|
|||||||||
|
|||||||||
|
|||||||||
|
|||||||||
|
|||||||||
|
|||||||||
|
|||||||||
|
|||||||||
|
Ecclésiologie |
Unité, Sainteté, Catholicité,
Apostolicité
par abouna Elias-Patrick, higoumène du
sanctuaire du prophète Elie, Montpeyroux L'Eglise
une-unique Au cours de la liturgie
alexandrine de saint Basile, nous demandons à plusieurs reprises au Seigneur de se souvenir, d'édifier ou de
donner la paix à "l'Eglise Une-Unique, Sainte, Catholique et Apostolique".
Chacun reconnaîtra ce que
les théologiens appellent les "notes" de l'Eglise, c'est à dire les critères que
l'on est en droit d'exiger des communautés chrétiennes.
Bien que cela ne soit pas
si facile, on sait grosso modo ce qu'est la sainteté, la catholicité et
l'apostolicité de l'Eglise mais "l'unité de l'Eglise, que représente ces mots?
On confond souvent union et unité. <> L'union concerne les
institutions, rechercher l'union
c'est plutôt du domaine de la bureaucratie théologique. L'unité de
l'Eglise concerne la vie des hommes, leur mode d'existence lié à la vérité et à
l'authenticité humaine".- 1- Depuis que le concile de
Constantinople de "Chaque chrétien se forge
une idée théologique de la nature de l'Eglise telle que son unité semble
enfermée dans les frontières de sa propre confession <> l'esprit de
clocher fait perdre de vue la réalité de la nature infinie de l'Eglise, qui
dépasse aussi bien la pensée de l'homme que tout son univers terrestre" écrit le
père Matta el Maskîn. -2- Mais il ne reste pas sur
cette triste constatation, instruit par la liturgie et la pratique de l'ascèse
monastique, abouna Matta rapporte la recherche de l'unité à la recherche de
Dieu: On sent l'unité présente en son âme dans la mesure où on y sent la
présence de Dieu. "Le principe de l'unité
découle initialement d'une maturité de la foi et d'une spiritualité débordante
qui franchit les barrières de la haine, les divergences de la pensée, les
dissensions de l'âme, les artifices de l'intelligence et la sollicitude de la
chair." 3 Il faut avoir unifié son être pour
pouvoir envisager l'unité de l'Eglise car la source de l'unité est dans l'unité
des personnes de la divine Trinité et dans celle des noces du Christ et de
l'Eglise, de la communion de l'homme avec l'Esprit très
Saint. A l'image de Mais avant d'aller plus
avant, examinons ce que les pères réunis à Constantinople entendaient par Eglise
une. Il semble bien que le sens
premier est l'unicité de l'Eglise. "Nous croyons en un seul
Dieu le Père... en un seul Seigneur Jésus Christ, en une Eglise unique". La foi consiste à confesser
qu'il n'y a qu'une seule Eglise tout comme il n'y a qu'un seul Dieu, qu'un
seul Seigneur. Il est probable que
la volonté des pères fut d'exprimer l'unicité de l'Eglise à l'image de l'unicité
de chacune des personnes de la divine Trinité. Comme nous disons dans la
confession de foi de l'office divin copte-orthodoxe: un est le Père de tout être... un est le
Fils, ... un l'Esprit Saint ..., nous pouvons ajouter : une est
l'Eglise. Cette manière de comprendre l'Eglise est
attestée par une lettre d'Alexandre d'Alexandrie – 4-
datée de Saint Irénée -5- a probablement partagé cette opinion. L'unité de
l'Eglise est celle d'un organisme vivant. Un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême.
L'unité de la foi baptismale
en seul Dieu, créateur et
Père, en un seul Christ, vrai Dieu et vrai homme, et en un seul Esprit de
prophétie et d'adoption, fonde l'unité de l'Eglise catholique et apostolique,
l'unité des Alliances et de l'Economie du salut et l'unité de l'homme vivant.
Un seul Dieu le Père, un
seul Christ, vrai Dieu et vrai homme, un seul Esprit qui a inspiré les prophètes
de la première Alliance, qui s'est répandu sur les apôtres et qui donne aux
fidèles l'adoption, une seule nature de l'homme, une personne unique de l'homme
à l'image et ressemblance de Dieu, une seule eucharistie, une Eglise corps du
christ animée par l'Esprit, toutes ces formes d'unité sont liées et l'ont ne
peut pas rompre l'unité sur un point sans rompre l'unité sur le tout.
"Là où est l'Eglise, là
aussi est l'Esprit de Dieu; et là où est l'Esprit de Dieu, là est l'Eglise et
toute grâce. Et l'Esprit est Vérité". Communion des assemblées
chrétiennes: L'Eglise est là où les
croyants rassemblés par L'Esprit Saint se réunissent pour former l'unique corps
dont le Christ est la tête car le Ressuscité est mystérieusement présent au
milieu de ses disciples jusqu'à la fin du monde. Chaque communauté locale
est donc l'Eglise une. Elle partage toutefois avec d'autres la foi une, la même Parole, les
ministères de l'unique Ministre, l'unique Eucharistie. Une Eglise ne peut vivre isolée, elle ne
peut être vraiment Eglise qu'en communion avec d'autres Eglises locales.
En ce sens "l'Eglise une"
du symbole de foi signifie aussi "'unité de toutes les saintes Eglises". La
petite eucharistie de la Didaché - 6 - parle de
l'Eglise une au singulier et montre la diversité locale des
communautés: "Souviens-toi, Seigneur de
ton Eglise, pour la délivrer de tout mal, pour la rendre parfaite dans ton
amour. Rassemble-la des quatre vents, cette Eglise sanctifiée, dans le royaume
que tu lui as préparée." Il y a pluralité d'Eglises
locales dans lesquelles se manifeste l'Eglise une. Les Eglises de chaque ville
et de chaque village se reconnaissent mutuellement comme l'unique et sainte
Eglise, elles maintiennent les liens de la communion par l'ouverture de
l'Eucharistie aux membres des unes aux autres. Diversité des cultures: Mais l'unité n'est pas
l'uniformité; Les épîtres catholiques et les actes des apôtres nous montrent que
l'Eglise du Christ ignore l'uniformité sans joie et sans liberté. L'histoire des
Eglises apostoliques est riche de la diversité des liturgies, d'une discipline
ecclésiale respectueuse de la culture des peuples et même d'une théologie qui
accepte les différences d'opinion
et de vocabulaire -7- pourvu que l'essentiel de la foi soit vécu avec
sincérité. Ce qui risque de rompre l'unité et la paix est
le refroidissement de la charité, le désordre ecclésiastique venant de l'égoïsme
ou de mobiles individuels qui n'ont rien à voir avec l'esprit de l'Evangile.
Pour éviter des querelles d'idées et de mots, l'Eglise une a hérité d'une
tradition qui lui permet d'exprimer sa foi et de régler l'art de vivre en
disciple du Christ. "Ayant reçu la prédication
<évangélique> et la foi <apostolique> l'Eglise bien que dispersée
dans le monde entier, les garde avec soin, comme n'habitant qu'une seule maison;
elle y croit d'une manière identique comme n'ayant qu'une seule âme et qu'un
seul coeur, elle les prêche, les enseigne et les transmet d'une voix unanime,
comme possédant qu'une seule bouche; car si les langues diffèrent à travers le
monde, le contenu de la tradition est un et identique. et ni les Eglises
établies en Germanie n'ont d'autre foi ou d'autre tradition, ni celles qui sont
chez les ibères, ni celles qui sont chez les celtes, ni celles de l'Orient, de
l'Egypte <> De même que le soleil est un et unique dans le monde entier,
de même la lumière de la prédication de la vérité brille partout et illumine
tous les hommes qui veulent parvenir à la connaissance de la vérité."- -Saint Irénée-
8- Aujourd'hui , d'une part en
raison du mépris de cette tradition apostolique, d'autre part, à cause de la fureur théologique qui a
voulu dogmatiser à outrance, et surtout par le refroidissement de l'amour, les
communautés chrétiennes se déchirent l'Eglise une. "Le Christ ne demande pas
<dans sa prière sacerdotale Jean 17>pour nous l'unité de la lettre, mais
selon l'Esprit, non l'unité de la pensée intellectuelle, mais l'unité de l'amour
<> il va droit à notre unité en lui: "Que soit en eux l'amour dont tu m'as aimé
et que je sois en eux". La vie
en Christ est le seul moyen de
débloquer la division pour s'ouvrir à la vie divine. "Lorsque Dieu habite le
coeur de l'homme et s'y manifeste, le coeur saisit l'unité en sa profondeur et
en sa vérité". -9- Alors la vision
de l'Eglise une-unique devient réalité. Notes & bibliographie:
1 Diane Lorans-Nény,
quelques réflexions sur l'unité de l'Eglise, manuscripto
1995 2 P. Matta el Maskîn, un
seul Christ et une seule Eglise
universelle, al Nour 1972 ou lettre de saint Elie S.18 3 P. Matta el
Maskîn, l'unité chrétienne , in le
monde copte, N°1, 1977 4 citée par E. Lanne, l'Eglise une, in Irénikon, 1977
5 contre les hérésies,
traduct. Rousseau, Paris Cerf 1984 6 texte liturgique
chrétien le plus ancien, daté d'environ 150; S.C. 248,1978 7 "Il est permis de
philosopher au sujet du monde ou
des mondes, de la matière, de l'âme, des natures spirituelles, de la
résurrection, du jugement, de la rémunération, des souffrances du Christ, en ces
matières il n'y a pas de danger de pécher."
saint
Grégoire de Naziance, discours 27 8 Irénée, op. cit. en
note 5, II, 25,2 9 P. Matta el Maskîn,
l'unité véritable in Irenikon 1991 ou lettre de saint Elie
S.14 Eglise sainte
Le Seigneur règne.
