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La venue du Fils nous fait enfants de Dieu

 

L'avènement de Jésus le Christ est le principe de notre liberté spirituelle et de notre adoption filiale. Ce projet et sa réalisation sont l'œuvre de la Trinité inséparable du Père, du Fils, du Saint Esprit. L'initiative vient toujours du Père Céleste.

 

Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé [de son sein]  son Fils ; il est né d'une femme, il a été sous la domination de la Loi de Moïse pour libérer ceux qui étaient sous la domination de la Loi et pour nous faire recevoir la filiation adoptive.  Et voici la preuve que vous êtes des fils : envoyé par Dieu, l'Esprit de son Fils est dans nos cœurs, et il crie vers le Père en l'appelant "Abba !" Ainsi tu n'es plus serviteur, mais fils, et comme fils, tu es héritier, de par Dieu. 

                                                                                                                   Galates 4, 4-7

                                                    

                                  Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils

 

L'accomplissement des temps, pour les croyants, juifs puis chrétiens, c'est un élément très important de la foi: l'histoire n'est pas un perpétuel recommencement, elle est une marche progressive de l'humanité vers son accomplissement, vers la réalisation du projet de Dieu, "l'Economie bienveillante de Dieu": Sa manière toute particulière, pédagogie, patience, rappel à l'ordre, bienveillance, amour démesuré.

 

Qui dit "Accomplissement" dit projet préalable: celui de Dieu, c’est le bonheur de toute l’humanité en Lui.

Mais cela ne se fera pas sans nous; un projet n’est pas un ordre de mission, comme si le rôle de tout un chacun était déjà déterminé par avance. Dieu prend le risque de notre liberté; et, au long des siècles, les hommes ont bien souvent montrés sourds à ce beau projet, ceci dès le commencement, d'où l'idée de chute et de péché. Alors, Dieu donne sa Loi, et puis, on a pu entendre les prophètes se lamenter sur la dureté d'oreilles de ceux qui n'entendent pas "shémâ Israël, Ecoute Israël". Ils n’ont jamais perdu l’espérance; bien au contraire, les prophètes, au nom du Dieu fidèle, ont promis à maintes reprises qu'il ne renoncerait jamais à son projet, qu'il ne se lassait pas. Isaïe, par exemple, annonçait de la part de Dieu: "Je dis: Mon dessein subsistera et tout ce qui me plaît, je l’exécuterai". -Is 46, 10-. Et Jérémie n’était pas en reste: "Moi, je sais les projets que j’ai formés à votre sujet - oracle du Seigneur -, projets de prospérité et non de malheur : je vais vous donner un avenir et une espérance".  -Jr 29, 11-.

Ce que les auteurs des textes de la Nouvelle Alliance, -Evangiles et épîtres-, contemplent inlassablement, c’est l’accomplissement par Jésus des promesses de Dieu. Car Dieu a envoyé son Fils.

 

Les pères qui connaissaient bien leur grec, ont compris dans le verbe envoyer deux valeurs qui se rejoignent: l'éloignement, le passage du ciel à la terre, et l'émission ou l'origine, d'où la traduction proposée "de son sein". D'autres préfèrent " du ciel à la terre". Les plus récentes se contentent "d'envoyer".

La mission du Fils suppose évidemment son existence préalable dans le sein du Père. Le Logos-Fils est avec son Père, et nous pouvons ajouter avec l'Esprit, depuis toujours, Dieu co-éternel.  

                                                              

                                                 "Né d'une femme, sujet de la Loi de Moïse"

 

En quelques mots, Paul nous dit tout le mystère de la personne de Jésus : Fils de Dieu, et homme comme tous les autres, Juif comme tous les Juifs.

L'expression "né d'une femme" est courante dans la Bible; elle veut dire tout simplement "un homme comme les autres" ; on la trouve dans Job 14,1 ; Siracide 10,18 ; Matthieu 11,11 ; Luc 7, 28 ; Job 15,14 ; 25,4. Elle signifie la réalité de la chair  de Jésus similaire à la notre dans toutes les conditions de fragilité due à notre nature inaccomplie en raison de la chute.

 

"Sujet de la Loi de Moïse" veut dire qu'il a accepté la condition des hommes de son peuple. Il a pris chair, membre du peuple hébreu, soumis à la Torah/Loi. Aussi l'observe-t-il dans la circoncision, la présentation au temple, la bar mitzva (majorité religieuse qui fait de chaque juif "Fils des commandements"), les pèlerinages à Jérusalem, les prières du matin, midi, soir.

