Saint Jacques de Compostelle

 

Ce que disent les Ecritures:

 

 

Fils de Marie Salomé. Saint Jacques est appelé "le Majeur".     

               

Cette épithète lui vient de sa qualité de  frère aîné de l'apôtre Jean.

Jacques exerçait avec lui et son père Zébédée, le métier de marin pêcheur quand il fut invité par le Seigneur avec son frère Jean à tout quitter pour le suivre. -Mathieu 4,21-22- et tous deux sont surnommés Boanerges, c'est-à-dire " fils du tonnerre " -Marc 3,17).

 

Ces fils du tonnerre se placent dans la lignée d'Elie : quand un village de Samarie refuse de recevoir Jésus, ils envisagent sereinement de faire un sort définitif à ces inhospitaliers: "Seigneur, veux-tu que nous disions au feu de descendre du ciel et de les consumer?" –Luc 9,1-56- Jésus les réprimanda sévèrement se demandant si l'esprit qui les animait alors était celui d'Elie converti par la douceur du murmure divin ou celui du furibard empêchant  la pluie de tomber et trucidant de ses mains les prêtres de Baal au mont Carmel. Jésus révèle alors sa mission: "Le Fils de l'Homme est venu non pour perdre les vivants mais pour les sauver". 

 

Jacques devint un proche du Seigneur, ainsi quand il ne permettait à personne d'autre de l'accompagner, Jésus s'adjoignait Pierre, Jean et Jacques. –Marc 5,37- comme l'atteste le récit de la guérison de la fille de Jaïre, le chef de la synagogue sur une rive du lac de Galilée.

 

 Le Seigneur souvent prenait avec lui Pierre, Jacques et Jean  pour se retirer dans la solitude pour prier. – Marc 14,33- 

 

Lors de la pêche miraculeuse sur le lac de Génésareth, si Jésus s'embarqua dans la barque de Simon, l'autre barque était celle de Jacques et Jean –Luc 5, 1-11- 

 

Ils sont témoins puis plus tard co-héritiers de la parole de Jésus à Simon :"Sois sans crainte désormais ce sont des hommes vivants que tu prendras" traduit souvent par un prosaïque " tu seras pêcheur d'hommes". 

 

Sur la montagne, le Seigneur manifesta devant ses trois disciples sa gloire en étant transfiguré. –Mathieu 17,1-  

Jacques et Jean sans complexe demandèrent à Jésus d'être assis l'un à sa droite et l'autre à sa gauche dans la gloire. Jésus ne s'en offusqua pas mais les renvoya à la volonté du Père tout en leur disant qu'ils boiraient de son calice et seraient baptisés de son baptême. –Marc 10,35-41-  Il signifiait par ces images qu'ils suivraient le chemin de la confession de la foi jusqu'au sang et participeraient à la résurrection.

 

Après la sainte résurrection, Jacques prêcha  probablement la foi en Christ Jésus en Judée. Il devait avoir une certaine renommée, car  vers 44, se rendant à Jérusalem pour la Pâque juive, saint Jacques fut arrêté sur l'ordre du roi Hérode Agrippa  qui voulait plaire aux judéens. "Hérode "fit mourir par l'épée Jacques, frère de Jean". –Actes 12, 1-2

 

Saint Jacques est ainsi le premier des douze apôtres à boire le calice du Seigneur pour aller s'asseoir à son côté dans le Royaume.

L'apôtre Jacques est fêté en occident  le 25 juillet, en Orient le 29  ou 30 avril.

 

 

Ce que disent les légendes  (notamment celle rapportée par l'évêque Turpin 12è S.)

 

 

Après la résurrection du Sauveur, saint Jacques partit de la Palestine pour prêcher le Nom du Seigneur. 

 

Après avoir évangélisé les rives africaines, Maurétanie, Numidie, Carthage, il débarqua en Galice, à Iria Flavia (aujourd'hui Padron). Après avoir posé les fondations du christianisme en Espagne, il serait revenu à Jérusalem pour être décapité, sur ordre du roi Hérode Agrippa II lors des premières grandes persécutions contre les Chrétiens.

Après sa mort, deux disciples auraient embarqué de nuit son corps sur un navire et le bateau, guidé par un ange, serait revenu à Iria Flavia où après de nombreuses péripéties  le corps de l’apôtre aurait alors été déposé dans un ancien compostum (cimetière) romain.

 

 Le lieu de la sépulture fut oublié quand en 813, un ermite, nommé Pélage, est conduit par la clarté d’une étoile miraculeuse indiquée par un ange à l’emplacement de la sépulture. Le cimetière romain devient alors le "Campus Stellae", le Champ de l’Etoile. L’évêque d’Iria-Flavia, Théodomir, après avoir vérifié l’existence de cette révélation, mena les fidèles à l’endroit indiqué, nommé depuis "campus stellarum" et y découvrit le tombeau revêtu de marbre. Sur ce tombeau fut élévé le magnifique sanctuaire, célèbre lieu de pélerinage d'occident.