L'Eglise, le grand corps du Messie,
est remplie de sa vie, l'Esprit très Saint habite en elle. Le Royaume de Dieu est accessible
à chaque fidèle, il ne lui est pas extérieur mais se communique à partir de son
propre coeur. Abba Shénouda nous dit que ce Royaume doit être complet en nous et
non partiel. Le Royaume est proche de
nous, il réside dans l'Eglise mais ne doit surtout pas être confondu avec
l'Eglise. Beaucoup de fidèles, parmi
les meilleurs, posent leurs yeux sur la réalité de l'Eglise, et par une sorte de
myopie, remarquent surtout son
incapacité de montrer le vrai visage du Christ, à vivre de l'absolu de
l'Evangile, à être le lieu de la joie et de l'amour. Ils constatent avec
justesse que l'histoire de l'Eglise est profondément humaine, trop humaine, avec
de graves déficiences des personnes. L'histoire ancienne de
l'Eglise peut aussi s'écrire en décrivant les manques de foi et charité, les
abus de pouvoir, l'envie, la mauvaise foi aveugle couplée à la petitesse
d'esprit génératrice d'hérésies et de schismes. Hélas, rien ne manque à ce
catalogue à notre époque, avec en sus la sécularisation: à la désinvolture de beaucoup de baptisés
répond l'arrogance des clercs avec les querelles désormais dérisoires de
primauté et d'hégémonie.
D'autres fidèles se
réfugient dans des communautés "traditionalistes" qui se présentent comme la
"vraie Eglise des saints" ou encore " des vrais chrétiens orthodoxes". Outre une
religion étriquée, à l'exemple des novatiens, donatistes et montanistes des
premiers siècles, ces groupes ont
la tentation d'exclure de l'Eglise
les membres pécheurs ou non accordés à des prescriptions qui n'ont rien à voir
avec l'Evangile et la tradition des apôtres, afin qu'il ne reste plus que des
saints dans l'Eglise sainte. Aussi, il n'est pas inutile
de poursuivre notre étude de la formule du symbole de foi: "Nous croyons, en l'Eglise, une, sainte
et catholique et apostolique", et tenter de comprendre ce qu'entendaient en 381
les 150 pères du concile de Constantinople par l'Eglise sainte.
Nous chercherons chez les
pères apologètes l'usage du qualificatif sainte accolée au substantif
église, puis nous montrerons que l'
Eglise est sainte en raison de son union avec le Christ et de l'habitation du Très Saint Esprit. Alors nous verrons que la sainteté de l'Eglise
est subordonnée à sa fidélité à Dieu, la sainteté apparaissant comme la
propriété de Dieu, l'Eglise étant sainte parce que appartenant à Dieu. Nous
constaterons que si tous ses membres ne sont pas une image parfaite de la
sainteté, l'Eglise possède en elle tous les outils pour les amener à cette
gloire. C'est à la fin, à la parousie, au Jour du Seigneur, que l'Eglise qui
jusque là est le sacrement du royaume , se transformera en Royaume de Dieu, le
Christ régnant afin que Dieu soit tout en
tous. 1 Corint. 15, 28 Sainte,
parfaite: "Sainte" est la première
note qu'on ait jointe à notion d'Eglise. Dans l'Ecriture, l'Eglise
est appelée sainte une seule fois par saint Paul: "Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé
l'Eglise, et s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier par
Dans ce texte, l'Eglise est
personnifiée sous les traits d'une épouse. Sainte peut signifier parfaite; et
cette sainteté est l'effet du bain de baptême, communion à Mon maître M. Pierre Nautin
-2- a recensé l'usage du vocable Eglise sainte dans la littérature des pères
apostoliques. Saint Ignace d'Antioche sur
la route de son martyre vers 107, adresse ainsi une de ses lettres à la sainte
Eglise de Tralles : "Ignace, dit aussi le
Théophore, à celle qui est élue et aimée de Dieu le Père de Jésus-Christ, à
l'Eglise sainte qui est à Tralles d'Asie, vivant en paix dans la chair et dans
l'esprit, par la passion de Jésus-Christ, espoir pour nous d'une résurrection
qui nous conduira à lui..."
-3- Ici aussi l'Eglise est
personnifiée et l'attribut sainte
parait dans sa place dans la phrase plus profondément liée à l'être même de
l'Eglise que les autres épithètes élue et
aimée de Dieu. Le récit du martyre de
saint Polycarpe vers 156, nous est transmis par une lettre de l'Eglise de Smyrme
aux Eglises dont voici la
suscription: "L'Eglise de Dieu qui
demeure à Smyrme à l'Eglise de Dieu qui séjourne à Philoménium et à toutes les
assemblées de la sainte et catholique Eglise qui demeurent en tous lieux: Que la
miséricorde, la paix et l'amour de Dieu le Père et de notre Seigneur
Jésus-Christ vous soient données en plénitude." -4- Nous rencontrons
probablement pour la première fois ici l'expression Sainte et Catholique pour
désigner non seulement une communauté locale mais la plénitude de l'Eglise
constituée par les assemblées de tous lieux. Sainte, pure: Vers 140-145, Hermas, frère
du pape de Rome Pie 1er compose une
série d'instructions sous le titre de "Pasteur" pour dire la nécessité et l'efficacité de la
pénitence. Il constate les défaillances graves chez lui, autour de lui chez les fidèles et jusque
dans le clergé. Il reçoit la confession de foi en l'Eglise sainte et montre
par ses visions, préceptes et
similitudes qu'il faut avoir en horreur le péché et les moeurs laxistes, mais aussi éviter de
décourager les pécheurs en refusant le pardon aux pénitents. Il compare la construction de l'Eglise à
celle d'une tour: Il convient d'utiliser que de belles et bonnes pierres pour
les parements, les saints qui ont conservé la grâce du baptême, les pierres
moins bonnes qui restent inemployées sont les pécheurs qui seront retaillés par
la pénitence pour s'ajuster à l'édifice, d'autres sont rejetées de la
construction mais laissées aux abords en attendant d' accepter la grâce. Hermas
utilise l'expression Sainte Eglise trois fois pour indiquer non la pureté morale de
l'Eglise mais son caractère céleste. -4- "Dieu qui habite dans les cieux, qui du non-être a
créé les êtres, les a multipliés et les a faits croître en vue de la sainte
Eglise est irrité contre toi..." Les rabbins personnifiaient
Saint Théophile d'Antioche,
un peu avant 180 dans son discours à Autolycus fait la comparaison
suivante: " Comme dans la mer il y a
des îles habitées, pourvues d'eau potable et de fruits, munies d'abris et de
ports pour fournir à ceux qui sont
pris dans la tourmente un refuge chez elles, ainsi Dieu a donné au monde,
ballotté et tourmenté par les péchés, des lieux d'Assemblées, c'est à dire les
Eglises saintes, dans lesquelles, comme dans des ports abrités des îles, il y a
des écoles de vérité, où se réfugient ceux qui veulent se sauver, qui sont
amoureux de la
vérité..." La sainteté de l'Eglise a
bien ici un caractère moral, puisqu'elle s'oppose aux flots des péchés du monde.
Cependant saint Théophile insiste aussi et surtout sur le privilège des Eglises
de posséder la vérité, leur sainteté est donc en relation avec l'enseignement de
la foi orthodoxe. Un premier bilan de notre
enquête chez saint Paul et les pères apologètes nous livre les matériaux suivants: L'Eglise doit être appelée
sainte * En raison du baptême qui en fait l'épouse et la
chair du Logos-incarné * La sainteté est une vertu
de la nature même de l'Eglise; * La sainteté est exprimée
par l'unité ontologique de toutes les Eglises en
Christ, * Elle est sainte avant la
création du monde en tant que Royaume
de Dieu à venir; * le Royaume se construit
avec des pécheurs pardonnés; * C'est Notes &
bibliographie: 2* P. Nautin, Je crois à l'Esprit Saint dans
Coll. Unam sanctam N°17, Cerf
1947 3* Ignace d'Antioche,
Polycarpe de Smyrme, Lettres et martyre
de Polycarpe,
traduct. P. Th. Camelot, SC
N°10,
1958 4* Hermas, Le Pasteur, traduct. R. Joly, SC N° 53,
1958 Eglise sainte
-2- Quand nous disons avec le
symbole de Nicée-Constantinople, "nous croyons en l'Eglise sainte", nous qui
sommes réunis en Eglise, nous n'avons pas la prétention d'être des justes, ni la
hardiesse d'exclure de notre communauté les faibles, Dieu seul est le juge des
coeurs! Nous proclamons l'union
indissoluble du Christ avec l'Eglise. Epouse sainte: Saint Paul pour expliquer
ce mystère de notre communion avec le Christ et entre nous, utilise deux
métaphores: la première, celle de l'unité du corps, la tête et les membres ne
pouvant être dissociés et vivre indépendamment l'une des autres sous peine de
mort, pour expliquer que le baptême nous unit véritablement au Christ et nous
donne par cette unité la filiation divine par adoption; la seconde, l'image de
l'époux céleste -le Christ- et de l'épouse -l'Eglise-, montre que cette union
qui peut être parfaite est le fruit de deux volontés qui s'unissent librement
dans la tendresse et le labeur de l'amour. Ainsi en Ephésiens 5,
26-27, la sainteté de l'Eglise est étroitement liée à l'union sponsale avec le
Logos divin. Le Christ a trouvé l'humanité abîmée par le péché, il l'a rendue
pure et en a fait l'Eglise sainte. La théologie orthodoxe
présente l'incarnation du Logos comme l'union du Logos avec toute la nature
humaine. En prenant chair dans un homme particulier, c'est toute l'humanité que
le Logos a épousée par son union hypostatique, il a contracté pour ainsi dire
avec l'Eglise une union qu'il a scellée par le sang de la croix, et qu'il
consommera dans le Royaume à venir. Les pères distinguent trois
étapes dans l'union du Christ et de l'Eglise: * l'incarnation où le Logos
a pris l'initiative de s'unir à la nature humaine, Marie la vierge acceptant
pour l'humanité ce projet, * la croix, où le Logos incarné donne à
tous son propre sang, l'Eglise recevant
par la foi et l'amour la vie divine, * enfin le Jour du
Seigneur, où l'union parfaite sera réalisée dans la gloire du Royaume.
