Péché & Salut
1.Le règne du péché
Le Messie par son baptême inaugure sa mission. Il est la lumière de notre Salut. Il dit à Jean le Précurseur: "Il est convenable que nous accomplissions toute justice" -Math. 3,15.- Quelle est donc cette justice, qui force le Fils de Dieu à recevoir un baptême de pénitence? Saint Paul -dans l'épître aux Romains 1, 16-17-, nous explique que l'Evangile est une force divine qui cause le Salut, car en lui se révèle la justice de Dieu. Il associe les notions de Salut et de Justice. Dieu est appelé juste, non seulement parce que il est le juste juge qui rend à chacun selon ses œuvres mais aussi et surtout, parce qu'il est fidèle à ses promesses en étant le sauveur exerçant la miséricorde. L'Evangile nous annonce l'activité juste et miséricordieuse de Dieu: la vie, la mort la résurrection du Christ pour notre Salut. Origène commente notre citation en entendant que la justice de Dieu est sa volonté salvifique universelle: " la justice de Dieu se révèle dans l'Evangile par cela que personne n'est exclu du Salut". La liturgie de la fête de "En ce jour, le créateur du ciel et de la terre s'approche du Jourdain en sa chair pour demander le baptême, lui sans péché, afin de purifier l'univers de la séduction de l'ennemi. Il est baptisé par un serviteur, le maître de toutes choses, et il donne à l'humanité d'être purifiée par l'eau, lui, le Christ notre Dieu et Sauveur". Ce tropaire est d'une grande précision théologique: 1. Celui qui est immergé est le créateur du ciel et de la terre en sa chair, un, parfait selon la divinité, parfait selon l'humanité. 2. Il est sans péché et demande le baptême pour purifier l'univers de la séduction. Les fêtes de la manifestation du Sauveur (Nativité, Théophanie, sainte Rencontre) nous ont permis de repasser dans notre cœur le point 1 et de rendre grâce au Père pour l'envoi dans le monde du Logos fait chair.
Le temps du carême fera mémoire des moyens mis en œuvre par le Messie pour notre Salut: la lutte contre le Mauvais, la croix, la descente aux enfers et la résurrection. (point 3).
Mais avant de développer le mystère du salut, l'Eglise abordera avec discrétion le mystère d'iniquité: la chute, le péché, la mort. (point 2). Il nous faut savoir de quoi nous devons être purifiés, de quoi, de qui, être sauvés. Il ne suffit pas d'affirmer: "nous sommes libérés!, sauvés! Enfants du royaume!", il faut se convaincre nous mêmes et persuader nos contemporains qu'il ne s'agit pas de discours pieux sans réalité objective mais d'une vérité, spirituelle certes, mais une vérité qui assurément modifie le cours de notre vie. La foi ne tend d'aucune manière à ignorer la réalité de notre condition humaine, les multiples sortes de maux, de souffrances, de détresses morales et physiques. La foi les prend en compte dans le but de dresser le bilan le plus honnête de notre situation. A chaque Oblation de la liturgie de saint Basile, avant de faire mémoire de l'œuvre du Salut, nous nous souvenons d'où nous venons, et de la perte de notre véritable nature:
"Saint, saint, saint es-tu vraiment, Seigneur notre Dieu. Tu nous as façonnés et nous as placés dans le jardin des délices. Alors que nous avions transgressé ton précepte par la tromperie du serpent, que nous avions été déchus de la vie éternelle et exclus du jardin des délices, tu ne nous as pas rejetés pour toujours, mais tu nous as visités continuellement par tes saints prophètes. Et en ces derniers jours, tu t’es manifesté à nous, qui étions plongés dans les ténèbres et l’ombre de la mort, par ton Fils unique Jésus Christ, notre Seigneur, Dieu et Sauveur".
Le Salut annoncé dans l'Eglise ne gomme pas le mal qui a sa source dans le cœur de l'homme, il est le germe de l'avenir glorieux de l'Economie divine. En attendant ce jour du Seigneur, où Dieu sera tout en tous, l'homme doit dénoncer son péché et lutter pour hâter la délivrance de la création qui gémit dans les douleurs de l'enfantement du monde nouveau. Mais aujourd'hui, coexistent dans la création, le Royaume de Dieu, doux, discret, modeste, et le règne du prince de ce monde, bruyant, triomphant, violent. Le prince de ce monde, Satan, est déjà jugé par l'exaltation du Messie sur la croix, pourtant il conserve encore pour un temps le redoutable pouvoir de tromper, lui le prince du mensonge, et de semer dans le champ du Seigneur, la mauvaise herbe pour tenter d'étouffer la croissance du Royaume.
