Mystagogie des rites du Saint Baptême

                      par abouna Elias-Patrick, higoumène du sanctuaire du prophète Elie à Montpeyroux  (F.34150)

 

                                        Baptême de saint Marc par saint Pierre    

la purification par l'eau

 

 L’usage rituel de l’eau sous la forme de l’ablution, de l’immersion, de l’effusion est commun à la plupart des religions. Il se rattache au symbolisme naturel de l’eau, qui exprime à la fois désintégration et régénération. "L’ablution d’eau précédait les principaux actes religieux, préparant ainsi l’insertion de l’homme dans l’économie du sacré" écrit Mircéa Eliade.

Aussi la trouve-t-on pratiquée par les prêtres avant qu’ils n’entrent dans les temples. Elle jouait un rôle dans l’initiation aux mystères d’Isis et de Mithra, comme le remarque Tertullien -Sur le baptême, V, 1-.

Le bain dans le fleuve sacré, le Gange ou le Nil, exprime le renouvellement dans les forces sacrales. L’ablution purifie du crime, délivre des influences démoniaques. Tertullien relève aussi l’usage de baptiser les idoles, en vue de les consacrer. On asperge d’eaux lustrales les maisons, les villes, les sanctuaires.

Tous ces rites sont vraiment l’expression d’un sens du sacré inhérent à la nature humaine et non dépendant de  culture liée à une mentalité primitive périmée. Ils présentent des caractères communs dans toutes les religions païennes, tout en se diversifiant d’après les caractères propres de chacune de ces religions.

 

 Le christianisme est né dans un milieu juif et ne s’est étendu que plus tard dans le monde païen, grec et latin.  C'est donc dans la tradition juive qu'il faut chercher la portée initiale des rites du baptême.

Christ en prescrivant aux apôtres de baptiser a élargi et donné son accomplissement au rite de l'eau.

  

Le Judaïsme comporte des rites d’ablutions, qui sont consignés dans le Lévitique. Ainsi, pour l'installation des prêtres –Lév. 8,6-, pour la consécration de l’autel: "Moïse aspergea sept fois l'autel et oignit, pour les consacrer l'autel et tous ses accessoires" -Lév 8,11-.

 Très nombreuses étaient les ablutions destinées à purifier ce qui était rituellement devenu impur. Ainsi en était-il pour celui qui avait touché un cadavre, pour tout ce qui concernait la vie sexuelle -Lév 15,18-. Le lépreux était tenu à de sévères purifications rituelles.

 

Ces ablutions rituelles étaient particulièrement soulignées par l'école des pharisiens au temps du Christ et poussées à un degré de minutie extrême, comme la purification des plats, couverts, des mains, des corps.

Le talmud enseigne quelque part que si une communauté ne possède pas de synagogue et de mikvé (piscine rituelle), c'est le mikvé qui doit être construit en premier. 

Les Esséniens attachaient une grande importance spirituelle aux aspersions et bains rituels.

 

                                       bassin de purification à Qûmran

 

" C'est par l'Esprit de vrai conseil à l'égard des voies de l'homme que seront expiées toutes ses iniquités, quand il contemplera la lumière de vie. Et c'est par l'Esprit saint de la communauté, dans la vérité qu'il sera purifié de toutes ses iniquités; c'est par l'esprit de droiture et d'humilité que sera expié son péché. C'est par l'humilité de son âme à l'égard de tous les préceptes de Dieu que sera purifiée sa chair quand on l'aspergera avec l'eau lustrale et quand il se sanctifiera dans l'eau courante". –Règle de la communauté 3, 8-

 

Un bain de purification précédait pour eux chaque repas. On a retrouvé à Qumram les piscines qui servaient à ces ablutions quotidiennes.

Le Christ est accusé par les Pharisiens de ne pas tenir compte de ces obligations -Mathieu 15,2-.

Les judéo-chrétiens conserveront l’usage de ces purifications.

Toutefois, le baptême chrétien apparaît comme radicalement différent de ces rites d’ablutions. Il n’était donné qu’une fois comme rite d’initiation à la vie en Christ. L’admission à la communauté essénienne impliquait un bain rituel mais celui-ci est quotidien dans la communauté.

Tout païen converti à la religion juive (prosélyte) devait prendre un bain, avant de recevoir la circoncision, pour faire disparaître son état d’impureté rituelle. Mais il n’est pas certain que cet usage existait au temps du Christ.

Il existait aussi un bain dans le Jourdain dans les communautés baptistes au temps des origines chrétiennes.

 

Le Baptême de Jean

 

Il est vraisemblable que Jean-Baptiste s’est inspiré de cet usage quand il baptisait dans le Jourdain. Ce fleuve n'a pas de caractère sacré particulier et tient qu'une seule place dans la Première Alliance: le bain de Naaman le Syrien en guérison de sa lèpre sur l'ordre du prophète Elisée -2 Rois 5,1-28-.

Jean-Baptiste donne au rite d'immersion une signification nouvelle. Son baptême est un geste prophétique, qui accomplit la promesse eschatologique de l’effusion d’eau purificatrice de la fin des temps. Il annonce Celui qui doit baptiser dans l'Esprit Saint.- Marc 1,8-

  

Le baptême chrétien est certainement, dans son origine, en relation avec le baptême de Jean-Baptiste. C’est le rite du baptême de Jean que Jésus a repris mais en lui donnant toute plénitude. Cela apparaît déjà dans son propre baptême par Jean. 