La sainteté de l'Eglise est
celle de sa tête, de son époux. Certaines liturgies eucharistiques font répondre par le
peuple lors de l'élévation des dons consacrés par le prêtre disant "Ce qui est
Saint, aux saints" le cri du coeur: "Un seul est Saint, un seul est Seigneur,
Jésus-Christ à la gloire de Dieu le Père". Le Christ est "le Saint de
Dieu" Marc 1,24 & Luc 4, 34 non seulement parce que sa volonté est une avec le
Père, mais parce que "habite en lui
corporellement toute la plénitude de Du Christ, la tête ou le
Chef de l'Eglise, la sainteté, se répand dans tout le corps. L'Eglise est sainte
parce que Dieu habite en elle et elle en Dieu. C'est le Christ Fils de Dieu, qui
avec le Père dans l'Esprit Saint, est proclamé seul saint.
Ce même Christ a aimé
l'Eglise comme son épouse, il s'est livré pour elle à la croix et l'a comblée du
don du Saint Esprit. Il s'est sanctifié
lui -même pour que les fidèles soient aussi sanctifiés par Sainteté, grâce divine: Ceci est notre programme de
vie, mais nous confessons, en
disant "Un seul est saint" ou
encore selon la liturgie alexandrine de saint Basile: "béni est le saint
Seigneur Jésus Christ, sanctificateur l'Esprit Saint", que c'est Dieu qui
sanctifie son Eglise. Les hommes d'Eglise ne sont pas saints
par eux-mêmes, ils ne rendent pas l'Eglise sainte. Ni l'institution, ni la bonne
volonté de chacun ne créent la sainteté. Tout dans l'Eglise est saint par la
grâce de Celui qui rend apte à recevoir sa volonté et son action, et qui se
donne lui-même. Est saint celui qui accueille le don merveilleux.
Sainte par l'Esprit
Saint: M. Pierre Nautin, a mis
l'accent sur le lien évident mais rarement explicite entre l'Esprit Saint et
l'Eglise sainte comme le témoigne
le plus ancien euchologe, celui de Nous devons nous interroger
sur la signification exacte du mot saint.
Dans le grec des Septante - ???agios - saint est appliqué à tout ce qui concerne la
divinité et ce qui lui appartient. Les membres de l'Assemblée
sont appelés par Dieu, ils répondent à cette invitation et forment l'Eglise.
Aussi Dieu qui est fidèle à ses
promesses, habite et anime le corps ecclésial. Dès que le catéchumène est
introduit dans l'Assemblée,
"Crois-tu en l'Esprit Saint dans
Les textes qui amplifient
celui de "Crois-tu à l'Esprit Saint,
bon et vivifiant, qui purifie l'univers dans l'Eglise sainte? (version
copte). Les Constitutions apostoliques donnent la
réponse: " Je suis baptisé aussi en
l'Esprit Saint <> qui a agi en tous les saints depuis toujours, puis a été
envoyé aux apôtres par le Père selon la promesse de notre Sauveur et Seigneur
Jésus-Christ, et après les apôtres, à tous ceux qui croient dans la sainte,
catholique et apostolique Eglise". Si nous faisons confiance à
Hippolyte, le lien entre l'Esprit Saint et l'Eglise est une donnée évidente de
la foi apostolique. Quatre fois, il donne la petite doxologie de la prière de l'Eglise selon une
formule originale:
"Gloire au Père, et au Fils, avec l'Esprit Saint dans Dans l'action essentielle
de l'Eglise, la sainte Anaphore, "Nous te demandons
d'envoyer ton Esprit Saint sur l'oblation de ton Eglise Sainte, rassemble dans
l'unité tous ceux qui participent à tes saints mystères; Qu'ils soient remplis
de l'Esprit Saint". L'action de grâce se termine par la
doxologie: " Par ton Enfant
Jésus-Christ par qui, gloire à toi, et honneur, avec l'Esprit Saint dans ton
Eglise sainte..." L'Eucharistie est le moyen
par lequel l'Esprit agit. La
seconde partie de l'épiclèse présente comme fruit de l'Oblation mystique,
l'union de tous ceux qui communient, c'est à dire les membres de l'Assemblée
actuelle et tous ceux qui font partie de l'Eglise depuis l'origine des siècles
jusqu'à la consommation du royaume. Nous pouvons conclure que
l'Eglise est sainte parce que l'Esprit Saint repose en elle, comme il reposa sur
le Logos incarné, Jésus le messie. Prenons bien garde tout de même de penser que
la présence et l'action du Saint Esprit sont limitées au contour de
l'institution-église. L'Esprit souffle où il veut pour réaliser l'Economie du
Père, guider vers la vérité
totale -Jean 16- en
annonçant le mystère du Logos-incarné. Quand les hommes répondent à cette
révélation, ils construisent en eux l'Eglise Sainte.
Le maître de saint
Hippolyte, saint Irénée de Lyon enseigne que l'Esprit pousse vers l'Eglise, et pour participer pleinement à
l'Esprit, il faut courir à l'Eglise. "là où est l'Eglise, là est
aussi l'Esprit de Dieu; et là où est l'Esprit de Dieu, là est l'Eglise de toutes
grâces. <> Tous ceux qui ne courent pas à l'Eglise, n'ont pas part à
l'Esprit"
Contre
les hérésies III, XXIV,1 Sachant cela, la
désinvolture des fidèles qui se privent de l'Eucharistie pour un tas de
mauvaises bonnes raisons est absolument déconcertante. On ne peut expliquer cet
abandon de Les misères de
l'institution ecclésiastique, schismes, hérésies, abus de pouvoir, furie
dogmatique ou absence de courage pour annoncer Quant aux péchés personnels
de chacun de ses membres, l'Eglise sainte a reçu du Sauveur le ministère de lier
et de délier, pour qu'ils puissent par la métanoïa, être purifiés et devenir saints parce
que Dieu est Saint et ne peut cohabiter dans l'âme de ses élus avec les
ténèbres. Bibliographie: *Hippolyte de Rome,
* Yves Congar, L'Eglise, une, sainte, catholique et
apostolique, collection Mysterium salutis 15, 1970 * Hans Kung, L'Eglise, DDB
1968 la rédaction de ce N°
repose en grande partie sur le travail de *Pierre Nautin, Je crois à l'Esprit Saint dans la sainte
Eglise, collection Unam Sanctam, N°17, 1947.
Eglise catholique
Dans le symbole de foi du
concile de Nicée-Constantinople, après avoir confessé l'Eglise, une, sainte, nous l'appelons aussi
catholique. En raison du poids de
l'histoire et des habitudes qui consacrent le mot "orthodoxe" aux Eglises
d'Orient et celui de "catholique" à l'Eglise d'occident, certains traducteurs de
la liturgie orthodoxe diminuent la portée du symbole de la foi en substituant
l'adjectif "catholique" par "universelle". C'est une grave dérive, nous espérons
en rendre évidentes les raisons. La foi est orthodoxe, l'Eglise est catholique.
La notion de catholicité
est supérieure à celle d'universalité. Nous ne devons pas partager l'être de
l'Eglise en Eglise catholique et Eglises locales mais bien en Eglises locales et
Eglise universelle qui ne sont que deux dimensions de l'Eglise catholique.
L'Eglise catholique dépasse le principe d'universalité et de localité pour s'
étendre vers le Royaume dont elle est le sacrement.
