Alexandrie, métropole culturelle

 

 

Je vous invite à un voyage immobile pour visiter et connaître la ville d’Alexandrie, métropole culturelle de l'orient et véritable ville sainte tant pour l’histoire du christianisme que pour celle du monde juif.

 

C’est dans cette ville, en effet, que pour la première fois furent regroupés et traduits en grec les divers livres qui composent la Première Alliance, la célèbre Bible dite des "Septante", texte officiel des Eglises orthodoxes,  et c'est là aussi que fut composé, au premier siècle avant Jésus-Christ, le livre de la Sagesse.

 

L’apostolat de saint Marc, l'envoyé de saint Pierre pour évangéliser l’Égypte, les grands enseignements de saint Clément d’Alexandrie, du grand Origène, des saints Athanase et Cyrille d’Alexandrie, l'inauguration de la vie monastique, initièrent les plus belles pages de l'histoire de l'Eglise et de la théologie.

La "Prédication de saint Marc", ou l'Eglise d'Egypte, eut désormais son siège apostolique et hiérarchique à Alexandrie même, la métropole, la Ville Mère, et les archevêques, successeurs de saint Marc, eurent à travers les siècles à diriger et à enseigner une Église qui dépasse les frontières de l'Egypte.

 

Alexandre le Grand & Alexandrie

                                                                                                                 

 

Prononcer le nom d'Alexandrie c'est prononcer aussi celui de son fondateur, Alexandre le Grand, roi de Macédoine, qui fut élève du grand philosophe Aristote.

Devenu roi en 336 avant Jésus-Christ, Alexandre commença à conquérir toute la Grèce et s'illustra dans ses victoires sur les Perses et surtout contre Darius, le Roi des rois. Il se lança ensuite à la conquête du Proche Orient et conquit l'Egypte en 332 AC. (avant Jésus Christ)

Alexandre convoitait l'Egypte pour des raisons stratégiques et il y fut accueilli comme un libérateur. À Memphis il fut intronisé comme roi pharaon dans le temple du dieu Pta, donc parmi les Egouptioi, les Egyptiens. Le 20 janvier 331, Alexandre décida la fondation d'une colonie grecque, Alexandrie, dans le port de Rhakotis, petit village de pêcheurs, avec sa double baie naturelle.

D'Egypte, Alexandre était parti conquérir la Mésopotamie: Babylone, Suse, Persépolis qu'il brûla et, après son expédition en Inde, il revint mourir à Babylone. Sa dépouille fut transportée à Alexandrie dit-on, et fait l'objet encore aujourd'hui d'ardentes recherches.

                                               

Après Alexandre, douze souverains, les Ptolémées, vont régner dans cette nouvelle capitale de l'Egypte jusqu'à l'arrivée de Jules César.

 

La philosophie & les sciences exactes

 

A côté de la vie généralement dissolue de la cour royale, Alexandrie fut aussi un grand foyer de vie intellectuelle et scientifique, et succéda ainsi à Athènes comme centre de la civilisation hellénistique dans la Méditerranée. Le centre névralgique de la culture alexandrine s'exerçait par le "Mousséion" le Musée et par son annexe, la célèbre Bibliothèque, fondations dues à l'initiative du roi Ptolémée 1er Sôter, au début du IIIe siècle AC.

                 

Le Musée désignait une sorte d'université, qui assurait aux frais de l'Etat, l'entretien et la vie des littérateurs et des savants qui pouvaient ainsi facilement se livrer à la recherche et l'enseignement. Dans la liste des maîtres du Mousséion, on peut relever les grands noms de la science et de la littérature: les poètes comme Callimaque et Théocrite, les géomètres comme Euclide, les astronomes comme Ptolémée, et plusieurs lettrés qui fixèrent le texte des poèmes d'Homère.