Par ce baptême, Jésus a voulu ratifier la mission du Baptiste et en même temps y mettre fin. L’effusion de l’Esprit sur Jésus pendant son baptême signifie, en effet, que le temps de la préparation est terminé et que les temps messianiques sont inaugurés. La descente de l’Esprit sur Jésus est le signe de ce changement. "Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, celui-là m’avait dit: Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui doit baptiser dans l’Esprit Saint" -Jean 1,33-.

 

Le Baptême de Jésus.

 

 Le véritable baptême de Jésus, c'est sa mort, en tant qu'offrande de toute sa vie. Jésus doit plonger dans les eaux de la mort " Je suis venu apporter le feu sur la terre et je voudrais qu'il soit déjà allumé. Je dois être baptisé d'un baptême, et je suis impatient qu'il soit  accompli" -Luc 12,50-

 

Christ s'est incarné pour accomplir toute justice, la croix, l'Alliance dans le sang versé et distribué pour le Salut du monde, sont l'objectif fixé. 

Mais pas seulement la mort: le samedi de la Joie qui précède la nuit de la résurrection,  le Christ est descendu dans les enfers, en a brisé les portes, lié le Satan et ramené Adam et Eve au Paradis de la joie.

Le chrétien doit aussi passer, par la porte de la mort, franchir la porte du monde usé pour ressusciter au monde à venir. Cela, il l'accomplit mystiquement par son baptême d'eau et d'Esprit.

 

                                 Baptême du Christ BNF mss copt 13

 

Le baptême que les apôtres donnaient durant sa vie terrestre du Sauveur -Jean 4,1- est probablement un baptême de préparation et d'annonce de la venue du Royaume. (En effet, si le baptême chrétien confère la participation à la vie du Christ ressuscité, il ne semble pas   approprié d'être pratiqué avant l'événement historique de la résurrection.)

Jésus dit lui-même : " Je dois être baptisé d’un baptême (en parlant de sa Pâque) " -Luc 12,50-. A ce moment-là Jésus est baptisé au Jourdain depuis longtemps, il ne s’agit donc plus du rite d’eau mais de la nouvelle signification du baptême: la plongée dans la mort pour la résurrection. 

 

Après la Pâque, sa mort et sa résurrection, Jésus institue le baptême chrétien en disant à ses Apôtres: "Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. -Mathieu 28, 19-.

Mais c’est seulement après la Pentecôte que ce baptême commencera à être conféré, comme nous le voyons dans les Actes des Apôtres -2, 38- "Que chacun  se fasse baptiser au Nom de Jésus-Christ pour la rémission de ses péchés et vous recevrez le don du Saint Esprit".

 

Les dénominations du Baptême:

 

La tradition ancienne est généreuse dans la richesse des expressions pour désigner le baptême:  Mystère de l'eauDidaché; eau de Viesaint Cyprien de Carthage-; eau génératrice -Clément d'Alexandrie-; bain de la régénération -saint Hilaire de Poitiers-; Purification spirituelle, nouvelle naissance –Tertullien-; Sacrement de la vie nouvelle et du Salut éternel –Augustin et saint Jean Chrysostome-; sacrement de la foi –Tertullien-; Commencement et source de grâces divines –Origène-; illumination –Justin de Rome & Denys l'aréopagite-; Sceau du Seigneur, sceau salutaire, -Eusèbe-;  sépulture  – saint Jean chrysostome.

Toutes ces expressions annoncent le contenu théologique du mystère de l'initiation chrétienne.

 

 

L'Ordo Egyptien:

 

La suite de cette catéchèse utilisera principalement l'ordo du baptême de l'eucologe de saint Sérapion.

Ceci pour deux raisons notables:

-la première, L'eucologe de saint Sérapion est l'ordo égyptien le plus ancien à notre connaissance, il date de la première partie du 4è siècle  (l'ordo copte-orhodoxe en usage aujourd'hui en a gardé la structure mais a considérablement augmenté en nombre et en volume les prières, nous ne nous en priverons pas),

- en second lieu, la simplicité primitive communique l'essentiel de la grande tradition apostolique et patristique.

 

L'entrée dans l'Eglise:

 

La célébration commence à l'entrée de l'église. Ce passage symbolise  l'entrée du néophyte dans la communauté de l'Eglise. Cette communauté est représentée, au minimum, par le prêtre mais la tradition orthodoxe voudrait que le baptême se fasse en présence de toute l'Assemblée paroissiale réunie en Eglise pour célébrer l'Oblation d'Action de Grâces.

  

L'église bâtiment est le signe de l'Eglise corps du Christ; Le Christ est la Porte de l'Eglise. "Amen, amen, je vous dis, je suis la Porte des brebis." -Jean 10,7-

 Le Christ est donc la Porte de la Vie en Dieu Trinité . "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi." -Jean 14,5-

Lors de la célébration d'un baptême nous ne percevons pas la puissance symbolique du passage de la porte de l'église... de même lorsque nous y entrons notamment pour célébrer le jour du Seigneur.  Il nous faut penser à ceux qui ne le peuvent pas en raison des persécutions, de l'absence de prêtres ou encore ceux qui dans certains pays entrent dans l'Eglise en sachant qu'ils risquent leur vie.