Afin d'éclaircir la
question, je vous propose d'examiner l' étymologie du mot catholique, son
emploi chez les pères et dans la
liturgie, puis d'utiliser nos yeux spirituels pour contempler la réalité
mystique avant de retourner sur terre pour apprécier comment s'accordent dans la
seule Eglise une-unique, catholique, l'Eglise universelle et les Eglises
locales. Nous terminerons probablement l'exposé en débordant sur la dernière
note, celle de l'apostolicité, pour donner les critères d'ecclésialité d'une
communauté. Encore une question de diversité dans
l'unité: Notre adjectif catholique
vient de l'adverbe grec -cath olou- qui signifie "orienté au tout". Olos est généralement employé quand on
parle de choses dont les parties ne sont concevables qu'en fonction du tout, où les divers éléments sont
unis entre eux par des liens physiques ou spirituels. Le tout est parfaitement
représenté par toutes les parties. Ainsi dès que nous pensons
catholique nous comprenons l'unité mais aussi la multiplicité. Appliquée à
l'Eglise, nous discernons une identité de l'unité avec la multiplicité qui fait
que l'Eglise est catholique dans son ensemble, aussi bien que dans chacune de
ses parties. La plénitude du tout
ne provient pas de la somme des parties, chaque élément possédant la même
plénitude que le tout. Il semble bien que
l'adjectif catholique soit pour la première fois appliqué à l'Eglise par saint
Ignace d'Antioche vers l'an 110: "Là où l'évêque se montre,
là doit être aussi le peuple, de même que là où est Jésus-Christ, là est
l'Eglise catholique"
Smyrn.
8,2. Nous pouvons comprendre
cette admonestation dans le sens que de même que l'Eglise toute entière est
réunie en Christ, de même l'Eglise locale est assemblée en Christ invisiblement
présent dont l'évêque est le représentant visible. Là où est le Christ un là aussi tous les fidèles forment une
unité. Le Christ est le seul principe intérieur unifiant tous les fidèles de
toutes les assemblées locales réunies autour de leur évêque.
Quelques années plus tard
vers 156, la lettre encyclique de l'Eglise de Smyrme annonçant le martyre de son
évêque Polycarpe dit: "L'Eglise de Dieu qui est à
Smyrne, à l'Eglise de Dieu qui est à Philoménion et à toutes les communautés
séjournant en tous lieux de la sainte Eglise catholique." Les "communautés séjournant
en tous lieux" expriment l'Eglise universellement répandue dans l'oecuméné, dans
ce sens nous pouvons la nommer "Eglise universelle", la "sainte Eglise catholique" la
dimension spirituelle des Eglises unies entre elles par le lien de la foi et de
l'amour dont Christ nous a aimés. L'Eglise locale est toute l'Eglise
catholique: Les chrétiens des deux
premiers siècles de l'Eglise entendent aussi "catholique" dans le sens d'une
communauté locale dans la mesure où cette Eglise locale est unie aux autres
communautés locales par le lien de la charité. L'assemblée locale possède en elle la plénitude de
l'Eglise, il ne lui manque rien pour se manifester le vrai corps du Christ et
communiquer le salut à ses membres. L'Eglise locale parce qu'elle est catholique
est Eglise tout entière, parfaite, mais elle n'est pas toute l'Eglise.
Il est nécessaire qu'elle
soit en communion avec les autres Eglises, qu'elle ne se referme pas sur une
fausse plénitude, qu'elle apporte aux autres Eglises son expérience et les dons
de Dieu, qu'elle reçoive aussi des autres Eglises leur expérience et la
vérification fraternelle. Aucune Eglise ne doit et ne peut se suffire à
elle-même. Toutes les Eglises locales non
additionnées mais unies par le même Père et Dieu vivant, le même Seigneur
et Sauveur, le même Esprit Sanctificateur, le même Evangile du salut, le même
baptême d'eau et d'Esprit et la même eucharistie repas du Seigneur, sont ensemble et chacune en particulier
l'Eglise catholique. Avant que le symbole de
Nicée-Constantinople soit introduit dans les rites de l'Eucharistie dans le
courant du 5è siècle les anaphores eucharistiques dans leur diversité, aiment
déjà honorer l'Eglise de l'adjectif catholique. Egypte: anaphore de saint Marc (2è.S.) "Souviens-toi, Seigneur,
de ta sainte et unique Eglise catholique et apostolique qui s'étend d'une
extrémité à l'autre de l'univers." anaphore
de saint Sérapion (4è.S.): "Comme
ce pain, autrefois disséminé sur les collines, a été recueilli pour devenir un,
rassemble ainsi ta sainte Eglise, de toutes races, de tous pays, de toutes cités, de
tous bourgs, de toutes maisons, et
fais d'elle l'Eglise, une, vivante, catholique".
anaphore alexandrine de saint Basile (4è.S.): "Rends-nous dignes de
participer <à ton corps très saint, ton sang très précieux pour la
sanctification de l'âme, du corps et de l'esprit, afin que nous devenions un Corps et un
Esprit, et que nous trouvions part parmi tes saints qui t'ont plu depuis
toujours. Souviens-toi , Seigneur de ta Sainte Eglise, une-unique, sainte,
catholique et apostolique qui s'étend d'une extrémité à l'autre de l'univers".
Rome: canon romain (2è.4è.S.): "Ces offrandes saintes et sans
tache, en premier lieu, nous te les
présentons pour ta sainte Eglise catholique <> daigne à travers le monde
entier, lui donner la paix, la protéger, la rassembler dans l'unité et la
gouverner." Jérusalem et
Syrie: anaphore de saint Jacques
(4è.S.): "Nous t'offrons, Seigneur , le sacrifice pour les lieux saints que tu
as rendus célèbres par la présence de ton Christ et par la venue de ton Esprit
très Saint, <> pour toutes les Eglises, pour ton Eglise sainte, catholique
et apostolique, qui est répandue dans le monde entier.
" Voici ce que par la
liturgie sacrée, l'Eglise dit d'elle-même. Ces intercessions ne sont pas, contrairement à ce que certains peuvent
penser, un élément secondaire de
l'Eucharistie. Il s'agit probablement d'un des éléments les plus anciens de la structure de la prière chrétienne.
Elles remontent certainement par Christ et les apôtres à l'intercession de la
prière juive de l'action de grâce du repas appelé Birkat Ha Mazon.
Aux dimensions du Corps du
Logos: Mis à part le canon romain,
dans nos liturgies chrétiennes, les intercessions pour l'Eglise suivent
l'épiclèse, l'appel du Saint Esprit. Ce qu'on attend de la communion aux saints
dons et à l'Esprit, (parfaitement exprimé par notre liturgie de saint Basile)
c'est en premier lieu l'unité de la communauté célébrante et l'union indéniable
de cette communauté à l'Eglise catholique. Chaque membre de la communauté qui
célèbre le Repas du Seigneur dans l'Esprit Saint, s'unit, par la communion, au Corps sacré du Christ ressuscité pour
être transformé intérieurement et devenir capable de sanctification, (Rends-nous
dignes de participer à ton corps
très saint, ton sang très précieux,
pour la sanctification de l'âme, du corps et de l'esprit). Cette communion intime n'est pourtant pas un
acte individuel privé. La sanctification de tout
l'être du communiant exige l'incorporation
mystique mais véritable au Christ manifesté par l'Esprit dans l'Eglise qui est son
Corps. (afin que nous devenions un
Corps et un Esprit). Cette belle Eglise est
parfaitement vivante par l'union de tous ceux qui ont accompli leur vocation et
qui par la grâce ont gardé l'Esprit de sainteté. (Que nous trouvions part parmi
tes saints qui t'ont plu depuis toujours). Voici que notre Eglise
locale, que l' assemblée soit
composée de milliers de fidèles ou d'une poignée, s'élargit à toute "l'Assemblée
des élus, Eglise catholique ou "Grande
Eglise" Bien que l'adjectif
catholique se rapporte d'abord à l'expansion de l'Eglise dans l'espace et le temps à
partir de la communauté eucharistique locale, très rapidement le terme évolue
dans le langage théologique pour devenir un synonyme d'orthodoxe bien que la
liturgie n'enregistre pas cette inflexion. En effet, l'union des communautés,
l'Eglise universelle se définit comme "la grande Eglise" par rapport aux divers
courants hérétiques et groupes
schismatiques. Elle a la conscience d'être la véritable Eglise du Christ,
totalisante, qui confesse la foi
orthodoxe et dont la pratique sacramentelle et disciplinaire est conforme à la
foi des apôtres. L'Eglise catholique confesse la foi
orthodoxe: Vers 410, saint Vincent de
Lérins unit définitivement la notion de catholicité à celle d'orthodoxie: dans
l'Eglise catholique repose la foi orthodoxe de
toujours: "Dans l'Eglise catholique
même, il faut veiller avec grand soin à tenir pour vrai ce qui a été cru
partout, toujours et par tous. Car n'est vraiment catholique, au sens fort du
terme, que ce qui saisit le caractère universel de toute chose. <> Nous
confessons qu'il n'y a qu'une seule foi, vraie, celle que récite l'Eglise
entière, répandue sur toute la terre". Ainsi la note de
catholicité inclut le critère de la foi parfaite sans changement dans son
contenu, même si l'expression peut varier selon les cultures et dans le temps
selon la maturité de la conscience théologique. Une Eglise est catholique
quand elle exprime Pour reprendre la formule
de saint Vincent, chaque Eglise locale ne peut manifester sa catholicité qu'en
accord avec toutes les Eglises de tous les lieux et de tous les temps.
