Alexandrie, métropole culturelle
Je vous invite à un voyage immobile pour visiter et connaître la ville d’Alexandrie, métropole culturelle de l'orient et véritable ville sainte tant pour l’histoire du christianisme que pour celle du monde juif.
C’est dans cette ville, en effet, que pour la première fois furent regroupés et traduits en grec les divers livres qui composent la Première Alliance, la célèbre Bible dite des "Septante", texte officiel des Eglises orthodoxes, et c'est là aussi que fut composé, au premier siècle avant Jésus-Christ, le livre de la Sagesse.
L’apostolat de saint Marc, l'envoyé de saint Pierre pour évangéliser l’Égypte, les grands enseignements de saint Clément d’Alexandrie, du grand Origène, des saints Athanase et Cyrille d’Alexandrie, l'inauguration de la vie monastique, initièrent les plus belles pages de l'histoire de l'Eglise et de la théologie. La "Prédication de saint Marc", ou l'Eglise d'Egypte, eut désormais son siège apostolique et hiérarchique à Alexandrie même, la métropole, la Ville Mère, et les archevêques, successeurs de saint Marc, eurent à travers les siècles à diriger et à enseigner une Église qui dépasse les frontières de l'Egypte.
Alexandre le Grand & Alexandrie
Prononcer le nom d'Alexandrie c'est prononcer aussi celui de son fondateur, Alexandre le Grand, roi de Macédoine, qui fut élève du grand philosophe Aristote. Devenu roi en 336 avant Jésus-Christ, Alexandre commença à conquérir toute la Grèce et s'illustra dans ses victoires sur les Perses et surtout contre Darius, le Roi des rois. Il se lança ensuite à la conquête du Proche Orient et conquit l'Egypte en 332 AC. (avant Jésus Christ) Alexandre convoitait l'Egypte pour des raisons stratégiques et il y fut accueilli comme un libérateur. À Memphis il fut intronisé comme roi pharaon dans le temple du dieu Pta, donc parmi les Egouptioi, les Egyptiens. Le 20 janvier 331, Alexandre décida la fondation d'une colonie grecque, Alexandrie, dans le port de Rhakotis, petit village de pêcheurs, avec sa double baie naturelle. D'Egypte, Alexandre était parti conquérir la Mésopotamie: Babylone, Suse, Persépolis qu'il brûla et, après son expédition en Inde, il revint mourir à Babylone. Sa dépouille fut transportée à Alexandrie dit-on, et fait l'objet encore aujourd'hui d'ardentes recherches.
Après Alexandre, douze souverains, les Ptolémées, vont régner dans cette nouvelle capitale de l'Egypte jusqu'à l'arrivée de Jules César.
La philosophie & les sciences exactes
A côté de la vie généralement dissolue de la cour royale, Alexandrie fut aussi un grand foyer de vie intellectuelle et scientifique, et succéda ainsi à Athènes comme centre de la civilisation hellénistique dans la Méditerranée. Le centre névralgique de la culture alexandrine s'exerçait par le "Mousséion" le Musée et par son annexe, la célèbre Bibliothèque, fondations dues à l'initiative du roi Ptolémée 1er Sôter, au début du IIIe siècle AC.
Le Musée désignait une sorte d'université, qui assurait aux frais de l'Etat, l'entretien et la vie des littérateurs et des savants qui pouvaient ainsi facilement se livrer à la recherche et l'enseignement. Dans la liste des maîtres du Mousséion, on peut relever les grands noms de la science et de la littérature: les poètes comme Callimaque et Théocrite, les géomètres comme Euclide, les astronomes comme Ptolémée, et plusieurs lettrés qui fixèrent le texte des poèmes d'Homère. Lorsque la philosophie grecque fit son entrée à Alexandrie elle avait déjà un long passé: les Présocratiques, Platon et Aristote avaient délivré leur message, Alexandrie les reçut sans discrimination, aussi fut-elle très marquée par l'éclectisme: Tous les courants de la pensée grecque se trouvèrent rassemblés dans cette 5 Pour simplifier, on peut dire que Platon marqua la philosophie à Alexandrie comme Aristote marquera celle d'Antioche. Ceci influencera certainement la pensée théologique de chacune de ces deux grandes métropoles du christianisme naissant, toutefois sans exclusivité.
