Nous attendons la résurrection des morts

 

 

Hier, ô Christ, je partageais ton tombeau, aujourd'hui avec toi je ressuscite, hier je partageais ta croix,  donne moi ta gloire en partage,  ô sauveur, dans ton royaume.

 

                     

"Avec joie, rendez grâces au Père qui vous a rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière. Il nous a arrachés à la puissance des ténèbres et nous as transférés dans le Royaume du Fils de son amour " –Col 1,12-13-

C'est au matin de Pâques qu'a eu lieu principalement cette inauguration du Règne de Dieu.

La résurrection de Jésus est une nouveauté inouïe: ce n'est pas un retour passager à la vie terrestre, le rétablissement, au sens médical, dans l'état où se trouvait Jésus avant sa pâque, il entre dans la lumière de la gloire du Père.

Les récits évangéliques des apparitions pascales rapportent des circonstances destinées à exclure d'idée d'un fantôme ou d'un ectoplasme, ils veulent établir l'identité entre celui qui a souffert, est mort, avec celui qui maintenant "se fait voir".

 

La pointe cependant de ces récits réside dans le fait que le corps de Jésus est maintenant tout différent ce qu'il était avant la croix: il est glorieux, revêtu de la gloire céleste, corps spirituel.

Jésus ressuscité est appelé nouvel Adam, Adam céleste: son destin commande celui de toute l'humanité. Sa résurrection est le commencement d'une humanité nouvelle, homme nouveau, qui comme le premier Adam est à la fois individuel et collectif.  " si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature" -1 Cor 5,17- Quand le Christ meurt sur la croix et ressuscite, en lui apparaît "l'homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté de la vérité". Eph 4,24

Si nous perpétuons le péché d'Adam -la rupture de communion avec Dieu-, en Christ, les fidèles incorporés à lui, retrouvent la relation divine par participation à sa mort et à sa résurrection, comme le chante l'Office divin wisigothique:

"Que la terre entière retentisse pour toi Seigneur, de chants nouveaux. Tu as racheté l'univers par le sang de la croix. Nous qui avons été ensevelis avec toi dans ta mort, nous tressaillons avec toi d'une allégresse infinie dans ta résurrection.

A toi, Seigneur qui remonte des enfers dans la gloire, toute la création adresse ses chants de louanges. Nous aussi, petits et grands, nous te louons: par ta résurrection, nous ressuscitons à la gloire éternelle.

O Christ, nous avons été ensevelis avec toi dans la mort, pour ressusciter avec toi par la foi en ta résurrection. Tu nous as purifiés dans ton sang et le baptême, ne cesse pas de nous purifier par ta bonté et ton amour. 

Toutefois la résurrection du chrétien, fruit de l'incorporation au Christ, est un processus complexe, elle ne se produit pas en un tour de main.

L'apôtre Paul parle d'une triple résurrection qui aboutira de progrès en progrès au partage de la gloire.

   La première résurrection est celle qui s'opère au baptême.

Au jeune homme qui voulait suivre Jésus et qui lui demandait un délai pour ensevelir son père, Jésus répond avec une certaine brutalité "Laisse les morts ensevelir leurs morts" Mt 8, 22.

Nous pouvons interpréter cette parole en nous référant à saint Irénée: Comme Adam, nous détournant de Dieu, nous avons perdu le don de l'Esprit divin qui est en nous le gage de la vie éternelle, notre souffle de vie ne peut perdurer que s'il reste connecter à sa source, l'Esprit de Vie. Sans lui, la vie s'écoule et se tarit, en ce sens, en solidarité avec le premier Adam, nous sommes "en puissance de mort", considérés comme morts.