Lorsque la philosophie grecque fit son entrée à Alexandrie elle avait déjà un long passé: les Présocratiques, Platon et Aristote avaient délivré leur message, Alexandrie les reçut sans discrimination, aussi fut-elle très marquée par l'éclectisme: Tous les courants de la pensée grecque se trouvèrent rassemblés dans cette

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ville et s'empruntaient des éléments les uns aux autres ce qui était bien à l'image d'une cité vraiment cosmopolite.

Pour simplifier, on peut dire que  Platon marqua la philosophie à Alexandrie comme Aristote marquera celle d'Antioche. Ceci influencera  certainement la pensée théologique de chacune de ces deux grandes métropoles du christianisme naissant, toutefois sans exclusivité.

 

Les juifs d'Alexandrie & la Bible dite des Septantes

 

Alexandrie fut, peu après sa fondation, un haut lieu de la religion juive car les Juifs y formaient une part non négligeable de la population.

Présents en Egypte depuis le Ve siècle avant J.-C., les Juifs étaient environ un million aux alentours de l'ère chrétienne et près de 100.000 pour la capitale où ils vivaient dans le quartier "Delta".

A l'éclectisme philosophique s'ajouta donc, pour la pensée alexandrine, la rencontre très enrichissante avec la sagesse de la communauté juive.

Les synagogues y étaient nombreuses et il y avait, non loin de la cité, des "solitaires juifs", les Thérapeutes, qui vivaient sur les bords du lac Maréotis.

Ces juifs alexandrins parlaient le grec, la grande langue de la Méditerranée, sous la forme appelée "Koinê".

L'hébreu était pour ces juifs la langue du culte, le grec la langue vernaculaire. Il fallut donc envisager, malgré les réticences dues à la nouveauté de l'entreprise, de traduire en grec les Livres sacrés, pour que tous puissent comprendre et pratiquer les enseignements de la Torah.  

Une décision du roi Ptolémée II (281AC) accéléra la réalisation de la mise en grec des livres de la Première Alliance, traduction qui allait se révéler très fructueuse pour la vie religieuse des juifs puis pour la diffusion de la foi des chrétiens.

Chaque communauté vivant à Alexandrie fut invitée par le pouvoir royal à déposer à la Bibliothèque de la Ville un exemplaire des Enseignements (Torah) qui régissaient leur mode de vie et leurs croyances. Ainsi tous les citoyens pourraient connaître les documents sur lesquels reposait la vie de la communauté juive.

La traduction grecque fut réalisée, et elle est connue sous le nom de "Septante" car on dit qu'elle fut l'œuvre étonnante de soixante-dix traducteurs qui remirent chacun une même traduction. Ces documents sacrés déposés ainsi à la Bibliothèque avaient été pour la première fois réunis en un seul ensemble, qui s'appela dès lors la "Biblia", c'est-à-dire "les Livres", notre Bible.

Cette traduction grecque des Ecritures Saintes eut une grande importance pour les fidèles et penseurs juifs, qui dès lors s'habituèrent à exprimer et à penser leur foi dans la langue grecque.

La traduction de la Septante eut aussi une influence décisive pour la période de la  Nouvelle Alliance, inaugurée par Jésus le Christ, puisque c'est ce texte grec que les Apôtres et les Evangélistes utiliseront et citeront sans cesse dans leurs prédications, lorsqu'ils rédigèrent en grec leurs propres œuvres, ce qui ne veut pas dire que leur pensée originale ne s'établissait pas en araméen, d'où l'intérêt de chercher le mot araméen ou hébreu caché derrière chaque vocable grec.

Il faut aussi savoir que les traducteurs grecs d'Alexandrie avaient sous les yeux, bien avant la naissance du Sauveur, des textes hébreux plus anciens que ceux choisis lors de la fixation de la Bible hébraïque, dite des massorètes,  par les Juifs de Palestine du début de l'ère chrétienne jusqu'au 7è siècle. Pour cette raison, il faut toujours vérifier et corriger pour l'usage liturgique,  nos Bibles françaises qui sont toutes traduites à partir du texte des massorètes.

