La Présentation de Jésus au temple

                       appelée aussi Sainte Rencontre

 

         “Voici que le Seigneur le Dominateur, vient à son temple saint.

            Réjouis-toi, et sois heureux, Sion, et viens au devant de ton Dieu".

                                                            (Invitatoire des nocturnes)

                                   Mss. d'Arras

Conformément à la loi de Moïse, Jésus est consacré, comme tout premier né, prémices des entrailles maternelles. (Exode 13.1 à 3)

Quarante jours après sa naissance, Il est porté à Jérusalem pour être présenté au Seigneur -Luc 2.22 à 32-. Bien des mères, sont venues pour se purifier et racheter leur premier né en mémoire de la pâque, sortie d’Egypte quand furent épargnés les premiers nés d’Israël alors que furent frappés les premiers nés d’Egypte, depuis celui de pharaon jusqu’à ceux des animaux -Ex.12,29-.

Mais aujourd’hui, celle qui se présente pour être purifiée est une vierge immaculée et l’enfant qu’elle porte est le messie attendu, fils du Très haut.

“Sion, orne ta chambre nuptiale et reçois le Christ Roi. Accueille avec amour Marie qui est la porte du ciel, car elle tient dans ses bras, le roi de Gloire, Celui qui est la lumière nouvelle”

(Tropaire du moine Cosmas (Grandes Vèpres byzantines) utilisé par le rite romain ancien comme hymne de procession. C’est le pape de Rome, Serge (VIIè s.) qui l’introduit dans le rit occidental.)

Il vient dans le temple, la maison de son Père

         “La vierge s’arrête, présentant son Fils engendré avant    l’aurore. Siméon le reçoit dans ses bras et annonce au peuple qu’il est le maître de la vie et de la mort, le Sauveur du monde” (idem).

 

                                     fresque de Saint Martin des Puits (Languedoc)

 

Jésus dans les bras de Siméon, c’est la rencontre et l’union des deux Alliances. Il n’y a pas une nouvelle Alliance qui va remplacer l’ancienne, celle du Sinaï. La seconde, l’Eternelle, accomplit la première. Il y a continuité de l’Economie divine pour le Salut.

 

Siméon le Juste, sur qui repose l’Esprit Saint a reçu l’assurance de ne pas mourir sans avoir vu le Christ du Seigneur. Il ne se laisse pas arrêter par la pauvreté et l’humilité de l’enfant. Il reconnaît celui qu’il attendait, la vraie lumière qui éclaire les nations, la Gloire d’Israël”.

 

Aujourd’hui, est accomplie la prophétie de Malachie -3,1-4- : “le Seigneur est dans son temple, l’Ange de l’Alliance que vous désirez.”

Le temple est le lieu de la rencontre du Seigneur et de son peuple Israël. Voici que le Salut préparé pour tous les peuples s’offre pour la réconciliation du ciel et de la terre. Sa résurrection montrera que son corps sacré est le nouveau temple, le lieu définitif de la Rencontre de Dieu avec les hommes

Christ Jésus est la vraie lumière qui éclaire tout homme -Jean 1,9-. Cette vérité est mise en relief par la liturgie de ce jour, particulièrement la bénédiction des cierges et la procession.

 

Pour répondre aux vœux des pèlerins, l’Eglise de Jérusalem établit un calendrier liturgique où les évènements de la vie du Seigneur se dévoilent selon leur chronologie. Des basiliques s’élèvent aux lieux de leur évènement.

Ethérie, à la fin du IVè siècle., dans son journal de voyage (Sources chrétiennes n°21, Paris 1948, P.207), est le premier témoin de notre fête de la Sainte Rencontre de notre Seigneur et Sauveur dans le temple. L’acte liturgique qui la caractérise à Jérusalem est déjà une procession.

Au cours des 6è et 7è S., cette fête s’étendit à l’orient tout entier et à l’occident.

L’historien Théophane le Confesseur note qu’en 602, l’empereur Maurice, prit part à Byzance au cortège, pieds nus. Les ménées (sanctoral byzantin) nomment la fête : Hypapanti = Rencontre.

A Rome, elle fut associée à une cérémonie pénitentielle en réponse à un défilé turbulent et licencieux appelé amburbale : un ordo du VIIIè s. décrit la procession, cierges allumés en main et revêtus de vêtements noirs.

Puis la Gaule germanique, au Xè s. organisa une bénédiction solennelle des cierges pour évoquer le Christ “lumière qui se révèle aux nations”. Cette bénédiction du Pontifical Romano franc du XIIè s. est passée pour la fête de la présentation de la Vierge au temple, dans le missel romain utilisé jusqu’à la réforme de Vatican II.

                                   

Le sujet de la fête, primitivement axé sur la rencontre du nouveau né et du vieillard, de la grâce et de la loi

(“Le vieillard reconnut l’enfant. Il redevint enfant en lui. Sa jeunesse fut renouvelée; le vieillard portait l’enfant mais le Christ guidait le vieillard” Augustin d’Hippone P.L. 39

C’est aussi un thème cher à Saint Irénée : “le Christ rend éternellement jeune.”),

                                                  complète un des thème majeur des fêtes de Noël et des théophanies: fête de la lumière qui dissipe les ténèbres et l'invitation aux  nations étrangères de se joindre  à l’Alliance.

 

L’unique bénédiction des cierges d’un manuscrit de l’Eglise de Narbonne rassemble précisément ces deux thèmes :

 

Père Saint et éternel, source et principe de toute lumière, tu as fait briller sur le monde ta splendeur en nous envoyant ton Fils unique dans le sein de la chaste Vierge Marie. Celui dont les prophètes avaient depuis longtemps prédit l’avènement, tu l’as envoyé dans les derniers temps pour rayonner sur les peuples qui demeuraient dans les ténèbres ; ils erraient au pays de l’ombre de la mort, et tu as fait se lever sur eux ton éternelle clarté. Nous te supplions de bien vouloir bénir ces cierges que nous avons préparés en l’honneur de ton Nom ; accorde-leur cette bénédiction par laquelle tu nous as fait passer du domaine des ténèbres, au royaume resplendissant de ton Fils bien-aimé, par qui s’est levé la lumière sur les justes, et la joie du salut éternel. Tu as comblé l’attente du juste Siméon, qui ne devait point mourir avant de voir le Christ revêtu de la chair ; remplis-nous aussi, ô lumière salutaire du monde entier, de la splendeur de ta clarté et chasse loin de nous les ténèbres de l’incroyance. Comme tu as aujourd’hui renvoyé en paix Siméon votre serviteur, veuille aussi nous diriger dans la paix de ta sainte Eglise, pour que nous entrions au port du repos éternel et que, tout inondés des rayons de la vraie lumière, nous puissions au jour du jugement, unis avec les chœurs des anges, contempler dans l’allégresse le visage de l’éternel Soleil.

 

                                                                                                   E_P

 

Lettre du Sanctuaire du  Prophète Elie N°39, Février 1992

 

Présentation de Jésus au temple