Les juifs d'Alexandrie & la Bible dite des Septantes
Alexandrie fut, peu après sa fondation, un haut lieu de la religion juive car les Juifs y formaient une part non négligeable de la population. Présents en Egypte depuis le Ve siècle avant J.-C., les Juifs étaient environ un million aux alentours de l'ère chrétienne et près de 100.000 pour la capitale où ils vivaient dans le quartier "Delta". A l'éclectisme philosophique s'ajouta donc, pour la pensée alexandrine, la rencontre très enrichissante avec la sagesse de la communauté juive. Les synagogues y étaient nombreuses et il y avait, non loin de la cité, des "solitaires juifs", les Thérapeutes, qui vivaient sur les bords du lac Maréotis. Ces juifs alexandrins parlaient le grec, la grande langue de la Méditerranée, sous la forme appelée "Koinê". L'hébreu était pour ces juifs la langue du culte, le grec la langue vernaculaire. Il fallut donc envisager, malgré les réticences dues à la nouveauté de l'entreprise, de traduire en grec les Livres sacrés, pour que tous puissent comprendre et pratiquer les enseignements de la Torah. Une décision du roi Ptolémée II (281AC) accéléra la réalisation de la mise en grec des livres de la Première Alliance, traduction qui allait se révéler très fructueuse pour la vie religieuse des juifs puis pour la diffusion de la foi des chrétiens. Chaque communauté vivant à Alexandrie fut invitée par le pouvoir royal à déposer à la Bibliothèque de la Ville un exemplaire des Enseignements (Torah) qui régissaient leur mode de vie et leurs croyances. Ainsi tous les citoyens pourraient connaître les documents sur lesquels reposait la vie de la communauté juive. La traduction grecque fut réalisée, et elle est connue sous le nom de "Septante" car on dit qu'elle fut l'œuvre étonnante de soixante-dix traducteurs qui remirent chacun une même traduction. Ces documents sacrés déposés ainsi à la Bibliothèque avaient été pour la première fois réunis en un seul ensemble, qui s'appela dès lors la "Biblia", c'est-à-dire "les Livres", notre Bible. Cette traduction grecque des Ecritures Saintes eut une grande importance pour les fidèles et penseurs juifs, qui dès lors s'habituèrent à exprimer et à penser leur foi dans la langue grecque. La traduction de la Septante eut aussi une influence décisive pour la période de la Nouvelle Alliance, inaugurée par Jésus le Christ, puisque c'est ce texte grec que les Apôtres et les Evangélistes utiliseront et citeront sans cesse dans leurs prédications, lorsqu'ils rédigèrent en grec leurs propres œuvres, ce qui ne veut pas dire que leur pensée originale ne s'établissait pas en araméen, d'où l'intérêt de chercher le mot araméen ou hébreu caché derrière chaque vocable grec. Il faut aussi savoir que les traducteurs grecs d'Alexandrie avaient sous les yeux, bien avant la naissance du Sauveur, des textes hébreux plus anciens que ceux choisis lors de la fixation de la Bible hébraïque, dite des massorètes, par les Juifs de Palestine du début de l'ère chrétienne jusqu'au 7è siècle. Pour cette raison, il faut toujours vérifier et corriger pour l'usage liturgique, nos Bibles françaises qui sont toutes traduites à partir du texte des massorètes.
J'ai déjà présenté le grand penseur juif Philon d'Alexandrie (20 av. J.-C.- 54 après J.-C.) qui s'efforça de concilier la sagesse grecque et l'enseignement de la Première Alliance. http://coptica.free.fr/histoire_de_l_eglise_copte_d_egypte_151.htm Philon eut une grande influence sur les premiers Pères de l'Eglise. Sa réflexion sur le logos, image de Dieu et modèle de la création, fut chez lui comme une préfiguration de ce qu'allait être la révélation chrétienne du Logos, la Parole éternelle du Père, par qui tout est créé.