Le Christ, nouvel Adam, par la croix et la résurrection, prémices de la nouvelle création, nous communique une nouvelle solidarité: associé à sa mort nous sommes pareillement associés à sa résurrection. C'est le sens de la préposition grecque "sun: avec":

"Ensevelis avec lui dans le baptême, avec lui encore, vous avez été ressuscités, puisque vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts. Et vous, qui étiez morts à cause de vos fautes et de l'incirconcision de votre chair, Dieu vous a donné la vie avec lui: il nous a pardonné toutes nos fautes, il a annulé le document accusateur que les commandements retournaient contre nous, il l'a fait disparaître, il l'a cloué à la croix". -Col 2,12-14-. " Alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ,  c'est par grâce que vous êtes sauvés! Avec lui, il nous a ressuscités et faits asseoir dans les cieux, en Jésus Christ. -Eph 2,5-6-

La préposition "sun avec" n'indique pas une simple association, il faut y entendre une concomitance. Greffés au Christ ressuscité, nous recevons l'Esprit de Vie. Ce même Esprit qui a ressuscité Christ des morts, qui vivifiera nos corps à la résurrection universelle, vient habiter en nous. "Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus Christ d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous".  -Rm8.11-.

 

Notre résurrection baptismale est la base du développement de notre vie en Christ se terminant par la résurrection glorieuse. Si bien  que l'on peut interpréter le discours de Paul sur le baptême de Romains 6, 1-11 aussi bien de la résurrection baptismale que de la résurrection du dernier jour: "Car si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. Comprenons bien ceci: notre vieil homme a été crucifié avec lui pour que soit détruit ce corps de péché et qu'ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est libéré du péché.  Mais si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Rom 6,5-8

 

 La seconde résurrection consiste à nous renouveler chaque jour:

 

Le rite du baptême n'est que le commencement, pour les fidèles, de la vie en Christ.

Tout au long de l'existence, l'Esprit ne cesse d'agir en eux et avec eux pour les" rendre esprits" et les conformer toujours davantage à l'humanité glorifiée du Sauveur. Les pères grecs ont exprimé son accomplissement par le mot "déification".

Morts et ressuscités avec Jésus par le baptême, nous avons à devenir chaque jour ce que nous sommes. "Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. Car si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. Comprenons bien ceci: notre vieil homme a été crucifié avec lui pour que soit détruit ce corps de péché et qu'ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché.  Car celui qui est mort est libéré du péché. Mais si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet: ressuscité des morts, Christ ne meurt plus, la mort sur lui n'a plus d'empire. Sa mort fut une mort au péché, une fois pour toutes, vivant, sa vie est pour Dieu. De même vous aussi: considérez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ. Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel pour vous faire obéir à ses convoitises. Ne mettez plus vos membres au service du péché comme armes de l'injustice, mais, comme des vivants revenus d'entre les morts, avec vos membres comme armes de la justice, mettez-vous au service de Dieu. –Rm 6,4-11-

Revêtus du Christ au baptême, nous devons prêter attention à le revêtir chaque jour, et ainsi rajeunir et se renouveler constamment. "Vous avez revêtu l'homme nouveau, celui qui, pour accéder à la connaissance, ne cesse d'être renouvelé à l'image de son créateur". -Col 3,10-

Notre résurrection n'est pas due à un processus naturel de croissance organique, elle se rattache à l'intervention de l'Esprit Saint qui comme le Père céleste ne cesse de créer: "Si Christ est en vous, votre corps, il est vrai, est voué à la mort à cause du péché, mais l'Esprit est votre vie à cause de la justice. Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus Christ d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous. -Rm 8,10-11- L'intervention divine qui doit nous ressusciter au dernier jour commence au baptême, et même pouvons-nous dire, au matin de Pâques, en Christ, qui récapitule en lui toute la création. Nous devons tous les jours de notre vie dire oui à l'initiative de Dieu.

 

   La troisième résurrection est le passage des portes de la mort vers le paradis de la joie dans l'attente de la résurrection universelle.

L'apôtre Paul envisage de mourir avant "le retour du Seigneur", il possède l'assurance que, même sans son corps et dans" l'état de nudité", il sera déjà "auprès du Seigneur". Il pose le principe que dès après la mort et avant la résurrection "de la chair", une vie bienheureuse "hors du corps" près du Seigneur est non seulement réelle mais plus désirable que la vie dans le corps et loin de lui.

