Le Fils unique qui est dans le sein du Père devient le fils de l'Homme


De tout mon cœur je vous félicite à l'occasion de la grande fête de la Nativité du Christ, de la fête de l’incarnation, de notre Sauveur Jésus-Christ né du Saint Esprit et de la très pure vierge Marie.  Exhortons-nous, tous avec l’Eglise, à glorifier le Créateur en s’exclamant "Toute la terre chante le Seigneur".

            

    Dans son immense bonté à l’égard du monde créé, Dieu envoie sur terre son Fils, né de Marie la vierge, le Messie tant attendu, afin qu’il nous apporte le Salut. " 

Le Fils, Unique - Engendré, qui est dans le sein du Père" -Jn. 1,18-, devient le Fils de l’Homme, il vient dans notre monde, pour que l’Homme soit libéré l'aiguillon de la mort (image de la séparation de l'Homme de son Dieu, et de la mort définitive), et par son sang, nous délivrer de la chute d'Adam.

Son sang versé et distribué pour nous dans la divine eucharistie est aussi communication de son Esprit vivifiant. C'est pourquoi nous pouvons dire avec nos pères saint Irénée, saint Athanase et d'autres: Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne dieu. Ou plus précisément selon la parole de saint Pierre: "pour que nous participions en toutes choses  à la nature divine".  -2 Pierre 1,4-

 

     Nous savons que les rois mages venus adorer le Christ lui ont apporté des dons.

 

                       

 

Quel est le don que serions à même d’apporter à notre Divin Maître?

C’est le don qu’il sollicite lui-même: "Mon fils, prête-moi attention, que tes yeux se complaisent dans ma voie". -Pr 23, 26-.

Que signifie donner son cœur? Le cœur est le symbole de la vie. Si le cœur cesse de battre, l’homme meurt. Donner son cœur à Dieu signifie lui consacrer sa vie.

Cette consécration n’implique pas pour tous, le renoncement à tout ce qui est nôtre.

Nous ne sommes appelés qu’à supprimer de notre cœur tout ce qui y fait obstacle à la présence de Dieu. 

Lorsque toutes nos pensées ne portent que sur notre propre "moi", lorsqu’il ne reste pas de place dans notre cœur pour le prochain, le Seigneur ne saurait y être présent.

La présence du prochain dans nos cœurs, consiste d'abord à se souvenir de lui dans la prière, c'est ensuite notre aptitude à communier avec toute la création, œuvre de Dieu, à se réjouir  de toutes ses joies et compatir à toutes peines, par une attention et miséricorde actives. 

 

     Le Seigneur nous demande d’être attentifs à sa conduite. Observer l'attitude divine signifie reconnaître la présence de Dieu dans nos vie, dans l’histoire de l’humanité et discerner le projet divin pour nous et toute la création.

Cela signifie comprendre les manifestations de l’amour divin mais aussi de sa justice, "Dieu rend à chacun selon ses œuvres", sa justice pourtant consiste à tout mettre en œuvre pour que tous soient sauvés.

     Les malheurs sont toujours présents dans notre monde, chaque jour "vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de bruits de guerres". -Mt 24,6-. Mais l'amour que porte Dieu au genre humain est immense.

 

Le monde continue à exister malgré et contre les forces des ténèbres. "La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point étouffée". –Jn 1, Des immenses efforts du mauvais tendent à détruire, à vilipender et à altérer la connaissance de l'amour de Dieu et la nécessité de lui rendre honneur et gloire dans le respect de l'éthique chrétienne. Heureusement, la foi est présente dans les cœurs d'un grand ou petit nombre, c'est selon la perspective et le secret des âmes.

 L’Eglise est lieu de notre rencontre avec le Christ.

Les hommes ont toujours été à la recherche de Dieu. Mais c’est dans l’incarnation de son Fils unique que le Dieu un en trois hypostases se donne au genre humain.

Jésus Sauveur vient dans ce monde afin d'élever les hommes à la hauteur de la bienveillance du Père Céleste et de créer les fondements de la paix en nous disant: "Je vous laisse la paix; je vous donne  ma paix ". -Jn 17, 27-. 


L'Office de la nuit de la nativité nous invite à faire entrer au plus profond de notre cœur le mystère de l'incarnation, pour nous, du Fils de Dieu devenu Fils de l'Homme:

 

      "Le Seigneur m’a dit: “Tu es mon fils; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré”.

Ces paroles du psaume 2, ouvrent la liturgie de la vigile de Noël. Autrefois, ce psaume appartenait au rituel du couronnement du roi de Juda.  Dans la nuit de Bethléem, ces paroles, qui étaient en fait pour le roi de Juda une acclamation de bénédiction plutôt qu’une réalité physique, ont pris un sens nouveau et inattendu: l’enfant dans la crèche est vraiment le Fils de Dieu. Dieu n’est pas solitude éternelle, mais communion d’amour où il se donne et se redonne dans la réciprocité. Il est Père, Fils et Esprit Saint.

     Merveille à nos yeux: en Jésus, le Fils de Dieu, Dieu lui-même s’est fait homme. C’est à Lui que le Père dit: "Tu es mon fils". L’aujourd’hui éternel de Dieu est descendu dans l’aujourd’hui fragile du monde et il entraîne notre aujourd’hui passager dans l’aujourd’hui éternel de Dieu.

Dieu est si grand qu’il peut se faire petit.

Dieu est si puissant qu’il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l’aimer.

Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre sur terre, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu’elle se communique à nous et continue à agir par notre intermédiaire.

 C’est cela Noël: "Tu es mon fils; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré". Dieu est devenu l’un de nous, afin que nous puissions être avec Lui, devenir semblables à Lui.

 

     L’Évangile nous rapporte que la gloire de Dieu apparut aux bergers et "les enveloppa de lumière" (Lc 2, 9). Là où paraît la gloire de Dieu, là se répand, dans le monde, la lumière. "Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui", dit saint Jean -1 Jn 1, 5-. La lumière est source de vie. 

Mais lumière signifie surtout connaissance, vérité en opposition à l’obscurité du mensonge et de l’ignorance. Ainsi, la lumière nous fait vivre, nous indique la route. Mais ensuite, la lumière, parce qu’elle donne de la chaleur, signifie aussi amour. Là où il y a de l’amour, apparaît une lumière dans le monde; là où il y a de la haine, le monde est dans l’obscurité.

La lumière de Bethléem ne s’est plus jamais éteinte. Tout au long des siècles, elle a touché des hommes et des femmes, "elle les a enveloppés de lumière".

 

C’est un message bienveillant et rassurant, car les forces des ténèbres sont toujours présentes. De plus, le danger ne vient pas exclusivement de l’extérieur; il se cache souvent près de chez soi, sous la forme d’une érosion insidieuse des valeurs et des principes traditionnels de justice et de solidarité qui sont à la base de toute société humaine décente.

Inutile de dire que l’obscurité n’est pas chassée par des balais et des bâtons, mais par l’illumination. Des sages hébreux ont dit: "Une petite lumière repousse beaucoup d’obscurité." Laissons cette splendeur intérieure se communiquer à nous, allumer dans notre cœur la petite flamme de la bonté de Dieu, par notre amour, portons tous la lumière dans le monde. "Jésus, à nouveau, adressa la parole [aux docteurs de la Loi et aux pharisiens]: "Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres; il trouvera la lumière de la vie". -Jn 8,1-2+12- Gardons-la fidèlement et faisons-en don aux autres

 

Avec le terme "paix", nous sommes arrivés à la troisième parole-guide de la liturgie de cette sainte nuit. L’enfant qu’Isaïe annonce est appelé par lui "Prince de la paix".

 On dit de son règne: "La paix n’aura pas de fin".

Aux bergers sont annoncées la "gloire de Dieu au plus haut des cieux" et «la paix sur terre". Arrêtons-nous sur les bergers. Quelle sorte d’hommes sont-ils? Dans la manière de voir du temps de la naissance de Jésus, les bergers étaient méprisés; ils étaient considérés comme peu fiables et, au tribunal, ils n’étaient pas admis comme témoins. Mais qui étaient-ils en réalité? C’étaient des âmes simples.

L’Évangile met en lumière une autre caractéristique qui, par la suite, dans les paroles de Jésus, aura un rôle important: c’étaient des veilleurs. Cela vaut avant tout dans le sens extérieur: de nuit, ils veillaient auprès de leurs moutons. Mais cela vaut aussi dans un sens plus profond: ils étaient disponibles à la parole de Dieu. Leur vie n’était pas fermée sur elle-même; leur cœur était ouvert. D’une certaine façon, au plus profond, ils l’attendaient. Leur vigilance était disponibilité , disponibilité à écouter, disponibilité à se mettre en route; elle était une attente de la lumière qui leur indiquerait le chemin.

C’est cela qui intéresse Dieu. Dieu aime tous les hommes parce que tous sont ses créatures. Mais certaines personnes ont fermé leur âme; son amour ne trouve aucun accès auprès d’eux. Ils croient qu’ils n’ont pas besoin de Dieu; ils ne le veulent pas.

D’autres souffrent au moins de cela. Ils attendent Dieu sans trop savoir qui il est, ce qu'il est, ils pressentent  qu’ils ont besoin de sa bonté, même s’ils n’en ont pas une idée précise. Dans leur cœur ouvert à l’attente, la lumière de Dieu peut entrer et, avec elle, sa paix.

 

Dieu cherche des personnes qui apportent sa paix et qui la communiquent. Demandons-lui de faire en sorte qu’il ne trouve pas notre cœur fermé. Faisons en sorte de pouvoir devenir des porteurs actifs de sa paix, précisément dans notre temps.

 

Chez les chrétiens, le mot paix a pris ensuite une signification toute spéciale: elle est devenue un des noms qui désigne dans les prières de l’Eucharistie le Seigneur lui-même. En elle, la paix du Christ est présente. Grâce à tous les lieux où se célèbre l’Eucharistie, un réseau de paix s’étend sur le monde entier. Les communautés rassemblées autour de l’Eucharistie constituent un règne de paix, vaste comme le monde. Le Christ se donne à nous et nous donne avec cela sa paix.

Il nous la donne pour que nous portions la lumière de la paix au plus profond de nous-mêmes et que nous la communiquions aux autres; pour que nous devenions des artisans de paix et que nous contribuions ainsi à la paix dans le monde.

 

         

 

    Que celui qui est né pour nous à Bethléem, dans la "maison du pain",  nous rassasie du pain à venir, dans la foi qui triomphe de la peur et propose à l'humanité de recevoir l’amour divin qui transfigure la vie humaine.

 

 

+E-P    Janvier 2019

Fils de Dieu, Fils de l'Homme