Le Logos est venu, les siens ne l'ont pas reçu

  

Le Seigneur qui est, qui était, qui vient, éternel, avant l'aurore de la création, qui est assis avec le Père  quand il a voulu sauver l'humanité, n'a envoyé ni ange, ni chérubin, ni prophète,  Il est descendu lui-même de l'étreinte du Père, dans le sein de la vierge Marie, il est devenu homme, la crèche l'a accueilli comme un pauvre, la vierge l'a porté sur ses genoux et l'a nourri de son lait, lui qui nourrit toute la création.  Il nous a fait entendre sa voix, disant: Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui". (prière de fraction de notre liturgie de saint Basile, pour la fête de Noël).

 

Dieu vient pour nous sauver, il est devenu homme! De quoi donc, de qui, veut-il nous sauver? Devons-nous prendre au sérieux ces mots forts, Dieu-homme, Salut? Il n'est pas impossible que nous ne mesurions pas la juste portée de notre foi chrétienne.

 

Celui nous célébrons la naissance à Noël est l'icône parfaite du Père céleste qui est dans son sein, le Logos éternel en qui toute la création reçoit vie et existence. Dieu après avoir parlé à l'humanité par les sages, la Torah/Loi, les prophètes, envoie son Fils co-éternel.

Ce Fils de Dieu avant la création du monde, devient parfaitement Fils de l'Homme pour nous rendre à la Vie que nous avions perdue en Adam.  Car tous nous sommes morts en Adam.

Dieu-Homme vient nous délivrer de la mort! De quelle mort exactement?

 

Peu importe qu'Adam soit ou non biologiquement et historiquement le premier homme. Pour la réalité de notre destinée, nous portons l'image adamique de "l'homme terrestre" qui n'a pas su écouter Dieu et réaliser le projet divin.

 

Les hommes ont perdu leurs sens spirituels qui doivent leur permettre de percevoir Dieu. Ils sont morts à la vie spirituelle qui donne la véritable dimension à la vie de la chair. Le premier Adam, pour nous est "âme vivante", le second, Christ, est "puissance spirituelle vivifiante". Nous devons donc revêtir l'image de "l'homme céleste".

Emmanuel est le nouvel Adam qui récapitule en lui toute l'humanité. La mort est entrée par Adam, et règne sur tous les hommes qui pèchent à son exemple par l'orgueil de l'autonomie.  La juste conduite -désirer la volonté de Dieu- est entrée par le seul Jésus-Christ, pour le bien de tous et nous sommes invités à porter l'image de l'Homme céleste pour être rénovés selon le Logos divin et régénérés selon l'homme intérieur à l'image de Dieu.

 

Greffés à Jésus par le baptême, nous devenons participants à la chair et au sang du Logos quand dans l'action de grâces, à l'image du Logos, nous nous tournons vers le Père  et recevons sa lumière. Christ naît aussi à chaque instant et sans cesse en nous. Si nous le voulons bien.

 

Mais si par le baptême, nous avons reçu les arrhes de l'Esprit en écoutant la Parole de Dieu, nous pouvons aussi être sourds à notre vocation.

 

Saint Jean écrit "A ceux qui l'ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son Nom".

Saint Jean ne dit pas seulement : "le Logos leur a donné de devenir enfants de Dieu", mais: "le pouvoir (exousia) de devenir enfants de Dieu. 

Le pouvoir en question est un don immédiat. On ne devient pas, progressivement en quelque sorte, enfant de Dieu par un combat ou une ascèse, mais, dans l'instant de la grâce, par le don gratuit de Dieu,  mais ensuite le croyant, par toute sa vie, doit entrer dans son être nouveau et témoigner fidèlement de ce qu'il est devenu. Ainsi sont devenus enfants de Dieu tous ceux qui ont cru au nom du Logos, c'est-à-dire à sa personne et à son rôle dans le Salut de l'humanité.

Et croire, ce n'est pas dire, Seigneur, Seigneur! Mais accomplir sa volonté. Pour faire simple, cela consiste à aimer Dieu et son prochain, Dieu en n'étant pas ingrat mais en offrant l'action de grâce, le prochain en ayant un cœur large, ouvert à l'autre, sans jugement a priori.

 

"La lumière vraie qui éclaire tout homme venant dans le monde était dans le monde. Et le monde ne l'a pas reconnu, il est venu chez lui et les siens ne l'ont pas reçu". L'évangéliste souligne ainsi à la fois la générosité du Logos dans son offre de vie et la responsabilité des hommes, qui peuvent librement le rejeter ou l'accueillir.

