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LECTIONNAIRE TRI-ANNUEL

 

Année A             en préparation

 

Année B            en préparation

 

Année C             Temps festifs: Avent, Noël, Théophanies, carême, temps pascal

                            Pour les dimanches OSE (temps de l'Ordo du Saint Esprit) 3 à 20

                            Pour les dimanches OSE     21à 34

 

La transmission de la Parole divine - les lectionnaires

 

Les grands manuscrits nous permettent de connaître toutes les Ecritures reçues dans "le canon" des Eglises, mais leur utilisation au cours des liturgies n'est pas certes pas aisée, d'où très rapidement dans l'histoire de la liturgie apparaissent des lectionnaires qui proposent les passages le plus idoines à lire au cours des célébrations des solennités des fêtes du Seigneur et aussi pour les offices de chaque jour. Auparavant, nous pouvons penser que le président de la célébration indiquait les passages des Ecritures qu'il avait choisi de commenter dans son homélie, selon ce que nous transmet Origène dans ses homélies.

 

Dans une lettre, Jérôme de Stridon (347-420), traducteur ou plutôt réviseur de la Bible latine "vetus latina"  devenu la "Vulgate", fait part de sa création d'un lectionnaire. Il explique le nom de "comes" (compagnon) qu'il lui donne: il "accompagne" les ministres de l'autel et de la Parole à travers les offices de l'année et il introduit les fidèles dans la connaissance même de la Parole de Dieu qui n'était pas facile de se procurer dans son entier". Jérôme veut donner plus de cohérence aux lectionnaires qui circulent déjà à l'époque. Il rompt l'usage ancien de démarrer l'année liturgique non plus à Pâques mais à Noël. Il travaille l'adéquation des péricopes (passages) avec les temps de l'année liturgique.

C'est ce système, après celui de Jérusalem conservé dans l'Eglise arménienne, qui fut mis en place à Rome par le pape Damase (305-394) puis répandu largement.

 

L'usage romain comme le byzantin réduit les lectures à deux passages néotestamentaires, "Apôtre et Évangile", alors que l' Orient comme dans les Eglises gauloises et gothiques présente le nombre des lectures plus nombreux et surtout inclut les textes de la Première Alliance.  

 

Tous les lectionnaires et livres de péricopes que nous connaissons dans le judaïsme datent des 10ème-12ème siècles de notre ère. La lecture continue de la Thora paraît dater du premier siècle de l'ère chrétienne. Les lectures des prophètes, appelées "haftàràh", sont plus tardives. La tradition juive (Mishna Mo'ed, Megilla 3.6) pourtant fait remonter la pratique du lectionnaire dans le judaïsme à Moïse: -Deut 30:10-12, 2 Rois 23:1-3 et Néh 8-2-3). Le plus ancien lectionnaire juif est issu des milieux babyloniens, au début de l'ère chrétienne. Un cycle annuel de lectures hebdomadaires recouvrait tout le Pentateuque (en 54 séquences, appelées "pàràshôth"). C'est ce cycle de lecture qui fut hégémonique par la suite, et aujourd'hui encore. Le second système, issu du judaïsme palestinien, s'étalait sur trois ans, divisant la Thora à 167 lectures ou "sedarim".

Plus tard on introduisit dans l'office des lectures tirées des prophètes ou même des hagiographes. Cette habitude intervint sous Hadrien quand la lecture du Pentateuque fut interdite. Lire les prophètes était un moyen de rappeler le Pentateuque sans le lire.

 

Pour la liturgie chrétienne, bien avant Jérôme, sans qu'il s'agisse encore de lectionnaire à proprement parler, Justin le Martyr (165) et Tertullien (160-240) témoignent de lectures de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Les "Constitutions Apostoliques" (livreVIII, 5,11) programment la lecture de passages pris dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament, distinguant quatre lectures, la Loi, les Prophètes, les Épîtres ou les Actes, et les Évangiles.

