Choisis avant la fondation du monde

 

 

"Béni est Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ: Il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle, dans les cieux, en Christ. Il nous a choisis en lui avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans reproche devant Lui, dans l’amour". -Éphésiens 1,3-4-

<> [Par la bouche de saint Paul] pour la première fois dans la vie de l’humanité, nous apprenons que Dieu nous a bénis chez lui, dans les cieux, de toute bénédiction spirituelle. Cette vérité n’a été précédemment révélée à aucun saint, à aucun ange.

Il est bien connu que "c’est la bénédiction du Seigneur qui enrichit, sans que l’effort n’y ajoute rien." -Prov. 10,22-

Ces bénédictions sont des dons invisibles, conçus et préparés par Dieu dans les temps éternels avant la fondation du monde. Elles ne sont pas matérielles comme celles de l’Ancien Testament, mais toutes spirituelles. Elles sont inaltérables, hors d’atteinte de la jalousie et de la haine de notre ennemi, le prince du mal. Elles sont assignées au nom de chacun de nous, dans les cieux, non pas en raison de nos œuvres ou de notre mérite, mais comme dons gratuits et suprêmes, provenant de la grâce infinie de Dieu et de la richesse de sa gloire, en pleine gratuité, sans rien exiger de notre part.  Dieu, dans sa bonté absolue, en a ainsi disposé.

Nous ne savons pas quelles sont les modalités de ces bénédictions, car elles dépassent toute intelligence, elles sont entièrement spirituelles, provenant des profondeurs de l’amour infini de Dieu. <> Bien que célestes, ces bénédictions sont destinées à la parenté de l’Homme nouveau. Elles tendent à nous rapprocher de Dieu et à éliminer tout ce qui entrave la montée de l’homme vers la gloire.

Elles nous sont toutes données en Christ, en qui Dieu a déposé tous les trésors de la sagesse, de la connaissance et de l’intelligence. Il l’a élevé et l’a fait siéger avec lui en tant que son bien-aimé, après avoir mis sous ses pieds toutes les puissances du mal, adverses et jalouses du genre humain; il l’a surélevé pour qu’il soit son associé en toute chose.

<>  Quant à notre élection dans le Christ, c’est une élection qui englobe tout notre être, car le Christ a pris de nous le corps ancien, l’a crucifié et nous en a libérés.

Le Christ a mis sa joie à accomplir la volonté de son Père.

En entrant dans le monde, il a dit: "Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m’as façonné un corps, " -Heb 10,5- "Mon Dieu, je prends plaisir à faire ta volonté, ta loi est au fond de mon cœur." -Ps 40,8-. Et lorsqu’il se présenta à la croix, il a été dit de lui: "En vue de la joie qui lui était proposée, il endura la croix au mépris de la honte." -Heb 12,2-.

Notre sanctification en Christ s’est pareillement effectuée, selon la disposition divine, avant la fondation du monde. Tout cela pour que nous puissions paraître devant Dieu saints et sans reproche dans l’amour.

C’est ainsi que Dieu a achevé dans le Christ tout ce qui a trait à notre Salut, à notre justification et à notre sanctification, selon l’économie divine; tout cela en un mystère éternel que Dieu n’a confié à personne, mais qui est resté caché à travers les siècles, sans que nul ange, nul prophète, nul saint n’en prenne connaissance. Mais finalement Dieu l’a révélé à ses apôtres et à ses saints, dans l’Esprit. -Ép 3,5-. Et saint Paul a pris pleine connaissance de ce mystère caché et l’a annoncé aux nations auxquelles Dieu destinait ce mystère; celui-ci, en effet, concernait l’entrée des nations dans la miséricorde de Dieu et dans sa bienveillance, et leur participation à son héritage et à sa justification.

Prions en rendant grâces au Seigneur:

Seigneur, comme tu as montré ta sollicitude pour nous de toute éternité, répands maintenant aussi sur nous ta miséricorde.

Dès avant la fondation du monde, nous étions de toi connus et choisis, accomplis en nous ta volonté.

Tu nous as choisis dans le Christ, ce choix est devenu pour nous une réalité sensible.

Ce choix et ta sollicitude pour nous nous ont comblés de ta miséricorde.

Notre accès auprès de toi, saints et sans reproche est devenu l’objet de la conversation des anges et des chérubins.

Car tu nous as fait paraître devant toi et tu as répandu sur nous ton amour.

