Le Royaume de Dieu

 

Aux yeux du Seigneur Jésus, le Royaume est la certitude qui forme le noyau central de la Bonne Nouvelle. –Marc 1,15- Après la Résurrection, les apôtres continuent la prédication du Sauveur et annoncent "la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu et du Nom de Jésus-Christ" -Actes 8,12.

La Liturgie de notre Eglise est remplie de cette espérance du Royaume. Le carême surtout est rythmé par l'invocation: "Souviens-toi de moi, Seigneur, lorsque je viendrai dans ton Royaume".

La lumière de la Pâque est celle du Royaume. "Tout est inondé de lumière, le ciel, la terre, et l'enfer,  que toute créature célèbre la résurrection du Christ: En lui, elle est fortifiée".

 

Selon le Parole du Seigneur, le Royaume est proche de nous et nous nous approchons du Royaume lorsque nous élevons les yeux vers "notre Dieu et notre Roi, alors la lumière se lève pour le juste, la joie pour ceux qui ont le cœur droit" Psaume 97.

 

Nous allons parcourir les Ecritures et goûter ce que nos pères entendaient en prononçant le mot Royaume.

 

Tout d'abord un peu de vocabulaire:

 L'hébreu Malkut, le grec  Basiléa recouvrent trois notions dans notre français:

1. la  Royauté, dans le sens de dignité de roi;

2.  le  règne c'est à dire l'exercice du pouvoir;

3. le royaume, la sphère, communauté, territoire où s'exerce le pouvoir royal.

 

La Première Alliance conçoit d'abord le règne de Dieu comme l'exercice de son pouvoir créateur,  "Le Seigneur est Roi, vêtu de majesté, tu as établi le monde qui ne sera pas ébranlé" –psaume 93- puis comme roi d'Israël  qui conduit son peuple à la victoire sur ses ennemis pour s'établir dans la terre promise, "Le Seigneur, le Très-Haut, le redoutable, le grand Roi de toute la terre, il nous assujettit les peuples, il met les nations sous nos pieds, il nous choisit notre héritage –Psaume 47-. Puis les psaumes chantent la louange du roi divin qui inaugure son royaume non politique ou national par l'instauration d'une société idéale, morale et religieuse composée de justes -tsadiqqim- et pieux –hassidim –

"le Seigneur est roi, il aime ceux qui haïssent le mal, la lumière se lève pour le juste, la joie pour les cœurs droits" –Psaume 97-

 

Le Nom Saint  de Dieu  est exprimé par Adonaï  que nous traduisons par Seigneur. En fait Adonaï  en grec Kyrios  peut aussi être rendu par Roi.

Adonaï n'a pas besoin d'attendre le Jour du Seigneur pour être Roi: il est! "Je t'exalterai mon Dieu et mon Roi, je bénirai ton Nom toujours et à jamais, ton Règne est un Règne éternel, ta domination subsiste d'âge en âge."–psaume 145-

Il exerce son Règne sur la création sans attendre le jugement final des nations. Il est pantocrator  -Basileus panton- Roi de toutes choses.  Ce que hélas le latin a traduit par omnipotens, d'où notre français Tout-Puissant, ce qui n'est pas franchement incorrect mais ouvre des discussions philosophiques ou psychologiques sans objet.     "Celui qui vit éternellement a créé toutes choses ensemble; le Seigneur seul est juste. Il gouverne le monde avec la paume de sa main;  tout obéit à sa volonté, car il est Roi de toutes choses par sa puissance  Il n'a donné à personne de raconter ses œuvres; et qui pourra découvrir ses grandeurs? Qui calculera la force de sa majesté, et qui encore redira ses miséricordes? Rien à diminuer, rien à ajouter; impossible de pénétrer les merveilles du Seigneur. Siracide 18,1-6 (version liturgique grecque et copte)

 

La dignité royale  est associée à paternité divine dans un paradoxe sur les enfants d'Israël et les nations : "les tiens, tu les as mis à l'épreuve en père qui avertit, mais les impies, tu leur a demandé des comptes en Roi sévère qui condamne" Sagesse 11,10

La Royauté divine est aussi partagée avec le Logos et la  Sagesse. "Un silence paisible enveloppait tous les êtres et la nuit était au milieu de sa course, alors ton Logos/Parole toute-puissante, quittant les cieux et le trône royal bondit comme un guerrier impitoyable" Sagesse 18, 14-15; Les liturgies utilisent volontiers ce verset pour la nuit de la Nativité.