Le baptême est aussi l’ouverture de la porte de notre cœur à Dieu. Enfin, le baptême, en lui-même, est la porte d’entrée dans le Royaume. 

 

Le Nom Chrétien, parrain, marraine:

 

 Chez les premiers chrétiens les candidats au baptême recevaient un nom chrétien  au moment du baptême pour signifier que le baptisé devient enfant de Dieu. Aujourd'hui, nous donnons le nom à l'enfant au cours de la cérémonie d'action de grâce des parents qui précède le baptême. 

 

Les parents ont la grâce de donner la vie humaine à l’enfant mais ils doivent aussi s’occuper de lui donner la vie spirituelle. Le père et la mère participent de plein droit à cette fécondité spirituelle, le parrain et la marraine rappelle que la communauté qu’ils représentent y participe aussi. C'est donc ensemble parrain, marraine, parents s'ils le souhaitent, qui répondront à la place de l'enfant.

Le parrain dans l'antiquité est aussi nommé "garant". Il est garant du sérieux du candidat adulte, de son engagement à tenir la morale chrétienne et de sa réception de la catéchèse. Le parrain, la marraine, s'engagent "à rendre compte [à Dieu] de l'enfant, à parfaire son éducation et sa formation, à l'enseigner et l'amener à l'église, son milieu naturel, lui enseignant le chemin véritable de façon à ce que sa conduite soit juste et lumineuse". (péroraison du rite copte-orthodoxe)

 

La catéchèse:

 

Pour l'adulte, une catéchèse[1] préalable au baptême, lui enseigne les rudiments de la foi. Elle s'appuie sur la profession de foi du concile de Nicée.

Les définitions dogmatiques ne devant pas être reçues comme un simple catalogue de vérités extérieures à la vie à accepter sans réflexion, mais comme des paroles vivifiantes qui ouvrent le cœur à l'amour de Dieu et du bien.

Il semble bien qu'il n'y ait pas d'amour possible sans connaissance, d'où l'importance que les pères attachent à l'étude et aux exposés de la foi. L'apôtre Jean écrit dans sa première épître 5, 2-4: "Voici à quoi nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu: Quand nous aimons Dieu et que nous pratiquons ses commandements car l'amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas écrasant, car tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Et voici la victoire qui a vaincu le monde: notre foi."

La foi donc est agissante. Saint Clément d'Alexandrie, à la fin de son  traité "le pédagogue" donne un résumé de la morale chrétienne en une phrase:

"Ce que tu veux que te fassent les hommes, fais-le toi-même",

selon le commandement du Seigneur: "Donc, tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le aussi pour eux; car c'est la Loi et les Prophètes". -Mathieu 7,13-

Celui qui se présente au baptême a reçu la foi et connaît le Logos de vie et sait qu'en lui est la communion avec le Père. Il s'engage par sa  présence avec la grâce de Dieu à pratiquer les œuvres de la foi.

 

prière sur le catéchumène: 

 

Le prêtre dit la prière sur le catéchumène:  "Dieu Père saint, marque de ton sceau l'assentiment que te donne ton enfant que voici, garde immuable ses mœurs et sa conduite… qu'il se soumette jusqu'à la fin à toi, le créateur de l'univers et se montre enfant véritable."

Par le sacrement du baptême, nous devenons enfants Dieu

 

L'exorcisme

 

Puis vient la prière dite d'exorcisme. Aux premiers siècles de l'Eglise, les adultes venant du culte des idoles au baptême avaient pour beaucoup d'entre eux, soit par la participation aux cultes corrompus, soit par la recherche de la vérité dans les "religions à mystères" (ésotérisme) qui toutes n'étaient pas exempt de pratiques magiques, contacté des forces mauvaises, aussi, cette prière permet de libérer spirituellement et psychiquement de l'emprise des démons du passé. Cela n'a pas beaucoup changé de nos jours.

 

Aujourd'hui dite sur l'enfant,  la prière d’exorcisme va signifier la libération donnée par le Christ. Le nouveau baptisé acquiert la liberté de résister au Mauvais, et s'il chute, de se relever par la confiance dans la conversion. "Nous te demandons de le rendre digne du mystère divin et de ta régénération ….qu'il ne soit jamais sous l'emprise d'aucun esprit mauvais … qu'il garde tes commandements, que le conduise le Logos incarné, ton Fils unique."

 

La renonciation au Satan

 

Libéré ainsi, le catéchumène peut s'engager en toute liberté dans la voie du Seigneur. Il renonce au Satan et adhère au Christ[2]. 

L'adhésion au Christ se double, sous peine d'être un simulacre, de la renonciation au satan. On ne peut être au Christ, si on continue à être au satan.  Le Satan (ce qui veut dire en hébreu l'adversaire, l'accusateur) désigne dans les Ecritures la puissance personnifiée dont l'action ou l'influence se manifeste soit dans d'autres êtres (démons ou esprits impurs) soit dans la tentation. La Genèse nous le montre sous l'aspect du Serpent comme l'instigateur de la chute d'Adam et Eve.