 

J'ai déjà présenté le grand penseur juif Philon d'Alexandrie (20 av. J.-C.- 54 après J.-C.) qui s'efforça de concilier la sagesse grecque et l'enseignement de la Première Alliance.  

http://coptica.free.fr/histoire_de_l_eglise_copte_d_egypte_151.htm

Philon eut une grande influence sur les premiers Pères de l'Eglise. Sa réflexion sur le logos, image de Dieu et modèle de la création, fut chez lui comme une préfiguration de ce qu'allait être la révélation chrétienne du Logos, la Parole éternelle du Père, par qui tout est créé.

 

La Bibliothèque

Le phare d'Alexandrie, l'une des sept merveilles du monde, était situé sur l'île de Pharos, ultérieurement relié au port, à l'endroit même où se trouve aujourd'hui le fort de Qaytbay.

Lorsqu'on arrive en bateau en Alexandrie, on comprend pourquoi cette ville avait besoin d'un phare très élevé, beaucoup plus que les autres ports de la Méditerranée qui sont en général surmontés de montagnes ou de collines visibles de loin. Alexandrie est bâtie sur un terrain totalement plat, celui des alluvions du Nil, et on ne voit que la première rangée des maisons, une fois à proximité du port.

Lorsque Jules César arriva en Alexandrie en 48 avant Jésus Christ, il y prit le pouvoir après la "guerre d'Alexandrie". César ayant mis le feu à la flotte égyptienne qui se trouvait dans le port, l'incendie se propagea à cause d'un grand vent et détruisit une partie de la Bibliothèque voisine du port: Environ 70.000 volumes de sciences et de littérature disparurent. En 30 avant J-C, l'Egypte devenait romaine.

La Bibliothèque, reconstituée avec des documents en provenance de celle de Pergame, fut entièrement détruite en 642 sur l'ordre du calife Omar.

                                          la nouvelle bibliothèque

 

La fondation apostolique

 

 On s'est parfois étonné que saint Paul n'ait pas évangélisé Alexandrie qui était la capitale de l'hellénisme. Du moins on constate qu'il accueillit parmi ses collaborateurs un alexandrin de race juive, Apollo, "Homme éloquent et très versé dans les Ecritures" -Actes 18, 24-et qu'il prêcha aux navigateurs alexandrins qui le transportèrent dans ses voyages -Actes 26, 6 ; 28, 11-. Nous savons aussi que le jour de la Pentecôte il y avait des habitants venus d'Egypte.

La tradition la plus autorisée attribue à saint Marc la fondation de l'Eglise à Alexandrie, vers 39-40, sous le règne de l'empereur Caligula ou de Claude.

Marc vint, envoyé par saint Pierre depuis Rome ou l'Aquila où il avait prêché son évangile mis en écrit par Marc.

C'est ce que nous rapporte le premier grand historien de l'Eglise, Eusèbe de Césarée (265-340) dans "L'Histoire ecclésiastique":

" On dit que ce Marc fut le premier envoyé en Egypte, qu'il y prêcha l'évangile qu'il avait composé, et qu'il établit des églises d'abord à Alexandrie même "

     

 

Alexandrie, métropole religieuse

 

L'Ecole d'Alexandrie

 

Dans une société très ouverte aux choses de l'esprit, au milieu des païens, des juifs et des gnostiques, les chrétiens d'Alexandrie éprouvèrent naturellement le besoin de défendre la foi apostolique, en entrant souvent sur le terrain de la philosophie.

Ce fut, à la fin du IIe siècle, l'apparition d'une Ecole appelée le "Didascalée" que l'on peut définir comme la première université de théologie dans l'Eglise, entièrement voué à l'enseignement de la théologie et à l'explication des Ecritures Saintes.