"Dieu des pères et Seigneur miséricordieux,  qui a créé l'univers par ton Logos/Parole et formé l'homme par ta Sagesse, donne-moi la Sagesse qui partage ton trône et ne m'exclus pas du nombre de tes enfants" Sagesse 9, 1-4.  Les pères découvrent ici la mystérieuse présence de l'Esprit Saint qui nous fait enfants du Royaume.

 

La triple souveraineté d'Adonaï, céleste, cosmique, historique est célébrée dans le culte, les juifs ont conscience de l'expérimenter dans les sacrifices de communion. Mais ni au plan cosmique ni historique la souveraineté de Dieu n'est accomplie dans toute son ampleur d'où l'attente de la venue du Royaume eschatologique.  Les Prophètes ont exercé largement leur imagination en deux visions : Royaume dans l'au-delà céleste, Royaume sur une terre radicalement transformée. "Et il arrivera en ce jour-là : Il n'y aura point de lumière, mais du froid et de la glace. Ce sera un jour unique, et il est connu du Seigneur ; et il ne sera ni jour ni nuit, et au temps du soir la lumière sera. Et il arrivera en ce jour-là: Des eaux vives sortiront de Jérusalem, moitié vers la mer orientale, moitié vers la mer occidentale; il  en sera ainsi en été comme en hiver. Et le Seigneur se montrera Roi de toute la terre. -Zacharie14,6-9-

 

Le Règne de Dieu est l'exercice de la Royauté divine soucieuse d'établir le Shalom  paix -ordre- bien-être. "Un rameau sortira du tronc de Jessé, et de ses racines croîtra un rejeton.  Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. Il mettra ses délices dans la crainte du Seigneur. Il ne jugera point sur ce qui paraîtra à ses yeux, et il ne prononcera point sur ce qui frappera ses oreilles. Il jugera les petits avec justice, et prononcera selon le droit pour les humbles de la terre. Il frappera la terre par sa Parole, et par le Souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant.  La justice ceindra ses flancs, et la fidélité sera la ceinture de ses reins. Le loup habitera avec l'agneau, la panthère reposera avec le chevreau; le veau, le lion et le boeuf gras vivront ensemble, et un jeune enfant les conduira.  La vache et l'ourse iront au même pâturage, leurs petits auront un même gîte; et le lion mangera du fourrage comme le boeuf.  Le nourrisson s'ébattra sur le trou de la vipère, et dans le repaire du basilic l'enfant à peine sevré mettra sa main. On ne fera point de mal et on ne détruira plus sur toute ma montagne sainte; car le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur comme le fond des mers par les eaux qui le couvrent."

                                                                                                                              Isaïe 11,1-6

   "Quitte, Jérusalem, la robe de ton deuil et de ton affliction, Et revêts les ornements de la gloire qui te vient de Dieu pour toujours;  Enveloppe-toi du manteau de la justice que Dieu te donne; Mets sur ta tête la mitre de gloire dont te couronne le Seigneur. Car Dieu montrera ta splendeur à tout pays qui est sous le ciel. Un nom te sera donné de Dieu pour toujours: Paix de justice, Splendeur de piété. -Baruch, 5,1-4-

 

Dans l'Alliance nouvelle le Royaume de Dieu sert de fils conducteur à l'enseignement de Jésus et à la révélation du mystère de sa personne.