Nous sommes devenus une Création nouvelle qui ne cesse de parler de ta grâce et de s’émerveiller de ta miséricorde.  Amen

 

 

"Il nous a prédestinés à être pour Lui enfants adoptifs par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté". -Ép 1,5-

Voilà une chose qui nous émerveille au plus haut point: <> La bienveillance que Dieu a manifestée à l’égard de la créature humaine dépasse toute imagination. Non seulement il nous a supportés, mais il nous a aimés et a répandu sur nous sans mesure les bienfaits de sa miséricorde; et finalement il a fait de nous l’objet du bon plaisir de sa volonté, afin de nous combler de dons dans son Fils Jésus Christ.

Le premier et le plus grand de ces dons a été de nous faire entrer dans une alliance filiale avec lui, dans la personne de son Fils unique et bien-aimé, Jésus Christ. Cela nous a immensément élevés de la terre au ciel, de la condition de serviteurs pécheurs à celle d'enfants dans le Christ, justifiés par la justice de Dieu.

Cela n’est-il pas propre à ébahir les anges, les archanges, les chérubins et les séraphins, qui ont tous été créés pour louer Dieu? Tous leurs chœurs célestes sont ordonnés à une fin unique: adorer Dieu et louer sa gloire. Quant à nous, il nous a élevés à la condition d'enfants de Dieu, à l’image de son propre Fils et à sa condition glorieuse.

Toutes les créatures célestes sont vouées au service de Dieu; et voilà que Dieu nous élève de notre condition d’esclaves sur cette terre à celle d'enfants qui se tiennent devant sa face, bien-aimés, saints et justifiés dans la gloire, élevés au niveau du bon plaisir de sa volonté.

Il nous est toutefois impossible de vivre à ce niveau exceptionnel d’amour filial et de réjouir le bon vouloir divin, et d’oublier que le Chef de notre race, qui nous a valu tous ces bienfaits, Jésus Christ le Fils unique de Dieu, nous a rachetés des mains du tyran pervers et nous a délivrés des griffes de sa haine, de sa rancœur et de sa méchanceté. Il a payé le prix de notre Salut par son propre sang versé sur la croix jusqu’à la dernière goutte. Il nous a bel et bien libérés -1Co 6,20-, en scellant l’acte de notre libération par son propre sang. <>

D’autre part, notre condition d'enfants de Dieu est exposée aux regards de tous les hommes; il nous est demandé de veiller à ce que nos paroles, notre comportement, nos œuvres et notre volonté soient dignes d'enfants de Dieu, marqués du sceau de la croix de notre Seigneur Jésus Christ. Toutes nos paroles, tous nos désirs, tous nos actes doivent témoigner de la grandeur de notre Père céleste et être dignes du sang du Christ dont nous avons été marqués pour le jour de la rédemption. - Ep 4,30-

Si les cieux sont fiers d’être supérieurs à la terre, parce que s’y trouvent des témoins de Dieu et du Christ, qui proclament sa gloire et le louent en tout temps, il nous incombe, à nous qui jouissons de l’alliance d'enfants de Dieu et qui sommes marqués par le sang de la croix de Jésus Christ, de témoigner par nos œuvres et notre foi vivante des bienfaits de Dieu et du Christ.

Autrement, nous serons comptés au nombre des infidèles, privés de l’alliance comme ayant méprisé la grâce et foulé aux pieds la croix du Fils de Dieu, -Heb 10,29- dans l’illusion de pouvoir échapper à l’effroyable jugement futur.

 

Prions en rendant grâces au Seigneur:

Mon Dieu, compte-moi au nombre des enfants que tu as choisis selon le bon plaisir de ta volonté.

Tel est mon engagement et ma promesse: Te servir dans l’Église de mes Pères. Porter la croix de ton Fils, emblème de la victoire sur le monde.
Être fidèle au sang du Christ dans mes paroles et dans mes actes. Faire du sceau de l’Esprit Saint ma force et ma louange. Chanter ton amour, bénir ton nom et t’adorer dans mon cœur et dans mon esprit. Être ton enfant est ce que je possède de plus précieux dans la vie: garde-moi ce trésor. Amen

 

"[Dieu le Père] a fait de nous ses enfants à la louange de gloire de sa grâce, dont il nous a gratifiés dans le Bien-aimé.  -Éphésiens 1,6-

<> Et maintenant que veut dire "la gloire de sa grâce"?