Le récit de Si on demande de quel péché précis il s'est agi pour causer un tel dégât, nous devrions plutôt examiner l'œuvre du Salut pour mesurer la distance entre le projet de la volonté divine et notre état. Le récit de Nous devons pourtant bien connaître les racines du mal pour mieux les arracher. La chute d'Adam fut précédée et répète une autre chute, celle d'un groupe d'anges dont le "serpent", Satan, apparaît comme leur coryphée. Ces puissances ennemies, ne sont pas mauvaises à l'origine par leur nature; elles sont des créatures bonnes d'Adonaï. Nous ne savons pas trop comment elles en sont arrivées à se révolter contre leur créateur mais les Ecritures et les traditions rabbiniques laissent entendre que leur péché fut le refus de la participation de l'homme au royaume de Dieu . -Genèse 6, 1-3-, suggère aussi que la chute des anges provient d'une volonté de leur part de captation et de détournement à leur profit de la création terrestre. Quoiqu'il en soit, le principe de la chute est la volonté d'autonomie d'une créature qui par orgueil s'oppose au plan divin. La chute de l'homme reste dans la même perspective. Le serpent séduit Eve en lui posant une question sur l'arbre de la connaissance du bien et du mal, elle écoute avec complaisance le demi mensonge de Satan, et au lieu de s'en tenir au commandement pédagogique du Seigneur, elle se laisse envahir par le doute quant'à la vérité de Ainsi donc, l'homme tenté par le diable, laisse mourir dans son cœur la confiance envers son créateur. Il exerce la liberté donnée dans le sens de la désobéissance à Dieu et du manque de foi en sa bonté. Il faut aussi se souvenir que chacun d'entre nous est Adam . (voir lexique théologique) Car, Dieu donne à l'humanité d'être l'artisan de son destin par l'exercice de la liberté. Le règne du péché commence et s'explique par l'abus de la liberté humaine. La liberté consiste entre la possibilité de choisir entre deux voies: le chemin qui mène à la vie par la soumission à la volonté du créateur, le chemin qui entraîne vers la mort par l'autonomie du jugement et le mépris des commandements divins. Créé dans un état de sainteté, revêtu de l'Esprit saint, l'homme est destiné à être pleinement déifié par la communion parfaite avec l'Esprit Saint dans la gloire du Père et la grâce du Fils. En répondant à inspiration du diable, il veut se faire dieu , non selon Dieu, mais sans Dieu. Il est déchu de la vie éternelle et exclu du paradis, ayant blessé mortellement sa nature. Cette blessure se transmet à toute la descendance d'Adam. Le Paradis est fermé, gardé par le chérubin. Une séparation s'établit entre le créateur et la créature. "Non la main du Seigneur n'est pas trop courte pour sauver <> mais se sont vos fautes qui mettaient une séparation entre vous et votre Dieu; ce sont vos péchés qui vous cachaient sa face" -Isaïe 59, 2. –
En ce début de carême de Pâque, déjà nous pouvons confesser avec Bernard de Clervaux: " Rien n'est à ce point voué à la mort que la mort du Christ ne puisse libérer. <> tout mon mérite, c'est la pitié du Seigneur, je ne manquerais pas de mérite tant que la miséricorde du Seigneur ne fera pas défaut.
2. L'antique péché
L'anaphore de saint Basile fait mémoire du récit de l'expulsion d'Adam du paradis en Génèse 2, 16 à 3, 24 sous la forme d'une anamnèse (mémoire qui transcende le temps et actualise en quelque sorte l'événement du passé pour les auditeurs du présent) en ne disant pas seulement " Adam a transgressé, il a été déchu" mais "nous avons transgressé, nous avons été déchus". Cet Adam qui est déchu, c'est notre nature, plus précisément chacun d'entre nous car il n'existe probablement pas de nature qui ne soit pas assumée par une réalité personnelle que nous appelons pour les humains "hypostase". L'apôtre Paul montre bien la récapitulation de toute l'humanité en Adam pour la chute, en Christ pour le salut. "Tous meurent en Adam, de même tous revivront en Christ". -1 Corint. 15, 22. - Saint Grégoire de Nysse dans son traité "de la création de l'homme" commente la création à l'image de Dieu et précise
" La plénitude de l'humanité est comme contenue dans un seul corps <> l'homme est fait à l'image de Dieu, l'homme c'est à dire l'ensemble de la nature humaine, cette chose divine. Ce que crée la toute-puissance de Dieu, ce n'est pas une partie du tout, mais en bloc, la plénitude entière de la nature humaine. Celui qui tient dans ses mains les limites de tout, comme dit l'Ecriture: "en sa main sont les extrémités de la terre" -ps 95. 4. ,(LXX)- "celui qui connaît toute chose avant qu'elle n'arrive " -Daniel. 13,42.-, celui-là embrasse dans sa pensée le nombre exact qui sera celui de l'humanité, avec les individus qui la composeront".
