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                LE CORPS DE TRANSFIGURATION, LUMIERE PLUS QUE LUMINEUSE

 

                    

    

          

                               portail de la transfiguration de l'église de la Charité sur Loire

 

 

Les deux grandes fêtes du mois d'août ont en commun la glorification du corps: la Transfiguration de Notre Sauveur sur le Mont Thabor, la Dormition  et l’Assomption corporelle de Sa Toute Sainte Mère.

                   

Comme tous les grands mystères de notre foi, ils sont enracinés dans l’Incarnation du Logos Divin par l’Esprit Saint dans la chair de la Bienheureuse Vierge Marie.

 

En s’unissant avec l’homme dans l’Esprit, le Logos s’unit aussi avec sa mère qui, ainsi, devient Temple de l’Esprit Saint par excellence. Mais tout cela serait presque mécanique si nous ne nous rendions pas compte que c’était son consentement tout conscient qui le réalisait.

 

  

 

          La charité sur Loire, portail de la dormition & assomption

 

Cette transaction était faite en toute délicatesse par l’intermédiaire de l’archange et non par un fiat subit de Dieu. La Bienheureuse Vierge est ici une image pour nous tous, elle est attentive et confiante. L’archange n’a pas eu besoin de lui dire : “sois attentive” car elle était sans doute toujours dans cet état de paix et de tranquillité intérieure par lequel notre religion a commencé. Le Seigneur nous montre que tout peut s’accomplir en nous et avec nous à partir de cette attention et disponibilité.

La Toute Sainte a donc reçu le Logos, pas seulement dans sa chair, mais aussi et surtout dans son cœur.  Elle est transformée en vie et lumière sans borne, et ceci nous permet de lui rendre en quelque sorte les honneurs divins.

Mais cette lumière incréée qui n’a pas d’ombre, dans laquelle le jour et la nuit sont un, reste caché pour la plupart de nous à cause de nos yeux infirmes.

Le Seigneur a librement assumé notre infirmité jusqu’à cette terrible expérience de l’abandon sur la croix pour transfigurer la mort et les ténèbres en vie et lumière infinie.

La Transfiguration et l’Assomption sont deux fenêtres par lesquelles nous voyons déjà mystiquement  l’ultime restauration de toutes choses, même la chair où Dieu est tout en tout.

Cependant, tout ce qui touche l’Enfantrice de Dieu, qui n’est pas lié directement à l’Incarnation, donc à notre salut, reste dans la tradition interne de l’Eglise et ne fait pas partie du “Kérygme” (proclamation extérieure de l’Eglise) ; pour cette raison, l’Eglise Orthodoxe met en avant la Dormition plutôt que l’Assomption.

 

Ce grand mystère de la Transfiguration du corps glorieux et incorruptible se montre chaque fois que nous assistons à l’Oblation Eucharistique qui est aussi l’Anamnèse - mémoire Sacramentelle - du Logos fait chair, sacrifié à la fondation du Monde.

Cet aspect du Mystère Eucharistique est bien conservé dans la Tradition Cyrillienne (représentée de nos jours par notre Eglise Copte).

“Lorsque le pain, le vin et l’eau sont offerts à l’autel et que la grâce du Saint Esprit y descend, il s’unit à eux comme il s’était uni à cette chair et à ce sang par l’Incarnation” ( Sévère d’Aschmounaïan)

 

Mais avec nos esprits corrompus nous ne pouvons ni imaginer ni conceptualiser cette transfiguration par laquelle l’Esprit et la Chair sont un. Nous pouvons seulement procéder par la négation jusqu’à la négation de la négation. “C’est seulement dans Ta lumière que l’on peut voir La Lumière.”

 

C’est pour cela que l’Iconographie Orthodoxe n’est pas naturaliste mais plutôt symbolique. L’Image à la fois montre et cache et nous dirige au delà du visible ; bornés comme nous sommes, nous avons seulement une vision bornée et incomplète et donc déformée. Nous devons mourir à nos sens et à nos pensées avant de pouvoir voir juste. Nous devons avec foi accepter notre ignorance pour qu’elle soit transformée en véritable connaissance ... “l’ignorance mystique  n’est point une privation mais une supériorité de science” et encore : “ Nous ambitionnons d’entrer dans cette obscurité translumineuse et de voir et de connaître précisément, par l’effet de notre aveuglement et de notre ignorance Mystique, celui qui échappe à toute connaissance” selon la belle hymne de saint Grégoire de Naziance:

 

O toi l’au delà de Tout -  n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi ?

Quel hymne Te dira le langage ?Aucun mot ne T’exprime.

A quoi l’Esprit s’attachera-t-il ?Tu dépasses toute intelligence.

Seul, tu es indicible, car tout ce qui se dit est sorti de Toi.

Seul, tu es inconnaissable, car tout ce qui se pense est sorti de Toi.

Tous les êtres, ceux qui parlent et ceux qui sont muets, te proclament.

Tous les êtres, ceux qui pensent et ceux qui n’ont point de pensée,

te rendent hommage.

Le désir universel, l’universel gémissement tend vers Toi.

Tout ce qui est, Te prie et vers Toi tout être qui pense ton univers,

fait monter une hymne de silence.

Tout ce qui demeure, demeure par Toi ;

par Toi subsiste l’universel mouvement.

De tous les êtres tu es la fin ;

Tu es tout être, et Tu n’en es aucun.

Tu n’es pas un seul être, tu n’es pas leur ensemble ;

Tu as tous les noms, et comment te nommerai-je,

Toi le seul qu’on ne peut nommer ?

Quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées qui couvrent le ciel même ?

             O toi, l’Au-delà de Tout - n’est-ce pas tout ce qu’on peut chanter de Toi ?

      Saint Grégoire de Naziance traduction par H.de Lubac (De la connaissance de Dieu)

+Alan-Théodore (de Quincey) 2018

 

Marie dans son corps de gloire