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Dieu devenu chair selon Saint Irénée |
"Pourquoi
Dieu est devenu chair" selon
saint Irénée Notre
Jésus le Théanthropos [le Dieu
Homme] n'a rien à voir avec la mythologie ancienne du héros divinisé, il n'est
pas non plus le symbole de l'humanité en fin de quête de sagesse au point de
devenir divine. Il est Dieu devenu homme, vrai Dieu, véritable homme.
Avec
saint Irénée de Lyon (140-202) nous allons essayer d'approfondir ce mystère qui
est l'objet de la fête de Noël que la liturgie nous propose de préparer avec le
plus grand sérieux. Il ne s'agit pas de fêter un événement du passé, un joyeux
anniversaire, Jésus vient vers nous, le Seigneur est proche, pour opérer le
Salut du monde. S'il est venu dans
le monde et a récapitulé en lui toute la création, pour faire nôtre le Salut
offert, nous devons ouvrir la porte de notre cœur pour recevoir l'Esprit de Vie. Irénée
pose avec hardiesse la question: "pourquoi Dieu le Logos, s'est fait chair?"
Avant de le laisser répondre, il faut dire en quelques mots ce que la jeune
Tradition apostolique annonçait par la bouche de l'évêque de Lyon sur la
condition humaine et le péché. Dieu
le Père crée, agit "par ses deux mains", par le Fils et l'Esprit. Tout l'univers
est le fruit de la tendresse paternelle. C'est encore plus fort pour la création
d'Adam, l'humanité, Dieu le forme à son image. Mais
Adam, n'est pas un surhomme comme l'enseignera plus tard Augustin d'Hippone et
ses successeurs latins, mais un
enfant, appelé à un devenir, qui lentement progressivement doit parvenir à la
stature d'adulte, d'Homme parfait. Pour cela Dieu le dote de l'image, et du
Souffle Divin (afflatus vitae), Adam doit tout mettre en œuvre pour conserver le
Souffle divin, entrer en communion de plus en plus grande avec le Dieu vivant et
recevoir ainsi l'Esprit de Vie (Spiritus Vitae) pour la vie éternelle. L'homme
n'a pas obéi à ce programme, il a revendiqué son autonomie et ainsi au lieu de
communier à Dieu, il s'en est éloigné et communie désormais avec la mort,
perdant même le souffle de vie. Voici
très brièvement esquissée l'histoire de la chute ou, comme on dit en occident,
du péché d'origine. Le
péché d'origine n'a pas un caractère moral, c'est le refus de communion.
L'étymologie du mot péché renvoie à l'idée de "rater la cible", ce n'est pas
fatal car Dieu qui ne peut être vaincu, met aussitôt en œuvre l'Economie du
Salut: Etant
parfaitement obéissant à son Père, il nous montre la voie du salut et nous
révèle les Mystères de Dieu. "C''est
en devenant les imitateurs de ses actions et les exécuteurs de ses paroles que
nous avons communion avec lui et que par là même, nous qui sommes nouvellement
venus à l'existence, nous recevons, de Celui qui est parfait dès avant toute
création, la croissance, de Celui qui est seul bon et excellent, la ressemblance
avec lui-même, de Celui qui possède l'incorruptibilité, le don de celle-ci".
Dieu le Logos en assumant l'humanité par sa
naissance en tant qu'homme individuel, Jésus, récapitule en lui tous les
hommes.
C'est
par son propre sang que le Seigneur nous a rachetés, il donné son âme pour notre
âme et sa chair pour notre chair, il a répandu l'Esprit du Père afin d'opérer
l'union et la communion de Dieu et des hommes, faisant descendre Dieu dans les
hommes par l'Esprit et faisant monter l'homme jusqu'à Dieu par son incarnation.
Et en toute certitude et vérité, lors de sa venue, il nous a gratifiés de
l'incorruptibilité par la communion que nous avons avec lui-même"
Depuis la chute, l'humanité
est incapable de conserver la vie. Par l'Incarnation du Logos, l'humanité
devient "capable de Dieu" et retrouve par l'union à Dieu, la possibilité de la
vie éternelle perdue. Quelques hérétiques (les
ébionites du temps d'Irénée, d'autres aujourd'hui) repoussent le "mélange du Vin
céleste et ne veulent être que l'eau de ce monde, n'acceptant pas que Dieu se
mélange à eux" "Ils
ne considèrent pas que, tout comme au début de notre formation en Adam le
Souffle de vie issu de Dieu, en s'unissant à l'œuvre modelée, a animé l'homme et
l'a fait apparaître animal doué de raison, ainsi à la fin le Logos du Père et
l'Esprit de Dieu, en s'unissant à l'antique substance de l'ouvrage modelé,
c'est-à-dire d'Adam, ont rendu l'homme vivant et parfait, capable de comprendre
le Père parfait, afin que, comme nous mourons tous dans l'homme animal, ainsi
nous soyons tous vivifiés dans l'homme spirituel. Jamais, en effet, Adam n'a
échappé aux Mains de Dieu, auxquelles parlait le Père lorsqu'il disait :Faisons l'homme à notre image et à notre
ressemblance . Et c'est pourquoi, à la fin, non par la volonté de la chair ni par la
volonté de l'homme, mais par le bon plaisir du Père, les Mains de Dieu ont
rendu l'homme vivant, afin qu'Adam devienne à l'image et à la ressemblance de
Dieu. En devenant co-corporels au
Logos fait chair, en lui nous avons la rédemption, la réparation des
conséquences du péché. Notre nature ne possède pas en elle-même l'immortalité.