La grâce de Dieu ce sont les dons spirituels qu’il accorde gratuitement, dons venant de sa propre nature. Par eux il veut amener l’homme à se rapprocher de lui et de sa nature divine, pour le faire jouir de la munificence de Dieu et des bienfaits dont il comble ses bien-aimés. En disant "la gloire de sa grâce", saint Paul surélève la grâce au niveau de la gloire divine. Or celle-ci est la transcendance absolue de Dieu dans sa grandeur, sa splendeur et sa lumière.

Cette grâce, surélevée au niveau de la gloire divine, est inaccessible. Il est impossible à l’être humain de l’acquérir de façon immédiate. C’est pourquoi Dieu l’a déposée dans son Fils pour que Celui-ci nous la prodigue et nous en abreuve. De fait, par ses souffrances sur la croix, le Christ a pu faire parvenir jusqu’à nous la grâce de la gloire de Dieu, sous la forme du don prodigieux de la rémission des péchés. <>

Sans l’amour ineffable de Dieu pour son Fils, le Christ ne nous aurait pas fait parvenir la gloire de la grâce divine.

Le Fils de Dieu peut assurément être appelé dans un sens absolu "le Bien-aimé". Cette prérogative du Fils, à savoir l’amour infini de Dieu pour lui, l’élève au niveau de Dieu le Père. L’amour du Père pour le Fils équivaut à l’amour du Fils pour le Père. De ce double amour, celui du Père et celui du Fils, nous avons reçu de quoi nous rendre un dans le Père et dans le Fils par l’amour.

Merveilleuse gloire de la grâce ineffable de Dieu qu’il a répandue sur nous en son Fils Bien-aimé!

Le Fils est dans le Père par l’amour, et le Père est dans le Fils par l’amour.

Et l’amour ineffable du Père et du Fils nous a enveloppés et nous a introduits dans l’unité de l’amour de Dieu, comme une création nouvelle à laquelle Dieu a prodigué la gloire de sa grâce.

Dieu nous a prédestinés à l’adoption filiale par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, puis il nous a prodigué la gloire de sa grâce et, de ce fait, nous sommes entrés dans la communion de l’amour de Dieu, comme une nature nouvelle, gratifiée de la gloire de Dieu et de son amour.

Comment cela a-t-il pu se faire? Et comment pouvons-nous continuer à rester étrangers à cet état de filiation qui nous est accordé dans la gloire?

Cher lecteur, je crains que tu ne doutes de la véracité de ces promesses. Il te faut savoir en toute certitude que ces privilèges ne sont donnés qu’à ceux qui en sont dignes. Or, en sont dignes ceux qui y croient. Crois donc en ce privilège afin de l’acquérir.

La promesse de la filiation adoptive a été réalisée. De même la promesse de la venue en nous de l’amour du Père avec toute sa richesse. Cet amour s’est répandu avec gloire sur ceux qui en sont dignes. Et ceux-ci ne sont pas autres que nous.

Prions en rendant grâces au Seigneur:

Devant toi, glorieux amour de Dieu, j’incline la tête pour que tu viennes en moi.

Et toi, Jésus, devenu Chef de notre race, nous t’aimons.

Esprit Saint de Dieu, qui œuvre en nous secrètement, agrée notre amour.

L’amour de Dieu est notre seule richesse en ce monde de misère.

Celui qui est aimé de Dieu devient membre de sa maison.
Aime-moi, ô mon Dieu! L’amour est ce que je professe, c’est mon trésor et ma richesse. Je ne possède rien d’autre. Je t’aime, Seigneur, doublement:
Je t’aime parce que je suis ton enfant, et je t’aime parce que tu es digne d’être aimé.

 

"En lui [le Bien-aimé] nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce" -Ép 1,7-

La rédemption effectuée par le sang du Christ n’était pas uniquement un acte d’obéissance au Père. En répandant son sang pour les pécheurs, le Christ manifestait la richesse de sa propre grâce. C’est celle-ci qui l’a conduit jusqu’à la croix et qui ne cesse de répandre son sang sur les pécheurs de toutes les générations. Le sang du Christ, à lui seul, pouvait effectuer la rédemption et la rémission; mais ce sang du Christ était, en outre, porteur de sa grâce, ou plutôt de la richesse de sa grâce. Répandu sur la tête du pécheur, le sang lui apporte la richesse de la grâce du Christ. Celle-ci provient de la nature même du Christ, de son propre corps. Avec le concours de la grâce, le sang purifie et enrichit. Par le sang du Christ et par sa grâce, nous obtenons non seulement la rémission de nos péchés, mais aussi nous devenons remplis de la grâce du Christ. Celle-ci fait que la rédemption élève de la condition de pécheur pardonné à celle de bien-aimé élevé à la gloire du Fils.

