LA FENETRE RAYONNANTE DU ROYAUME

 

La prière des Saints de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance nous indique les raisons de la prière :

- Nous rendons grâces  pour les bonnes choses arrivées ou qui arrivent ;

- Nous intercédons pour qu’il nous arrive quelque chose de bon ou d’utile,

                                pour demander  pardon de nos manquements,

                                 pour le bien être de nos frères ;

- Nous glorifions et louons Dieu pour ses œuvres et sa générosité ;

- Nous bénissons Dieu pour ce qu’Il est, pour sa présence délicate et active dans le monde ;

- enfin nous conversons avec Dieu;  c’est une des formes de prière les plus exactes.

                                                      Elle consiste à ne pas monologuer avec nous- même, ne jamais penser mais de toujours parler à Dieu. (1).La conversation avec Dieu nous fait Dieu” dit  avec audace  saint Jean Chrysostome.

 

La prière efface les distances entre le créateur et la créature, l’Infini et le pécheur, car elle rétablit les relations qui existaient dans le paradis entre l’homme et Dieu ; sa miséricorde remet les péchés les plus graves. L’homme comme l’enfant prodigue de l’Evangile se jette dans les bras du Père et lui dit : Père j’ai péché. (Luc 15.v.11-24). Et lui de dire : Vite, apportez la plus belle robe, mettez lui un anneau au doigt, festoyons, mon fils était perdu, il est retrouvé !

 

Ce retour à Dieu, cette robe, cet anneau sont le prélude de notre union avec le créateur. Dans la véritable prière, Christ est présent. Il ne s’agit pas d’un acte solitaire : la prière en Esprit et Vérité, s’élève vers le Père avec la participation affectueuse de Christ. Et l’Esprit  Saint n’est pas absent. Il sait les demandes opportunes et agréables au Christ et au Père. Lui seul doit  conduire et guider la prière.

Il connaît les contingences matérielles de l’homme. Il fait en sorte que l’âme soit rassasiée, sans pour autant que s’en ressentent le travail nécessaire et les responsabilités. La vraie prière n’est pas fuite des responsabilités mais présentation des soucis dans une perspective spirituelle pour que l’Esprit rendent nos préoccupations conformes au dessein divin.

Dans cette prière, retour à Dieu,  Il se met à la portée de l’homme par l’amour du Père et la présence du Christ.

L’Esprit Saint  prépare les cœurs, précède la conversion puis accomplit la sanctification par sa mystérieuse venue.

Car notre esprit (noùs) ne peut pas prier, si auparavant l’Esprit ne prie pas et s’il (notre esprit) ne lui obéit pas; de même il ne peut pas chanter, ni louer avec mesure, harmonie, rythme et mélodie, le Père dans le Christ si l’Esprit qui scrute tout, même la profondeur de Dieu ne commence pas par chanter et par louer celui dont il a scruté les profondeurs... c’est l’Esprit qui prie dans le cœur des Saints (4).

 

Le péché, le doute empêchent de sentir la présence de Dieu, pourtant Il est réellement présent à notre prière et veut l’espace d’un éclair se montrer palpablement.

 

Le Logos divin a pris chair de Marie la Vierge et de l’Esprit Saint; par l’union de ses deux natures, Il a donné une dimension divine à tout ce qu’Il accompli dans sa chair, Il a donné à toute activité de la vie commune la possibilité d’être transfigurée.

S’unir au Christ dans la prière, c’est glorifier le temps, les lieux, les personnes, les choses.

 

Fenêtre ouverte sur le Royaume, toute minute passée dans la prière vient de l’éternité et y retourne” (2). Père Matta el Maskine ajoute : “ Dans la prière, l’esprit est appelé  à entrer en communion avec les esprits des Saints dans l’éternité, car en s’approchant du Christ, on s’approche nécessairement du Royaume”  dans lequel la Mère de Dieu, le Précurseur et tous les Saints se réjouissent avec les anges et suivent l’Agneau partout où Il va. (3)

 

En nous unissant au Christ nous nous unissons aussi aux frères.

Nous sommes véritablement unis au Christ et à nos frères lorsque, par l’ascèse et la prière, le “moi” des convoitises et des passions est crucifié et mis à mort. “Ce qui glorifie mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruits et deveniez mes disciples dit le Seigneur (Luc 15.v.8). L’amour de Dieu et du prochain s’acquiert dans la prière.

 

 

La prière développe l’homme intérieur  engendré par l’Esprit Saint au baptême ; par la prière, l’homme nouveau reçoit la lumière divine qui enseigne la volonté de Dieu et qui donne l’énergie nécessaire pour la mettre en pratique.

Comme on ne peut distinguer l’amour de Dieu et celui du prochain, il ne convient pas de désunir les trois degrés de la prière :

- la fidélité qui consiste en l’action de grâce du Serviteur envers son maître, la louange et la glorification des bienfaits du Sauveur pour l’homme libéré.

- l’union à Dieu qui déifie. L’homme qui prie vit de la vie de Dieu.

- l’union avec les frères; la prière est le premier moyen de la relation exacte de l’homme avec l’homme dans l’amour du Christ. C’est uniquement dans la prière que nous pouvons être responsable les uns des autres. (cf I Jean 5 v.16 et I Samuel 12 v.23).

 

Enfin, la prière sans esprit de superbe mais avec humilité (Luc 18.9.14) fortifie en nous l’Image du créateur.

“Lorsqu’on regarde le Christ dans la prière, dit encore Père Matta, son image s’imprime secrètement en notre être intérieur et nous sommes transformés par l’Esprit Saint en cette même image” (2).

“Car le Seigneur, c’est l’Esprit et où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. Et nous tous, qui le visage découvert, réfléchissons comme dans un miroir  la gloire du Seigneur, nous somme transformés en cette même image, allant de gloire en gloire comme il convient à l’action du Seigneur qui est Esprit (2 corinth.3.17.18).

Unis les uns les autres dans la prière,

 

E-P

 

 

BIBLIOGRAPHIE

(1) Jean, évêque de St Denis, Technique de la prière, Paris 1971

(2) Père Matta el Maskine, Conseils pour la prière,  in revue Irénikon 1986/4  

     ou lettre de St-Elie, hors série déc.86

(3) Antienne du Magnificat, 2è vêpres de la Toussaint (ancien rit romain)

 (4) Origène (250 +) de la prière, traduction E.Bardy, Paris 1932.

 

 

Lettre aux amis du sanctuaire  de saint Elie  N°23, Octobre 1990

                  

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