Cyrille VI le saint

 

     

    

 

En août 2002, notre Eglise a commémoré le centième anniversaire de la naissance du 116ème patriarche successeur de saint Marc sur le siège d'Alexandrie, Cyrille, sixième du nom.

 

La personne et le pontificat de Cyrille VI ont profondément marqué  le visage de l'Eglise d'Egypte.

Son  influence perdure par le fruit de ses réformes et par la dévotion que lui porte le peuple fidèle assuré de la continuité de son intercession.

Avec ses prières, nous présenterons sa biographie aux coptes orthodoxes de France pour qu'en le connaissant mieux, ils puissent en le vénérant recevoir ses bénédictions.

 

Azir Youssouf Ata est né le 2 août 1902 à Touk en Nasara dans le delta du Nil, au sein d'une famille relativement aisée.

Après ses études secondaires, son travail chez Thomas Cook and Sons lui permit de prendre un premier contact avec l'occident.

Mais depuis son plus jeune âge il désirait embrasser la vie monastique.

Son origine plutôt bourgeoise et citadine semblait un empêchement, car en ce temps, les moines étaient plutôt recrutés parmi les fellah, paysans dont la vie fruste pouvait s'accommoder de la rigueur de la pauvreté monastique,  la détérioration de l'idéal spirituel posait aussi un frein à l'engagement. Finalement, il vainquit les obstacles et se mit sous la direction d'un guide spirituel réputé, abouna Abd el Massih el Massoudi au monastère de Scété (Wadi Natroum) "des Romains"  (El Baramous).

 

Il fut consacré moine sous le nom de Mina el Baramoussi, puis ordonné prêtre en 1931. (Mina est la prononciation égyptienne de Ménas, le célèbre saint vénéré dans toutes les Eglises et fêté le 11 novembre).

 

Pendant six années, il vécut en solitaire dans une grotte près du monastère.

Dans le désert de Scété vivait aussi un fameux ermite, abouna Abd el Messih el Barachi (l'Ethiopien). Tous deux respectaient la discipline antique des moines de Scété: Toute la semaine, ils vivaient en ermite dans leur grotte, s'appliquant à la prière et la méditation des Ecritures, puis le samedi et le dimanche regagnaient leur monastère pour partager le Jour du Seigneur en communauté et par là vérifier fraternellement l'exactitude de leur vie.

 

En 1936, abouna Mina se retira sur la colline de Fostat, près du vieux Caire dans un ancien et ruiné moulin à vent installé par Napoléon. Là il vivait toujours en ermite et desservait comme prêtre quelques églises pauvres du Vieux Caire.

En 1942, abouna Mina fut nommé higoumène abbé du monastère saint Samuel du désert de Qalamoun, à une soixantaine de kilomètres au sud de l'oasis du Fayoum.  Pendant son abbatiat, grâce aux donations et aumônes qu'il recevait en gratitude de ses conseils spirituels et des miracles, il restaura les bâtiments monastiques qu'il agrandit par la construction d'une hôtellerie pour les pèlerins et  les étudiants en retraite, une petite église fut édifiée et consacrée à son saint patron saint Ménas.

 

Il n'abandonna pas pourtant ses fidèles du Caire, et c'est alors qu'il officiait dans l'église saint Ménas du vieux Caire, le 19 avril 1959, qu'il apprit son élection au trône patriarcal.

Il fut ordonné pape et patriarche d'Alexandrie sous le nom de Cyrille.

 

 

 

 

Son pontificat fut marqué, du début jusqu'à la fin, par une grande ouverture de l'Eglise copte orthodoxe sur le monde et un renouveau de la vie chrétienne dans tous les membres de l'Eglise.

 

Dès son accession aux fonctions patriarcales, Cyrille consacra son attention à deux questions administratives qui préoccupaient la hiérarchie et mobilisaient les énergies au détriment de la vie spirituelle: le problème de l'Eglise d'Ethiopie et les querelles de l'Assemblée laïque chargée des questions financières et foncières.

