Introduction aux canons de l'Eglise
L'Eglise catholique-orthodoxe est une institution donnée par le Dieu vivant. D'une part cet organisme est en quelque sorte divino-humain; divin, car il repose sur la pierre angulaire, le Logos incarné, premier né de la nouvelle création, à sa suite, l'assemblée des élus où tous sont appelés. L'Eglise propose aux disciples du Christ un art de vivre conforme à la volonté divine, en union avec le Dieu trois fois saint.
D'autre part, l'Eglise est humaine, terriblement humaine. Aussi comme dans toutes sociétés humaines, les pères ont dû promulguer des règles (canons) pour pacifier les relations et organiser la vie communautaire.
Il est certain que si nous étions tous conformes à l'idéal évangélique, ce ne serait pas utile. La réalité nous montre que les canons sont nécessaires. Mais il vaut veiller à ce qu'ils n'étouffent pas la vie. Aussi comme il y a un esprit de la lettre des Ecritures, il y a aussi un esprit des canons: Pas de loi absolue pour la loi: Le droit, la loi ecclésiastique peuvent déformer la vie. L'obsession du mal, du désordre, et le besoin de lutter contre, à tout prix, peuvent asservir l'homme.
Le mot "Loi", dans Dans
"Seigneur Tout Puissant, Roi du ciel et de la terre, je Te rends grâce pour le don de la Torah, par lequel je veux imprimer dans ma chair mon amour pour Toi et parer mon existence de Ta grâce et de Ta beauté". (prière vespérale juive).
Dans ce sens, loin de s’opposer à la grâce,
De ce fait, toute loi, toute ordonnance, toute législation d’Eglise tendent à l’accomplissement des temps, à l'édification et le progrès des personnes à travers les circonstances de l’histoire.
Les canons ont été inspirés aux pères pour appliquer à des circonstances particulières où la dimension humaine de l'Eglise prenait le pas sur l'appel divin, cette Torah dont le Logos incarné est la "plénitude".
Le terme "canon" veut dire mesure, règle, norme. Souvent il désigne l’idéal qui n’est pas immédiatement accessible, mais vers lequel on tend avec espérance, sachant que les saints l’ont réalisé mais chacun à sa manière qui est unique, aussi il ne faut pas toujours chercher à les imiter: Nous n'avons qu'un seul maître, le Christ.
De même qu’il y a un canon pour l’icône, il y a un canon pour la vie personnelle et pour la vie ecclésiale. "Les canons apparaissent comme un remède appliqué par les Conciles et les Pères de l’Eglise pour soigner certaines maladies spécifiques de l’organisme ecclésiastique" (2). La lutte contre l'esprit de division dans l’Eglise est indiquée par saint Basile comme un des buts des règles ecclésiastiques:
"Car chacun s’écarte de l’enseignement de notre Seigneur Jésus Christ, revendique sa propre autorité, ses théories et ses règles particulières et préfère commander en s’opposant au Seigneur plutôt qu’obéir aux ordres du Seigneur" ( Règles morales)
La division naît de la désobéissance au Seigneur, le "désaccord entre nous" de "l’opposition aux commandements du Seigneur". A l’inverse l’unité du Corps ecclésial existe quand "la seule et unique véritable tête, c’est-à-dire le Christ, régit chacun et le relie à l’autre pour établir l’union". L’unicité dans la pratique à laquelle tendent les règles canoniques n’est pas uniformité mais communion dans le même Esprit.
Le Salut de ceux qui mettent leur foi en Dieu est évidemment le but profond du droit canon, un Salut "en Eglise" et non pas individuel. Il s’agit de connaître "ce qui plaît et ce qui déplaît à Dieu" afin de ne pas être séparé de Lui au Jour du Jugement, mais surtout "de gagner la vie éternelle avec le Royaume des cieux que notre Seigneur Jésus Christ a promis à tous ceux qui gardent son Alliance et se souviennent de Ses commandements pour les exécuter" . Les règles de l’Eglise expriment aussi la foi. Les canons des Conciles concernent la foi et la manière de vivre. Saint Basile écrit
"Je crois logique et nécessaire d’exposer d’abord 1a foi saine et la doctrine irréprochable concernant le Père, le Fils et le Saint Esprit et d’en faire ainsi dépendre les règles morales "
Les règles ont pour but l'unité que nous enseigne
Rappelons que pratiquer l’ascèse veut dire, au sens étymologique, "s’exercer" à la pratique des préceptes évangéliques. Les commandements du Christ et à leur suite les préceptes de Son Eglise "visent l’amour, le dépassement dynamique de l’individualité égocentrique et la réalisation de l’icône du Dieu trinitaire dans l’existence humaine" (1). Le canon cherche initialement l’amélioration du comportement social en Eglise pour essentiellement promouvoir la promotion d’un homme nouveau, caractérisé par un comportement nouveau à l’image du Christ Lui-même.
La pédagogie de cet art de vivre avec Dieu est manifestée dans
Le concept théologique de canon est précisé par celui d’Economie, [gestion de
Canon et Economie ne s’opposent pas. Bien au contraire le canon lui-même est de nature économique, il concourt à la vie harmonieuse en Eglise. Ce qui s'oppose à l'Economie est appelé "acribie", rigueur de la lettre, c'est parfois nécessaire à la thérapeutique. L’Economie est la mise entre parenthèse par les autorités ecclésiastiques de la lettre des canons quand une observance légaliste stricte ferait plus de mal que de bien au corps entier de l’Eglise. Tant les canons que l’Economie ont pour objet "le plus grand bien des personnes" (saint Basile). En tant que suspension de
L’application de l’Economie est soumise au discernement et au conseil, sous la responsabilité de l’épiscopat en vertu du pouvoir de lier et délier.
+ Elias-Patrick
Bibliographie: 1. Christos Yannaras, La liberté de la morale , Genève, 1982, 2. Jean Meyendorff, Orthodoxie et Catholicité , Paris 1965 3. Nicolas Berdiav, Esprit & Liberté, Desclées 1984 Lettre de saint Elie, N° 207 , février 2006
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