Le pentecostaire: les cinquante jours de Pâques
Avant de considérer la portée spirituelle du temps liturgique de Pâque, il est peut-être nécessaire de préciser le vocabulaire de l'Eglise des premiers jours, il reste celui des Eglises d'Orient.
Puis, les pères ont employé le mot Pâque pour le passage du Messie de la mort par la croix à la vie de la résurrection; le grand Origène le premier l'a utilisé dans ce sens. Le mot Pâque rejoint ce que l'occident appelle Passion, ainsi les livres liturgiques anciens appellent semaine de
Le copte comme le grec ne connaissent pas le mot Pâques au pluriel comme en français. Nous pouvons employer le pluriel Pâques pour qualifier les jours de la résurrection qui sont pour nous un seul grand jour de la fête des fêtes. Le temps qui s'écoule du premier au huitième dimanche de
Comme Si Dieu le veut, nous étudierons ailleurs la fête juive de Chavouot/Pentecôte. Il suffit aujourd'hui pour indiquer l'essentiel de savoir que Chavouot est d'abord une fête agraire, puis celle du renouvellement du serment de l'Alliance et enfin que le judaïsme tardif lui a consacré la mémoire de la remise de
Très tôt dans l'histoire, les chrétiens célébrèrent les cinquante jours qui séparent
Pour marquer la joie exubérante à cause de la résurrection et de la vie nouvelle, l'Eglise invite ses fidèles à cesser toutes marques extérieures de pénitence: jeûne et métanies en particulier. Cette observance est attestée par les Constitutions Apostoliques, "Pendant le Pentecostaire, nous ne ployons pas les genoux, car ces jours ont la même valeur que le Jour du Seigneur. Cette coutume commença aux temps apostoliques".
Cette attitude joyeuse contraste avec l'usage juif qui pendant la période des moissons observait les cinquante jours comme un moment de restriction en commémoration de ces jours de pérégrination dans le désert en châtiment de l'épreuve des eaux de Mériba. Nombres 20,12.
C'est encore notre Origène qui explicite la spiritualité du pentecostaire quand se souvenant de la fête juive de Chavouot, quand il dit dans le contre Celse "la période des cinquante jours est joyeuse, parce qu'elle est le temps ininterrompu où l'Eglise célèbre
Origène dans son commentaire sur saint Jean distingue trois étapes dans le processus de la résurrection: - la descente aux enfers en vue de libérer tous les justes, - les manifestations devant les disciples afin de les introduire dans la plénitude de la vérité, -l'ascension qui est en Christ la glorification de toute l'humanité. La résurrection et l'ascension du Sauveur sont le commencement de la médiation céleste que le Christ grand prêtre des choses à venir exerce dans l'Eglise son corps mystique et qui doit aboutir lors de
Le pentecostaire est le temps où le Seigneur ressuscité se manifesta fréquemment aux disciples, le temps où la grâce du Saint Esprit fut communiquée et qui laisse entrevoir l'espérance du retour du Seigneur. Il correspond à la deuxième étape dans le processus de rétablissement annoncé par saint Pierre dans son discours en Actes 3, 11-26: Il faut que Jésus demeure au ciel jusqu' au temps où tout sera rétabli comme Dieu l'avait annoncé".
Car, si nous en croyons saint Jean 20,19.23, c'est le soir même de la découverte du tombeau vide par Marie-Magdeleine que Jésus vint et se tint au milieu des disciples et leur insuffla l'Esprit en disant: "recevez l'Esprit Saint" et leur donna le pouvoir de lier et délier. Le don de l'Esprit dans cette circonstance est le signe même de
De même, pour nous les fidèles, la liturgie de ce temps de Pentecostaire concentre notre regard intérieur sur
Le dernier jour de
Chavouôt & Pentecôte
A partir du jour de la résurrection, nous comptons cinquante jours (pentecostaire) avant de clôturer les fêtes de Après Pessah, Les juifs donc comptent les semaines, les chrétiens les jours, le résultat est le même et les deux traditions se gardent de donner un nom à cette importante fête en se contentant d'indiquer par là qu'elle correspond au franchissement d'une étape importante. Nous avons examiné les sources bibliques du temps de la pentecôte, maintenant, nous allons approfondir notre intelligence de la tradition en posant un regard sur la dimension spirituelle de Chavouôt et son épanouissement dans - A. sens du Omer, les sept semaines d'oblation des prémices - B. rémission des dettes - C. fête de
1. Donc Chavouôt est la clôture des semaines de Omer (des prémices), fête des moissons où selon le commandement du Seigneur à Moïse, les juifs apportaient une gerbe de la moisson au prêtre pour l'offrir sur l'autel , puis comptaient sept semaines pour offrir une oblation nouvelle. Lév. 23, 10.15. Cette offrande est celle de la mémoire de l'Entrée dans la terre promise après les pérégrinations dans le désert. C'est une action de grâces pour ce qui a été accompli et ce qui va se réaliser. Le grand philosophe juif Philon nous explique que le Omer est apporté sur l'autel "en action de grâces pour la prospérité et l'abondance; le Omer procure à la fois le souvenir de Dieu qui est le bien le plus excellent, et une juste action de grâce envers Celui qui est la cause de toute prospérité". Ainsi toute la tradition juive puis chrétienne dans l'esprit des Ecritures sacrées propose aux fidèles d'apporter à l'autel des offrandes en action de grâces (Eucharistie) à Celui qui fournit tous biens comme signe de la reconnaissance de la totale dépendance de l'homme par rapport à Dieu.