Le critère de l'orthodoxie
ne sera donc pas la définition d'un dogme ou d'une doctrine par une instance,
même aussi importante qu'un primat ou un concile, mais par la réception par le peuple de
Dieu d'un enseignement qu'il reconnaît comme l'expression de l'unanimité des
pères en accord avec la foi des apôtres tenue partout, toujours et par tous. Ce
qui n'a pas reçu l'unanimité ne doit pas être systématiquement rejeté mais
éprouvé et tenu, s'il y a lieu, comme "opinion théologique" recommandable et
utile pour certains mais ne devant s'imposer à
tous. L'Eglise catholique récapitule tout en
elle: L'Eglise, en raison de son
caractère catholique est plus grande que l'homme, que ses concepts, ses
structures, ses hiérarchies et même ses dogmes. Sa dimension catholique lui
vient du Christ, qui est le seul qui
emplit tout en tous. Elle est catholique, parce qu'elle est
en Dieu et que Dieu est au-dessus de tout, en Lui rien de limité ou d'étroit.
L'Eglise doit entrer sincèrement dans la largeur des vues divines et déposer
tout égoïsme mesquin. Les enfants de l'Eglise
doivent sortir des limites affligeantes de l'égotisme étroit et élargir leur
coeur par l'amour vaste comme le monde divin à la disposition de
tous. L'Eglise est totale,
catholique, dans la mesure où elle accueille ensemble, dans le corps du Christ
qui la remplit, tout ce qui appartient à l'homme et tout ce qui appartient à
Dieu, en un seul être, à la fois visible et invisible, fini et infini, existence limitée par le temps et
l'espace mesurable mais aussi éternelle
et ineffable. L'Eglise selon saint Cyrille d'Alexandrie
est la cité sainte qui n'a pas été
sanctifiée par L'Eglise se manifeste
essentiellement mais pas seulement dans ses sacrements. Par le baptême et
l'Eucharistie, tous les fidèles sont unis entre eux, unis dans le corps mystique
du Christ, devenant tous ensemble un seul Corps, un seul Esprit, accédant
ainsi à la nature de l'Eglise une
et catholique. Abouna Matta el Maskîn enseigne que le corps du Christ dans
l'Eglise est la secret de sa catholicité, sa personne unique est le secret de
son unité. L'Eglise est catholique parce qu'elle est le corps du Fils immolé par
amour pour le monde entier, qui rassemble
en lui toutes choses. L'Eglise catholique reçoit les ministères
apostoliques: L'Eglise parce qu'elle est
le corps du Logos est le coeur de l'univers; tous sont destinés à entrer dans
l'Eglise d'une manière ou d'une autre, car si l'homme a été appelé microcosme,
l'Eglise est un macro-anthropos où la vie divine se communique dans son amour, y
circule avec une spontanéité qui agit d'une manière mystérieuse dans
l'innombrable multiplicité des personnes et des communautés ayant chacune sa
vocation propre. La réalité ecclésiale est
centrée sur l'Eglise locale où est
célébrée sous sa présidence le mémorial du Seigneur. En tant que Corps du
Christ, l' Eglise se manifeste parfaitement et complètement dans l'Assemblée
eucharistique de l'Eglise locale, parce que le Christ est présent dans
l'Eucharistie dans la plénitude de son corps. Pour que cette eucharistie
soit régulière, elle doit être
présidée par un évêque légitimement ordonné et reconnu dans son assemblée et par
les autres Eglises comme successeur des apôtres, fidèle dispensateur de
"Car l'Eglise, à laquelle
en raison de sa puissance plus forte (NDLR: en raison de sa
fondation sur la double fondation des apôtres Pierre et Paul) il est nécessaire que se réunisse toute l'Eglise, c'est
à dire les fidèles de partout, c'est celle en qui, toujours, par les gens de
partout, a été conservée la tradition qui vient des apôtres".
L'Eglise locale est donc
essentiellement l'Assemblée de tous les chrétiens d'un lieu, venant de tous les
horizons géographiques et culturels qui, ensemble pour le bien de tous,
conserve et vit de la tradition apostolique. Communion des Eglises: Aux premiers jours du
christianisme, chaque Eglise locale s'affirmait comme autonome et indépendante
des autres sauf les liens de la charité et de la foi . Ainsi la multitude des
Eglises n'était cependant pas dispersée, puisque les fidèles de partout
pouvaient et devaient s'intégrer à l'Eglise locale. Chaque Eglise locale ne
pouvait vivre isolément des autres et ne se permettait pas de rester étrangère à
ce qui se passait dans d'autres Eglises. En acceptant tout ce qui s'accomplit
dans une autre Eglise, une ou plusieurs autres Eglises témoignent que tout ce
qui se passe en elle est conforme à la volonté de Dieu et à la tradition des
apôtres. En principe, chaque acte
ecclésial d'une Eglise est soumis à la réception des autres Eglises; Cela engage
chaque Eglise à ne rien entreprendre qui puisse scandaliser la conscience des
autres et briser la concorde. Cela peut arriver, aussi, la non-réception d'un
acte mettant en cause la foi et la pratique apostolique peut aller jusqu'à la
rupture de communion et l'abandon de la communauté responsable hors de l'Eglise catholique. La
conséquence de la rupture de communion est que les actes et la confession de foi
de la communauté en rupture ne sont plus reçus et certifiés par les autres Eglises
comme énergie déifiante. Ce qui ne veut pas dire que l'on pose l'irréalité
devant Dieu des sacrements de la communauté dissidente mais que l'on ne peut pas
assurer avec la certitude de l'Esprit, s'ils correspondent bien ou non à
l'Economie du salut selon la volonté divine. Une communauté privée de communion
avec les autres Eglises cesse pour ainsi dire d'exister pour ces dernières qui
remettent à Dieu le groupe qui
malgré sa rupture de communion désire garder son caractère ecclésial et son
appartenance au Christ. Tout alors doit être entrepris pour retrouver
l'union. L'accord des Eglises
locales entre elles se reconnaissant comme Eglise catholique, est manifesté en
premier lieu par l'accord de leurs évêques qui sont ordonnés par les évêques des
Eglises voisines, qui s'échangent les "lettres de communion" et qui s'informent de leurs décisions pour la
gestion du troupeau du Christ. Puis très concrètement, les fidèles d'une Eglise
sont reçus par les autres Eglises et admis à la communion eucharistique sans
réserve comme enfants de ma même mère Eglise. Notes et
Bibliographie: * don Casel, le mystère de l'Eglise, Mame,
1965 * Matta el Maskîne, Un seul Christ, une seule Eglise
universelle, Al Nour 1992 & Lettre saint Elie S.18,
1992 * J.A. Moehler, l'unité dans l'Eglise, unam sanctam N°2,
Cerf 1938 * H. Kung, L'Eglise, Desclée
1968 * V. Lossky, Théologie mystique de l'Eglise d'orient,
Aubier, 1944 * E. Mélia, le mystère de l'Eglise, in Lumière &
Vie, N° 55,
1961 * Vincent de Lérins, le Commonitorium, trad. Meslin, le Soleil levant,
1960 * saint Irénée, contre les hérésies, paragraphe
difficile traduit par P. Nautin in
Rev. d'histoire des religions, N° 101, 1957 Organisation de l'Eglise catholique
Nous
avons examiné le paradigme de l’Eglise catholique: En tant que Corps du Christ,
l’Eglise se manifeste dans toute sa plénitude dans l’assemblée eucharistique
locale, parce que le Christ est présent dans l’Eucharistie dans la plénitude de
son Corps réel et mystique. Et aussi aucune Eglise locale ne doit se complaire
en elle-même mais être en communion de foi et de charité avec les autres Eglises
locales. Là
commencent les difficultés liées non à la réalité du Corps du Christ, ni aux principes ecclésiologiques,
mais à la dimension humaine de l’organisation
ecclésiastique. La
ferveur de la foi des martyrs s’est quelque peu refroidie par l’entrée des
masses dans le christianisme consécutive à la conversion de l’empereur
Constantin, puis à la proclamation du christianisme comme religion de l’empire.