 

 L'Eglise d'Ethiopie était sous l'entière dépendance hiérarchique de l'Eglise d'Egypte. Ainsi le patriarche d'Alexandrie nommait "l'Abouna" le primat d'Ethiopie et consacrait  les évêques. Les Ethiopiens supportaient de plus en plus mal ce joug. Moins de deux mois après son élévation à la charge patriarcale, abba Cyrille signait un protocole d'accord avec l'Eglise d'Ethiopie lui donnant son indépendance canonique et donc le droit d'élire son primat et de consacrer ses évêques; le pape d'Alexandrie reste pour les éthiopiens une autorité  spirituelle et un père toujours présent dans leur cœur.

 

L'organisation de l'Eglise copte, pour la gestion des biens, met en face du patriarche un comité de laïcs recrutés généralement parmi des notables; Les patriarches se heurtaient bien souvent à ce pouvoir dans beaucoup de domaines et pas toujours seulement dans l'administration des biens, abba Cyrille sut pacifier les relations et poser clairement les limites des attributions de chacun, aussi depuis son pontificat, aucun conflit important ne s'est élevé.

La résolution rapide de ces deux questions montre l'extrême attention d'abba Cyrille aux personnes morales et physiques, et sa grande assurance dans le bon usage de la liberté et de la confiance réciproque. 

 

Sur le trône d'Archevêque de la grande ville d'Alexandrie et évêque du Caire, abba Cyrille n'oubliait jamais son engagement monastique.

Sa vie quotidienne ressemblait plus à celle d'un moine qu'à celle d'un hiérarque. Il se levait tôt, s'habillait pauvrement et participait à tous les offices de l'Eglise, Offrande de l'Encens du matin et du soir, office des heures.

 

Ce temps consacré à la prière publique ne l'empêchait pas d'avoir toujours sa porte ouverte pour recevoir ceux qui voulaient s'entretenir avec lui.

 

Il trouvait la force d'être tout à tous dans sa ferveur dans la divine Eucharistie qu'il célébrait personnellement tous les jours et parfois deux fois dans la journée. A ceux qui s'étonnaient de cette célébration quotidienne peu commune dans les Eglises orthodoxes, il répondait simplement: "Si le prêtre est présent, la farine disponible, l'autel là, et que nous ne disons pas la Prière (Eucharistique), qu'allons-nous dire à Dieu?"  Toute sa force et sa joie provenaient de sa participation quotidienne à l'Oblation mystique, aussi, encourageait-il chaque prêtre à célébrer chaque jour la sainte Oblation.

 

Fidèle et ami de son saint patron de consécration monastique, abba Cyrille entrepris de reconstruire le célèbre monastère de saint Ménas, situé à environ 70 Km au SO d'Alexandrie.

Ce monastère fut édifié au tout début du IVè siècle et devint un célèbre centre de pèlerinage pour toute la chrétienté. On retrouve dans tous les pays de la méditerranée les ampoules eulogies contenant l'eau miraculeuse de saint Ménas. A partir de 836, le sanctuaire fut dépecé par  le calife el Moutasim pour construire sa résidence. Il fut définitivement saccagé quelques années plus tard. Les reliques de saint Menas furent transportées au Caire. Abba Cyrille, à quelques distances du site archéologique, posa la première pierre de la rénovation du sanctuaire en novembre 1959. Trois années plus tard, les reliques de saint Ménas retrouvèrent le lieu de leur repos désigné miraculeusement par les chameaux, il y a seize siècles. 

 

Dans cette même année 1962, voulant engager au plus haut niveau le dialogue avec les autres Eglises chrétiennes, abba Cyrille ordonna évêque des affaires sociales et œcuméniques un moine d'une grande ouverture d'esprit et de grande culture, abouna Makari el Souriani qui reçut le nom d'abba Samuel. (abba Samuel alors qu'il représentait l'Eglise à la tribune officielle  périt dans la fusillade qui assassinat le président Sadate). A partir de ce jour, notre Eglise fut active dans toutes les discussions théologiques et réunions œcuméniques.