Pesssah, 1. Quand l'Homme veut intérieurement être vraiment libre en prenant tout le temps nécessaire pour calculer la dépense et être sûr de son choix; 2. quand il reçoit la connaissance de l'Economie divine qui assure cette liberté par le don et la réception de Cette lente libération est la nôtre. Notre grand Origène, quoiqu'en dise J. Daniélou, reste parfaitement dans l'esprit de la fête juive quand il commente la fête des prémices comme le renouvellement de l'Homme intérieur:
"Si tu veux toi aussi célébrer avec Dieu la fête des Prémices, veille à la manière dont tu sèmes et au lieu où tu sèmes afin de pouvoir récolter des fruits qui plaisent à Dieu et lui fassent célébrer une fête. Or tu ne pourras la réaliser qu'en écoutant la parole de l'apôtre: "Celui qui sème dans l'Esprit, moissonnera dans l'Esprit la vie éternelle". <> Celui qui renouvelle son coeur et l'Homme intérieur, de jour en jour, défriche des terres neuves et ne sème pas sur des épines, mais sur une bonne terre qui lui rendra, trente, soixante ou cent pour un. Tel est celui qui sème dans l'Esprit et qui moissonne dans l'Esprit. Or parmi les fruits de l'Esprit, le premier est la joie. Et il est naturel de fêter les Prémices quand on moissonne la joie; surtout si on moissonne en même temps la paix, la patience, la bonté, la douceur, si on recueille les autres fruits de l'Esprit, on célébrera très dignement pour le Seigneur la fête des prémices".
Origène nous montre le labeur de la libération de l'Homme intérieur, il ne s'attache pas à son caractère pénible, car pour celui qui est dans l'Esprit, tout est joie pour et dans le Seigneur. Le jour de
"Le Christ est figuré dans le symbole de la gerbe considérée comme prémices des épis et comme fruits nouveaux: Il est en effet le premier-né d'entre les morts, la voie qui nous ouvre la résurrection, celui qui renouvelle toutes choses. Les choses anciennes sont passées, voici que tout est devenu nouveau, dit l'Ecriture. La gerbe était présentée devant la face du Seigneur: ainsi l'Emmanuel ressuscité des morts, fruit nouveau et incorruptible de l'humanité, est monté au ciel pour se présenter pour nous devant la face du Père"
Le temps du Omer est celui la libération, Ce processus doit reposer sur l'épiclèse, la prière qui s'élève avec les offrandes, et en réponse divine la paraclèse, l'envoi de la bénédiction qui repose sur l'autel, les dons, ceux qui offrent, ceux pour qui les dons sont offerts.
B. C'est encore Origène qui met en rapport le cinquantième jour de
" Le nombre cinquante est sacré; cela est manifeste d'après les jours festifs de
La pentecôte est ainsi une figure du pardon accordé et de la restauration de l'humanité dans la plénitude de sa relation avec le Créateur. Notre père saint Athanase l'apostolique suit cette piste et conclut une lettre pascale en disant que "le jour de La rémission des péchés est un don du Ressuscité à son Eglise quand il répandit son Souffle sur les disciples en disant: "Recevez l'Esprit Saint."
C. Les fêtes indiquées dans les Ecritures ne comprennent pas celle du "don de Un texte ancien du Talmud dit: "Dieu n'a pas voulu fixer un jour précis du don de La fête de
La liturgie juive contemporaine fait lire à la synagogue les dix commandements, le récit des prémices de la moisson et le majestueux premier chapitre d'Ezéchiel sur le char de la gloire céleste, en proposant au peuple de méditer sur l'importance de recevoir Philon nous donne la description du don de
" Du milieu du feu qui ruisselait du ciel, il vint à leur grand étonnement une voix, car la flamme devint un discours articulé dans un langage familier aux auditeurs, et les mots étaient formés si clairement et distinctement qu'ils eurent l'impression de les voir plutôt que les entendre <> il est écrit " tout le peuple vit la voix" <> la voix de l'homme s'entend mais la voix de Dieu est vraiment visible parce que tout ce que Dieu dit, ce ne sont pas des mots, mais des actes".
Le jour de A partir de ce jour, par le baptême et la chrismation, l'Esprit est répandu abondamment sur toute chair et toute la terre est remplie de la connaissance de Dieu. Nous devons faire briller la lumière de connaissance dans nos vies et dans le monde.
+E-P Bibliographie: * Jean Daniélou, Bible et liturgie, lex orandi 11, Cerf 1951 * J. van Goudoever, Fêtes et calendriers bibliques, Théologie historique 7, 1967 * Origène, Homélies sur les Nombres, Traduction A. Méhat, SC N°29, 1951
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de Pâques à la Pentecôte |