Ses premiers maîtres, qui sont aussi de grands spirituels, furent Pantène, saint Clément d'Alexandrie et Origène. Cette grande épopée du Didascalée se déroule alors que l'Eglise vit en  période de persécutions.

 

   Pantène fut un philosophe païen, originaire de Sicile, qui se convertit et fut préposé vers 180 à la direction de l'Ecole chrétienne d'Alexandrie. Clément l'évoque ainsi : "Cette véritable abeille de Sicile butinant les fleurs des prophètes et des Apôtres, formait dans les âmes de ceux qui l'écoutaient une provision très pure de science.  " Stromates, I, 1.

 

   Clément mit au service du christianisme sa connaissance extrêmement étendue de la philosophie païenne.

Né probablement à Athènes vers 150, il voyagea en Grèce, en Italie, en Syrie, en Palestine et fut, à Alexandrie, conquit par l'enseignement de Pantène : "Celui que je rencontrai en dernier, dit il, et qui était le premier par la vertu et par la science, je le trouvai caché en Egypte et je n'en cherchai pas d'autres." Clément, Stromates, I, 1

 

Nous devons à Clément, grâce aux nombreuses citations qu'il en fit, de connaître bien des textes philosophiques, aujourd'hui disparus.

 

   Origène applique, comme Philon l'avait fait à la Bible, les méthodes allégoriques qui avaient cours dans les écoles païennes, sans pourtant délaisser l'exégèse scientifique et le sens historique. Il est la gloire de l'école d'Alexandrie. Toutefois, poursuivi par des jalousies, il dut quitter Alexandrie pour Césarée de Palestine. Il entra dans la lumière divine à Tyr, des suites des violences de la persécution.

 

   Le christianisme se diffusa rapidement en Egypte et les sièges épiscopaux se multiplièrent. L’autorité de l'archevêque d’Alexandrie était déjà universellement reconnue et chaque année c’est lui qui, par les "Lettres Festales" qu'il adressait à ses fidèles et à toutes les Eglises, fixait la date de Pâques pour tous.

 

Les grandes persécutions

 

C'est avec l'avènement de l'empereur Septime Sévère, en 202, que commencèrent les persécutions systématiques. L'empereur interdit que l'on se fit juif ou chrétien. A Alexandrie l'empereur institua un Sénat qui fut chargé de faire appliquer son décret. La persécution sévit dans tout le pays et surtout dans la capitale. Les chrétiens s'en allaient au martyre comme des "athlètes dans le stade". C'est à cette époque que Léonide, le père d'Origène, fut martyrisé, que sainte Potamienne fut jetée avec sa mère dans de la poix bouillante, mourant ainsi victime de sa foi et de la chasteté.

L'empereur Dèce en arrivant au pouvoir en 250, lança à son tour un terrible décret de persécution: sa méthode cherchait à faire des apostats plutôt que des martyrs.

Valérien devenu empereur en 257, fut tout d'abord favorable aux chrétiens, mais changea vite d'attitude. L'évêque Denys d'Alexandrie, sommé d'adorer les dieux gardiens de l'Empire fut exilé. L'année 284, date de l'arrivée au pourvoir de l'empereur Dioclétien, est restée tragiquement célèbre, elle fut choisie par les chrétiens d'Egypte pour marquer le début du calendrier copte, appelée "l'ère des Martyrs".

 

La défense de la foi apostolique

 

L'arianisme, Athanase et le concile de Nicée

Les persécutions à peine terminées avec l'édit de Milan, commença pour l'Eglise une nouvelle série d'épreuves, ce fut celle des hérésies qui menaçaient d'adultérer la foi chrétienne. Arius, natif d'Alexandrie, fut ordonné diacre et peu après, il fut excommunié pour avoir été favorable à une faction dirigée par Mélèce, l'évêque de Lycopolis, (Assiout) contre l'autorité de l'archevêque d'Alexandrie.

