Pâque divine, du ciel vers la terre, de la terre au ciel

 

Voici que les rayons sacrés de la lumière du Christ resplendissent, les purs flambeaux de l'Esprit pur se lèvent, et les trésors célestes de gloire et de divinité sont ouverts.

La nuit immense et obscure a été engloutie, les sombres ténèbres ont été détruites dans cette lumière, et l'ombre triste de la mort est rentrée dans l'ombre.

La vie s'est étendue sur tous les êtres, et tous les êtres sont remplis d'une large lumière: l'Orient des orients occupe l'univers, et celui qui était "avant l'étoile du matin", et avant les astres, immortel et immense, le Grand Christ brille sur tous les êtres plus que le soleil.

 

 

   C'est pourquoi, pour nous tous qui croyons en lui, s'instaure un jour de lumière, long, éternel, qui ne s'éteint pas, la Pâque mystique, célébrée en figure par la Loi et accomplie effectivement par le Christ, la Pâque merveilleuse, prodige de la divine vertu et œuvre de la puissance divine, fête véritable et éternel mémorial, impassibilité qui sort de la passion, et immortalité qui sort de la mort, vie qui sort du tombeau, guérison qui sort de la plaie, résurrection qui sort de la chute et ascension qui sort de la descente aux enfers.

C'est ainsi que Dieu opère de grandes choses, c'est ainsi que de l'impossible, il créé l'incroyable, afin que l'on sache que seul, il peut tout ce qu'il veut. <>

 

   Chez nous [disciples du Christ], il y a l'objet des images, la réalisation des figures, et au lieu de l'esquisse, la vérité même dans son exactitude et sa consistance.

C'est pourquoi la Loi a précédé, qui indiquait en figure l'objet de la réalité. <>

- Là un agneau tiré du troupeau, ici un agneau venu des cieux;

- là le signe du sang [sur le linteau des portes] en petit phylactère, ici le Logos et le calice rempli à la fois du sang et de l'Esprit divins,

- là un agneau tiré de la bergerie, ici à la place de l'agneau, le Berger en personne. <>

 

   Qu'elle soit en fête, toute âme humaine, qui a été réanimée par la résurrection pour une renaissance nouvelle.

 

La Pâque, c'est la grande fête commune de tous les êtres, don que la volonté du Père a envoyé au monde, et divin lever du Christ sur la terre, fête éternelle pour les anges et les archanges, vie immortelle pour le monde entier, plaie mortelle pour la mort et, nourriture incorruptible pour les hommes, communication de la vie céleste pour tous les êtres et solennité sacrée pour le ciel et la terre...<>

 

   Pour que nous soyons nourris complètement du Logos, alimentés non de nourritures terrestres, mais des nourritures célestes, mangeons nous aussi la Pâque du Logos avec le désir spirituel avec lequel le Seigneur lui-même a désiré la manger avec nous, quand il disait: "J'ai désiré d'un grand désir, manger avec vous la Pâque". 

 

<> Disons ce qu'était la Pâque qui eut l'Egypte pour origine, quelle était toute l'économie de la Pâque et quel est le mystère complet de la Pâque.
Seigneur dit à Moïse et à Aaron dans le pays d'Egypte : "Que ce mois-ci soit pour vous le commencement des mois; il sera pour vous le premier des mois de l'année.  Parlez à toute l'assemblée d'Israël, et dites: Le dixième jour de ce mois, que chacun prenne un agneau par famille, un agneau par maison.  Si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, on le prendra en commun avec le voisin le plus proche, selon le nombre des personnes; vous compterez pour cet agneau d'après ce que chacun peut manger. Ce sera un agneau sans défaut, mâle, âgé d'un an; vous prendrez, soit un agneau, soit un chevreau. Vous le garderez jusqu'au quatorzième jour de ce mois, et toute l'assemblée d'Israël l'immolera entre les deux soirs. On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux montants et sur le linteau de la porte, dans les maisons où on le mangera. On en mangera la chair cette nuit-là; on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous n'en mangerez rien cru ou bouilli dans l'eau, mais tout sera rôti au feu, tête, jambes et entrailles. Vous n'en laisserez rien jusqu'au matin, et, s'il en reste quelque chose, vous le brûlerez au feu. Vous le mangerez ainsi: les reins ceints, les sandales aux pieds, et le bâton à la main, et vous le mangerez à la hâte. C'est la Pâque de Adonaï Seigneur. Je passerai cette nuit-là, par le pays d'Egypte, et je frapperai de mort tous les premiers-nés du pays d'Egypte, depuis les hommes jusqu'aux animaux, et j'exécuterai des jugements sur tous les dieux de l'Egypte, je suis Adonaï Seigneur. Le sang sera un signe en votre faveur sur les maisons où vous êtes: je verrai le sang et je passerai par-dessus vous, et il n'y aura point pour vous de plaie meurtrière quand je frapperai le pays d'Egypte. Vous conserverez le mémorial de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l'honneur d'Adonaï Seigneur; vous le célébrerez de génération en génération comme une institution perpétuelle. -Exode 12,1-15

 

<> Tels sont pour nous les mets de la fête sacrée, tel notre banquet spirituel, telles notre immortelle nourriture et nos immortelles délices: alimentés du pain venu des cieux et abreuvés au calice d'allégresse, calice bouillonnant et embrasé, sang marqué d'en haut par la chaleur de l'Esprit, disons d'abord ce que sont la Loi et l'économie de la Loi, car ainsi nous saurons par comparaison ce que sont le Logos et la liberté du Logos.