La chute d'Adam inaugure le règne du péché. Pourtant le récit de la genèse évite le mot dans l'intention de ne pas faire, du péché, du règne du péché, un absolu placé en face de Dieu. Les pères avant la querelle sur la grâce, se garderont bien de désigner la chute comme péché originel avec son cortège de mauvaises questions qui recueillent des déplorables réponses. Si avec saint Athanase, ils sont bien conscients que les conséquences de la faute d'Adam passe d'Adam à tous les hommes, ils s'attachent à définir l'état de l'humanité privée de la béatitude du paradis par des notions exprimant les conséquences de la chute: mort, corruption, souillure, malédiction, dette; saint Didyme l'aveugle l'appelle "l'ancien péché", saint Basile," le péché prototype".
Nous pouvons considérer comme acquis que la chute fut la conséquence du mauvais usage de la liberté engendré par le désir d'autonomie qui lui -même entraîne par la perte de confiance de l'homme en son créateur, la rupture de communion entre le créateur et la créature. Il y a comme un changement dans la nature: d'abord l'état paradisiaque, participation à la vie divine par le fait de la création à l'image et la ressemblance, puis une vie pleine d'obstacles, nue, privée de l'image glorieuse de Dieu, soumise au pouvoir de la mort. Tout homme venant en ce monde est privé de la sainteté et du don de l'immortalité, mais la nature humaine blessée par le péché n'est pas totalement corrompue. Les pères cappadociens ont développé un enseignement sur les mots de Ainsi saint Basile (sur l'origine de l'homme) fait remarquer que Dieu prend la délibération en deux termes: Créons l'homme à notre image et ressemblance Gen.. 1, 26 et que l'exécution de cette délibération perd un élément: Dieu créa l'homme à son image: il le créa à l'image de Dieu, homme et femme il les créa. Gén. 1, 27. Basile pose la question: pourquoi Dieu a-t-il délibéré d'une façon et créé d'une autre? A-t-il changé d'avis? Y-a-t-il eu impuissance d'aller jusqu'au bout de sa volonté initiale? Ou l'Ecriture est-elle trop bavarde et ajoute-elle des mots inutiles?
"Créons l'Homme à notre image et ressemblance. Nous possédons l'un par la création, nous acquérons l'un par la volonté; dans la première structure il nous est donné d'être nés à l'image de Dieu; par la volonté se forme en nous l'être à la ressemblance de Dieu. Ce qui relève de la volonté, notre nature le possède en puissance, mais c'est par l'action que nous le procurons.<> En nous donnant la puissance de ressembler à Dieu, il a permis que nous soyons les artisans de la ressemblance de Dieu, afin que nous revienne la récompense de notre travail, afin que nous ne soyons pas comme des portraits sortis de la main du peintre, des objets inertes..."
Hélas ce divin programme, avec la liberté, comportait le risque du refus de la création. Par la chute, l'acquisition de la ressemblance fut remis à plus tard et même l'image fut salie, recouverte de scorie, mais bien présente. En fait la nature n'est pas modifiée mais l'homme se prive de la communion à l'Esprit, union qui appartient par la volonté divine à sa vraie nature.