La Bibliothèque Le phare d'Alexandrie, l'une des sept merveilles du monde, était situé sur l'île de Pharos, ultérieurement relié au port, à l'endroit même où se trouve aujourd'hui le fort de Qaytbay. Lorsqu'on arrive en bateau en Alexandrie, on comprend pourquoi cette ville avait besoin d'un phare très élevé, beaucoup plus que les autres ports de la Méditerranée qui sont en général surmontés de montagnes ou de collines visibles de loin. Alexandrie est bâtie sur un terrain totalement plat, celui des alluvions du Nil, et on ne voit que la première rangée des maisons, une fois à proximité du port. Lorsque Jules César arriva en Alexandrie en 48 avant Jésus Christ, il y prit le pouvoir après la "guerre d'Alexandrie". César ayant mis le feu à la flotte égyptienne qui se trouvait dans le port, l'incendie se propagea à cause d'un grand vent et détruisit une partie de la Bibliothèque voisine du port: Environ 70.000 volumes de sciences et de littérature disparurent. En 30 avant J-C, l'Egypte devenait romaine. La Bibliothèque, reconstituée avec des documents en provenance de celle de Pergame, fut entièrement détruite en 642 sur l'ordre du calife Omar. la nouvelle bibliothèque
La fondation apostolique
On s'est parfois étonné que saint Paul n'ait pas évangélisé Alexandrie qui était la capitale de l'hellénisme. Du moins on constate qu'il accueillit parmi ses collaborateurs un alexandrin de race juive, Apollo, "Homme éloquent et très versé dans les Ecritures" -Actes 18, 24-et qu'il prêcha aux navigateurs alexandrins qui le transportèrent dans ses voyages -Actes 26, 6 ; 28, 11-. Nous savons aussi que le jour de la Pentecôte il y avait des habitants venus d'Egypte. La tradition la plus autorisée attribue à saint Marc la fondation de l'Eglise à Alexandrie, vers 39-40, sous le règne de l'empereur Caligula ou de Claude. Marc vint, envoyé par saint Pierre depuis Rome ou l'Aquila où il avait prêché son évangile mis en écrit par Marc. C'est ce que nous rapporte le premier grand historien de l'Eglise, Eusèbe de Césarée (265-340) dans "L'Histoire ecclésiastique": " On dit que ce Marc fut le premier envoyé en Egypte, qu'il y prêcha l'évangile qu'il avait composé, et qu'il établit des églises d'abord à Alexandrie même "
Alexandrie, métropole religieuse
L'Ecole d'Alexandrie
Dans une société très ouverte aux choses de l'esprit, au milieu des païens, des juifs et des gnostiques, les chrétiens d'Alexandrie éprouvèrent naturellement le besoin de défendre la foi apostolique, en entrant souvent sur le terrain de la philosophie. Ce fut, à la fin du IIe siècle, l'apparition d'une Ecole appelée le "Didascalée" que l'on peut définir comme la première université de théologie dans l'Eglise, entièrement voué à l'enseignement de la théologie et à l'explication des Ecritures Saintes. Ses premiers maîtres, qui sont aussi de grands spirituels, furent Pantène, saint Clément d'Alexandrie et Origène. Cette grande épopée du Didascalée se déroule alors que l'Eglise vit en période de persécutions.
Pantène fut un philosophe païen, originaire de Sicile, qui se convertit et fut préposé vers 180 à la direction de l'Ecole chrétienne d'Alexandrie. Clément l'évoque ainsi : "Cette véritable abeille de Sicile butinant les fleurs des prophètes et des Apôtres, formait dans les âmes de ceux qui l'écoutaient une provision très pure de science. " Stromates, I, 1.
Clément mit au service du christianisme sa connaissance extrêmement étendue de la philosophie païenne. Né probablement à Athènes vers 150, il voyagea en Grèce, en Italie, en Syrie, en Palestine et fut, à Alexandrie, conquit par l'enseignement de Pantène : "Celui que je rencontrai en dernier, dit il, et qui était le premier par la vertu et par la science, je le trouvai caché en Egypte et je n'en cherchai pas d'autres." Clément, Stromates, I, 1
Origène applique, comme Philon l'avait fait à la Bible, les méthodes allégoriques qui avaient cours dans les écoles païennes, sans pourtant délaisser l'exégèse scientifique et le sens historique. Il est la gloire de l'école d'Alexandrie. Toutefois, poursuivi par des jalousies, il dut quitter Alexandrie pour Césarée de Palestine. Il entra dans la lumière divine à Tyr, des suites des violences de la persécution.