" Car nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera nous aussi avec Jésus et il nous placera avec vous près de lui <> C'est pourquoi nous ne perdons pas courage et même si, en nous, l'homme extérieur va vers sa ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour.<> Notre objectif n'est pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel. Car nous le savons, si notre demeure terrestre, qui n'est qu'une tente, se détruit, nous avons un édifice, œuvre de Dieu, une demeure éternelle dans les cieux, qui n'est pas faite de main d'homme. Et nous gémissons, dans le désir ardent de revêtir, par-dessus l'autre, notre habitation céleste, pourvu que nous soyons trouvés vêtus et non pas nus. Car nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés; c'est un fait: nous ne voulons pas nous dévêtir, mais revêtir un vêtement sur l'autre afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Celui qui nous a formés pour cet avenir, c'est Dieu qui nous a donné les arrhes de l'Esprit. Ainsi donc, nous sommes toujours pleins de confiance, tout en sachant que, tant que nous habitons dans ce corps, nous sommes hors de notre demeure, loin du Seigneur, car nous cheminons par la foi, non par la vue, oui, nous sommes pleins de confiance et nous préférons quitter la demeure de ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur. 2 Cor 4, 14-5,8.

Nous confessons que déjà unis ici-bas dans l'Esprit au corps du Christ ressuscité, nous nous retrouverons dans cette union dès notre mort qui ne saurait l'interrompre. Nous examinerons une autre fois la dernière résurrection, celle de la parousie du Seigneur.

 

Éveille-toi, ô toi qui dors,

 relève-toi d'entre les morts et le Christ sera ta lumière.

 

Les chrétiens en occident, si nous en croyons les enquêtes récentes sur la foi aujourd'hui, sont en majorité dubitatifs sur le sujet de la résurrection du Seigneur et bien encore plus sur leur propre résurrection. Beaucoup, qui y croient, se contenteraient après la mort du réveil -1- dans le paradis.

S'ils disent encore les paroles du symbole de Nicée-Constantinople (381)  "nous attendons la résurrection des morts et la vie du siècle futur. Amen ", ils y prêtent peu d'attention. Pourtant l'annonce de la résurrection des morts est centrale dans la prédication des apôtres.

Le message se fonde sur la réalité de la résurrection du Christ Jésus. Saint Paul a rencontré de ces sceptiques: "Si l'on proclame que Christ est ressuscité des morts, comment certains d'entre vous disent-ils qu'il n'y a pas de résurrection des morts? S'il n'y a pas de résurrection des morts, Christ non plus n'est pas ressuscité et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi. Il se trouve même que nous sommes de faux témoins de Dieu, car nous avons porté un contre-témoignage en affirmant que Dieu a ressuscité le Christ alors qu'il ne l'a pas ressuscité, s'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas. Si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si Christ n'est pas ressuscité, votre foi est illusoire". -1 Cor.15,12-17-

 

Le grand Origène (253†) ajoute qu'il "est évident que la résurrection du Christ a eu lieu avec la chair qu'il avait.<> Le Christ est le premier né d'entre les morts, ce qui implique que la résurrection des hommes doit ressembler à celle du Christ, laquelle s'est produite avec le corps". –fragments sur Corinthiens-

C'est pourquoi, très tôt, dans les symboles baptismaux,  la formule "nous attendons la résurrection des morts" entre en concurrence avec "nous croyons en la résurrection de la chair".

Le témoin le plus ancien est contemporain d'Origène, saint Hippolyte de Rome (vers 215) dans la confession de foi de la Tradition apostolique. Un fragment antique de la liturgie de saint Marc (Papyrus de Dêr-Balyzeh) à la même époque dit: "Je crois en Dieu Père tout-puissant, et en son Fils, unique engendré, notre Seigneur Jésus Christ et en l'Esprit Saint, en la résurrection de la chair, dans la sainte Eglise catholique".

Le célèbre symbole des apôtres, qui en occident est utilisé dans l'Office divin confesse aussi: " Je crois en la résurrection de la chair et en la vie éternelle".

 

La culture antique comme la nôtre, mais pour des motifs différents, si elle admet une survie, rejette la résurrection des corps comme relevant d'une mentalité primitive, grossière et indigne de tout esprit cultivé.