Mélèce avait profité du temps où l'évêque d'Alexandrie était persécuté et emprisonné, pour faire des ordinations sacerdotales de personnages intrigants.

Arius s'étant repenti de sa participation au schisme de Mélèce, il fut ordonné prêtre. Il fut alors chargé d'enseigner l'Ecriture sainte dans une paroisse de la ville. Mais il eut bientôt de graves démêlés avec son évêque, car son enseignement s'éloignait du dogme chrétien. Il enseignait que le Logos de Dieu n'avait pas toujours existé et qu'il avait été mis au monde par le Père, donc créé.

Arius regroupa autour de lui des disciples, des prêtres et des religieux qui lui étaient favorables ainsi que beaucoup de gens du peuple.

Face à cette crise, l'évêque d'Alexandrie, qui tout d'abord usa de beaucoup d'indulgence à son égard, finit par convoquer un synode qui regroupa 100 évêques.

Arius et son groupe fut anathématisé, mais il n'en continua pas moins dans les mêmes erreurs. Arius fut chassé d'Egypte et se réfugia en Palestine, puis en Bithynie, d'où il continua à répandre ses idées, tandis que ses partisans présents à Alexandrie accablaient les fidèles de procès et de calomnies.

L'empereur Constantin, qui se trouvait à Nicomédie, décida de convoquer un Concile universel pour rétablir la paix.

Pour évoquer ce premier Concile œcuménique à Nicée en 314, il nous suffit de citer le mot grec qui exprima parfaitement la doctrine orthodoxe concernant le Christ: Il est "homoousios" au Père, "de même substance" que le Père, donc, possédant avec Lui l'unique et même nature divine.

 

Pendant un demi-siècle la figure de saint Athanase a dominé l'histoire chrétienne de l'Egypte. Athanase avait participé comme diacre au concile de Nicée. En 328, il succéda à l'évêque Alexandre sur le siège d'Alexandrie. Son épiscopat fut une suite ininterrompue d'offensives menées par les partisans de Mélèce, qui s'unirent contre lui avec les Ariens. Il subit cinq exils, dont un dans les Gaules à Trèves, et une longue cache dans le désert

 

Le grand saint Antoine, le Père des Moines, quitta un jour son monastère de Haute Egypte, pour venir à Alexandrie plaider la cause de son ami Athanase. A la mort de Constantin, en 337, Athanase rentra à Alexandrie où il fut chaleureusement accueilli par le peuple. Par son courage, il sauva la foi orthodoxe dans tout l’univers chrétien. Il mourut à Alexandrie le 2 mai 376.

 

Le nestorianisme, Cyrille et le concile d'Ephèse

 

Au Ve siècle, l’Égypte est à peu près entièrement chrétienne.

Vers la fin de l'année 428, Nestorius, archevêque de Constantinople, s'en prit aux fidèles dont la piété aimait vénérer Marie sous le titre de Théotokos, Mère de Dieu. On commença à s'émouvoir à Constantinople et à Alexandrie.

A cette époque le titre de "Mère de Dieu" était déjà ancien et traditionnel, la prière trouvée dans un papyrus du IIIe siècle, en témoigne: "Sous la protection de ta miséricorde, nous nous réfugions, O Mère de Dieu..."

Les égyptologues savent que le mot de Théotokos est bien né en Egypte et qu'il est le décalque du terme copte masnouti, (mas, engendrer Nouti, Dieu) qui était attribué à la déesse Isis dans l'ancienne littérature hiéroglyphique, et que ce terme fut spontanément attribué dans le peuple chrétien à Marie

Le titre de Theotokos est présent dans les œuvres d'Origène, d'Athanase, d'Eusèbe, de Cyrille de Jérusalem, et bien d'autres.