Le christianisme se diffusa rapidement en Egypte et les sièges épiscopaux se multiplièrent. L’autorité de l'archevêque d’Alexandrie était déjà universellement reconnue et chaque année c’est lui qui, par les "Lettres Festales" qu'il adressait à ses fidèles et à toutes les Eglises, fixait la date de Pâques pour tous.
Les grandes persécutions
C'est avec l'avènement de l'empereur Septime Sévère, en 202, que commencèrent les persécutions systématiques. L'empereur interdit que l'on se fit juif ou chrétien. A Alexandrie l'empereur institua un Sénat qui fut chargé de faire appliquer son décret. La persécution sévit dans tout le pays et surtout dans la capitale. Les chrétiens s'en allaient au martyre comme des "athlètes dans le stade". C'est à cette époque que Léonide, le père d'Origène, fut martyrisé, que sainte Potamienne fut jetée avec sa mère dans de la poix bouillante, mourant ainsi victime de sa foi et de la chasteté. L'empereur Dèce en arrivant au pouvoir en 250, lança à son tour un terrible décret de persécution: sa méthode cherchait à faire des apostats plutôt que des martyrs. Valérien devenu empereur en 257, fut tout d'abord favorable aux chrétiens, mais changea vite d'attitude. L'évêque Denys d'Alexandrie, sommé d'adorer les dieux gardiens de l'Empire fut exilé. L'année 284, date de l'arrivée au pourvoir de l'empereur Dioclétien, est restée tragiquement célèbre, elle fut choisie par les chrétiens d'Egypte pour marquer le début du calendrier copte, appelée "l'ère des Martyrs".
La défense de la foi apostolique
L'arianisme, Athanase et le concile de Nicée Les persécutions à peine terminées avec l'édit de Milan, commença pour l'Eglise une nouvelle série d'épreuves, ce fut celle des hérésies qui menaçaient d'adultérer la foi chrétienne. Arius, natif d'Alexandrie, fut ordonné diacre et peu après, il fut excommunié pour avoir été favorable à une faction dirigée par Mélèce, l'évêque de Lycopolis, (Assiout) contre l'autorité de l'archevêque d'Alexandrie. Mélèce avait profité du temps où l'évêque d'Alexandrie était persécuté et emprisonné, pour faire des ordinations sacerdotales de personnages intrigants. Arius s'étant repenti de sa participation au schisme de Mélèce, il fut ordonné prêtre. Il fut alors chargé d'enseigner l'Ecriture sainte dans une paroisse de la ville. Mais il eut bientôt de graves démêlés avec son évêque, car son enseignement s'éloignait du dogme chrétien. Il enseignait que le Logos de Dieu n'avait pas toujours existé et qu'il avait été mis au monde par le Père, donc créé. Arius regroupa autour de lui des disciples, des prêtres et des religieux qui lui étaient favorables ainsi que beaucoup de gens du peuple. Face à cette crise, l'évêque d'Alexandrie, qui tout d'abord usa de beaucoup d'indulgence à son égard, finit par convoquer un synode qui regroupa 100 évêques. Arius et son groupe fut anathématisé, mais il n'en continua pas moins dans les mêmes erreurs. Arius fut chassé d'Egypte et se réfugia en Palestine, puis en Bithynie, d'où il continua à répandre ses idées, tandis que ses partisans présents à Alexandrie accablaient les fidèles de procès et de calomnies. L'empereur Constantin, qui se trouvait à Nicomédie, décida de convoquer un Concile universel pour rétablir la paix. Pour évoquer ce premier Concile œcuménique à Nicée en 314, il nous suffit de citer le mot grec qui exprima parfaitement la doctrine orthodoxe concernant le Christ: Il est "homoousios" au Père, "de même substance" que le Père, donc, possédant avec Lui l'unique et même nature divine.
Pendant un demi-siècle la figure de saint Athanase a dominé l'histoire chrétienne de l'Egypte. Athanase avait participé comme diacre au concile de Nicée. En 328, il succéda à l'évêque Alexandre sur le siège d'Alexandrie. Son épiscopat fut une suite ininterrompue d'offensives menées par les partisans de Mélèce, qui s'unirent contre lui avec les Ariens. Il subit cinq exils, dont un dans les Gaules à Trèves, et une longue cache dans le désert
Le grand saint Antoine, le Père des Moines, quitta un jour son monastère de Haute Egypte, pour venir à Alexandrie plaider la cause de son ami Athanase. A la mort de Constantin, en 337, Athanase rentra à Alexandrie où il fut chaleureusement accueilli par le peuple. Par son courage, il sauva la foi orthodoxe dans tout l’univers chrétien. Il mourut à Alexandrie le 2 mai 376.