La Bonne Nouvelle du Royaume est le fil rouge des évangélistes, certainement la pointe de la Parole de Jésus;

Nous rencontrons deux expressions: Royaume des Cieux & Royaume de Dieu, et une certitude: En Jésus, le Royaume est là en sa personne.

 

Marc en donne un vue complète par Paraboles : le Royaume est venu, il vient, il est annoncé,1.14 amorcé,1,15 appelé à se développer mystérieusement, 4,11.26.30.31 confié et transmis, 10.14 assumé dans ses exigences de justice, 9,47 consommé à la fin des temps, 9,1 & 14,25 achevé dans l'au-delà.  9,47& 14,25

Une seule condition pour en faire partie: exercer la métanoïa, changer ses sentiments, se conformer à l'idéal de Christ exprimé dans les béatitudes. Attention les béatitudes ne sont pas un code civil mais un état d'esprit, un appel à se dépasser sans cesse, un appel à la Sainteté divine. Le Salut du Royaume procède de l'action de l'Esprit en Jésus qui affronte le mauvais sur son terrain: au désert, Jésus épuise toutes tentations du Mauvais.  -Marc 1,12, Mathieu 4,1, Luc 4,1.-

 

Le "Royaume du Fils de l'Homme" et le "Royaume du Père" tout en étant étroitement liés se distingue en ce que celui du Fils de l'homme comporte encore le mélange du bon grain et de l'ivraie, des justes et des méchants. -Math 16,27 & Marc 16,28-

 Les disciples du Christ le reçoivent non comme un salaire -Mat.20- mais par la grâce. Ils sont appelés à en hériter -Math 25- d'où l'impatience de la prière dominicale "que ton Règne vienne". Certains manuscrits possèdent la variante "Que ton Esprit vienne". Le Royaume n'est pas de ce monde-ci, sa dimension est tout autre, il est à rechercher dans l'Esprit.

Jean, nous rapporte le dialogue de Jésus et Pilate où le Royaume est présentée en une attitude spirituelle opposée à celle du monde qui répugne à témoigner de la Vérité. " Mon Royaume n’est pas de ce monde. <>  Pilate donc lui dit: Tu es donc roi? Jésus répondit: Tu le dis: je suis roi. Je suis né pour cela, et c’est pour cela que je suis venu dans le monde, pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix".Jean 18,36-

 

Le Repas du Seigneur

 

Par la Nouvelle Alliance en son sang, Jésus créé un nouveau peuple de Dieu en lien étroit avec le Royaume.

La vie du nouveau peuple vient de la vie de Dieu par le Fils de l'Homme.

"Ayant pris la coupe [et] ayant rendu grâces, il la leur donna; et ils en burent tous.  Et il leur dit : Ceci est mon sang, de l'Alliance,  répandu pour la multitude. Amen, je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau dans le Royaume de Dieu.

Il en est fini des repas terrestres pris avec lui par les disciples, désormais le repas du Seigneur est partagé dans le repas eucharistique qui est en rapport intime avec celui du banquet du Royaume définitif celui du Père.

 

Lorsque nous célébrons l'Eucharistie nous avons le devoir de nous mettre en état moral de constituer en nous, parmi nous, la présence du Royaume présent et à venir. Nous risquons la condamnation de "ceux qui mangent et boivent indignement le corps et le sang du Seigneur" si notre attitude pendant la célébration de l'Oblation mystique est en contradiction avec celle des enfants du Royaume dont nous connaissons les marques spirituelles toutes à l'opposé de la méchanceté de la nature déchue. " Or les œuvres de la chair sont manifestes, <> les inimitiés, les querelles, les jalousies, les colères, les intrigues, les divisions, les sectes, les envies<>. Mais le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance: contre de telles choses, il n’y a pas de loi. Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises. Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit. Ne soyons pas désireux de vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres [et] en nous portant envie les uns aux autres". Galates 5, 18-26.