Nestorius en s'opposant à l'emploi du mot Theotokos, s'opposait à la foi traditionnelle de l'Eglise, cette opposition n'est pas une opposition à un mot seulement, c'est toute la théologie de l'Incarnation qui est engagée dans cette crise. Le concile d'Ephèse en 431 présidé par saint Cyrille d'Alexandrie, en confirmant l'usage du mot Théotokos mit fin à la querelle. Celui qui est né de Marie, Jésus, est bien le Logos même du Père éternel. Marie est bien Mère de Dieu, car il ne peut avoir de séparation dans l'unique personne du Christ, vrai Dieu, homme véritable.

L'arrivée du bateau ramenant d'Ephèse saint Cyrille fut saluée par de grandes fêtes et illuminations dans le port d'Alexandrie. A cette occasion, saint Cyrille prononça cette belle hymne:

Nous te saluons Marie, Mère de Dieu, trésor vénéré de tout l'univers, lumière qui ne s'éteint pas, toi de qui est né le Soleil de justice, sceptre de la vérité, temple indestructible. Nous te saluons  Marie, demeure de celui qu'aucun lieu ne contient, toi qui as fait pousser un épi qui ne se flétrira jamais. <> Par toi la Trinité est glorifiée. Par toi la Croix est adorée dans l'univers entier. 

Par toi exultent les cieux. Par toi l'humanité altérée a été relevée.

Par toi le monde entier a enfin connu la Vérité. Par toi sur toute la terre se sont fondées des Eglises.

Par toi le Fils unique de Dieu a fait resplendir sa lumière sur ceux qui étaient dans les ténèbres, assis à l'ombre de la mort.

Par toi les apôtres ont pu annoncer le Salut aux nations.

Comment chanter dignement ta louange, O Mère de Dieu, par qui la terre entière tressaille d'allégresse ?

 

Rome et Alexandrie demeurent les capitales et chefs de file de l’Orthodoxie.

 

Eutychès, Dioscore, le second concile d'Ephèse et le prétendu monophysisme égyptien

 

Un autre archevêque d’Alexandrie laissera un nom dans l’histoire, il est accusé à tord d'être le coupable de la rupture entre l'Eglise d'Egypte et les Eglises byzantines: Il s'agit de saint Dioscore (454) qui présida le second concile d’Ephèse en 449. Le pape Léon de Rome, certainement mal informé et insatisfait de ses décisions, appelle ce concile "brigandage d'Ephèse". Pourtant, il fut convoqué régulièrement par l’empereur Théodose II qui désigna Dioscore pour le présider.

L’ordre du jour consistait à régler le cas d’Eutychès, archimandrite de Constantinople, qui sema le désordre par son enseignement brouillon en christologie: il interprétait la formule de saint Cyrille "Mia Physis tou Theou Logou sesarkomené", comme l'absorption de la nature humaine par la nature divine. Il fut condamné par son archevêque Flavien, mais cela ne mit pas fin aux querelles. Lors du concile d'Ephèse, Eutychès, sans vraiment condamner son erreur, fit une profession de foi orthodoxe. Dioscore et les cent trente cinq évêques qui signèrent les actes, selon la recommandation de Léon de Rome dans sa célèbre lettre à Flavien, l'archevêque de Constantinople, "si Eutychès montre un repentir réel, s'il condamne ses fausses doctrines, on doit le traiter avec douceur", le réintroduisent imprudemment dans la communion ecclésiale.  La fameuse lettre de Léon, malgré la demande à deux reprises de Dioscore, ne fut pas lue dans la session.

Bien plus tard, Dioscore fut accusé par quelques évêques de violences verbales, pour obtenir leur signature. L'affaire se poursuivit par le concile de Chalcédoine dont nous parlerons une autre fois. Dioscore fut alors exclu par ce synode de la communion de l'Eglise. Beaucoup n'acceptèrent pas cette décision.  http://coptica.free.fr/le_concile_d_ephese_ii_776.htm" target=?