 

 

 

   La Loi de Moïse est un recueil de commandements variés et nécessaires, une collection  salutaire de tout ce qui est bien en cette vie et une mystique copie des mœurs célestes, une lumière et un luminaire, un feu et un flambeau, contrepartie de la lumière d'en-haut. <>

La Loi de Moïse est le messager du Christ et précurseur de Jésus, le héraut et le prophète du Grand Roi, une sage école <> Elle est un résumé de la grâce future, annonçant par les images la perfection de la vérité à venir: par les sacrifices -la Victime-, par le sang -le Sang-, par l'agneau et par la colombe la Colombe, par l'autel -le Grand-Prêtre- et par le temple, le -Tabernacle de la divinité-, par le feu de l'autel -la pleine Lumière qui vient d'en-haut sur le monde-. <>

 

   Le sang comme signe: mystère sanglant du sceau du Christ.<> Car ceux qui portent le signe du sang marqué et oint sur leur âme comme sur les maisons, tous ceux là, la plaie exterminatrice les épargnera. <> Donc le sang comme signe: dans les maisons comme dans  les âmes, car c'est par la foi l'habitation sacrée du divin Esprit. "Je vous abriterai": la protection immense des mains de Jésus étendues, qui abritent ceux qui croient. <>

   L'Agneau est parfait et de l'année: parfait comme venant des cieux, de l'année, comme étant de la terre; l'année est en effet la mesure du temps de la terre, car se succédant à elle-même et revenant en cycle sur elle-même, elle imite par son circuit sur elle-même l'éternité sans limite. <>

 

   La Pâque que Jésus a désiré pour nous, c'était de souffrir pour réparer une faute commise par quelqu'un d'autre: par la souffrance, il nous a délivrés de la souffrance, par la mort il a vaincu la mort, et par la nourriture visible, il nous a procuré sa vie immortelle.

Voici le désir salutaire de Jésus, voici son amour tout spirituel: montrer les figures comme des figures, et, à leur place, donner à ses disciples son corps sacré: "Prenez et manger, ceci est mon corps. Buvez, ceci est mon sang -Nouvelle Alliance-, versé pour la multitude en rémission du péché". <>

 

   Il a montré en sa personne toute la vraie vie pendue à l'arbre. <> Cet arbre  [de la croix] m'est une plante de Salut éternel, de lui, je me nourris, de lui, je me repais. Par ses racines, je m'enracine, par ses branches je m'étends <> car ses feuilles sont l'Esprit de Vie. <>

Cet arbre aux dimensions célestes s'est élevé de la terre aux cieux, se fixant, plante éternelle, au milieu du ciel et de la terre, soutien de toutes choses et appui de l'univers, support de toute la terre habitée et joint du monde, tenant assemblée la variété de la nature humaine, et cloué par les chevilles invisibles de l'Esprit, afin qu'ajusté au divin, il n'en soit plus détaché.<> O divine extension en tout et partout, ô crucifixion qui s'étend à travers toutes choses; O unique des uniques vraiment tout en tout, que les cieux aient ton esprit, le paradis ton âme, et la terre ton corps. L'indivisible s'est divisé, afin que tout soit sauvé, afin que même le lieu d'en bas ne soit  pas privé du divin avènement. <>

 

  

 

 

   Comme beaucoup de justes, annonçant la bonne nouvelle et prophétisant, attendaient celui qui serait la résurrection, "le premier né d'entre les morts", il demeure trois jours sous terre afin que le genre humain tout entier fut sauvé: celui d'avant la Loi, celui de la Loi, celui de lui-même [royaume advenu].

Après sa résurrection, ce sont les femmes qui le voient d'abord <> elles entendent cette parole sacrée: "Femmes, réjouissez-vous", afin que la tristesse originelle soit engloutie par la joie de la résurrection. <>

   O Pâque divine, tu descends des cieux jusqu'à terre et remontes de la terre dans les cieux. O festivité commune de toutes choses, assemblée festive du monde, o joie et honneur de l'univers, sa nourriture et ses délices, par toi, la douloureuse mort a été détruite et à la vie étendue à tout, les portes des cieux ont été ouvertes, un Dieu s'est montré homme et un homme est monté Dieu, grâce à toi, les portes de l'enfer ont été rompues et les verrous d'airain brisés, le peuple d'en-bas est ressuscité des morts proclamant la Bonne Nouvelle, et aux troupes d'en-haut un chœur a été fourni  depuis la terre. <> Tous portent la robe nuptiale et personne ne sera jeté dehors.

                     ? Saint Hippolyte de Rome, (†235)

                              Homélie sur la Pâque conservée dans les œuvres de St Jean Chrysostome

 

 

Source: Pierre Nautin, Homélies pascales, sources chrétiennes, Paris 1950

 

Note: Beaucoup de textes de la liturgie chrétienne font référence à l'Agneau pascal:

 

 

                                            

à la vigile, la lecture du livre de l'Apocalypse, notamment les chapitres de l'Agneau immolé, la bénédiction des agnus dei destinés à être posés sur un linteau de la porte des maisons à la manière du sang de la Pâque des hébreux et de la mezouza des juifs; un tropaire du canon pascal; l'hymne latin "chrétiens immolons nos victimes".  

A l'oblation, à l'ordo de la liturgie de saint Basile, la prière d'offertoire de saint Marc, pour le temps pascal, l'hymne de communion "au repas de l'Agneau Sauveur".

 

lettre de saint Elie N° 342 mai 2017                                                        

Hippolyte, homélie sur la Pâques