Seule la communion à l'Esprit de vie donne l'immortalité. Christ nous propose de
vivre dans cette communion. Tout cela s'accomplit, expose saint Irénée, par la
divine Eucharistie, et nulle véritable eucharistie sans véritable incarnation du
Logos. "la
coupe tirée de la création, il l'a déclarée son propre sang par lequel se
fortifie notre propre sang, le pain tirée de la création, il l'a proclamé son
propre corps par lequel se fortifient nos corps. Si
donc la coupe qui a été mélangée et le pain qui a été confectionné reçoivent
Et
de même le bois de la vigne, après avoir été couché dans la terre, porte du
fruit en son temps, et le grain de
froment, après être tombé en terre et s'y être dissous, resurgit multiplié
par le Souffle de Dieu qui soutient toutes choses, ensuite, moyennant le
savoir-faire, ils viennent en l'usage familier des hommes, et dans l'Eglise, en
recevant Notre liturgie copte
orthodoxe de saint Marc met aussi en avant la divine Eucharistie comme sommet
dans ce temps de l'union à Dieu: "C'est toi qui a créé
l'homme a ton image et à ta ressemblance et lui a donné de jouir du paradis.
Après qu'il eut transgressé ton commandement, tu ne l'as pas méprisé et
abandonné, mais dans ta bonté, tu l'as appelé à nouveau par ta Loi, tu l'as
instruit par les prophètes, enfin tu l'as restauré et renouvelé par ce
redoutable et céleste Mystère. Tout cela, tu l'as accompli par <> ton Fils
unique, <>Jésus-Christ". Saint Irénée conçoit
l'incarnation du Logos comme la réparation de la chute d'Adam. La mort en
s'emparant de l'homme, a expulsé de lui la vie et a fait de lui un
mort.
"Car
autre chose est le souffle de vie,
qui fait l'homme psychique, et autre chose l'Esprit vivifiant, qui le rend
spirituel. Et c'est pourquoi Isaïe dit : "Ainsi parle le Seigneur, qui a fait le ciel
et l'a fixé, qui a affermi la terre et ce qu'elle renferme, qui a donné le
souffle au peuple qui l'habite et l'Esprit à ceux qui la foulent aux pieds
". Isaïe affirme par là que le
souffle a été donné indistinctement à tout le peuple qui habite la terre, tandis
que l'Esprit l'a été exclusivement à ceux qui foulent aux pieds les convoitises
terrestres. C'est pourquoi le même Isaïe, reprenant la distinction que nous
venons de dire, dit encore : " Car l'Esprit sortira d'auprès de moi, et tout
souffle c'est moi qui l'ai fait". Il range de la sorte l'Esprit dans une sphère
à part, aux côtés de Dieu, qui, dans les derniers temps, l'a répandu sur le
genre humain par la filiation adoptive; mais il situe le souffle dans la sphère
commune, parmi les créatures, et il le déclare chose créée. Or ce qui a été fait
est autre que Celui qui l'a fait. Le souffle est donc chose temporaire, tandis
que l'Esprit est éternel. <> C'est pourquoi aussi "le premier Adam a été fait âme vivante, mais
le second Adam a été fait Esprit vivifiant". De même donc que celui qui
avait été fait âme vivante, en inclinant vers le mal, a perdu la vie, ainsi ce
même homme, en revenant au bien et en recevant l'Esprit vivifiant, retrouvera la
vie".
