soient des organes de la piété, récrions-nous avec la foule, et disons,

 

                    Béni est le Roi d'Israël, qui vient au nom du Seigneur.<> 

 

Depuis ce temps-là, la Croix a été révérée par toute la terre, elle fait honneur aux rois, les prêtres s'en font une gloire; elle sert de garde à la virginité, c'est l'appui de la vie religieuse, elle resserre les nœuds du mariage, elle soutient les veuves, elle protège les orphelins, elle augmente la fécondité, elle multiplie les sujets de l'Eglise, elle éclaire les fidèles, elle peuple les solitudes, elle ouvre la porte du paradis, elle en a montré le chemin à un voleur, elle étouffe les haines et les dissensions, elle donne la chasse au démon.

 

Prenons des branches de palmiers en nos mains, et allons au devant de notre Maître <> courez tous avec joie au devant de celui qui a ressuscité Lazare.

Ecriez-vous avec tout le Peuple, Béni est celui qui vient au nom du Seigneur.

 

Que la gloire lui soit rendue dans les siècles éternels.

 

                                             Proclus, évêque de Constantinople († 446)

                 

 

Homélie du juste André, métropolite de Gortyne, en Crète

 

Venez, gravissons ensemble le mont des Oliviers, allons à la rencontre du Christ.

Il revient aujourd'hui de Béthanie et il s'avance de son plein gré vers sa sainte et bienheureuse passion, afin de mener à son terme le mystère de notre Salut.

Il vient donc, en faisant route vers Jérusalem, lui qui est venu du ciel pour nous, alors que nous étions gisants au plus bas, afin de nous élever avec lui, comme l'explique l'Écriture,
au-dessus de toutes les puissances et de toutes les forces qui nous dominent, quel que soit leur nom.

Et il vient sans ostentation et sans faste. Car, dit le prophète, il ne protestera pas, il ne criera pas, on n'entendra pas sa voix . Il sera doux et humble, il fera modestement son entrée. ~

Alors, courons avec lui qui se hâte vers sa passion; imitons ceux qui allèrent au-devant de lui.

Non pas pour répandre sur son chemin, comme ils l'ont fait, des rameaux d'olivier, des vêtements ou des palmes. C'est nous-mêmes qu'il faut abaisser devant lui, autant que nous le pouvons, l'humilité du cœur et la droiture de l'esprit, afin d'accueillir le Logos qui vient, afin que Dieu trouve place en nous, lui que rien ne peut contenir.

Car il se réjouit de s'être ainsi montré à nous dans toute sa douceur, lui qui est doux, lui qui monte au dessus du couchant , c'est-à-dire au-dessus de notre condition dégradée.

Il est venu pour devenir notre compagnon, nous élever et nous ramener vers lui par la parole qui nous unit à Dieu.

Bien que, dans cette offrande de notre nature humaine, il soit monté au sommet des cieux, à l'orient, comme dit le psaume, j'estime qu'il l'a fait en vertu de la gloire et de la divinité qui lui appartiennent. En effet, il ne devait pas y renoncer, à cause de son amour pour l'humanité, afin d'élever la nature humaine au-dessus de la terre, de gloire en gloire, et de l'emporter avec lui dans les hauteurs.

C'est ainsi que nous préparerons le chemin au Christ: nous n'étendrons pas des vêtements ou des rameaux inanimés, des branches d'arbres qui vont bientôt se faner, et qui ne réjouissent le regard que peu de temps. Notre vêtement, c'est sa grâce, ou plutôt c'est lui tout entier que nous avons revêtu :  Vous tous que le baptême a unis au Christ , vous avez revêtu le Christ . C'est nous-mêmes que nous devons, en guise de vêtements, déployer sous ses pas.

Par notre péché , nous étions d'abord rouges comme la pourpre , mais le baptême de Salut nous a nettoyés et nous sommes devenus ensuite blancs comme la laine .

Au lieu de branches de palmier, il nous faut donc apporter les trophées de la victoire à celui qui a triomphé de la mort.

Nous aussi, en ce jour, disons avec les enfants, en agitant les rameaux qui symbolisent notre vie : Béni est celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'lsraël !

 

                        ?  André de Crête    († 740)

 

 

voir aussi: la fête des Rameaux

 

Rameaux, trois homélies