Son caractère le plus évident est l'hostilité au perfectionnement de l'humanité selon le projet divin; il se concentre dans un principe: le refus d'accepter l'amour désintéressé. –Job 1,9- Il est en particulier l'adversaire du Logos incarné venu donné sa vie pour le Salut du monde. Au moment  où le Satan se croyait victorieux, il est jeté à bas –Jean 12, 31-

 

Le chrétien retrouvera sur son chemin spirituel l'adversaire qui lui présentera les tentations vaincues par le Christ:  séduire par des actes ou des paroles, mettre Dieu à son service et non le servir, vouloir exercer sa puissance sur les autres –Mathieu 4,1-10 & Luc 4,1-13- Renoncer à Satan, c'est renoncer au prince, au principe du péché, renoncer à ses œuvres, c'est renoncer à l'égoïsme,  renoncer à son orgueil, c'est laisser de côté l'égotisme, renoncer à ses illusions et ses ruses trompeuses, c'est être attentif aux choses bonnes en soi qui peuvent par mauvaise intention ou mauvais usage, devenir un piège enfermant la liberté et nuire à la personne et aux autres.

 

Première confession de foi:

 

S'étant tourné définitivement vers  le Christ notre Orient, Lumière éternelle, le néophyte prononce sa première confession de foi, celle qui lève tout obstacle  au saint baptême Actes 8,26-40: "Je crois en toi, ô Christ mon Dieu et à toutes tes lois salvatrices et tes œuvres vivifiantes.". Il est alors signé de la croix avec l'huile d'allégresse appelée aussi dans notre Eglise copte-orthodoxe "Galiléon".

 

Le signe de Croix:

 

Dans le cadre du baptême le signe de croix imposé avec l'huile d'allégresse fait principalement référence au Christ crucifié et au Salut qu’il donne à l’humanité. La branche verticale de la croix rappelle la communion entre le haut et le bas, le ciel  d'où descend toute grâce et la terre dans laquelle la croix est plantée. La branche horizontale rappelle que le Christ ouvre ses bras généreux pour embrasser toute la création et appelle à une communion d’amour entre les hommes et l’ensemble de la création.

 La communion est le principe de la joie parfaite mais cette joie ne nous sort pas du monde concret, notre communion est sur la croix, autrement dit, elle va jusqu'au cœur de la souffrance et de la mort pour aller vers la glorieuse résurrection.

Le Christ n’est pas venu supprimer les tourments, comme par magie, mais il est venu planter la croix de l’amour jusqu’au cœur de la souffrance. 

"Il a accompli ta volonté [Père céleste] et pour t'acquérir un peuple saint, il a étendu ses mains tandis qu'il souffrait pour délivrer de la souffrance ceux qui croient en toi" anaphore de saint Hippolyte.

 

"Sois marqué du signe de la croix. Je te signe de l'huile d'allégresse dans l'église une-unique, sainte catholique et apostolique… "

 A partir de ce moment le signe de la croix, force du chrétien, sera répété sur lui-même et par lui-même bien souvent comme marque d'adhésion au Christ et à l'Eglise son grand Corps. Il est le signe de la foi, de la confiance et d'ouverture à la bénédiction. C'est dans l'Eglise que repose toute grâce, toutes bénédictions, la liberté glorieuse des enfants de Dieu.

 

L'Eglise n'est pas toutefois un machin attrape-tout, sans forme ni consistance, ni doctrine.

"Tu donnes à ton Eglise un gouvernement droit. Tu y as établi  des agapes, des liturgies, le repos des fidèles, les dons de ta grâce et les prodiges, la communication du Saint Esprit" . Petite Eucharistie quotidienne de Clément. 

 

L'Eglise, si on peut dire, a un corps, l'Assemblée des fidèles, une âme, la doctrine reçue des apôtres et des pères, un esprit, sa liturgie vivifiante.

L'Eglise apostolique est unie, sans mélange, ni séparation, au Christ vivant et par lui à l'Eglise divine, la communion avec le Père et l'Esprit Saint. Cette union est parfaitement réalisée quand les hommes sont fidèles avec humilité à la Parole du Sauveur et n'entrent pas dans la tentation du pouvoir et de l'orgueil.

 

La confession de foi de Nicée:

 

Armé du signe de la croix, le futur baptisé peut alors avec fermeté produire sa seconde confession de foi, celle de toute l'Eglise à travers les temps, les lieux, la durée: il prononce le symbole des pères réunis à Nicée en 314. Tout ce qui  est nécessaire à la connaissance parfaite y est résumé. A partir de cette connaissance, l'amour peut s'épanouir  dans l'action de  grâces. 

 

Bénédiction de l'eau

 

Pour signifier clairement qu'il ne s'agit pas d'un simple bain de purification dans de l'eau ordinaire, le prêtre bénit solennellement l'eau et la sanctifie de la puissance de l'Esprit Saint.

 L' eau est ambivalente, elle est le signe de la mort en référence au déluge biblique – Genèse 6- et aussi de la vie en référence aux eaux primordiales sur lesquelles planait l'Esprit –Genèse 1, 2-. Tertullien dit que "l'eau est le trône de l'Esprit".