Le sang est la vie. Avec le sang, nous recevons la grâce de la vie en Christ.

Or, la vie du Christ en nous est une progression incessante de gloire en gloire.

Le Christ prend forme en nous et, de gloire en gloire, notre image se transforme. Tel est l’homme nouveau: son image se renouvelle incessamment jusqu’à parvenir à celle de son Créateur -Col 3,10-. Cette transformation ne s’opère pas au hasard, mais sous l’action de la parole de Dieu, vivante et efficace, capable de pénétrer jusqu’au fond de notre être pour l’édifier et le réformer.

Quiconque se met à l’école de l’Évangile, se transforme immanquablement à l’image du Christ, et la grâce l’amène à annoncer la Parole à ceux qui en sont dignes, à ceux qui en estiment la valeur et l’efficacité.

Aussi les mots de saint Paul "la rédemption selon la richesse de la grâce du Christ" signifient la libération accompagnée d’une puissance d’édification et de renouvellement. La richesse du Christ incluse dans la rédemption prend en charge le pécheur, après l’avoir racheté, pour le conduire sur le chemin du Salut qui mène à la vie.

Le sang du Christ répandu implique nécessairement l’effusion en nous de la vie du Christ pour nous revivifier, nous qui étions morts à cause de nos péchés.

Le Christ répand sur nous son sang et sa vie pour ressusciter l’homme nouveau d’entre les morts et pour l’édifier. La vie de l’homme nouveau provient de l’effusion de la vie du Christ sur les rachetés, pour qu’ils reçoivent, en même temps que la rémission, la vie nouvelle. C’est pourquoi le Christ est appelé tête de la nouvelle création.

La rédemption que le Christ a accomplie par son sang sur la croix est toujours accompagnée de l’effusion de son Esprit sur ceux qu’il ressuscite de la mort, pour qu’ils acquièrent la vie nouvelle. Après que le Christ a versé son sang pour la rémission des péchés, "la richesse de sa grâce" prend en charge le pécheur pardonné pour lui faire acquérir une vie nouvelle, digne de la rédemption.

Les rachetés qui ont reçu la grâce du Christ avec la vie nouvelle possèdent dans les cieux des degrés qui leur sont propres; ils forment des chœurs qui, pour la rédemption et pour la grâce qu’ils ont reçues, ne cessent de rendre grâce à Celui qui siège sur le trône. Ils sont considérés comme les témoins de la rédemption opérée par le Christ et de la richesse de sa grâce. Ils ne cessent de louer, d’adorer et de rendre grâce.

Les cieux sont riches de ces êtres sanctifiés qui forment le plus grand chœur de louange à la gloire du Christ, pour la rédemption qu’il a accomplie et pour la grâce qu'il a répandue sur eux. Ils sont vêtus de blanc, en signe de leur vie nouvelle purifiée par le sang, et ils sont honorés, estimés et loués par tous les êtres célestes, à cause du sang du Christ dont ils sont oints. Ils sont les témoins du Christ dans la gloire.

Prions en rendant grâces au Seigneur:

Seigneur crucifié pour nous, tu nous as parfumés de la bonne odeur de Ton sang.

Ton sang est désormais en nous, signe de pureté, de sainteté, de rédemption.

Tu nous as rachetés par ce qu’il y a de plus précieux sur la terre et au ciel.

Ta croix est devenue la marque de notre fierté, par elle nous vainquons nos ennemis, car elle est la puissance de Dieu, sa puissance suprême pour le Salut, un Salut gratuit.

Elle est devenue notre fierté sur la terre et aux cieux.

Ton nom est suave dans notre bouche, comme un parfum de grand prix.

Ta grâce répandue sur nous, nous a ouvert le chemin pour te suivre.

 

 

                                                                  ¿ Matta el Maskîn    (2006†)

 

© Monastère de saint Macaire du désert de Scété (Wadi el Natroum)

Paul aux Ephésiens, commenatire chap 1