 

Lumière immatérielle, le Logos de Dieu, durant des millénaires, a illuminé l'intelligence et le cœur de tout homme par la sagesse. C'était là sa manière de "venir dans le monde": en tout temps et en tout lieu, aucun être humain n'ait jamais été privé de cette lumière à la fois universelle et plus intime que le secret de sa conscience et de l'approche de la connaissance de Dieu par la contemplation de la nature.

Le monde: "kosmos", revient à quatre reprises dans le Prologue de l'Evangile de Jean. Mais attention,  le sens varie d'une ligne à l'autre. Quand l'évangéliste écrit: " le Logos est venu dans le monde, il était dans le monde", le kosmos est ici un lieu réel, celui où Dieu crée et agit. Quand il écrit: "le monde par lui a existé", le kosmos peut désigner en même temps la terre entière, le ciel, et les hommes qui l'habitent; mais quand il ajoute: "le monde ne l'a pas reconnu", il s'agit clairement des hommes qui se détournent de la Source de vie pour puiser leurs forces dans leur propre ego. Ces hommes là n'ont pas besoin de Dieu, ils sont participants au péché d'Adam, l'autosuffisance. Ils sont "âme vivante" et se contentent de cette vie biologique. Ce monde là, le monde du refus, n'a pas reconnu le Logos.

Ce thème du rejet de Dieu vient lui aussi en droite ligne de la tradition des sages d'Israël: "Oui, vains par nature tous les hommes en qui se trouve l'ignorance de Dieu, et qui, en partant des biens visibles, n'ont pas été capables de comprendre Celui qui est <> Ils ont été capables d'acquérir assez de science pour postuler l'unité du monde, mais n'en ont pas découvert le Maître !" (Sagesse 13,1.9)

La venue du Logos devient flagrante. Présent au monde créé qui existe par lui, présent au monde des humains puisqu'il intervient dans leur histoire, il se propose à chacun personnellement pour éclairer sa route et faire un avec lui,  le Logos vient chez lui, il se fait chair, en récapitulant en lui, Dieu-Homme, toute l'humanité et aussi en en venant en chacun de nous.

"Et les siens ne l'ont pas reconnu". Le premier sens de "les siens" est d'abord historiquement le peuple de l'Alliance. Après s'être heurté au refus du monde, le Logos-incarné essuie maintenant le refus des siens, de beaucoup parmi le peuple qu'il s'est préparé. La venue dans la chair du Logos, n'a pas enthousiasmé les foules, le peuple juif ne peut supporter l'idée que le Tout-Autre, l'Infini, le Saint, puisse parfaitement être le tout proche, mortel, se faire parfaitement homme.

Ce blocage peut s'expliquer et même se comprendre. Ce qui est insupportable c'est aujourd'hui le refus des siens, des chrétiens qui, après avoir reçu l'Esprit par le baptême et revêtu l'Homme céleste, n'accomplissent pas leur vocation.

Notre programme n'est pas en premier lieu de devenir d'un jour à l'autre des premiers prix de vertus, mais de commencer là où Adam a raté sa cible: construire son intériorité en se tournant vers Dieu par l'action de grâces.

La prière, la bénédiction, l'action de grâces  (Eucharistie) sont les outils qui nous feront monter, selon la grâce de Dieu et à notre mesure, dans l'échelle des vertus et qui selon la parole de l'apôtre Paul nous permettront de dire sans crainte "si chez nous l'homme extérieur s'en va en ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jours en jours". 2 Corinthiens 4,16. Notre chair ainsi se spiritualise.

La venue du Logos n’appartient pas en quelque sorte à un passé qui serait déjà derrière nous, où tout serait déjà réalisé: pour nous tous, Dieu est l’origine d’où nous provenons, mais également l’avenir vers lequel nous allons, parce qu'il est toujours Celui qui vient.

 

Le Seigneur Jésus nous a donné, aux derniers jours de son passage sur cette terre, un pain à manger et une coupe à boire, nourriture divine pour que nous vivions de sa vie. Car il est impossible de suivre fidèlement le chemin de la construction de l'Homme intérieur pour vivre en Dieu, sans l'indispensable viatique de la sainte Eucharistie. "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui".

La divine Eucharistie transfigure l'esprit de celui qui communie même si cela reste un mystère caché à la conscience.

Désastre que le chrétien qui s'en prive sans grave raison, il méprise la Parole du Seigneur et au lieu de communier à la vie, communie au péché d'Adam: l'ingratitude. Joie et plénitude pour qui répond à l'invitation de Celui qui est la vie, car la nourriture qu'il reçoit est communion  qui petit à petit nous fait un seul corps, un seul esprit avec lui pour la vie éternelle.