                                         

La liturgie Orthodoxe de la Théophanie, fête du baptème du Sauveur, explique qu'en se faisant baptiser dans le Jourdain, le Christ sanctifie toutes les eaux de la terre. C'est donc le Christ et l'Esprit  (les deux mains du Père selon l'image de saint Irénée) qui accordent à l'eau sa fécondité pour faire des nouveaux enfants de l'Eglise et accorder la naissance céleste.

La consécration de l'eau dit parfaitement le mystère de l'eau: "… Toi , Roi et Seigneur de toutes choses, créateur de l'univers… par l'incarnation de ton Fils, tu as donné …la grâce du Salut… regarde du haut du ciel, pose ton regard sur ces eaux et remplis-les de l'Esprit saint…. De même que le Logos, ton Fils unique, en descendant dans les eaux du Jourdain, leur a conféré la sanctification, qu'ainsi il descende maintenant dans ces eaux pour les rendre saintes et spirituelles afin que les baptisés ne soient plus chair et sang mais deviennent Esprits…"  après cette épiclèse le prêtre mélange l'eau au feu de l'Esprit Saint en y versant du saint Chrême.

 

Tout est prêt pour la régénération du néophyte. Il est plongé trois fois dans les eaux[1], dans le Nom du Père, du Fils, de l'Esprit Saint. [2]

 

 La triple immersion:

 

L'immersion du baptisé dans l'eau sanctifiée symbolise la descente dans le monde de la mort. Son émersion  dans le Nom du Père du Fils, du Saint Esprit, Dieu un, symbolise sa résurrection qui commence dès ce moment et qui sera accomplie au Jour du Seigneur.

 

En lisant les Ecritures, nous distinguons toutes les significations du baptême:

* Une plongée dans la mort:

"Nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés". -Romains 6,3-"Ensevelis avec lui dans le baptême"… -Colossiens 2,12-

* Une libération:

Le baptisé est ressuscité avec le Christ "Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême en cette mort pour que comme le Christ est ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, pareillement nous marchions, nous aussi dans une vie nouvelle. –Romains 6, 4-  "Ensevelis avec Lui par le baptême, en Lui aussi, avec Lui, vous êtes ressuscités par la foi que vous avez dans la puissance de Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts". -Colossiens 2,12-.  Le baptisé vit avec Christ une vie nouvelle, source de notre salut "Pour vous <> c'est le baptême qui maintenant vous sauve".-1 Pierre 3,21-

* Une purification du péché:

Le baptême du Christ est la libération définitive. "Ressuscité d'entre les morts, le Christ ne meurt plus, la mort n'a plus d'empire sur lui. Sa mort fut une mort au péché une fois pour toutes, sa vie est une vie pour Dieu. Ainsi vous aussi regardez-vous comme morts au péché, comme vivants pour Dieu, dans le Christ Jésus. -Romains 6, 8-11-

Certes, Jésus n'a pas connu de péché personnel mais il s'est fait "péché" pour nous -2 Corinthiens 5,21-. Le Christ a donc expérimenté la condition de l'homme emprisonné et avalé par le péché au point d'en perdre la vie. A la résurrection, Jésus est "mort au péché" une fois pour toutes en détruisant la mort -2 Timothée 1,10-, il a ôté le péché du monde -Jean 1,29-

* Une incorporation:

Les baptisés sont plongés dans le Christ, incorporés dans le Christ. "Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtus le Christ"-Galates 3,27-, dans le Nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit -Mathieu 28,19-. C'est une intégration au Théanthropos Dieu-Homme. Nous sommes les membres du Corps du Christ -Romains 12,4-5-. Le baptisé a un statut ontologique complètement nouveau qui exige un comportement nouveau. L'Esprit de Dieu, l'Esprit Saint lui est communiqué.

 

Le mystère du baptême enveloppe la vie toute entière (la mort faisant partie de la vie): dès la conception dans le sein de ma mère, l'homme entre dans le processus de vie mais aussi de mort.

La plénitude, la Pâque, le passage, le plongeon véritable et définitif, c'est la mort, là où il n'est plus possible de mettre un masque face à Dieu. Nous voyons Dieu et Dieu nous voit. Saint Basile dans une homélie sur le saint baptême dit:

"Il n'est pas possible au corps de vivre sans respirer, pas plus qu'à l'âme de subsister sans connaître son créateur. <>Le baptême est une énergie en vue de la résurrection. Aussi en ce jour, accueillons la grâce de la résurrection".

Le rite sacramentel du baptême dans l'eau consiste essentiellement à anticiper en Christ l'expérience définitive de notre mort et de notre résurrection. 

 

L'imposition des mains & l'onction avec le saint Chrême:

L'eucologe de saint Sérapion fit suivre le baptême par l’imposition des mains  dont les prières récapitulent en quelques mots notre espérance: "Père saint… comble [le baptisé] que voici de ta bénédiction <> désormais lui qui a eu part à ta grâce divine et utile qu'il ne soit plus chair mais esprit. Garde-le jusqu'à la fin pour toi. <> Accorde l'Esprit Saint…"

 L'imposition des mains est un geste biblique solennel. Il signifie un don venu d’en haut et transmis de générations en générations.