II a fallu poser des règlements qui rapidement ont pris le pas sur la dimension
spirituelle de l’Eglise. Il fut nécessaire d’organiser les relations entre les
Eglises locales et leurs évêques. Ainsi la hiérarchie de l’Eglise universelle
fut décalquée sur celles des représentants de l’Etat: Les évêques des grandes
villes prennent spontanément, en raison de la présidence des synodes, un pouvoir
plus grand que celui des petites cités, ils regroupent leurs hiérarques dans une
nouvelle entité, les métropoles. Le synode ou concile a pour objet de favoriser
la communion, la concorde et d’harmoniser (uniformiser parfois) la pratique
liturgique et canonique, il a aussi pour mission à nombreuses reprises de
rappeler ou définir la foi apostolique. Patriarcats &
métropoles: Les
grands centres qui ont reçu la foi de la bouche des apôtres prennent une place
éminente dans l’organisation de l’Eglise, sièges d’appel et de référence, ils
constituent Les
décisions conciliaires au sujet des personnes n’étant pas toujours impartiales
et l’entente entre les cinq patriarcats n’étant pas toujours évidente, un
concile à Sardique en 344 auquel participa notre père saint Athanase
l’apostolique, donna à l’évêque de Rome l’instance de recours de l’appel. Celle
ci devait se limiter à casser le jugement et renvoyer le plaignant à un autre
synode provincial; si ce dernier ne donnait pas satisfaction, une deuxième
session pouvait être tenue devant le même synode en présence de prêtres
romains. Rome: A
partir de là, s’est développé l’idée d’une primauté (d’honneur ou de droit, peu
importe) du siège de Rome sur les autres sièges patriarcaux. Il faut bien avouer
que les protagonistes des luttes christologiques (dont notre père saint Cyrille)
par leurs flagorneries en vue de capter la bienveillance romaine ont favorisé
l’émergence de la revendication de Rome à la primauté universelle. Celle-ci
s’est manifestée en se mêlant de tout partout, l’évêque romain prenant
l’initiative, arbitrant lui même sans discussion ni concertation. Les Eglises d’Orient contestent à bon droit
mais pas toujours pour des bons motifs cet exercice de la primauté. Les Eglises
d’occident, ralliées pour des raisons politiques civiles ou ecclésiastiques à
l’idée de primauté universelle, ont été absorbées par l’Eglise romaine. Elles
ont vu leur autonomie disparaître et leurs primats, par l'honneur de porter le
pallium romain, devenir de simples collaborateurs du pontife
romain. Appareil bureaucratique et Eglises
nationales: Voici l’état du Corps du Christ. Aux yeux du monde,
l’appareil ecclésiastique est plus représentatif de l’Eglise que l’Assemblée
eucharistique locale des fidèles. Et l’expérience démontre que les
ecclésiastiques, volens nolens, pour de bonnes raisons sans doute, en sont trop
souvent à poser la question: “Qui est le plus
grand?” L’organisation ecclésiale décrite plus haut est le
résultat de l’histoire et il faut faire avec, Dieu n’étant pas absent de
l’histoire des hommes. Mais, il convient de savoir qu’elle n’est pas de droit
divin, ni intangible, ni surtout qu’elle ne doit pas effacer la dimension
spirituelle de l’Eglise eucharistique. Nous
devons aussi être très attentif à ne pas pervertir la notion d’Eglise locale en
la remplaçant inconsciemment par celle d’Eglise nationale. C’est là une
tentation de l’orthodoxie. S’appuyant fallacieusement sur la 34è (ou 35 selon
les recensions) règle apostolique -
signalons
au passage que ce recueil de canons n’est pas au sens absolu d’origine
apostolique; connu que depuis le 6èS, il a reçu force de loi dans les Eglises
chalcédoniennes qu’en 792 par le synode in Trullo- un théologien byzantin a écrit:
“L’Eglise locale est d’un lieu, d’un sol, d’un territoire, d’un peuple ~ chaque
fois, c’est 1’Eglise d’une terre, d’un climat, d’une langue, d’une race, d’un
patrimoine national”. Le vrai est mélangé à l’erreur. Heureusement un autre lui
a répondu: “Le principe clé canonique de l’organisation de l’Eglise réside non
dans l’alternative “territorial / national”, mais dans celui de l’unicité de
l’évêque du lieu. Le principe territorial n’intervint et ne commença à s’imposer
qu’après Constantin”. L’apostolicité, dernière note de l’Eglise détermine
l’authenticité ecclésiale d’une communauté. Eglise apostolique Nous croyons en un seul
Dieu, le Père, en un seul Seigneur Jésus-Christ, un seul Saint Esprit dans l'
Eglise une-unique. Il ne peut y avoir qu'une seule Eglise car
le Christ la tête de l'Eglise n'a
qu'un seul corps. Cette Eglise est sainte en
raison de sa parfaite union avec Christ et de l'habitation de l'Esprit Saint en
elle. Ses membres sont saints en raison de l' union indissoluble du Christ et de
l'Eglise; Ni l'institution ni la vertu des hommes ne créent la sainteté, elle
est communiquée par le don gratuit de l'Esprit Saint. C'est cette bienfaisante
gratuité qui se cache sous le mot grâce tant employé par les liturgies et les
théologiens.
L'Eglise est catholique
parce qu'elle est l'icône du Royaume, l'Assemblée des élus dans la diversité.
Elle dépasse les dimensions de l'histoire, du temps et de l'espace, elle exprime
la plénitude de la Vérité parfaite. Elle récapitule en elle toute vie en Dieu et
pour Dieu. L'Eucharistie de l'Eglise locale manifeste la catholicité de toutes
les Eglises. Beaucoup de communautés
spirituelles revendiquent "mystiquement" les trois notes d'unité, de sainteté et
de catholicité, la question est donc de savoir dans qu'elle mesure sommes-nous
en présence de l'Eglise de Dieu? Le critère objectif décisif est la quatrième
note: l'apostolicité. Là nous sommes sur un
terrain sûr, mais pas sans difficultés. Il
faut éviter l'écueil de réduire l'apostolique à une certaine forme
d'établissement de la hiérarchie.
La note "apostolique" de notre symbole de la foi ne se rapporte pas
seulement à la hiérarchie, ni même
à ses seules
origines. Le critère de la foi L'Eglise est et demeure apostolique parce qu'elle est
fidèle à la foi confiée aux apôtres par le Logos fait chair. Elle n'a d'autres
vérités que celle reçue des apôtres.
Tout le reste relève du discours de circonstance et d'opinion
théologique. "Ainsi " écrit saint Paul aux éphésiens
2, 19.22, "vous n'êtes plus des étrangers
et des gens de passage; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes la maison de
Dieu , édifiés sur la fondation des apôtres et des prophètes , et pour pierre
d'angle le Christ Jésus lui-même. En lui toute construction s'ajuste et grandit
en temple saint dans le seigneur. En lui, vous êtes aussi intégrés à la
construction pour devenir une demeure de Dieu en Esprit".
Le Christ lui-même est la
pierre d'angle qui domine, soutient et couronne l'édifice de l'Eglise. Il ne
permet à personne de le remplacer dans cette fonction. Pour garder la mémoire de
son enseignement et de sa résurrection, il s'est choisi des témoins en la
personne des apôtres; Pour nous permettre d'être témoins nous aussi, de l'oeuvre
du Salut, il nous promet l'Esprit Saint pour faire éclater le temps et entrer
dès cette vie dans l'éternité. Par l'anamnèse
eucharistique, toutes les phases de l'Economie du salut, la promesse,
l'incarnation, le ministère, la croix et la résurrection, sont unies en un seul mystère et nous
sommes présents à ces merveilles de Dieu pour nous.
Au jour de la pentecôte,
avec l'Eglise nous exprimons cette doctrine à l'Office divin : "Après ta
résurrection du tombeau, ô Christ et ta divine ascension à la droite du Père, tu
as envoyé d'en haut ta gloire ô
Christ compatissant. En cette fête le feu du Paraclet a illuminé les disciples,
et en a fait les révélateurs du ciel. La lumière du Paraclet est venue et
illumine le monde. Tu es béni, Seigneur". L'Eglise est apostolique
quand elle garde en tous ses membres l'accord permanent avec le témoignage des
apôtres, quand elle transmet à tous ses membres, (les petits et les humbles
d'abord, les savants aussi), la conscience d'être ensemble un peuple saint,
illuminé par la connaissance de l'Esprit,
quand elle confie à tous ses
membres la garde de la foi apostolique. L'Ancienne anaphore de l'Eglise romaine
et d'Aquilée offrait ainsi les dons
"Père très clément pour ta Sainte Eglise Catholique, daigne sur toute la terre, lui donner la
paix, la protéger, la rassembler dans l'unité et la gouverner: une, avec ton
serviteur notre pape N. notre évêque, et avec tous les fidèles gardiens
orthodoxes de la foi catholique et
apostolique". Le substantif cultor que
nous avons traduit par gardien ne signifie pas seulement conservateur ou même
scrupuleux observateur des rites mais aussi qui cultive, qui soigne, fait
pousser, grandir. Ainsi chaque membre de
l'Eglise est envoyé ou missionnaire. L'apôtre: Arrêtons-nous sur la
signification du mot apôtre pour bien saisir le sens de la mission apostolique.
On fait généralement
dériver le mot "apôtre" de l'hébreu
"shaliah" ce qui veut dire principalement "messager". La tradition
rabbinique revêt ce messager, qui reçoit un mandat officiel de sa communauté ou
d'un chef spirituel ou politique, de la personnalité et de la dignité de celui
qui l'a envoyé. Le shaliah d'un homme est un autre lui-même. Jésus envoie les
douze en mission dans cette
conception: " Qui vous accueille,
m'accueille moi-même , et qui m'accueille, accueille Celui qui m'a envoyé."
Mathieu 10, 40.
Jésus lui même se présente comme le
shaliah, l'envoyé du Père, présence de Dieu sur terre, et lui aussi mandate ses disciples pour
prêcher l'habitation de Dieu chez les hommes en Jésus.