 

Alexandrie perd son statut de capitale

 

Après la prise d'Egypte par Amr ibn As en 641, Alexandrie sera déchue comme capitale de l'Egypte au profit de Fustat, près de Babylone ou le "Vieux Caire" actuel.   Le siège patriarcal de l'Eglise restera fixé à Alexandrie. Son primat est appelé; "Pape et Patriarche d'Alexandrie,  de la Prédication de saint Marc et de toute l'Afrique".

                                              

 

Liste des patriarches d'Alexandrie

 

successeurs de saint Marc, apôtre d'Alexandrie de 43 à 67

 

2. Saint Anien ou Anianus ou Annianos, de 67 ou 68 à 82 ou 94 

3. Abile ou Abilius ou Avilius ou Millus, de 94 à 107

4. Kédron ou Cerdo, archevêque de 107 à 120

5. Prime ou Primus, archevêque de 120 à 132

6. Saint  Juste ou Justus archevêque de 132 à 143

7. Eumenes ou Eumenius, archevêque de 143 à 144

8 Marc II ou Marcien ou Markianos, archevêque de 144 à 163

9. Céladion archevêque de 163 à 177

10. Agrippin, ou Agrippinus, archevêque de 177 à 189

11. Julien, archevêque de 189 à 199

12. Démètre, ou Démétrius, patriarche de 199 à 233

13. Héraclas, patriarche de 233 à 249

14. Saint Dyonisios ou Denys ou Denis ou Dionysius, archevêque de 249 à 270

15. Maxime, ou Maximus, patriarche de 270 à 282

16. saint Théonas, patriarche de 282 à 300

17. Saint Pierre archevêque de fin 300 à novembre 311

18.Saint Achille ou Achilas, archevêque de 311 à juin 312

19. Saint Alexandre archevêque de 312 à avril 328 ; il participa au  premier concile œcuménique de Nicée en 325  

20. Saint Athanase Ier ou Athanasius, patriarche de 328 à mai 373;

21.Pierre II, patriarche de 373 à février 380

22. Timothée Ier, patriarche de 380 à 384; Il participa au concile de Constantinople

23.Théophile Ier ou Theophilus, patriarche de 384  à 412

24. Saint Cyrille Ier patriarche du 412 à juin 444.   il présida le concile œcuménique d'Éphèse en 431 

25. saint Dioscore 1er, patriarche de 412 à 454

26. Timothée II  dit Timothée Elure 457 à 477

27. saint Pierre III  dit  Pierre Monge de 477 à 490

28. Athanase II  de 490 à 496

29. Jean Ier  de 496 à 505

30. Jean II de 505 à 517

31. Dioscore II   517

32. Timothée III de 517 à 535

33. Théodose Ier  de 536 à 567

       Siège vacant

34. Pierre IV  de 575 à 578

35. Damien  de 578 à 607

36. Anastase  de 607 à 619

37. Andronic    de 619 à 626 

38. Benjamin Ier  de 626 à 665 Pendant son pontificat, l'Egypte fut conquise par les envahisseurs musulmans

39. Agathon de 665 à 681

40. Jean III  de 681 à 689 Il fit reconstruire la cathédrale saint Marc d'Alexandrie

41. Isaac  de 689 à 692

42. Simon Ier    de 692 à 700

             Siège  vacant : 700-704 (3 ans et 10 mois)

