Office des morts et fête de Tous les Saints chez les Coptes d'Egypte

Beaucoup parmi ceux qui ne fréquentent pas trop les églises, et même quelques uns des croyants confondent la fête de la toussaint occidentale avec la fête des morts.

Cela étonnera les amis de l'Egyptologie: Il n’y a pas en Egypte de fête des morts à proprement parler et la Toussaint s’y célèbre dans le sillage de la fête de la Pentecôte avec celle des apôtres Pierre et Paul.  Mais, par delà ces différences de calendrier,  c’est avec une même ferveur que les Eglises d'Orient comme les orthodoxes byzantins et les chrétiens d'occident, professent leur foi en la mort re-créatrice du Christ et en la communion des saints.

La mort, pierre angulaire de la vie

Alors que tant de civilisations tentent de d'occulter la mort, l’Egypte la regarde en face depuis la nuit des temps. Cette intimité des égyptiens avec la mort s’inscrit dans les paysages: ici, pas de palais pour abriter les jours d’éphémères monarques, mais de somptueux tombeaux élevés pour l’éternité.

 

Comme en témoigne le Livre des Morts, récité par les prêtres officiants et placé dans le sarcophage au plus près du défunt, les égyptiens se préparaient tout au long de leur vie à ce voyage de l’âme qu’est la mort. Celle-ci n’était pour eux que l’envers de la vie, la face cachée d’une même réalité. Ainsi Osiris, qui était de tous les dieux celui qui ressemblait le plus à l’homme par sa mort et sa résurrection mythique, se souciait pareillement de l’ici-bas des vivants que de l’au-delà des morts.

                                                         

                                                                                              

Notre Dieu est pédagogue, Il s’invite dans l’histoire et s’annonce aux hommes à travers les grands mythes qui expriment leur quête d’un autre monde. Comment ne pas voir en Osiris, dieu de bonté, une figure du Christ à venir, Seigneur du pardon plutôt que juge qui condamne ?

                                            

   

Les rites funéraires sur les bords du Nil

Bien des rites funéraires de l’ancienne Egypte ont survécu chez les Coptes, en particulier ceux qui rendent hommage au défunt. Lointaine survivance de la momification, un grand soin est apporté à la toilette du trépassé ainsi qu’à sa présentation dans un cadre digne.


De même, certains rituels de purification semblent hérités de la civilisation pharaonique. Par la mort, le défunt devient autre et il convient de marquer cette différence.

 

C’était le rôle des rites de l’encens et de l’eau du Nil par lesquels le prêtre, vêtu d’une peau de léopard, écartait les mauvais esprits lors de la procession des funérailles.

Aujourd’hui, le rite de l’encens, symbole de purification par le feu, perdure, il est au centre de l'Office des funérailles. Pour l'eau, le troisième jour après le décès, le prêtre asperge la maison du disparu ainsi que ses vêtements d’un mélange d’eau additionnée de sel, de luzerne et de persil.

Les Offices divins assistent le mourant dans le voyage auquel il se prépare –Office des agonisants- , ils lui rendent hommage après son départ vers la lumière –Office des funérailles-, ils aident ses proches à se séparer de lui et à honorer sa mémoire –Office du quarantième jour-.

 

Le culte funéraire chez les Coptes

Les offices qui réunissent les familles et les amis dans la célébration du souvenir sont des actes d’amour et de communion. La prière de l’Eglise accompagne et facilite l’exode de l’âme vers l’autre rive, celle de la Jérusalem Nouvelle.

Elle se fait plus intense le troisième, le neuvième ainsi que le quarantième jour du décès. Ces chiffres ont une signification hautement symbolique.  On compte  trois jours à l’âme pour se libérer du corps, neuf jours pour que celle-ci soit rendue digne de l’union au chœur des Saints par des prières et l’intercession des neuf ordres angéliques. Le quarantième jour enfin fait référence à l’ascension du Seigneur qui, ce jour là, rompit tous les liens qui le rattachaient à la mort.

La tombe, qui n’est jamais fleurie, est visitée trois fois par an, lors des grandes fêtes.

Pour entretenir le lien qui unit les vivants et les morts, des collations sont organisées auprès de celle-ci. Dans une ambiance tout à la fois grave et joyeuse, on partage avec les pauvres le pain, les pastèques, les poissons grillés et les plats préférés du défunt. Les autres communautés orthodoxes ont les mêmes pratiques, notamment celui "des colybes" gâteaux de blé ou d'orge avec du miel.

C’est là encore une façon d’intercéder pour lui, de demander au Seigneur sa miséricorde.

La fête de Tous les Saints

Bien antérieur à la fête des morts qui est mise en place au 10è siècle par l'abbaye de Cluny, la Toussaint depuis la fin du 4è siècle en Orient, fêtée le dimanche après la pentecôte, ravive en Occident (transportée à partyr de 835 le 1er novembre) la vocation des croyants à devenir saints, à l’instar de ceux qui les ont précédés auprès du Père, c'est l'occasion de réunir en une seule assemblée tous les justes qui nous ont précédés et qui sont honorés dans les Eglises, on aime y ajouter aussi la grande foule de ceux qui sont restés anonymes, seuls connus du Dieu des vivants.

                                                                   

                                                      

Selon le calendrier copte, , la fête de Tous les Saints est célébrée dans le sillage de la Pentecôte, l’Eglise copte se réjouit de ce que les enfants de Dieu ont toujours en eux, par le don de l’Esprit, la source de la sainteté divine.

Dans le chant incessant du Trisagion qui donne une tonalité particulière à tous les offices de l'Eglise copte-orthodoxe, les fidèles aiment à reprendre l'hymne de l'Apocalypse celui, incessant du monde angélique : "Saint, Saint, Saint "

Cette sainteté, qui se communique à tous les hommes, a formé la communion des saints qui nous invite à entrer nous-mêmes dans la sainteté et dans la joie: la joie de la réunion éternelle de ceux qui s’aiment et ensemble aiment Dieu.

 

L'office du quarantième jour d'un défunt, celui de l'entrée dans la lumière, reflète parfaitement cette tonalité de la Jérusalem céleste. Aussi les fidèles aiment à associer aux saints leurs parents aimés qui par

le baptême et une vie digne ont été les témoins de la miséricorde de notre Dieu.

 

                      grande prière pour tous les morts

fête des morts et Toussaint