Dieu dans la chair!
‘Comment la divinité peut-elle habiter la chair?’ s’émerveille saint Basile dans son homélie de la nuit de Noël.
Car il s’agit bien de cela, noël, la naissance de Jésus, c’est la venue du Dieu vivant dans la chair de l’Homme. L’enfant de la vierge Marie est le Dieu qui tient dans ses mains tout l’univers.
Pour répondre à la question de saint Basile, nous lisons aussi aux vigiles de la fête de
Saint Jean en ouvrant
Au premier siècle, beaucoup de gens cultivés, dans les pays riverains de
Au premier siècle également, à Alexandrie, un contemporain de Jésus, le juif Philon réservait au Logos une place centrale dans sa théologie.
Parole personnifiée, “premier-né de Dieu’, “image de Dieu”, le Logos de Philon est le médiateur entre Dieu et le monde créé. Il remplissait aussi un rôle médiateur entre Dieu et l’âme humaine, car il était l’agent de la communication de Dieu à l’homme surtout à travers Moïse et
Ainsi pour les très nombreux juifs de la diaspora, qui lisaient Ce Logos-parole était inséparable de Dieu et de son action dans le monde pour les hommes, mais il n’était pourtant pas véritablement une personne .
Jean s’inscrit aussi dans l’héritage séculaire des sages d’lsraèl et leurs méditations théologiques sur le rôle de Présente devant Dieu lorsqu’il crée l’univers,
Avant de dire que “le Logos est Dieu "Jean précise “Dans le Principe (au Commencement) le Logos était tourné vers Dieu”. Une distinction, un vis-à-vis, s’esquisse ici entre le Logos et Dieu, non pas comme une coexistence purement statique, mais une orientation dynamique du Logos vers Dieu. Or Dieu (ho théos) désigne toujours, dans “le Fils unique-engendré qui est le sein du Père” ((1,18) Le Logos n’est pas seulement, comme
“De ce qui a été fait, en lui était vie”. La vie de Dieu qui est dans le Logos est source de toutes les formes de vie physique que nous connaissons.
Encore plus, pour nous, les humains, elle s’est faite Lumière: “La vie était la lumière des hommes”, lumière pour leur esprit, lumière à l’intime du coeur, car nous ne vivrons vraiment de la vie éternelle qu’en dialogue avec Dieu dans l’action de grâce. Dès le premier instant de la création de l’homme et au long des millénaires, de la préhistoire à la fin de l
Le Logos, depuis toujours Dieu tourné vers Dieu, se communique progressivement aux hommes, afin d’être pour eux vie et lumière. Il a voulu l’Homme, maître conscient des créatures inconscientes; peu à peu il a illuminé son intelligence et son coeur, intervenant dans l’histoire du monde et à l’intime de chacun; puis il a fait retentir dans le peuple choisi la voix des prophètes et des sages. Il a donné
Désormais, le Logos engendré du Père céleste de toute éternité, pour tous les hommes, de génération en génération sera un avec Jésus, né de Marie dans le temps, en Judée au temps d’Hérode, sous le règne de l’empereur Tibère. “Le Logos s’est fait chair”. Le mot chair, dans La chair, c’est l’homme limité, caduc, périssable et précaire. Devenu chair, le Logos assume bien notre condition humaine toujours en attente et en devenir. Cette chair, pauvre et sacrée à la fois de l’homme Jésus va désormais révéler la gloire du Logos.
En se manifestant dans la chair, le Logos reste ce qu’il était et ce qu’il est devenu, homme, il le demeure pour toujours. Il demeure le Logos de Dieu tourné vers Dieu, par qui tout est venu à l’existence et par qui l’univers subsiste. Mais désormais la lumière et la vie pour les hommes émanent de lui en tant que Dieu fait homme; et cette nouveauté est irréversible.
Durant toute sa vie sur terre, mais aussi dans la gloire céleste, il sera à jamais le Logos fait chair, Il ne laissera pas sur terre son humanité comme un pieux souvenir ou un vêtement provisoire.
Ressuscité, il demeurera pour toujours le Théanthropos, l’Homme Dieu, Dieu fait homme. La venue du Logos dans la chair en un lieu et un temps déterminés se répercute dans toutes les dimensions de l’espace et du temps. “Il a fait sa demeure parmi nous”, c’est-à-dire au coeur de l’humanité tout entière et dans le coeur de “ceux qui croient en son Nom”.
Jésus, le Logos fait chair, s’est montré “plein de grâce [kharisl et de vérité [alèthéia]”. Selon toute vraisemblance, l’évangéliste emprunte ici à Hesed, c’est l’amour du Dieu de vie, sa grâce et sa miséricorde. Emet, c’est sa fidélité à son dessein de Salut. Dieu lui-même se présente ainsi lors de la conclusion de l’Alliance : “Adonai; Adonai, Dieu de tendresse et de pitié, riche en amour et en fidélité” -Ex 34,6)- + e-p |
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