Le nestorianisme, Cyrille et le concile d'Ephèse
Au Ve siècle, l’Égypte est à peu près entièrement chrétienne. Vers la fin de l'année 428, Nestorius, archevêque de Constantinople, s'en prit aux fidèles dont la piété aimait vénérer Marie sous le titre de Théotokos, Mère de Dieu. On commença à s'émouvoir à Constantinople et à Alexandrie. A cette époque le titre de "Mère de Dieu" était déjà ancien et traditionnel, la prière trouvée dans un papyrus du IIIe siècle, en témoigne: "Sous la protection de ta miséricorde, nous nous réfugions, O Mère de Dieu..." Les égyptologues savent que le mot de Théotokos est bien né en Egypte et qu'il est le décalque du terme copte masnouti, (mas, engendrer Nouti, Dieu) qui était attribué à la déesse Isis dans l'ancienne littérature hiéroglyphique, et que ce terme fut spontanément attribué dans le peuple chrétien à Marie Le titre de Theotokos est présent dans les œuvres d'Origène, d'Athanase, d'Eusèbe, de Cyrille de Jérusalem, et bien d'autres. Nestorius en s'opposant à l'emploi du mot Theotokos, s'opposait à la foi traditionnelle de l'Eglise, cette opposition n'est pas une opposition à un mot seulement, c'est toute la théologie de l'Incarnation qui est engagée dans cette crise. Le concile d'Ephèse en 431 présidé par saint Cyrille d'Alexandrie, en confirmant l'usage du mot Théotokos mit fin à la querelle. Celui qui est né de Marie, Jésus, est bien le Logos même du Père éternel. Marie est bien Mère de Dieu, car il ne peut avoir de séparation dans l'unique personne du Christ, vrai Dieu, homme véritable. L'arrivée du bateau ramenant d'Ephèse saint Cyrille fut saluée par de grandes fêtes et illuminations dans le port d'Alexandrie. A cette occasion, saint Cyrille prononça cette belle hymne: Nous te saluons Marie, Mère de Dieu, trésor vénéré de tout l'univers, lumière qui ne s'éteint pas, toi de qui est né le Soleil de justice, sceptre de la vérité, temple indestructible. Nous te saluons Marie, demeure de celui qu'aucun lieu ne contient, toi qui as fait pousser un épi qui ne se flétrira jamais. <> Par toi la Trinité est glorifiée. Par toi la Croix est adorée dans l'univers entier. Par toi exultent les cieux. Par toi l'humanité altérée a été relevée. Par toi le monde entier a enfin connu la Vérité. Par toi sur toute la terre se sont fondées des Eglises. Par toi le Fils unique de Dieu a fait resplendir sa lumière sur ceux qui étaient dans les ténèbres, assis à l'ombre de la mort. Par toi les apôtres ont pu annoncer le Salut aux nations. Comment chanter dignement ta louange, O Mère de Dieu, par qui la terre entière tressaille d'allégresse ?
Rome et Alexandrie demeurent les capitales et chefs de file de l’Orthodoxie.