L'imposition des mains de la première Alliance puis geste naturel de Jésus Sauveur, s'est doublée dans l'Eglise dès les temps les plus ancien de l'onction du saint chrême.

 

L'huile qui faisait resplendir les visages est un des symboles de lumière.  Le roi et le prêtre étaient les oints de Dieu. Le mot hébreu signifiant oint mashia /messie se traduit en grec par Christos. Il fut appliqué à Jésus.

 À partir de la venue du Christ, la promesse du Salut déborde le peuple juif et s'étend à tous les peuples. Le baptisé est introduit dans le peuple de rois, de prêtres, de prophètes. Il est en quelque sorte un autre Christ.  Il reçoit pour cela à son baptême l'onction du saint Chrême.

                                

Cette huile, le saint Chrême, uniquement sanctifiée par le patriarche est devenue dans l'Eglise le signe palpable du Saint Esprit. Elle est aussi attachée au mystère de la Résurrection par la tradition égyptienne qui tient que le premier saint Chrême fut confectionné par Pierre et le collège des apôtres à partir des parfums que les femmes avaient porté au tombeau de Jésus et devenu sans utilité en raison de la résurrection.

Le patriarche d'Alexandrie ajoute à chaque nouveau saint chrême consacré une partie de l'ancien comme un ferment qui relie physiquement l'Eglise d'aujourd'hui au synode des apôtres dans la stupeur et la joie de la Résurrection.

 

L'onction du saint chrême confirme les grâces baptismales comme le dit un sermon attribué à Saint Jean Chrysostome (mais probablement d'origine alexandrine en raison aux allusions liturgiques propres au rit d'Egypte):

 

"Dieu soit loué, qui seul opère ces merveilles, il a tout créé, tout renouvelé <> les citoyens de l'Eglise ne sont pas simplement libres mais saints, non seulement saints mais justes, non seulement justes mais enfants de Dieu, non seulement enfants mais héritiers, non seulement héritiers mais frères du Christ, non seulement co-héritiers du Christ mais ses membres, non seulement ses membres mais encore temple, non seulement temple mais instruments de l'Esprit Saint. Dieu soit loué lui qui opère ces merveilles. Multiple est la grâce du baptême. Certains y voient que la rémission des péchés, alors que nous avons pu aligner tant de dons d'honneurs. Pour cette raison, nous baptisons également les enfants en bas âge, quand même ils n'ont pas de péchés, pour qu'ils reçoivent la sainteté, la justice,la filiation, l'héritage, la fraternité du Christ, pour qu'ils deviennent membres et demeure de l'Esprit Saint."

 

La Chrismation:

 

Après avoir écouté le passage de l'évangile où le Seigneur enseigne Nicodème en disant: "Amen, amen, je te dis : Si quelqu’un n’est engendré d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.  Ce qui est engendré de la chair est chair, et ce qui est engendré de l’Esprit est esprit", le nouveau baptisé reçoit sa Pentecôte personnelle par l'imposition des mains et l'onction.

Par l'onction du chrême, s'accomplit la pentecôte personnelle. Le baptisé reçoit personnellement pour le bien de tous l'Esprit Saint. Dans les eaux du baptême, il est devenu un avec le Corps du Christ: il est descendu chair mortelle, il remonte Christ, esprit en puissance d'immortalité.

"Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ".

Revêtir Christ pour l'apôtre Paul signifie assimiler le Christ. Si l'on greffe un rameau sur un arbre, il ne fera plus qu'un avec l'arbre. Il en est de même avec le Corps du Christ.

Le baptisé est dans toute la force du terme "cohéritier du Christ" -Romains 8,12- c'est à dire que tout ce qui est à Christ, lui appartient, mais avant tout l'Esprit Saint, c'est en lui que nous pouvons dire en toute confiance Abba Père.

 

La chrismation est le don du Saint Esprit que Dieu Père communique avec générosité. "Lorsque sont apparus la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas pour des œuvres que nous aurions faites en état de justice mais en raison de sa miséricorde, grâce au bain  où l'Esprit donne  la nouvelle naissance et le renouvellement; l'esprit qu'il a répandu avec abondance par Jésus Christ notre Sauveur.

                                                                                        – Tite 3,4-6-

 Le baptême ne rend pas impeccables ceux qui l'ont reçu. Il donne une nouvelle vie, celle du Royaume. "Accorde l'Esprit saint par l'onction du saint chrême. Qu'il soit vivifiant et affermissement pour N. ton serviteur (ta servante)".  A cet effet le prêtre oint le front, puis quasiment tout le corps de l'"onction de la grâce du saint Esprit, onction des arrhes du Royaume de Dieu, chrême de la participation à la vie immortelle, <> plénitude de la grâce du Saint Esprit bouclier de la foi et de la Vérité". [3]

 Comme le corps va vers la plénitude de l'âge par la croissance, de même l'homme grandit de grâces en grâces pour atteindre la plénitude de l'homme parfait.