 

+ E-P  janvier 2003

Le Logos est venu, les siens ne l'ont pas reçu

  

Le Seigneur qui est, qui était, qui vient, éternel, avant l'aurore de la création, qui est assis avec le Père  quand il a voulu sauver l'humanité, n'a envoyé ni ange, ni chérubin, ni prophète,  Il est descendu lui-même de l'étreinte du Père, dans le sein de la vierge Marie, il est devenu homme, la crèche l'a accueilli comme un pauvre, la vierge l'a porté sur ses genoux et l'a nourri de son lait, lui qui nourrit toute la création.  Il nous a fait entendre sa voix, disant: Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui". (prière de fraction de notre liturgie de saint Basile, pour la fête de Noël).

 

Dieu vient pour nous sauver, il est devenu homme! De quoi donc, de qui, veut-il nous sauver? Devons-nous prendre au sérieux ces mots forts, Dieu-homme, Salut? Il n'est pas impossible que nous ne mesurions pas la juste portée de notre foi chrétienne.

 

Celui nous célébrons la naissance à Noël est l'icône parfaite du Père céleste qui est dans son sein, le Logos éternel en qui toute la création reçoit vie et existence. Dieu après avoir parlé à l'humanité par les sages, la Torah/Loi, les prophètes, envoie son Fils co-éternel.

Ce Fils de Dieu avant la création du monde, devient parfaitement Fils de l'Homme pour nous rendre à la Vie que nous avions perdue en Adam.  Car tous nous sommes morts en Adam.

Dieu-Homme vient nous délivrer de la mort! De quelle mort exactement?

 

Peu importe qu'Adam soit ou non biologiquement et historiquement le premier homme. Pour la réalité de notre destinée, nous portons l'image adamique de "l'homme terrestre" qui n'a pas su écouter Dieu et réaliser le projet divin.

 

Les hommes ont perdu leurs sens spirituels qui doivent leur permettre de percevoir Dieu. Ils sont morts à la vie spirituelle qui donne la véritable dimension à la vie de la chair. Le premier Adam, pour nous est "âme vivante", le second, Christ, est "puissance spirituelle vivifiante". Nous devons donc revêtir l'image de "l'homme céleste".

Emmanuel est le nouvel Adam qui récapitule en lui toute l'humanité. La mort est entrée par Adam, et règne sur tous les hommes qui pèchent à son exemple par l'orgueil de l'autonomie.  La juste conduite -désirer la volonté de Dieu- est entrée par le seul Jésus-Christ, pour le bien de tous et nous sommes invités à porter l'image de l'Homme céleste pour être rénovés selon le Logos divin et régénérés selon l'homme intérieur à l'image de Dieu.

 

Greffés à Jésus par le baptême, nous devenons participants à la chair et au sang du Logos quand dans l'action de grâces, à l'image du Logos, nous nous tournons vers le Père  et recevons sa lumière. Christ naît aussi à chaque instant et sans cesse en nous. Si nous le voulons bien.

 

Mais si par le baptême, nous avons reçu les arrhes de l'Esprit en écoutant la Parole de Dieu, nous pouvons aussi être sourds à notre vocation.

 

Saint Jean écrit "A ceux qui l'ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son Nom".

Saint Jean ne dit pas seulement : "le Logos leur a donné de devenir enfants de Dieu", mais: "le pouvoir (exousia) de devenir enfants de Dieu. 

Le pouvoir en question est un don immédiat. On ne devient pas, progressivement en quelque sorte, enfant de Dieu par un combat ou une ascèse, mais, dans l'instant de la grâce, par le don gratuit de Dieu,  mais ensuite le croyant, par toute sa vie, doit entrer dans son être nouveau et témoigner fidèlement de ce qu'il est devenu. Ainsi sont devenus enfants de Dieu tous ceux qui ont cru au nom du Logos, c'est-à-dire à sa personne et à son rôle dans le Salut de l'humanité.

Et croire, ce n'est pas dire, Seigneur, Seigneur! Mais accomplir sa volonté. Pour faire simple, cela consiste à aimer Dieu et son prochain, Dieu en n'étant pas ingrat mais en offrant l'action de grâce, le prochain en ayant un cœur large, ouvert à l'autre, sans jugement a priori.

 

"La lumière vraie qui éclaire tout homme venant dans le monde était dans le monde. Et le monde ne l'a pas reconnu, il est venu chez lui et les siens ne l'ont pas reçu". L'évangéliste souligne ainsi à la fois la générosité du Logos dans son offre de vie et la responsabilité des hommes, qui peuvent librement le rejeter ou l'accueillir.