Nos pères se sont essayés à donner corps à la foi en la résurrection par des arguments divers qui, aujourd'hui ne donnent pas toute entière satisfaction mais qui méritent l'étude en raison de leur sérieux. On peut les grouper sous les grandes lignes suivantes:

A. Christ, ressuscité, premier né d'entre les morts

B. Observation de la nature: le grain meurt pour naître nouveau

C. Manifestation de la toute puissance de Dieu comme le montre la vision d'Ezéchiel

D. La nature corruptible réceptacle du don de l'immortalité.

E. Croissance de l'homme intérieur qui aboutit à la déification de tout l'être, y compris la chair.

 

Nous limiterons notre étude à l'examen des arguments qui peuvent avoir aujourd'hui une portée significative.

 

L'image du grain nu est exploitée par saint Hippolyte de Rome en deux directions: le corps mort qui va revêtir la gloire, l'âme dénudée de son corps (l'expression est de saint Paul) qui va revêtir le corps comme un vêtement de gloire. Il ne néglige pas l'idée de l'intervention de la toute puissance de Dieu.

 

"Toutes les âmes sont retenus dans l'hadès, jusqu'à l'heure que Dieu a marquée pour la résurrection de tous, qui ne sera point l'envoi des âmes en de nouveaux corps, mais la résurrection des corps eux-mêmes. Si la vue de ces corps qui se dissolvent vous inspire quelque doute, gardez-vous en bien. <>Ne doutez pas que Dieu peut reconstituer le corps des mêmes éléments, le rappeler à la vie et le rendre immortel. Ne dites pas, Dieu peut ceci et ne peut cela. Nous croyons donc que le corps lui-même ressuscite. Car s'il meurt, il n'est point anéanti: la terre, reçoit ses restes et les garde comme une semence confiée au soin fécond de la terre, et ils refleurissent.

La semence qu'on jette en terre est un grain nu, mais à l'appel du créateur, ce grain apparaît florissant dans un vêtement de gloire. <> [les corps] sont jetés en terre comme dans un creuset pour être reformés, ils ressuscitent non tels quels, mais purs et immortels".  

                                                 (Contre les grecs PG 10, col 800)

 

Saint Athanase (373†) montre que la résurrection est pour nous la victoire du Christ sur notre mort, comme le chante notre tropaire: "Christ est ressuscité des morts, par la mort, il a vaincu la mort, à ceux qui sont dans les tombeaux, il donne la vie".

 

"Le Logos voyait que la corruption des hommes ne pouvait absolument être détruite que par la mort.<>Aussi prend-il pour lui un corps capable de mourir, afin que, participant au Logos qui est au-dessus de tout, ce corps soit capable de mourir pour tous, et que, grâce au Logos qui habite en lui, il reste incorruptible et désormais fasse cesser en tous la corruption par la grâce de la résurrection. <> Maintenant nous ne mourrons plus comme des condamnés, mais comme des gens qui doivent se réveiller -1- de la mort, nous attendons l'universelle résurrection. <> Comme la mort n'apparaît que dans le corps, le Logos a revêtu un corps, pour trouver la mort en ce corps et la faire disparaître. <> En lui la corruption a disparu". (De l'incarnation du Verbe SC n°18)

 

"Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils? Avec quel corps reviennent-ils?" Ce comment dépasse notre imagination et notre entendement. Le Christ ressuscité s'est levé (1) avec son propre corps. "Regardez mes mains et mes pieds, c'est bien moi", dit-il aux disciples au cénacle de Jérusalem. -Luc 24,39- Mais il n'est pourtant pas simplement revenu à une vie terrestre.

De même en lui, tous ressusciteront avec leur propre corps mais "ce corps sera transfiguré en corps de gloire" -Ph 3,21- en corps spirituel -1 Cor 15,44-.