Saint Grégoire de Naziance reprend l'enseignement du grand Origène sur les organes des sens spirituels dans son homélie sur le saint Baptême:

 

" Que l'illumination baptismale touche nos yeux pour nous donner un regard droit, <> que l'illumination touche nos oreilles, qu'elle touche notre langue pour que nous entendions ce que dira le Seigneur <> Quant'à notre langue, que l'illumination lui évite d'être un glaive acéré ou un rasoir effilé et de rouler sous elle peine et souffrance [envers notre prochain]. Qu'au contraire, attentifs envers l'Esprit aux langues de feu, nous exprimions la sagesse cachée de Dieu qui se manifeste dans le Mystère. Guérissons notre odorat <> respirons la senteur du baume répandu sur nous,laissons notre esprit nous en imprégner. <> il est bon de purifier notre tête, en tenant ferme la tête qu'est le Christ. Il est bon de sanctifier et de rendre purs nos épaules pour qu'elles puissent porter la croix du Christ, de sanctifier les mains et les pieds, les mains pour qu'elles saisissent l'enseignement du Christ, les pieds afin qu'ils ne courent pas répandre le sang mais soient chaussés  pour L'Evangile.<> Il y a aussi une façon de purifier le entrailles <>Que le cœur et les organes intérieurs soient aussi dignes d'honneur. Et les flancs, et les reins? <> Donnons tous nos membres à Dieu <> donnons-nous tout entiers <> en nous donnant [à Dieu] tout nous-mêmes, retrouvons-nous  tout entier en échange, puisque c'est recevoir sans rien perdre que se donner à Dieu et lui faire oblation sacrée de toute notre personne".

 

Origène nous a aussi enseigné  dans son entretien avec Héraclide, que chaque membre de l'homme extérieur se retrouve dans l'homme intérieur, celui qui fut créé à l'image de Dieu. L'initiation chrétienne autorise la conquête de la parfaite image et ressemblance, elle est en vérité arrhes du Royaume, participation à la vie immortelle. Origène nous dit que la participation à l'immortalité se conçoit selon l'homme intérieur en développant nos sens spirituels:

 

"Avant la résurrection, le juste est avec le Christ et, dans son âme, il vit avec le Christ <> je sais que sitôt expiré, je sors de mon corps [de chair] je repose avec le Christ <> nous serons libérés et nous échangerons nos corps [de chair] pour une condition plus spirituelle".

 

Prenons toutefois garde à cette terminologie, corps, âme, esprit/noùs.

L'Homme n'est pas une fusée à trois étages qui pourrait se débarrasser d'un étage fur et à mesure de son évolution. Le corps, l'âme, l'esprit/noùs, sont un seul être.

Selon le progrès spirituel, c'est le corps, ou l'âme psychique, ou l'esprit, qui prend les commandes de la personne et l'emporte sur son propre chemin. L'esprit/noùs, lieu du contact avec le Dieu vivant, a vocation de diriger la personne et rendre spirituels (= esprit)  l'âme et le corps. Evidemment, c'est le corps de chair, lui qui est le plus sensible à notre expérience, qui va éprouver la métamorphose/transfiguration la plus spectaculaire: semé corps de chair, ressuscité corps spirituel.

 

Les vêtements, la croix de baptême, l'illumination

 

Rempli de bénédictions divines et célestes par l'onction , le néophyte  reçois le vêtement blanc, la croix, le ruban rouge.

Le blanc signifie l'amitié, l'intimité avec Dieu dans la pureté de l’Amour du ressuscité. Ceux qui portent ces vêtements blancs, ou qui sont invités à les porter sont ceux qui jouissent d'une grande proximité avec Dieu. Le baptisé se dépouille de l’homme ancien pour revêtir l’homme nouveau.

Ce vêtement est aussi avec la croix et l'étole[4] ou ruban rouge le signe du sacerdoce royal: Le baptisé devient prêtre de toute sa vie avec la force de mettre en œuvre tous les moyens de sanctification. Il concélèbre aussi avec les ministres ordonnés les Oblations de la Sainte Eglise.

                                          

 

Le Seigneur Jésus a dit : "Je suis la lumière du monde". Le baptisé reçoit la flamme de feu de l’Esprit Saint donné à l’Eglise au moment de la Pentecôte. Il fait sienne l'hymne baptismale de saint Paul dans son épître aux Ephésiens et transmise complètement par saint Clément d'Alexandrie:

 

Eveille-toi, toi qui dors,

lève-toi d'entre les morts

et le Christ sera ta lumière:

Le Seigneur, la lumière de la résurrection,

engendré avant l'étoile du matin

qui donne la vie par ses rayons".

 

 Illuminé par le saint baptême et l'onction, le néophyte reçoit une couronne ou un  voile blanc qui symbolise la présence du Christ et de l'Esprit qui est comme

 une couronne sur la tête du croyant selon l'Ode 1 de Salomon:

"Le Seigneur est sur ma tête comme une couronne

et je ne serai pas sans lui".

 

La procession:

 

Alors le nouveau baptisé peut parcourir en une sorte de danse sacrée toute l'église et  s'approcher de  l’autel pour signifier que sa vie de chrétien devra reposer sur le Christ (symbolisé par l’autel) et l’Eucharistie. Saint Basile écrit que

"maintenant  le baptisé n'a plus qu'à se nourrir du pain de la vie éternelle".