Nous savons qu'il est un observateur scrupuleux de la Torah, non selon les interprétations arbitraires des docteurs de la Loi mais dans l'esprit de la volonté de Dieu. Quoi qu'en ait dit la polémique juive anti-chrétienne de jadis, Jésus n'est pas hors la Loi, mais accomplissement de la Loi.  

                                                          

                 "Pour libérer ceux qui étaient sous la domination de la Loi et faire de nous des fils".

 

 Ce n'est donc pas la même chose d'être sujet de la Loi et d'être fils ...

Il y a un passage à faire: le sujet de la Loi, c'est celui qui se soumet à des ordres, c'est déjà le début de quelque chose, mais comme un serviteur, un salarié, il attend un retour à sa fidélité, ou bien respecte la Loi par obligation, crainte de châtiment.

Le fils, lui, vit dans l'amour et la confiance, il peut "obéir" à son père, c'est-à-dire mettre son oreille sous la parole du Père, parce qu'il fait confiance à son père, il sait que la parole du père n'est dictée que par l'amour.

 

Christ libère d'abord les juifs du joug des prescriptions de la Loi et les débarrasse pour ainsi dire de leur privilège onéreux et inconfortable de peuple de Dieu opposé aux nations, afin d'étendre à tous également la prérogative d'appartenir au peuple de Dieu et la filiation.  

                                              

                  "La preuve que vous êtes des fils: envoyé par Dieu, l'Esprit de son Fils est dans nos cœurs"

 

Le passage à une attitude filiale, confiante, nous pouvons le faire parce que "l'Esprit du Fils est dans nos cœurs". Le Père n'a pas seulement envoyé son Fils, il envoie aussi son Esprit qui est aussi l'Esprit du Fils, comme le dit saint Paul.

 

L'habitation dans les cœurs des fidèles se manifeste par la conscience d'être enfant du Père. Et dirait le moraliste, enfant du Père n'est pas un discours théologique, mais une manière d'être toute spéciale, issue d'un cœur grand, large, rempli de gratitude, de joie et de paix.

L'Esprit en nous intériorise la Torah de Vérité et nous rend libres, d'abord du péché, puis des contingences du mondain, et enfin le cœur déborde de gratitude et d'amour de Dieu.

Dans son épître aux Romains, saint Paul revient sur le thème de la filiation divine:

 

"Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Et vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! Père! L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants  de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui."            Rom 8, 14-17

 

Nos deux péricopes s'éclairent mutuellement: dans toutes les deux, c'est le Père divin qui envoie l'Esprit.  La présence de l'Esprit suppose la filiation adoptive donnée dans le Christ, le Logos incarné. C'est lui qui a conduit à la rédemption liberté parce qu'il est le Fils, et que la liberté lui appartient de part son origine divine. Jésus n'a communié à la servitude des sujets du péché et de la Loi, que pour les faire communier à sa propre liberté, celle de l'Esprit qui souffle où il veut, quand il veut.

                                                                    

                                       "L'Esprit crie vers le Père en l'appelant Abba!"

 

Le seul cri qui nous sauve, en toutes circonstances, c'est ce mot "Abba Père," qui est le cri du petit enfant. Etre sûr, quoi qu'il arrive, que Dieu est un Père pour nous, qu'il n'est que bienveillant à notre égard, c'est l'attitude filiale que le Christ est venu vivre parmi nous, en notre nom.

                                                      

                             "Tu n'es plus serviteur, mais fils, et comme fils, tu es héritier".

 

Il faut prendre le mot au sens fort ; "héritier", cela veut dire que ce qui est à Lui nous est promis; seulement, il faut oser le croire et c'est là souvent notre problème; quand Jésus nous traite "d'hommes de peu de foi", c'est cela qu'il veut dire: nous n'osons pas croire que l'Esprit de Dieu est en nous, nous n'osons pas croire que sa force est en nous, nous n'osons pas croire que tout ce qui est à lui est à nous; c'est-à-dire que sa capacité de force et d'amour est en nous.

 

Vous allez me dire que c'est peut-être bien orgueilleux d'affirmer tout cela. Gare à la fausse humilité, comme s'il s'agissait de notre propre vertu: ce n'est pas nos œuvres qui nous ouvrent à la filiation, car Paul précise bien "tu es héritier de  par Dieu",  c'est par pure grâce de Dieu, gratuitement.

 

Cet héritage nous est proposé par l'incarnation du Sauveur, il nous suffit de tendre la main pour recevoir.

Oui, Christ est né pour nous, il nous fait héritiers de son Royaume.   

                                                              ? E-P

                                          

Lettre aux amis du sanctuaire du prophète Elie  277                                 Décembre 2011    

filiation adoptive