"Car ce n'est pas une chose qui était
morte et une autre qui est rendue à la vie, de même que ce n'est pas une chose
qui était perdue et une autre qui est retrouvée, mais, cette brebis même qui
était perdue, c'est elle que le Seigneur est venu chercher. Qu'est-ce donc qui
était mort ? De toute évidence, la substance de la chair, qui avait perdu le
souffle de vie et était devenue sans souffle et morte. C'est elle que le
Seigneur est venu rendre à la vie, afin que, comme nous mourons tous en Adam
parce que psychiques, nous vivions tous dans le Christ parce que spirituels,
après avoir rejeté, non l'ouvrage modelé par
Dieu,
mais les convoitises de la chair, et avoir reçu l'Esprit Saint".
<> En
fait, le Logos sauveur s'est fait cela même qu'était l'homme perdu, effectuant
ainsi par lui-même la communion avec lui-même et l'obtention du salut de
l'homme. Or ce qui était perdu possédait chair et sang, car c'est en prenant du
limon de la terre que Dieu avait modelé l'homme, et c'est pour cet homme-là
qu'avait lieu toute l' économie de la venue du Seigneur. Il a donc eu, lui
aussi, chair et sang, pour récapituler en lui non quelque autre ouvrage, mais
l'ouvrage modelé par le Père à l'origine, et pour rechercher ce qui était perdu.
C'est pourquoi l'Apôtre dit dans son épître aux Colossiens: "maintenant vous avez été réconciliés en son
corps de chair par le moyen de sa mort, pour vous présenter devant lui saints,
sans tache ni reproche". "En son corps de chair" : cela, parce que la chair
juste a réconcilié la chair captive du péché et l'a réintroduite dans l'amitié
de Dieu.
"Seul est vrai ce message que proclame
l'Eglise, à savoir que la propre création de Dieu, issue de la puissance, de
l'art et de la sagesse de Dieu, a porté Dieu : car, si au plan invisible elle
est portée par le Père, au plan visible elle porte à son tour le Logos du Père.
Et
telle est bien la vérité. Car le Père porte tout à la fois la création et son
Logos ; et le Logos, porté par le Père, donne l'esprit à tous, de la manière que
veut le Père : aux uns, en rapport avec leur création, il donne le souffle,
l'esprit appartenant à la création, esprit qui est une chose faite; aux autres,
en rapport avec leur filiation adoptive, il donne l'Esprit provenant du Père,
Esprit qui procède de Celui-ci. Et
ainsi se manifeste un seul Dieu Père, qui est au-dessus de
toutes choses, à travers toutes choses et en nous tous. Car, au-dessus de
toutes choses, il y a le Père, et c'est lui la tête du Christ ; à travers toutes
choses, il y a le Logos, et c'est lui la tête de l'Eglise ; en nous tous, il y a
l'Esprit, et c'est lui l'Eau vive octroyée par le Seigneur à ceux qui croient en
lui avec rectitude, qui l'aiment et qui savent qu'il n'y a qu'un seul Dieu Père, qui est au-dessus de
toutes choses, à travers toutes choses et en nous tous ".
Le Logos vient dans son
propre domaine, lui qui soutient toute la création. Sa venue dans la chair a permis aux petits et aux simples de le
connaître et non pas seulement aux sages
et aux savants. Le Fils de Dieu est devenu fils de l'homme et ainsi prend la
tête de l'humanité, étant le premier né de la neuve création qu'il entraîne vers
dans les hauteurs célestes. Tout
cela, Jean, le disciple du Seigneur, l'atteste lui aussi, lorsqu'il dit dans son
Evangile :
"Au
commencement était le Logos, et le Logos était auprès de Dieu, et le Logos était
Dieu. Il était, au commencement, auprès de Dieu. Toutes choses ont été faites
par son entremise et, sans lui, rien n'a été fait". Il dit ensuite au sujet de ce même Logos
:"Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l'a pas
connu. Il est venu dans son propre domaine, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais
à tous ceux qui l'ont reçu il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à
ceux qui croient en son nom".
Car
l'Auteur du monde, c'est en toute vérité le Logos de Dieu. C'est lui notre
Seigneur: lui-même, dans les derniers temps, s'est fait homme, alors qu'il était
déjà dans le monde et qu'au plan invisible il soutenait toutes les choses créées
et se trouvait enfoncé dans la création entière, en tant que Logos de Dieu
gouvernant et disposant toutes choses. Voilà pourquoi il est venu de façon visible dans son propre
domaine, s'est fait chair et a été suspendu au bois, afin de
récapituler toutes choses en lui-même. <>car Dieu a voulu que sa
Progéniture, le Logos premier-né, descende vers la créature, c'est-à-dire vers
l'ouvrage modelé, et soit saisie par elle, et que la créature à son tour
saisisse le Logos et monte vers lui, dépassant ainsi les anges et devenant à
l'image et à la ressemblance de Dieu. Bibliographie: Toutes les citations non
référencées de saint Irénée proviennent du livre V de son traité "contre les
hérésies". |