 Les fidèles doivent garder leur cœur pour que leurs oreilles entendent ce que leur bouche a prononcé à l'Office du matin: "Nous te demandons, Roi éternel, de faire briller ton visage sur nous et de nous éclairer par la lumière de ta divine connaissance. Notre Seigneur, fais que nous soyons enfants de lumière, enfants du jour, que nous passions cette journée dans la droiture et la pureté et dans de bonnes dispositions." -Livre copte des heures-

Les Assemblées en Eglise, par la présence du ressuscité qui en est le véritable président, sont l'icône sur la terre du Royaume de Dieu, jusqu'à ce que vienne le Royaume céleste.

 

   Résurrection & Eglise

 

Les portes de l'enfer ne tiendront pas contre Eglise. A la suite de son maître et Sauveur, mort, descendu au shéol et ressuscité, l'Eglise a pour mission d'arracher les élus à l'empire de la mort pour les faire entrer dans le Royaume de Dieu.

C'est d'abord la première mort du péché, grand obstacle à l'établissement du Royaume. La seule présence de Jésus est la démonstration fulgurante de la miséricorde paternelle à l'endroit des pécheurs. De sa propre autorité Jésus pardonne les péchés, répare sur la croix le péché du monde, et donne aux apôtres le pouvoir de pardonner les péchés. Puis, notre résurrection, à la suite du Premier né d'entre les morts. Le Royaume, à l'image du festin céleste, est signifiée par la Vie éternelle, l'entrée dans la joie du Seigneur.

 

Pâque:

 

La résurrection du Sauveur est le fondement du Christianisme, le sommet de l'histoire du Salut.

L'apôtre Paul qui ne veut connaître que le Christ crucifié, qui met sa gloire dans la croix, est le témoin de la venue du Royaume en la personne de Jésus.

Le Christ a inauguré en lui la nouvelle humanité: "Il nous a arrachés à la puissance des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume ". Col. 1,13.

 

Paul met en scène le paradoxe du Royaume:A la différence des prophètes de la Première Alliance,  il ne distingue pas deux mondes opposés dont l'un va se substituer à l'autre mais prône l'existence de deux mondes antagoniques qui coexistent: le monde ancien où le diable tente de régner, toujours là, terriblement agissant, nuisible, mais ce monde porte en lui une blessure mortelle depuis que le Christ l'a vaincu en sortant du shéol. Par là il a inauguré pour nous le Règne définitif de Dieu auquel dans le mystère, par la foi les chrétiens participent déjà.

Le matin de Pâque inaugure le Royaume. Christ ressuscité est l'Adam céleste, Paul veut dire par là, que son destin commande celui de l'humanité. Quand Christ monte vers sa Pâque, est exalté sur la croix, y meurt, descend au shéol et se lève d'entre les morts, "en lui apparaît l'Homme Nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté de la Vérité " Eph. 4,24

 

Un des préfixes préféré de Paul est sun (avec).  Quand il parle de  l'action salvatrice de Christ, c'est nous avec lui. "Dieu riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, il nous a  fait revivre avec le Christ. Avec lui, il nous a ressuscité et nous a fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus" Eph. 2,5-6.  et encore "Enseveli avec lui lors du baptême, vous êtes avec lui ressuscités parce que vous avez  cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts <> Il vous a fait revivre avec lui" Col 2, 12-13  "Ressuscité avec lui  recherchez les choses d'en haut" Col. 3,1        La solidarité avec le monde du péché de l'Adam terrestre se substitue par la solidarité avec le monde céleste de l'Adam céleste.

 

Ce qui n'empêche pas le vieux monde d'être toujours actif: "le Royaume des cieux est ouvert avec force et se sont les fougueux qui s'en emparent" Mat. 11,12. Morts et ressuscité avec Christ grâce au baptême nous avons encore à devenir chaque jour davantage ce que nous sommes, nous avons à mourir et ressusciter quotidiennement, à faire toujours plus l'expérience du Christ.  Philippiens 3,10.