La conséquence immédiate et évidente de la chute est la mort. Dieu est le vivant, se séparer de sa communion entraîne la mort, revenir à lui, la vie. Il est intéressant de savoir que le vocable hébreu le plus courant pour désigner le péché -hâta- signifie s'égarer, se tromper de chemin, et celui de conversion, metanoïa -shouv- signifie revenir, retrouver le point de départ. Pour cela les pères présentent le but de l'économie divine comme le retour au paradis. Mais le chemin de retour est long car le règne du péché ne lâche pas si facilement son esclave. L'intelligence de l'homme s'est obscurcie, elle devient sa propre référence. La jouissance des choses terrestres éclipse l'amour de Dieu. Cependant à cause de l'image de Dieu, l'homme ne peut oublier sa vocation; s'il se pervertit encore, il transporte sa religion du créateur à la créature, l'idolâtrie délibérée ou inconsciente devient le péché par excellence. Toute l'économie de
Pendant la sainte quarantaine du carême l'Eglise dans ses doxologies évoque les grandes figures de l'Alliance et leur effort pour déraciner l'esprit d'idolâtrie, nous contemplons parmi d'autres, Moïse la force de Dieu, Job l'homme juste et patient dans les épreuves, David le pénitent, et nous disons au Seigneur: " Je contemple, les modèles de tous ceux que nous fait connaître
Revenons au récit de Dieu ne veut pas que le péché s'installe comme un mur de séparation et éloigne l'homme du lieu de la sainteté, il le cherche, il l'appelle. Adam endurcit son cœur et par dérobade il se justifie en rejetant la responsabilité sur d'autres, Eve, puis le serpent. L'homme ne saisit pas l'occasion de la métanoïa, du retour. Une autre conséquence impitoyable de la chute est la duplicité du cœur de l'homme. Le coeur de l'homme au lieu d'être le temple de l'Esprit Saint devient le siège de l'ego, du moi, et bien souvent, d'un faux moi, d'une postiche, d'une idole de l'estime de soi. Le cœur de l'homme, en raison de l'image, garde la nostalgie du bien, à cause de la chute, choisit bien souvent la voie de la facilité, du mensonge, du confort immédiat au mépris de
Le temps du carême est la période la plus favorable à la prise de conscience sans faux-fuyant de notre état, le moment pour répondre à la question d'Adonaï, où es-tu?
Après avoir repassé devant nous les grandes figures de la première Alliance, la liturgie de carême fait mémoire de tout ce qui a été fait pour nous par l'incarnation du Logos, nouvelle et éternelle Alliance. Par le Christ, l'intégrité de notre nature est restaurée, parce que comme Adam, il représente ce que nous sommes, et réciproquement, nous devenons semblables à lui. Le baptême, en nous donnant l'Esprit du Christ détruit le mur de séparation construit par la chute. Mais les conséquences de la chute persistent dans l'homme et l'appellent au combat spirituel fortifié par la participation à l'eucharistie, remède d'immortalité. Donnons-nous, avec la grâce de Dieu, les moyens, maintenant que l'image est parfaitement restaurée, d'acquérir la ressemblance en devenant réellement chrétien. Saint Basile (sur l'origine de l'homme) reconnaît la ressemblance dans l'accomplissement du précepte du Sauveur: Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. Math. 5, 48. "Si tu deviens adversaire du mal, sans rancune et oublieux de l'inimitié de la veille, si tu aimes tes frères et leur es compatissant, tu ressembles à Dieu. <> Tu deviens à la ressemblance en acquérant la bonté. Acquiers des entrailles de compassion et de la bienveillance afin de revêtir le Christ. <> Le christianisme, c'est la ressemblance de Dieu autant qu'il est possible à la nature de l'homme".
3. Le Sauveur
La chute d'Adam ayant blessé mortellement notre nature, le péché du monde ne cesse de s'accroître. Il semble, si nous comprenons bien la foi apostolique telle que la transmet l'apôtre Paul, que chaque homme venant en ce monde, par la faiblesse de sa nature mais aussi par l'exercice pervers de sa liberté, enrichisse le capital du péché du monde et contribue à l'élévation du mur de séparation entre le créateur et la créature.
Dieu prend au sérieux l'état de l'humanité et ne cesse d'appeler l'homme à la conversion par l'intermédiaire de " ... Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ <> Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. 1Corinth. 5, 18 & 21. Et encore, "Dieu en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable au péché, a condamné le péché dans la chair, et cela, pour que la justice prescrite par Le rédempteur de l'humanité vient la guérir du péché et de la perte de la ressemblance avec Dieu. Cela est possible car dans sa personne une, il est parfaitement Dieu et parfaitement homme. " Ayez en vous la pensée qui était en Christ Jésus, lui existant en forme de Dieu, il n'a pas estimé comme une proie à arracher d'être l'égal de Dieu, mais il s'est dépouillé lui-même, en prenant la condition de serviteur, en devenant semblable aux hommes; après s'être trouvé dans la figure d'un homme, il s'est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort, la mort sur la croix." -Phil. 2,5.7- Par son incarnation, le Fils de Dieu assume toute la nature humaine dans sa propre hypostase, et en quelque sorte, s'unit lui-même à tout homme, devenant la tête d'un grand corps, celui des enfants de l'Alliance nouvelle.