 

Lumière immatérielle, le Logos de Dieu, durant des millénaires, a illuminé l'intelligence et le cœur de tout homme par la sagesse. C'était là sa manière de "venir dans le monde": en tout temps et en tout lieu, aucun être humain n'ait jamais été privé de cette lumière à la fois universelle et plus intime que le secret de sa conscience et de l'approche de la connaissance de Dieu par la contemplation de la nature.

Le monde: "kosmos", revient à quatre reprises dans le Prologue de l'Evangile de Jean. Mais attention,  le sens varie d'une ligne à l'autre. Quand l'évangéliste écrit: " le Logos est venu dans le monde, il était dans le monde", le kosmos est ici un lieu réel, celui où Dieu crée et agit. Quand il écrit: "le monde par lui a existé", le kosmos peut désigner en même temps la terre entière, le ciel, et les hommes qui l'habitent; mais quand il ajoute: "le monde ne l'a pas reconnu", il s'agit clairement des hommes qui se détournent de la Source de vie pour puiser leurs forces dans leur propre ego. Ces hommes là n'ont pas besoin de Dieu, ils sont participants au péché d'Adam, l'autosuffisance. Ils sont "âme vivante" et se contentent de cette vie biologique. Ce monde là, le monde du refus, n'a pas reconnu le Logos.

Ce thème du rejet de Dieu vient lui aussi en droite ligne de la tradition des sages d'Israël: "Oui, vains par nature tous les hommes en qui se trouve l'ignorance de Dieu, et qui, en partant des biens visibles, n'ont pas été capables de comprendre Celui qui est <> Ils ont été capables d'acquérir assez de science pour postuler l'unité du monde, mais n'en ont pas découvert le Maître !" (Sagesse 13,1.9)

La venue du Logos devient flagrante. Présent au monde créé qui existe par lui, présent au monde des humains puisqu'il intervient dans leur histoire, il se propose à chacun personnellement pour éclairer sa route et faire un avec lui,  le Logos vient chez lui, il se fait chair, en récapitulant en lui, Dieu-Homme, toute l'humanité et aussi en en venant en chacun de nous.

"Et les siens ne l'ont pas reconnu". Le premier sens de "les siens" est d'abord historiquement le peuple de l'Alliance. Après s'être heurté au refus du monde, le Logos-incarné essuie maintenant le refus des siens, de beaucoup parmi le peuple qu'il s'est préparé. La venue dans la chair du Logos, n'a pas enthousiasmé les foules, le peuple juif ne peut supporter l'idée que le Tout-Autre, l'Infini, le Saint, puisse parfaitement être le tout proche, mortel, se faire parfaitement homme.

Ce blocage peut s'expliquer et même se comprendre. Ce qui est insupportable c'est aujourd'hui le refus des siens, des chrétiens qui, après avoir reçu l'Esprit par le baptême et revêtu l'Homme céleste, n'accomplissent pas leur vocation.

Notre programme n'est pas en premier lieu de devenir d'un jour à l'autre des premiers prix de vertus, mais de commencer là où Adam a raté sa cible: construire son intériorité en se tournant vers Dieu par l'action de grâces.

La prière, la bénédiction, l'action de grâces  (Eucharistie) sont les outils qui nous feront monter, selon la grâce de Dieu et à notre mesure, dans l'échelle des vertus et qui selon la parole de l'apôtre Paul nous permettront de dire sans crainte "si chez nous l'homme extérieur s'en va en ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jours en jours". 2 Corinthiens 4,16. Notre chair ainsi se spiritualise.

La venue du Logos n’appartient pas en quelque sorte à un passé qui serait déjà derrière nous, où tout serait déjà réalisé: pour nous tous, Dieu est l’origine d’où nous provenons, mais également l’avenir vers lequel nous allons, parce qu'il est toujours Celui qui vient.

 

Le Seigneur Jésus nous a donné, aux derniers jours de son passage sur cette terre, un pain à manger et une coupe à boire, nourriture divine pour que nous vivions de sa vie. Car il est impossible de suivre fidèlement le chemin de la construction de l'Homme intérieur pour vivre en Dieu, sans l'indispensable viatique de la sainte Eucharistie. "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui".

La divine Eucharistie transfigure l'esprit de celui qui communie même si cela reste un mystère caché à la conscience.

Désastre que le chrétien qui s'en prive sans grave raison, il méprise la Parole du Seigneur et au lieu de communier à la vie, communie au péché d'Adam: l'ingratitude. Joie et plénitude pour qui répond à l'invitation de Celui qui est la vie, car la nourriture qu'il reçoit est communion  qui petit à petit nous fait un seul corps, un seul esprit avec lui pour la vie éternelle.

 

+ E-P  janvier 2003

Dieu est venu, les siens ne l'ont pas reçu