Saint Paul, tout en
revendiquant les pleins pouvoirs
d'apôtre, montre les limites de son
autonomie: Il établit des Eglises, mais sans empiéter sur la mission des
autres apôtres; Il pose des règles de discipline de la vie de communauté, mais
s'adapte à la réalité culturelle des lieux; Il enseigne librement mais pas isolément,
il sait et il affirme qu'il est en communion avec ceux qui aussi ont reçu la
mission de témoigner. Sa vocation est particulière mais son témoignage n'est pas
élucubration de visionnaire, le pouvoir
au nom du Christ qu'il a reçu,
ne peut s'exercer que dans l'Esprit. Il ne peut prêcher une doctrine
propre mais que le message qui lui a été confié. " Les douze Marc 3, 14. 19, saint Paul
Romains
1, 1. et aussi les soixante-douze
Luc
10,1. et bien d'autres ont reçu la mission
d'enseigner L'usage liturgique
orthodoxe nomme Marie-Magdeleine, l'apôtre des apôtres, car elle fut chargé par
le Ressuscité d'annoncer aux apôtres que le crucifié était le Vivant aux siècles
des siècles, Marc 16,10.11. et ne craint pas de nommer apôtres les fondateurs
d'Eglises locales. (Marie-Magdeleine n'est pas l'unique femme apôtre, sainte
Nina est l'apôtre de
Le pouvoir apostolique: La fonction d'apôtre est
intransmissible mais l'apostolicité continue à travers le temps et l'espace. Car
la prédication des apôtres contenue dans les livres de Les évêques sont l'icône de leur Eglise;
dans cet office, ils sont successeurs des apôtres. Successeurs dans le sens où
dans le temps, ils ont pris la place laissée vacante par la mort des apôtres,
mais ils ne sont pas apôtres, ils sont ce qui vient après les apôtres.
Les évêques n'ont pas les
prérogatives des apôtres, leur pouvoir souverain est lié par la "succession
apostolique". A la suite de saint Cyprien de Carthage, l'Eglise orthodoxe tient
que chaque évêque ne doit pas se réclamer exclusivement de l'apôtre fondateur de
son diocèse mais de Pierre et de tous les apôtres. C'est un abus de langage de
se dire successeur de Pierre, de Jacques ou de Jean. Le pouvoir de l'évêque ne
vient pas de sa fonction seule en tant que principe, mais de toute l'Eglise
catholique en tant que source. La succession apostolique implique de l'évêque,
de son siège et des membres de son Eglise, l'identité de leur foi avec celle des
apôtres. La foi fleurit dans le dogme et dans le culte. "Notre doctrine est
conforme à l'Eucharistie et notre Eucharistie est conforme à notre doctrine",
dit quelque part saint Irénée. La succession apostolique
permet à l'Eglise de se présenter comme le mystère-sacrement permanent de
L'apostolicité n'est pas
donnée une fois pour toutes , elle est une dynamique sans cesse à réaliser dans
l'histoire.
Bibliographie: 2. Paul Evdokimov, L'orthodoxie, Delachaux,
1965 3. Hans Küng, L'Eglise, Desclées,
1968 L'Eglise apostolique repose
sur le Logos incarné Les trois premières notes
de l'Eglise, l'unicité, la sainteté, la catholicité, procèdent du Théanthopos
(Dieu-Homme). C'est seulement parce qu'elle est en rapport avec Jésus, le Logos
fait chair, que l'Assemblée chrétienne peut soutenir ces prétentions d'être
une-unique, sainte et catholique. L'Eglise est une-unique car elle est le
Corps vrai du Christ, l'Esprit Saint la pénètre et veut l'emplir toute entière;
c'est dans le Logos, en Dieu, qu'elle trouve son couronnement;
Elle est sainte, étant du
Logos, "en lui habite corporellement toute la
divinité", avant d'être élevé sur la croix, Jésus prie son Père pour que
s'accomplisse sa mission: "C'est pour eux
que je me consacre, afin qu'ils soient eux aussi vraiment consacrés, qu'ils
soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin que leur unité
soit parfaite." L'Eglise est catholique
parce sa destinée est en Dieu et Dieu est au-dessus de tout, en lui rien de
limité ou d'étroit. L'Eglise catholique reconnaît donc partout ce qui est divin,
elle n'a pas de limite dans le temps et l'espace, ni dans son discernement. Elle
embrasse toutes nations, tous peuples, toutes races, toutes cultures. L'Eglise
de Dieu n'est jamais mesquine ni étroite, son coeur est large pour amener à Dieu
les fidèles sans oppression des consciences ni compression des coeurs. Elle
exige de ses ministres et de tous fidèles conscients de sa dignité, des esprits
larges, élevés, ayant rejetés courageusement égoïsme et peur. Ils sont invités
par l'Esprit à entrer sincèrement dans la largeur des vues divines.
De ces critères mystiques,
on ne peut hélas pas déterminer quand on a à faire avec la véritable Eglise du
Christ, car la plénitude de l'unité, de la sainteté et de la catholicité, est
encore pour nous à conquérir, elle est comme le Royaume, déjà là et pourtant à
venir. La note qui apporte la certitude est l'apostolicité.
Le Christ couronne de
l'Eglise: Quand nous exposons que
l'Eglise est édifiée sur les apôtres, nous affirmons qu'elle repose sur le
Christ. Car l'apôtre est mandaté par un plus grand que
lui. "Vous êtes les concitoyens des saints, vous êtes la
maison de Dieu. Car la construction que vous êtes a pour fondation les apôtres
et les prophètes, et pour pierre d'angle le Christ Jésus lui-même. En lui, toute
construction s'ajuste et grandit en un temple saint dans le Seigneur; en lui
aussi vous êtes intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu,
dans l'Esprit" écrit saint Paul
aux Ephésiens
2,19.22. Le Christ lui-même soutient, et
couronne l'édifice de l'Eglise. Personne ne peut le remplacer dans cette
fonction, "Quand à la fondation, personne
ne peut en fonder d'autre que celle qui est en place: Jésus Christ".
1 Corinthiens,
3,11. Mais alors les
apôtres? Après sa résurrection, le
Seigneur entretient les apôtres des mystères et avant l'ascension confirme leur
mission: "Allez, enseignez toutes les
nations et baptisez-les... Et moi je suis avec vous jusqu'à la fin des
temps." Mathieu 28,19.20. La finale courte de l'évangile selon saint Marc
rapportée par certains manuscrits remplace les versets 9 à 20 du chapitre 16 par
"Les femmes racontèrent brièvement aux
compagnons de Pierre, ce qui avait été annoncé. Ensuite Jésus lui-même fit
porter par eux , de l'orient à l'occident, la sainte et incorruptible
proclamation (Kérigma) de l'éternel Salut.
Amen". Donc très rapidement le mot
apôtre signifia pour les chrétiens celui qui est témoin de la résurrection et
qui a reçu mandat du Seigneur pour annoncer Le nombre douze a un
rapport avec Israël, le peuple de la première Alliance au douze tribus. "Vous siégerez sur douze trônes pour juger
les douze tribus d'Israël". Mathieu, 19,28 &
Apocalypse 21,24.
Ce chiffre symbolique,
comme la promesse à Pierre, "Tu es Pierre
et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise" Mathieu 16,18, a
pour fonction de montrer l'unité de la mission apostolique. Les apôtres d'une
seule voix doivent annoncer à tout l'univers: "Jésus est le Messie, le Fils du Dieu
vivant"Mathieu 16,16. et "pour qu'en croyant que Jésus est le Messie,
le Fils de Dieu, vous ayez la vie par son Nom". Jean 20, 31.
Ce n'est point la dignité
personnelle de tel apôtre, Pierre, Jacques, Jean ou un autre, qui est la source
du pouvoir de sanctification de l'Eglise, mais l'unique mandat du Seigneur aux douze. Les douze
ont pourtant un visage particulier, Pierre n'est pas Jean, Rome n'entend pas
comme Antioche, Jérusalem comme les Indes, Alexandrie comme Ephèse. Le message
de l'Evangile est unique néanmoins il est reçu dans un contexte culturel
déterminent pour son épanouissement. L'Evangile n'est pas seulement annonce d'un
message, il exige une réponse dans la conduite de la vie quotidienne. Aussi sans
être dissemblables et opposées, les expressions théologiques et cultuelles
peuvent avoir des visages particuliers comme l'exprime notre unique Evangile en
quatre translations. L'apôtre n'agit pas isolément mais en
communion. La fonction des apôtres est
unique, ils ne peuvent être remplacés, et leurs successeurs le sont dans la
mesure où ils s'inscrivent dans le temps après les apôtres et restent fidèles à
leur prédication. Le témoignage des apôtres est d'abord et avant tout les
Ecritures de l'Alliance éternelle puis comme l'enseigne notre Père saint Basile,
tout ce qui n'a pas été mis par écrit et qui a été conservé par toutes les
Eglise dans ses mystères de vie. Ainsi se forme "Nos pères les apôtres
envoyés de Dieu et les disciples apostoliques qui virent le Seigneur de leurs
yeux et furent les ministres du Logos, posèrent des principes pour les canons de
l'Eglise et les doctrines de l'Eglise catholique apostolique <> Ces
principes sont une base excellente, sur laquelle on peut bâtir, un beau modèle à
imiter et à atteindre. Nos pères, les apôtres confièrent à leurs disciples, à
leurs successeurs et à ceux qui viendraient après eux, le soin de développer les
conséquences, de détailler l'ensemble de l'ordre posé <> Ceux qui
suivirent, les pères éminents, les docteurs agissants, qui s'en chargèrent
successivement, époque par époque, siècles par siècles, n'innovèrent pas; ils
poursuivirent, édifiant sur le fondement des apôtres, achevant ainsi, avec le
secours du Seigneur, l'économie de l'Eglise". (Abû'el Barakât, le livre de la lampe des ténèbres,
traduit par E.Villecourt et E. Tisserand, Patrologi.Orientale N°99,
1974) Ainsi après la disparition
des apôtres, le service apostolique demeure. Toutes les générations de chrétiens
restent attachées au Corps du Christ par la cohésion de Concrètement, comme l'écrit
au XIVè S. l'écrivain copte abou el Barakât, l'apostolicité est la confrontation
vivante et renouvelée de siècles en siècles de l'agir des communautés avec le
témoignage originel, fondamental et normatif des Ecritures de Nous pouvons dire que tout
ce qui est apostolique est essentiel à l'Eglise; ce qui n'est pas apostolique,
est accessoire et contingence. Beaucoup de règles sont de circonstance, il
convient donc d'examiner ce qui appartient à C'est à partir de
l'apostolicité que l'on discerne la véritable unité, sainteté et catholicité
d'une communauté ecclésiale. C'est pour cela que nous
ouvrons l'Office de l'encens du temps ordinaire par le chant:
"Gloire à toi, ô Christ,
Dieu, Louange des apôtres, stabilité des Eglises et joie des martyrs qui ont
prêché Eglise de l'Eucharistie,
Eucharistie de l'Eglise L'Eglise, dont la mission
est de rassembler l'humanité en Christ, construit dans le monde présent le
Royaume de Dieu. Nous ne savons certainement pas à quoi ressemblera ce Royaume
au jour de Dans l'état actuel de sa
condition, l'homme ne peut se faire une idée précise de ce qui sera la gloire
réservée aux Enfants de Dieu. Tout ce que nous en disons n'est qu'approximation,
image, ombre de la réalité à venir.