Il ne suffit pas de recevoir la vie, il faut se nourrir pour la faire grandir. De même, il ne suffit pas d’être baptisé, il faut se nourrir du Pain de Vie pour " grandir dans le Christ ".

Le Christ se donne tout entier. Dieu est totalement dans le baptisé mais le baptisé n’est pas encore totalement volontairement en Dieu car il faudra pour cela qu’il s’identifie totalement au Christ.

 

La Sainte Oblation

 

Enfin, autant que possible,  la Sainte Oblation est célébrée.

(A défaut le nouveau fidèle reçoit la communion aux dons présanctifiés ou est invité à se présenter sans tarder à la prochaine Oblation mystique. Son baptême ne sera considéré comme accompli qu'après son union mystique dans la sainte Eucharistie.) 

Le nouveau baptisé participe comme membre à part entière au Mystère de l'Eucharistie et communie au Pain de Vie et au Calice du Salut.[5] Il expérimente ce qu'enseigne saint Ephrem:

 

"Le Feu de la miséricorde se fait pour nous offrande vivante. Le feu de la miséricorde descend pour demeurer dans le pain; nous consommons le feu dans le pain sanctifié pour recevoir la vie. Le corps du Logos se mélange à notre propre corps, son sang se déverse dans nos artères, sa voix dans nos oreilles, sa lumière dans nos yeux" .

 

La bénédiction finale explique que tout est donné (= grâce) dans le mystère de l'Initiation Chrétienne et que tout est à venir  en progressant dans l'ouverture à la grâce. "Que tes serviteurs, Seigneur grandissent dans ta sagesse. Conduis-les au sommet de la perfection.…" Amen   

      

 

 

Bibliographie:

 

* Abba Athanasios, le baptême copte, in Le monde copte, N° 13, 1988

* Louis Bouyer, introduction à la vie spirituelle, 1960

* Jean Daniélou, Théologie du Judéo-Christianisme, 1958

* A. Hamman, Le Baptême d'après les pères de l'Eglise, Lettres Chrétiennes N°5, 1962

* Stanislas Lyonnet, article Satan, in Vocabulaire de théologie biblique, 1962

* Jean Chrysostome, Trois catéchèses baptismales, traduction A. Pédagnel, SC 366, 1990

* Basile de Césarée, sur le baptême, traduction J. Ducatillon, SC 357, 1999

* Théodore de Mopsueste, catéchèses, traduction R. Tonneau, Vatican 1949

* H. du manoir de Juaye, Dogme et spiritualité chez saint Cyrille d'Alexandrie, Vrin, Paris 1944



[1] Il est intéressant de noter que les rites relevant de la tradition antiochienne (Syrie, Arménie, puis toutes les Eglises orthodoxes byzantines) utilisent la formule " Untel est baptisé dans le Nom du Père, du Fils,  du Saint Esprit…", Ceux de la tradition alexandrine ( Egypte, Espagne, Gaules) la formule: Je te baptise Untel au Nom du Père du Fils, du Saint Esprit.." Rome n'avait pas de formule, le baptême consistait en la question: "Crois-tu au Père tout puissant", à la réponse "Je crois" le néophyte était immergé et émergé,  même question et geste pour le Fils et l'Esprit Saint; Ce n'est que dans le haut moyen âge, sous l'influence des rites des Gaules que Rome adopta sa formule: "Je te baptise…"

[2] Sous l'influence du latin qui dit: In Nomine Patris et Filii et…soit un ablatif, les traducteurs en  français des liturgies même écrites en grec,  introduisent la version "Au Nom du …". En fait le grec emploie  eis to suivi d'un accusatif, ce qui impose l'idée d'un mouvement, d'un but à atteindre, d'une union; La traduction littérale serait proche de " est baptisé pour s'unir dans le Nom du …" On peut sans trahir, remplacer le "pour s'unir " qui alourdit la phrase par: "Dans le Nom du Père, du Fils, du Saint Esprit.

[3] Saint Cyrille d'Alexandrie introduit ici l'idée de déification: "par le baptême, les fidèles sont fait de même nature avec le Christ. Le baptême est comme une transplantation". La grâce est la présence même du Saint Esprit dans l'âme ou du moins elle est inséparable de cette présence. "Le Saint Esprit transforme les âmes à l'image de Dieu, non par une grâce qui lui serve d'instrument, mais en se donnant lui-même comme participation de la nature divine".

 

[4] Théodore de Mopsueste et saint Jean Chrysostome parlent bien d'étole <Orarion> mais ne donnent pas de commentaire de cet usage, comme s'il en allait de soi.

[5] Saint Cyrille d'Alexandrie rapporte l'exclamation du prêtre  "Ce qui est Saint aux saints" au moment de la communion eucharistique au baptême: " Les impurs ne doivent pas toucher le corps sacré du Seigneur; Ceux qui sont devenus participants du Saint Esprit, rien ne les empêche de toucher le Christ notre Sauveur. C'est pour cela, pour indiquer que la sainte communion convient aux sanctifiés, que les ministres des divins mystères crient: Ce qui est Saint aux saints."



 

Mystagogie des rites du baptème