 

Paul en commentant le psaume 110 montre bien le temps intermédiaire entre la victoire du Christ Jésus et celle du Christ Corps accompli avec nous.  "Mais maintenant Christ a été ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis. Car puisque la mort est par l’homme, c’est par l’homme aussi qu’est la résurrection des morts; car, comme dans l’Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront rendus vivants; mais chacun dans son propre rang: les prémices, Christ; puis ceux qui sont du Christ, à sa venue; ensuite la fin, quand il aura remis le Royaume à Dieu le Père, quand il aura aboli toute principauté, et toute autorité, et [toute] puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera aboli, c’est la mort. Car «il a soumis toutes choses sous ses pieds» Or, quand il dit que toutes choses sont soumises, il est évident que c’est à l’exclusion de celui qui lui a soumis toutes choses. Mais quand toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils aussi lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. 1 Corint 15, 20-25.

 

Paul insiste donc sur le caractère progressif de la souveraineté du Christ et de l'installation du Royaume. Il faut qu'il règne! Par sa résurrection, le Christ vraiment transfiguré par l'Esprit en est la source rayonnante au point que l'Esprit est son mode de présence dans le Royaume d'ici. Or le Seigneur, c'est l'esprit, et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Pour nous tous, le visage découvert, réfléchissant comme dans une miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de plus en plus resplendissante, comme par le Seigneur, qui est Esprit".2 Cor. 3,17.

 

Le règne du Christ, c'est pour nous le Règne de l'Esprit. Non pas un esprit qui enchaîne, qui dépersonnalise mais un esprit de liberté et de joie, un esprit filial qui conduit le Fils au Père. C'est en rayonnant l'Esprit sur ceux qui invoquent son nom sauveur que le Christ étend sa domination sur tous.

Afin que Dieu soit tout en tous. L'espace de vide de Dieu ouvert  lors de la fondation du monde par le créateur pour laisser une place à sa créature se remplit librement et joyeusement de la grâce,  et toutes choses se remplissent  de l'énergie divine. Dieu en tous. Ce qui est vrai de l'ordre ontologique le devient dans la liberté d'une totale et parfaite dépendance joyeusement reconnue.

 

Conclusion

 

Pour le chrétien orthodoxe, c'est dans la liturgie que se montre le Royaume. Pourquoi? Parce qu'elle rayonne de l'énergie de l'Esprit Saint. Elle est le ciel descendu sur terre,  ouverture sur l'éternité (mémoire de Dieu) et par cette brèche, déjà en elle tous les éléments du cosmos reçoivent la sanctification, sont transfigurés, certains mêmes deviennent la chair de Dieu. D'abord les dons sanctifiés et les fidèles qui y communient et par eux, s'ils font fructifier le don, toute la création.

 

Pour beaucoup de chrétiens qui regardent vers une autre dimension, celle de la morale, ils envisagent leur vie sociale comme un fait plutôt tristounet et le Royaume à venir comme un idéal. Notre liturgie vécue dans sa plénitude, selon la volonté de Christ sans péché, inverse la perspective moralisante: C'est le Royaume qui est un fait, et la communauté entre les hommes qui est un idéal. La plénitude du Christ est là et travaille comme le levain  caché dans le corps social. Le corps social se cherche, le Royaume est là. Demandons à l'Esprit de nous le montrer. 

 

Nicolas Berdiavev a écrit: "Le chemin de la vie éternelle est donné par le Christ. C'est la vie en Christ et par l'Esprit. Là est le Royaume. La pénétration dans la vie de l'Esprit n'implique pas un retranchement ou une mortification de l'âme et du corps, mais leur transfiguration, leur illumination, leur spiritualisation, leur assomption dans l'Esprit" 

 

    Exposé présenté devant le groupe biblique œcuménique de Clermont l'Hérault en avril 2007.     E-P

 

Royaume de Dieu