L'usage copte a conservé cinq lectures dont l'Evangile mais en supprimant celle de la Première Alliance (sauf en carême).  Dans l’Église copte aujourd’hui, il y a toujours trois épîtres: la première, appelée "paulos" est toujours reprise au corpus paulinien, la seconde est tirée d’une des sept épîtres catholiques et s’appelle en conséquence le "katholikon"  la troisième lecture est extraite des Actes des apôtres, et se nomme "praxis". S'y ajoute le synaxaire des saints. Cette structure était déjà celle qui servait de référence au Moyen Âge dans les monastères de Shenouté, mais seuls les jours plus solennels y étaient dotés de trois textes avant l'Evangile, les autres jours, on n’en lisait qu’un seul: le "paulos", comme le montrent les typika anciens. Le lectionnaire copte avec ses longues péricopes de lectures continues peut présenter la difficulté, hors ascèse monastique, de laisser perdre une grande partie de la Parole, selon ce que les sciences pédagogiques enseignent sur la mémoire de l'expression orale dans notre civilisation qui aurait perdu la faculté d'attention.                                                                                

D'autres lectionnaires en occident apparurent plus tardivement dans les Églises des Gaules et d'Espagne. Ils comportaient trois lectures bibliques: Première Alliance, épîtres et Evangile, certains ajoutaient parfois un synaxaire. Le "lectionnaire de Luxeuil" (BNF, lat. 9427), ou "lectionnarium gallicanum" réalisé vers 700, provient de l'abbaye de Luxeuil. L'ouvrage est la source la plus complète au sujet de la liturgie en usage en Gaule à l'époque mérovingienne. Il indique des passages de la bible traduits, soit de la "Vetus latina", soit de la "Vulgate", destinés à être lus à chaque liturgie de l'année, ainsi que les lectures de chaque heures de l'office du jour. Il en est de même pour le "liber comicus de l'Eglise de Tolède" appelé aussi "lectionnaire wisigothique" codex du 11è S, BNF latin 2171. C'est le lectionnaire le plus complet avec ses trois lectures mais aussi la proposition pour certaines fêtes de plusieurs choix de textes.

 L'usage de ses deux lectionnaires a probablement perduré malgré Charlemagne qui ordonna dans un édit de 801 que les lectures des dimanches et fêtes soient unifiées autour d'un même lectionnaire.

Ce lectionnaire "carolingien" fut confirmé par le synode de Tours en 813. C'est cette liste de lectures qui fut la règle pour tout le Moyen-Âge, et elle fut approximativement celle de l'Église romaine avant la réforme post Vatican II.

 Le lectionnaire de Tolède est encore utilisé dans la chapelle dite mozarabe de la cathédrale jusqu'à ce jour. La liturgie wisigothique d'ailleurs tend à s'étendre en Espagne.

 

Un nouveau "lectionnaire Biblique de la Messe" fut donc publié le 25 mai 1969.

On ne peut l'accuser de nouveauté arbitraire:  avec lui, c'est le cycle gallican et wisigothique de trois lectures (Ancienne Alliance-épître-Evangile) qui est repris mais étendu pour les dimanches sur un ordo triennal comme le lectionnaire juif palestinien, il fait passer des 100 péricopes anciennes du rit romain et byzantin à 450 environ, soit un rapport de 1 à 4,5.

Le choix des péricopes bibliques est guidé par le désir de rendre compte du mystère du Christ dans toute son extension, tel qu'il est exprimé dans la prédication apostolique, de souligner l'unité de l'histoire du Salut et la complémentarité de la Première Alliance dans celle de la Nouvelle, son accomplissement dans la vie et l'enseignement de Jésus.  

 

C'est aujourd'hui, à mon sens, avec quelques aménagements, dont la traduction de la Septante éclairée par la Vetus Syra et la Peshittà, le meilleur support de la catéchèse biblique et liturgique. Pour le texte de la Première Alliance, il a été choisi de garder en écriture mais sans le prononcer le Nom que Dieu lui-même s'est donné et a voulu "inscrire dans le coeur" des croyants. Nous le prononçons selon l'usage juif et celui de la septante par "SEIGNEUR", traduction de ADONAÏ

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Lectionnaire tri-annuel