Les premiers pères apologètes ont souvent expliqué la dernière résurrection en utilisant la vision d'Ezéchiel des ossements desséchés qui recouvrent les nerfs, la chair, la peau et enfin leur souffle de vie. - 37, 1-14-

Parmi eux, Athénagore (vers 180†):

 

"Peut-on dire que Dieu ignore la nature des corps qu'il doit rappeler à la vie, des parties les plus grandes comme des plus petites. Qu'il perd de vue une seule parcelle de ces corps tombés en dissolution, un seul des éléments auxquels s'est unie chaque parcelle après la dissolution du corps, quelque imperceptibles que soient à nos yeux ces atomes qui ont été se réunir aux parties du monde avec lesquelles ils avaient quelque affinité? N'est-il pas vrai que, même avant l'organisation des êtres divers, Dieu connaissait les principes qui devaient entrer dans leur composition, les parties de ces éléments qui lui semblaient les plus propres à être mises en œuvre? Il n'est pas moins certain que Dieu, après la décomposition de nos corps et la dispersion de leurs éléments dans toutes les parties du monde, sait où est allée chacune des parcelles qu'il avait employées à la création et à la formation complète de chacun de nous."

                                                                -de la résurrection des morts-

 

Pourquoi pas? Sauf que la vision d'Ezéchiel, comme l'explique l'Ecriture, n'a pas pour sujet la résurrection universelle mais le réveil et la reconstruction spirituelle de la nation d'Israël. On sait aussi que les prophéties vont parfois plus loin que leur projet initial. Il ne faut donc pas négliger cette manière de voir. La croyance juive de la présence d'une partie de l'âme –néchama- près des tombeaux et notre vénération des reliques des saints vont dans le sens des apologètes. 

 

Le grand Origène, suivi en cela par saint Grégoire de Nysse (394†), considère la résurrection comme une étape dans le processus de l'ascension progressive vers Dieu et de déification de la personne, corps et âme.  Ils s'émerveillent de l'extraordinaire développement de l'homme et de sa capacité de progrès physique et spirituel. Ils constatent que le corps humain change chaque jour, que les cellules se renouvellent, et cependant la personne garde son identité. Ils concluent que l'identité humaine ne se trouve pas seulement dans l'âme, mais aussi dans l'eidos, la forme, qui, élément stable du corps, peut parfois être imaginée comme le vêtement de l'âme.  

 

"L'entretien du Christ sur l'enfer montre que dans l'âme, même après sa séparation, demeurent des marques distinctives du composé que nous étions; alors que les corps sont déposés dans le tombeau, les âmes conservent quelques signes corporels…<> [Dès ici-bas] une partie de notre être demeure tandis qu'une autre est soumise à l'altération. Notre corps devient autre, quand il grandit ou diminue, et il revêt comme des vêtements des âges successifs. Mais à travers ce mouvement demeure inchangée la forme (eidos) propre de notre être. <> Dans le composé que nous sommes, la partie de l'âme semblable à Dieu reste naturellement attachée, non à ce qui s'écoule dans l'altération et le changement, mais à ce qui reste permanent et identique à lui-même. En conséquence, comme l'aspect extérieur du corps reste dans l'âme qui est comme l'empreinte par rapport au sceau, les matériaux qui ont servi à former la figure sur le cachet ne demeurent pas ignorés de l'âme, mais dans l'instant de la résurrection, elle reçoit de nouveau en elle tout ce qui s'harmonise avec l'empreinte laissé en elle par l'aspect extérieur du corps."

                       - Grégoire de Nysse, de la création de l'homme, -SC N° 6-  

 

Ainsi les corps spirituels ne perdent pas leur substance: La matière aussi reçoit l'Esprit, mais dans "un ciel nouveau, une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre auront disparu". –Ap 21,1-                                              

                                                     

                                                                                                           +   E-P  

 

Note

1. Le verbe egeirô  se réveiller est employé dans les septante en synonyme de anistemi se lever, pour exprimer l'idée de résurrection, se réveiller, se  lever des morts. Les verbes  latins de la Vulgate resuscitare et resurgere traduisent indifféremment  les deux termes.        

 

Lettre aux amis du sanctuaire du prophète Elie, N° 305 &306, avril mai 2014                                                                      

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