43. Alexandre II  de 704 à 729

44. Côme Ier   de 729 à 730

45. Théodore Ier ou Théodose II de 730 à 742

46. Michel Ier   de 743 à 767  

47. Ménas Ier    de 767 à 775

48. Jean IV   de 776 à 799

49. Marc II      de 799 à 819

50. Jacques    de 819 à 830 

51. Simon II      D'avril à septembre 830

                 Siège vacant : 830-831

52. Joseph Ier   de 831 à 849

53. Michel II    de 849 à 851 

54. Côme II    de 851 à 858

55. Shenouda Ier    de 859 à 880

56. Michel III    de 880 à 907

                      Trône vacant : 907-910

57. Gabriel Ier de 910 à 921

58. Côme III    de 921 à 933  

59. Macaire Ier    de 933 à 953  

60. Théophile II    de 953 à 956 

61. Ménas II   de 956 à 974

               Siège  vacant : 974-975

62. Éphrem Ier    de 975 à 978

63. Philothée     de 979 à 1003 

64. Zacharie    de 1004 à 1032

65. Shenouda II   de 1032 à 1046

66. Christodule    de 1047 à 1077 

67. Cyrille II   de 1078 à 1092 

68. Michel IV  de 1092 à 1102 

69. Macaire II   de 1102 à 1128

                    Siège vacant : 1128-1131 (2 ans et 2 mois)

70. Gabriel II   de 1131 à 1145 

71. Michel V  de 1145 à 1146

72. Jean V de 1146 à 1166  

73. Marc III   de 1166 à 1189 

74. Jean VI    de 1189 à 1216 

                       Siège vacant : 1216-1235

75. Cyrille III    de 1235 à 1243 (

                          Siège  vacant : 1243-1250

76. Athanase III    de 1250 à 1261 

77. Jean VII,  de 1262 à octobre 1268 (1er pontificat)

78. Gabriel III  de 1268 à 1271 

77. Jean VII de 1271 à 1293 (2nd pontificat)  

79. Théodose III   de 1292 à 1300 

80. Jean VIII     de 1300 à 1320

81. Jean IX     de 1320 à 1327 

82. Benjamin II    de 1327 à 1339

83. Pierre V   de 1340 à 1348  

84. Marc IV  de 1348 à 1363

85. Jean X    de 1364 à 1369 

86. Gabriel IV  de 1370 à 1378   

87. Matthieu Ier    de 1378 à 1408 

88. Gabriel V    de 1409 à 1428  

89. Jean XI    de 1428 à 1453

90. Matthieu II    de 1453 à 1466

91. Gabriel VI   de 1466 à 1477

92. Michel VI  de 1477 à 1480

93. Jean XII  de 148 à 1483  

94. Jean XIII  de 1483 à 1524

                     Siège  vacant : 1524-1526

95. Gabriel VII  de 1526 à 1569  

                        Siège vacant : 1569-1573

96. Jean XIV    de 1573 à 1589

97. Gabriel VIII  de 1589 à 1603

                            Siège  vacant : 1603-1610

98. Marc V  de 1610 à 1621

99. Jean XV  de 1621 à 1631

100. Matthieu III  de 1621 à 1650

101. Marc VI  de 1650 à 1660 

102. Matthieu IV  de 1660 à 1676

103. Jean XVI  de 1676 à 1718

104. Pierre VI  de 1718 à 1727

105. Jean XVII  de 1727 à 1745

106. Marc VII  de 1745 à 1769 

107. Jean XVIII  de 1769 à 1797

108. Marc VIII   de 1797 à 1810

109. Pierre VII  de 1810 à 1852  

                              Siège  vacant : 1852-1854

110. Cyrille IV  de 1854 à 1862 

111. Dimitri II  de 1862 à 1870  

                           Siège  vacant : 1870-1874

112. Cyrille V  de 1874 à 1928

113. Jean XIX  de 1928 à 1942

                           Siège  vacant : 1942-1944

114. Macaire III  de 1944 à 1945

115. Joseph II  de 1946 à 1956 

                    Siège  vacant : 1956-1959

116. Cyrille VI  de 1959 à 1971

117. Shenouda III  de 1971 à 2012

118. Théodore  (Tawadros) II   (depuis le 4 novembre 2012)

 

                                                                                                                               + E-P

 

lettre aux amis du sanctuaire du prophète Elie N° 284-285   

Juillet-Août 2012                                                                        

                     

Alexandrie