                                                     

 

Ce que dit l'Histoire:

 

C'est sous le règne du roi Alphonse II des Asturies (à ne pas confondre avec Alphonse II d'Aragon) que fut découvert le tombeau de saint Jacques. Alphonse II fut le premier pèlerin de Compostelle.  A l'exemple de l'empereur Constantin à Jérusalem, il fit édifier une grande église.

 

Le contexte politique d’alors est constitué de guerres incessantes entre chrétiens et musulmans pour la maîtrise de la péninsule:

Après l'invasion musulmane en 711 et la bataille de Guadalete, presque toute la péninsule était tombée sous la domination maure en moins de cinq ans. La Reconquête commence en 718 lorsque les sarazins sont défaits à la bataille de Covadonga par le Wisigoth Pélage (Pelayo).

De fait, seule la frange nord de l'Espagne, correspondant aux actuels Pays basque, Cantabrie, Asturies et Galice, reste sous domination chrétienne, au sein du royaume des Asturies.

Alphonse II prit Lisbonne aux sarazins en 798.

En 844, a lieu la bataille de Clavijo entre Maures et Chrétiens: Saint Jacques serait apparu en cavalier et remporte la victoire. Il prend alors le nom de "matamoros",  chef spirituel de la Croisade contre l'islam envahisseur.

                                                            

Saint-Jacques va devenir rapidement en Espagne un symbole de la lutte pour la liberté chrétienne.

 

Au 12è S. est créé avec la bénédiction des archevêques de Tolède et de Compostelle l’ordre de Santiago, qui associe l’idéal chevaleresque et le culte du Saint: le 12 février 1171, l'archevêque de Compostelle remet solennellement au maître de l'Ordre la bannière d'étoffe rouge figurant en son centre le Fils du tonnerre, brandissant l'épée d'une main, tenant de l'autre la croix et les rênes de sa monture blanche.

                                                        

 

Au fil des siècles, le culte de Saint-Jacques ne cesse de se développer en Espagne.

 

 Le Pèlerinage national au IXe siècle, voit son développement freiné au Xe siècle par l’insécurité des routes à cause des raids musulmans; mais la reconquête aux XIe et XIIe siècles permit une rapide expansion qui draina d’immenses foules de toute l'Europe vers Compostelle. Le culte de Saint Jacques franchit les océans avec les découvreurs de l'Amérique Latine qui fondèrent la ville de Santiago.

 

Les grands chemins de saint Jacques vont conduire les pèlerins jusqu'à Compostelle en faisant halte dans de nombreux sanctuaires devenu célèbres en raison des reliques de saints bienfaisants:  

- dans notre Gaule méridionale, le Chemin d'Arles, est aussi appelé route de Saint-Gilles ou encore "Via Tolosana" route de Toulouse.  C'est la voie du sud, l'artère parcourue aussi par les pèlerins vers Rome: les "Romieux". Elle prend alors le nom de "Camin Romieu". Les sanctuaires du chemin d'Arles sont ceux de saint Trophime en Arles, saint Gilles, saint Guilhem, saint Fulcran à Lodève, Oloron sainte Marie, Puente de la Reina près de Pampelune puis Léon et Santiago.

- Le chemin du Piémont Pyrénéen commence sur l'ancienne  voie romaine domitienne à Narbonne, fait halte à Fanjeaux, Pamiers, saint Bertrand de Comminges, Oloron sainte Marie, Saint Jean Pied de Porc et se dirige vers Pampelune par le col de Roncevaux.

De nombreuses bretelles permettent aux pèlerins de passer d'un chemin à l'autre. Signalons seulement celle de Foncaude qui permet de passer du chemin Pyrénéen à celui d'Arles. 

 

 L'iconographie qui permet de reconnaître saint Jacques le représente de trois façons:

1. en majesté, assis habillé en apôtre avec comme attribut l'épée.

                                                                                 

2. en pèlerin, il porte la tenue traditionnelle du jacquet, avec le bourdon (bâton de pèlerin), la besace, la calebasse (gourde), le mantelet (grande cape) et le chapeau de feutre à larges bords orné d'une coquille Saint-Jacques.

                                                      

3. en tueur de maures, armé d'une épée sur un  cheval  blanc.

                                                              

                                                                                                                 +   E-P        

 

Lettre aux amis du sanctuaire du prophète Elie

° 239    Octobre                                                                                                                                            

                              

 

Jacques le Majeur