Eutychès, Dioscore, le second concile d'Ephèse et le prétendu monophysisme égyptien
Un autre archevêque d’Alexandrie laissera un nom dans l’histoire, il est accusé à tord d'être le coupable de la rupture entre l'Eglise d'Egypte et les Eglises byzantines: Il s'agit de saint Dioscore (454†) qui présida le second concile d’Ephèse en 449. Le pape Léon de Rome, certainement mal informé et insatisfait de ses décisions, appelle ce concile "brigandage d'Ephèse". Pourtant, il fut convoqué régulièrement par l’empereur Théodose II qui désigna Dioscore pour le présider. L’ordre du jour consistait à régler le cas d’Eutychès, archimandrite de Constantinople, qui sema le désordre par son enseignement brouillon en christologie: il interprétait la formule de saint Cyrille "Mia Physis tou Theou Logou sesarkomené", comme l'absorption de la nature humaine par la nature divine. Il fut condamné par son archevêque Flavien, mais cela ne mit pas fin aux querelles. Lors du concile d'Ephèse, Eutychès, sans vraiment condamner son erreur, fit une profession de foi orthodoxe. Dioscore et les cent trente cinq évêques qui signèrent les actes, selon la recommandation de Léon de Rome dans sa célèbre lettre à Flavien, l'archevêque de Constantinople, "si Eutychès montre un repentir réel, s'il condamne ses fausses doctrines, on doit le traiter avec douceur", le réintroduisent imprudemment dans la communion ecclésiale. La fameuse lettre de Léon, malgré la demande à deux reprises de Dioscore, ne fut pas lue dans la session. Bien plus tard, Dioscore fut accusé par quelques évêques de violences verbales, pour obtenir leur signature. L'affaire se poursuivit par le concile de Chalcédoine dont nous parlerons une autre fois. Dioscore fut alors exclu par ce synode de la communion de l'Eglise. Beaucoup n'acceptèrent pas cette décision. http://coptica.free.fr/le_concile_d_ephese_ii_776.htm" target=?
Alexandrie perd son statut de capitale
Après la prise d'Egypte par Amr ibn As en 641, Alexandrie sera déchue comme capitale de l'Egypte au profit de Fustat, près de Babylone ou le "Vieux Caire" actuel. Le siège patriarcal de l'Eglise restera fixé à Alexandrie. Son primat est appelé; "Pape et Patriarche d'Alexandrie, de la Prédication de saint Marc et de toute l'Afrique".
Liste des patriarches d'Alexandrie
successeurs de saint Marc, apôtre d'Alexandrie de 43 à 67
2. Saint Anien ou Anianus ou Annianos, de 67 ou 68 à 82 ou 94 3. Abile ou Abilius ou Avilius ou Millus, de 94 à 107 4. Kédron ou Cerdo, archevêque de 107 à 120 5. Prime ou Primus, archevêque de 120 à 132 6. Saint Juste ou Justus archevêque de 132 à 143 7. Eumenes ou Eumenius, archevêque de 143 à 144 8 Marc II ou Marcien ou Markianos, archevêque de 144 à 163 9. Céladion archevêque de 163 à 177 10. Agrippin, ou Agrippinus, archevêque de 177 à 189 11. Julien, archevêque de 189 à 199 12. Démètre, ou Démétrius, patriarche de 199 à 233 13. Héraclas, patriarche de 233 à 249 14. Saint Dyonisios ou Denys ou Denis ou Dionysius, archevêque de 249 à 270 15. Maxime, ou Maximus, patriarche de 270 à 282 16. saint Théonas, patriarche de 282 à 300 17. Saint Pierre archevêque de fin 300 à novembre 311 18.Saint Achille ou Achilas, archevêque de 311 à juin 312 19. Saint Alexandre archevêque de 312 à avril 328 ; il participa au premier concile œcuménique de Nicée en 325 20. Saint Athanase Ier ou Athanasius, patriarche de 328 à mai 373; 21.Pierre II, patriarche de 373 à février 380 22. Timothée Ier, patriarche de 380 à 384; Il participa au concile de Constantinople 23.Théophile Ier ou Theophilus, patriarche de 384 à 412 24. Saint Cyrille Ier patriarche