Ceci a permis aux coptes de sortir de leur  superbe isolement, de faire reconnaître la grandeur et l'orthodoxie de leur tradition, et, aussi d'entendre la voix des Eglises occidentales. Un des fruits de ces contacts fut d'obtenir  en juin 1968 du Pape de Rome le retour des reliques de saint Marc de Venise en Egypte. Elles furent déposées dans la crypte de la nouvelle cathédrale du Caire en construction à Abbasseya depuis 1965. Ce nouvel édifice est aussi dû à l'initiative d'abba Cyrille.

 

Abba Cyrille considérait que les discussions avec les Eglises devaient aussi montrer l'union des Eglises d'Orient, aussi est-il l'initiateur de la première réunion du Comité des Eglises Orthodoxes d'Orient d'Addis Abeba en janvier 1965. Une collaboration pastorale étroite et fructueuse s'ensuivit.

 

Les années 1970 sont aussi marquées, malgré les difficultés de la loi égyptienne privilégiant l'Islam, par le début d'une vigoureuse campagne de construction  et de reconstruction d'églises et d'enseignement.

La catéchèse fut entreprise selon la méthode anglo-saxonne dite "des écoles du dimanche".  Parmi les jeunes gens les plus engagés dans ce mouvement on compte Nazir Gayed Raphaël qui devenu moine au monastère "des Syriens" fut ordonné par Abba Cyrille évêque du collège de théologie et des écoles du dimanche. Il devint sous le nom du Shénouda III le successeur de Cyrille VI. 

 

La reconstruction économique et sociale n'a pas été délaissée, les efforts de la diaconie rurale et urbaine se sont portés sur la création de centre de soins  et  de secours des plus pauvres.

 

Bien qu'ayant suivi avant et après son ordination sacerdotale l'enseignement de la faculté de théologie du Caire, abba Cyrille ne nous a laissé aucun écrit théologique ou spirituel; A l'exemple des pères du désert, il faisait confiance à la vertu de l'exemple et c'est donc sa vie qui est pour nous enseignement théologique et spirituel. Au lieu de paroles, abba Cyrille préférait donner l'exemple par la prière et l'action.

 

Très tôt, le père Mina, puis le pape Cyrille s'est montré comme un thaumaturge béni du Seigneur. Ses prières pour son peuple et même pour quelques musulmans et chrétiens hétérodoxes étaient souvent exaucées.

 

Des livres nombreux circulent en Egypte et dans l'émigration qui relatent les miracles du pape  Cyrille.

 

Le 8 mars 1971, il fait allusion à son départ et fait ses adieux aux visiteurs présents puis se retire pour se reposer. Il s'endort en effet dans la paix du Seigneur à l'âge de soixante neuf ans.

Après ses funérailles dans la cathédrale du Caire, le corps d'abba Cyrille, comme il l'avait demandé, est transporté dans le monastère de saint Ménas.  A son arrivée, une pluie sans précédent, signe de bénédiction,  tombe dans le désert. Aussitôt le désert verdit et fleurit.

Le tombeau d'abba Cyrille est aujourd'hui un lieu sacré où les pèlerins viennent chercher bénédiction et respirer la bonne odeur de sa sainteté, ils ne sont jamais déçus.                                         

                                                                                                 +Elyiâs-Patrick

                                             

 

Par ta grâce, Seigneur de gloire, les miracles fleurissent sous la main de ton pontife Cyrille. Il a porté avec douceur et vigilance ta croix, et béni ton peuple. Accorde-nous, par ses prières, la paix intérieure et la saveur de ton amour

 

 

Lettre aux amis du sanctuaire du prophète Elie, N°165   Août 2002

 

Photos du Pape Cyrille VI: documentation du sanctuaire

Cyrille VI