Le Royaume est offert par
Dieu, il est présent au milieu de nous mais il est aussi encore objet de
l'espérance. Comme l'adoption des hommes
au titre d'enfants de Dieu dans le Fils unique Jésus-Christ, le Salut est
acquis, dans la mort et la résurrection du Christ, mais les hommes attendent
encore sa pleine réalisation. Pour les pères apostoliques et saint Irénée, le
Salut correspond au projet divin pour l'humanité: la vie éternelle en communion
avec Dieu. Dans l'état de sa condition
terrestre, l'Eglise, elle aussi, attend la pleine réalisation de ce qui lui a
été donné, elle possède cependant les prémices de l'Esprit Saint répandu sur la multitude des croyants,
depuis le jour de Elle est tout entière dans
cette tension dynamisante du déjà donné et de l'attente du don.
Le Christ lui-même est
celui qui assure à tous ceux qui croient en lui l'union dans cette tension: il
unit son Eglise par la grâce des Mystères: par le baptême qui incorpore le
croyant à son Corps ressuscité et par l'eucharistie qui est communion à son même
Corps pour la vie éternelle. Comme le dit Paul, dans la lettre aux Corinthiens
:"La coupe de bénédiction que nous
bénissons n'est-elle pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous
rompons n'est-il pas une communion au corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul
pain, nous sommes tous un seul corps ; car tous nous participons à cet unique
pain " 1
Co. 10, 16-17. A la suite des affirmations
apostoliques, les Pères de l'Eglise ont toujours considéré que l'Eglise est une
union des hommes au Corps du Christ ressuscité, notamment par la participation à
l'eucharistie. Elle est le lieu de la communion, de la koinônia, ce terme grec
qui désigne la situation de quelqu'un qui a part avec d'autres à quelque chose.
La communion apparaît ainsi
comme le fondement même de toute l'existence chrétienne.
Les fidèles, entrant en
partage avec Dieu par Jésus-Christ, entrent en communion les uns avec les
autres, par celui qui les institue comme enfants de Dieu, comme ayant part à sa
propre condition de Fils. Le signe de la communion est l'Eucharistie célébrée
ensemble pour chacun et pour tous. L'eucharistie est le sacrement des
sacrements, et l'Eglise est véritablement la koinônia eucharistique, célébrée en
mémoire du Seigneur depuis la résurrection du Christ jusqu'à son retour dans la
gloire à Les pères considèrent que
la qualité de membre de l'Eglise appartient à celui qui participe à la communion
eucharistique, aussi pour ceux qui s'éloignent de la communion de la foi
orthodoxe ou qui violent les règles de la paix ecclésiale par leur comportement
subissent l'excommunication qui entraîne explicitement la privation d'une telle
participation. "Car toutes les fois que vous mangez ce pain
et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur Jusqu'à ce
qu'il vienne. C'est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du
Seigneur indignement, se rendra coupable envers le corps et le sang du Seigneur.
Que chacun s'éprouve soi-même, avant de manger ce pain et de boire cette coupe ;
car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur mange et boit sa
propre condamnation " 1 Cor. 11,
2629. Cette condamnation que rapporte
l'apôtre Paul ne s'applique pas en priorité à un état moral, mais à une faute de
discernement, à un manque de foi. Le discernement auquel
appelle l'apôtre Paul concerne en premier lieu l'impérieuse obligation de ne pas
confondre le Repas du Seigneur avec d'autres aliments puis la nécessité de
découvrir toutes les exigences de la communion au Corps du Christ.
La communion des saints: Et l'exigence qui rassemble
toutes les autres est celle de vivre dans l'unité, puisque ceux qui communient à
un seul et unique pain forment un seul et unique corps comme le rappelle avec
insistance notre anaphore selon saint Basile. " Rends-nous dignes,
Maître, de participer à tes saints mystères pour la sanctification de l'âme et
du corps et de l'esprit, afin que nous devenions un Corps et un Esprit et que
nous trouvions part parmi tes saints qui t'ont plu depuis toujours".
Ainsi, la "communion des
saints" désigne à la fois la communion des fidèles entre eux (déclarés "saints"
parce que leur Père céleste est le Saint) et la participation aux mêmes "dons
saints", le pain et le vin de l'eucharistie, qui font entrer les fidèles dans le
mystère divin, par l'action de l'Esprit. L'Eglise ne doit donc pas
se définir seulement par son appareil ecclésiastique, mais essentiellement par
le culte qui la rassemble, dans une communauté de table autour du Ressuscité. Et
c'est lui-même qui convoque dans l'Esprit Saint la multitude des hommes autour
de la table sainte pour rendre le culte en Esprit et Vérité au Père de toute
gloire. Plénitude du Corps La présence divine dans nos
Assemblées ne peut jamais être morcelée, même si les Églises locales sont
différentes les unes des autres: toute Eglise locale est la totalité de l'Eglise
du Christ : un évêque n'est pas l'évêque d'une partie de l'Eglise, il est
l'évêque de toute l'Eglise du Christ une, sainte qui réside dans un territoire
donné. Il a reçu l'épiscopat solidaire (in solidum: comme un tout partagé, on
pourrait utiliser aussi le mot grec koinônia) avec tous les autres
évêques. Chaque communauté réalise,
d'une manière sacramentelle, la plénitude du Corps du Christ, dans le mystère
eucharistique. De cette manière, chaque
Eglise locale suppose toutes les autres; elle se rassemble, non pas isolément,
mais avec toutes les autres, pour se réaliser dans son être profond, qui est le
"Corps du Christ", qu'elles constituent toutes ensemble.
Elles sont unies par
l'identité de leur foi et de leur témoignage, autour d'une même table
eucharistique. Les intercessions de la divine anaphore de saint Basile
complètent l'épiclèse (invocation de l'Esprit saint) sur la communauté et les
dons présentés par la mémoire de toutes les Eglises et de toutes conditions dans
l'Eglise: "Souviens-Toi, Seigneur, de ta sainte Eglise, une-unique, sainte, catholique
et apostolique qui s’étend d’une extrémité à l’autre de l’univers : donne la
paix à celle que Tu as acquise par le précieux Sang de ton Christ. Garde-la dans
la paix avec tous les évêques orthodoxes qui sont dans son sein. En premier
lieu, Souviens-Toi, Seigneur, de notre Grand prêtre, notre patriarche abba
Shénouda, accorde à tes saintes Eglises qu’il vive de longs jours en paix, en
bonne santé, dans l’honneur, et qu’il soit fidèle dispensateur de ta parole de
Vérité. Souviens-Toi, Seigneur, de tous les évêques orthodoxes qui dispensent
fidèlement la parole de ta Vérité. Conserve-les à ton Eglise et donne-leur de
conduire ton troupeau dans la paix. Souviens-toi, Seigneur, des higoumènes, des
prêtres orthodoxes et des diacres, Souviens-toi de tous les ministres de
l'autel, des moines, et de tout ton peuple fidèle. Souviens-toi, Seigneur, de nous tous, et
aie pitié de nous tous ensemble. Souviens-toi, Seigneur, du salut de ce lieu
saint qui est à toi, de tous les lieux qui te sont consacrés et des monastères
de nos pères orthodoxes; épargne-les. Souviens-Toi, Seigneur, de ceux qui T’ont
offert ces Dons et de ceux pour qui, ils ont été offerts, donne à tous la
récompense céleste." L'Eglise est avant tout la
communauté où Dieu est présent dans les Mystères célébrés, essentiellement dans
l'Eucharistie, car c'est le moyen par lequel la mort et la résurrection du
Seigneur Jésus Christ sont annoncées, commémorées, vécues et réalisées en toute
vérité, jusqu'au jour où il viendra dans la gloire de sa seconde venue. C'est
pourquoi nous pouvons affirmer : " L'Eglise fait
l'Eucharistie, l'Eucharistie fait l'Eglise."
|
![]() |