du 412 à juin 444. il présida le concile œcuménique d'Éphèse en 431 25. saint Dioscore 1er, patriarche de 412 à 454 26. Timothée II dit Timothée Elure 457 à 477 27. saint Pierre III dit Pierre Monge de 477 à 490 28. Athanase II de 490 à 496 29. Jean Ier de 496 à 505 30. Jean II de 505 à 517 31. Dioscore II 517 32. Timothée III de 517 à 535 33. Théodose Ier de 536 à 567 Siège vacant 34. Pierre IV de 575 à 578 35. Damien de 578 à 607 36. Anastase de 607 à 619 37. Andronic de 619 à 626 38. Benjamin Ier de 626 à 665 Pendant son pontificat, l'Egypte fut conquise par les envahisseurs musulmans 39. Agathon de 665 à 681 40. Jean III de 681 à 689 Il fit reconstruire la cathédrale saint Marc d'Alexandrie 41. Isaac de 689 à 692 42. Simon Ier de 692 à 700 Siège vacant : 700-704 (3 ans et 10 mois) 43. Alexandre II de 704 à 729 44. Côme Ier de 729 à 730 45. Théodore Ier ou Théodose II de 730 à 742 46. Michel Ier de 743 à 767 47. Ménas Ier de 767 à 775 48. Jean IV de 776 à 799 49. Marc II de 799 à 819 50. Jacques de 819 à 830 51. Simon II D'avril à septembre 830 Siège vacant : 830-831 52. Joseph Ier de 831 à 849 53. Michel II de 849 à 851 54. Côme II de 851 à 858 55. Shenouda Ier de 859 à 880 56. Michel III de 880 à 907 Trône vacant : 907-910 57. Gabriel Ier de 910 à 921 58. Côme III de 921 à 933 59. Macaire Ier de 933 à 953 60. Théophile II de 953 à 956 61. Ménas II de 956 à 974 Siège vacant : 974-975 62. Éphrem Ier de 975 à 978 63. Philothée de 979 à 1003 64. Zacharie de 1004 à 1032 65. Shenouda II de 1032 à 1046 66. Christodule de 1047 à 1077 67. Cyrille II de 1078 à 1092 68. Michel IV de 1092 à 1102 69. Macaire II de 1102 à 1128 Siège vacant : 1128-1131 (2 ans et 2 mois) 70. Gabriel II de 1131 à 1145 71. Michel V de 1145 à 1146 72. Jean V de 1146 à 1166 73. Marc III de 1166 à 1189 74. Jean VI de 1189 à 1216 Siège vacant : 1216-1235 75. Cyrille III de 1235 à 1243 ( Siège vacant : 1243-1250 76. Athanase III de 1250 à 1261 77. Jean VII, de 1262 à octobre 1268 (1er pontificat) 78. Gabriel III de 1268 à 1271 77. Jean VII de 1271 à 1293 (2nd pontificat) 79. Théodose III de 1292 à 1300 80. Jean VIII de 1300 à 1320 81. Jean IX de 1320 à 1327 82. Benjamin II de 1327 à 1339 83. Pierre V de 1340 à 1348 84. Marc IV de 1348 à 1363 85. Jean X de 1364 à 1369 86. Gabriel IV de 1370 à 1378 87. Matthieu Ier de 1378 à 1408 88. Gabriel V de 1409 à 1428 89. Jean XI de 1428 à 1453 90. Matthieu II de 1453 à 1466 91. Gabriel VI de 1466 à 1477 92. Michel VI de 1477 à 1480 93. Jean XII de 148 à 1483 94. Jean XIII de 1483 à 1524 Siège vacant : 1524-1526 95. Gabriel VII de 1526 à 1569 Siège vacant : 1569-1573 96. Jean XIV de 1573 à 1589 97. Gabriel VIII de 1589 à 1603 Siège vacant : 1603-1610 98. Marc V de 1610 à 1621 99. Jean XV de 1621 à 1631 100. Matthieu III de 1621 à 1650 101. Marc VI de 1650 à 1660 102. Matthieu IV de 1660 à 1676 103. Jean XVI de 1676 à 1718 104. Pierre VI de 1718 à 1727 105. Jean XVII de 1727 à 1745 106. Marc VII de 1745 à 1769 107. Jean XVIII de 1769 à 1797 108. Marc VIII de 1797 à 1810 109. Pierre VII de 1810 à 1852 Siège vacant : 1852-1854 110. Cyrille IV de 1854 à 1862 111. Dimitri II de 1862 à 1870 Siège vacant : 1870-1874 112. Cyrille V de 1874 à 1928 113. Jean XIX de 1928 à 1942 Siège vacant : 1942-1944 114. Macaire III de 1944 à 1945 115. Joseph II de 1946 à 1956 Siège vacant : 1956-1959 116. Cyrille VI de 1959 à 1971 117. Shenouda III de 1971 à 2012 118. Théodore (Tawadros) II (depuis le 4 novembre 2012)
+ E-P
lettre aux amis du sanctuaire du prophète Elie N° 284-285 Juillet-Août 2012
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