Le Christ récapitule l'humanité en lui devant Dieu son Père; par l'union hypostatique, il restaure l'image, et tout homme, en lui, devient capable de recevoir l'adoption divine. Saint Irénée de Lyon et saint Athanase d'Alexandrie ne cesseront d'affirmer: "Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne dieu" par la grâce. La vocation de l'homme s'éclaire vraiment dans le mystère du Logos fait chair. Adam apparaît comme la figure de celui qui devait venir, le Messie Seigneur, c'est lui, le Christ, qui, en toute vérité, récapitule et réalise l'unité du genre humain en un seul corps.
"Le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude "Marc 10.45. En versant son sang sur la croix, Jésus le Messie, scelle la nouvelle et éternelle Alliance qui est présentée par saint Jean comme le sacrifice d'expiation en référence à Exode 30,10. "Jésus Christ le juste. Il est lui-même victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier". -1 Jean 2, 2;- et aussi " Voici comment l'amour de Dieu a été manifesté envers nous: Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste non pas en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés et qu'il a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés" -1 Jean 4, 9, 10-. Tout le chapitre 9 de l'épître aux hébreux développe le sujet en référence au rituel de la première Alliance décrit en Lévitique 16 sur la fête des expiations célébrée dans le sanctuaire. Prenons bien garde d'interpréter l'objectif de l'expiation exposée par les apôtres Jean et Paul dans le but de satisfaire la justice vindicative de Dieu offensé. L'expiation consiste pour le Théanthropos, à ôter pour nous, avec nous, en nous, l'obstacle qui s'oppose aux relations exactes entre Dieu et l'homme. L'expiation chrétienne est la manifestation de l'amour de Dieu, qui efface le péché du monde pour nous donner l'accès auprès de lui. La très belle et exceptionnelle anaphore copte de saint Grégoire est adressée à Jésus le Logos incarné. Le célébrant à la première personne du singulier comme le représentant de toute l'humanité en Adam, fait l'anamnèse de l'histoire du péché et de tout ce que l'amour de Dieu a accompli pour nous ramener à lui et nous faire don de son royaume à venir: " Saint es-tu Seigneur <> j'ai abandonné ta Loi par la pensée. Je n'ai pas eu la force d'accomplir tes commandements, j'ai mis la main sur la sentence de la mort. Pour moi, Seigneur, tu as changé la sanction en salut. Comme le bon berger, tu es allé chercher celui qui s'était égaré, comme un vrai père, tu t'es fatigué à cause de moi qui était tombé dans le péché. Tu m'as réconforté par tous les remèdes de vie pour m'aider. Alors que j'avais agi contre ta Loi, tu m'as accordé le salut. Comme une lumière véritable, tu t'es levé pour ceux qui sont perdus et qui ne le savaient pas. Tu existes éternellement, et tu es venu dans les entrailles de Par ton corps, tu as détruit le péché, tu m'as montré la puissance de ton autorité: Tu as rendu la vue aux aveugles, tu as ressuscité les morts de leurs tombeaux. Par ta seule parole, tu as créé la nature, tu as révélé la mesure de ta bonté: Tu as supporté l'injustice des méchants, tu as livré ton dos aux coups, tes joues aux gifles, à cause de moi, Seigneur, tu n'as détourné ton visage devant la honte des crachats. Comme un agneau, tu t'es livré au sacrifice jusqu'à la croix. Tu as révélé quel sentiment tu me portais. Par ta mort, tu as tué mon péché. Premier d'entre nous tu es monté au ciel. Tu m'as révélé l'annonce de ton avènement quand tu viendras juger les vivants et les morts, chacun selon ses œuvres.
L'amour de Dieu exige une réponse: l'actualisation en chacun d'entre nous du mystère de la rédemption par l'union à la mort et à la résurrection du Christ, pour que le péché perde son pouvoir d'asservissement. Toute Où l'homme peut-il trouver la capacité d'aimer? "L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous fut donné " (Rom. 5, 5 )par le sang de la croix. + Eliyâs-Patrick
Bibliographie: Bonsirven, J., les idées juives au temps de notre Seigneur, Bloud & Gay, Paris 1933 St. Bernard, homélie sur le Cantique des cantiques,in Opera omnia, Lugdunum, 1687
|
Péché & Salut |