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Apocalypse |
1 Révélation
de Jésus Christ ou
Apocalypse de Jésus le
messie Notre
époque est dure, il semble que la violence des hommes l'emporte sur la
philanthropie divine. Les journaux sont remplis de bruits de guerres, de
brutalité individuelle, d'injustice sociale, de racisme ethnique ou religieux,
de désespoir de la jeunesse. C'est l'apocalypse! la crise de la fin de notre
second millénaire. Notre vocabulaire a fait du mot apocalypse un synonyme de
catastrophe. Pourtant,
l'Apocalypse est un livre de notre Bible. Comme tous les écrits de
Le
patriarche d'Istanbul dans son message de noël a invité les Eglises à faire de
l'année Peu
de livres bibliques ont suscité une curiosité comparable à l'apocalypse et
autant de commentaires et interprétations. Il est aussi le grand méconnu des
chrétiens. La liturgie l'utilise peu: le lectionnaire "oecuménique" propose la
lecture de quelques péricopes à l'office divin pendant le temps pascal et les
jours qui précèdent le carême de noël. Dans notre église copte orthodoxe, le
samedi saint, appelé aussi le
"samedi de la joie", après sexte,
le livre de l'apocalypse est lu en entier sur sept lampes remplies
d'huile d'olive parfumée. Après la procession avec le livre de l'apocalypse
honoré d'un voile blanc, les fidèles sont oints avec l'huile nommée "huile
d'Abou Ghalumsis" qu'ils peuvent emporter chez eux pour l'utiliser en diverses
circonstances. L'apocalypse
est une révélation pour nous aider à affronter le tragique de l'histoire, c'est
une flamme qui, comme le montre les lampes de l'abou Ghalumsis, consume les
ténèbres. Son
message, alors que l'actualité semble trop contredire l'Economie (le dessein) de
Dieu est résolument optimiste: Dieu est déjà vainqueur, la fin des temps est
déjà arrivée dans la nuit de Pâque. Celui
qui était mort est revenu à la vie. L'agneau 2 immolé
règne dans le ciel, et les fidèles qui s'attachent à sa personne et à ses
préceptes n'ont rien à craindre du mauvais pour leur sort final .
Tout
le livre tend à rassurer dans les temps d'épreuves, de persécutions, de
mal-être; la figure centrale est le Christ vainqueur, le messie mort et
ressuscité; curieusement la pointe de l'écrit fut souvent détournée au profit d'un
intérêt démesuré et malsain pour les visions tragiques de l'histoire de
l'humanité et la puissance de la bête. Pourquoi
faire de l'année Tout
simplement parce qu' au témoignage de saint Irénée, l'apôtre Jean aurait reçu ce
message d'espoir "vers la fin du règne de l'empereur Domitien", Eusèbe, on ne
sait sur la base de quelles informations, place le bannissement de Jean à
Patmos la quatorzième année de
Domitien, ce qui donne la datation de 94/95. Nous commémorons donc cette année
le mille
neuf
centième anniversaire de la rédaction de l'apocalypse. Il
est donc intéressant de relire l'apocalypse aujourd'hui. Pour ne pas s'égarer
dans son langage qui, il faut le reconnaître, déconcerte du fait qu'il emploie
un style et des images étrangères à notre culture moderne, je propose avec
l'aide de savants exégètes, de tenter d'entrer dans ce témoignage apostolique et d'offrir
quelques clefs pour ouvrir un livre que quelques uns malmènent par une
compréhension fondamentaliste (qui prend chaque image au pied de la lettre) et
que d'autres tiennent pour irrémédiablement scellé. Il sera inutile de faire
référence aux amateurs de symbolique occulte. Il suffit de montrer comment
chaque vision et image se moulent dans le vocabulaire et la grammaire du
judéo-christianisme de la primitive église. Parfois, bien sûr, tout ne sera pas
clair, c'est le lot de ce type d'écrit, toutefois le sens profond apparaîtra
évident et sera source de joie. Bien
entendu, il n'est pas question de faire dans nos pages un commentaire, mais de
donner quelques éléments pour éclairer le message, inviter à le lire et
relire. A mi-chemin entre l'étude
savante et la vulgarisation de la science herméneutique, ce travail d'initiation
ne comportera pas de référence aux Ecritures (sauf l'appel par des caractères en
italiques) ni de notes en bas de page; pour ceux qui souhaitent prolonger
l'étude, une bibliographie des ouvrages les plus mis à contribution sera
présentée. L'auteur
et la canonicité du livre: Le
visionnaire ouvre son message par ces mots: "Dieu a fait connaître <l' apocalypse>
à son serviteur Jean en lui envoyant son ange. Jean atteste comme parole de Dieu
tout ce qu'il a vu" L'apocalypse
est attribuée à l'apôtre Jean, dès la première mention qui en est faite par
saint Justin qui a séjourné à Ephèse où il a reçu la foi vers 135.
Denys
d'Alexandrie croyant discerner une différence avec la langue et les idées de
l'auteur de l'Evangile, pense que c' est un autre Jean que l'apôtre. L'historien
Eusèbe de Césarée prétendait que
Papias distinguait deux Jean, l'apôtre et un presbytre d'Ephèse. Il ne faut pas
se laisser obnubiler par ce distingo. Jean l'apôtre ou Jean le presbytre,
l'auteur de l'apocalypse est bien un témoin véridique qui transmet à la fin du
premier siècle des paroles sûres et
vraies. Sa langue est celle
d'un sémite qui traduit sa pensée araméenne en un grec parlé.
Le
livre de l'apocalypse a toujours été considéré comme inspiré et de ce fait
introduit dans le canon des Ecritures. Il figure dans le "canon de Muratori"
document qui recense la collection des livres de Apocalypse,
un titre révélateur: L'introduction
situe exactement le but de l'ouvrage. " Apocaluyis de Jésus Christ. Dieu l'a donnée pour
montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt..." Ce mot grec veut
dire littéralement écarter le voile= dévoiler= révéler. Le grec de la septante
utilise le verbe apocaluptein pour signifier l'épiphanie de Dieu, "C'est à Silo que le Seigneur se révélait à
Samuel" 1
Samuel 3, 21
, pour la révélation de son Economie, "Le
Seigneur Adonaï ne fait rien qu'il n'ait révélé son secret à ses serviteurs les
prophètes" Amos
3, 7,
pour exprimer sa justice et son salut, "Observez le droit et pratiquez la justice;
car mon salut est près d'arriver et ma victoire de se révéler." Isaïe 56,1.
Sous la plume de saint Paul , le mot a souvent une connotation eschatologique et
devient synonyme de parousie "Vous ne
manquez d'aucun don, dans l'attente que vous êtes de la révélation de notre
seigneur Jésus Christ" 1 Corinth. 1, 7. La parousie, la venue, est aussi une
épiphanie; si elle est l'attente du jour du Seigneur, elle est aussi la tension
des communautés qui savent que le ressuscité est d'ores et déjà au milieu d'eux.
L'Esprit Saint rend manifeste cette présence mystérieuse. La
majorité des commentateurs projette la révélation dans l'avenir et comprend "révélation de Jésus Christ"= révélation
issue de Jésus Christ. Le génitif peut aussi se traduire révélation au sujet de
Jésus Christ ou révélation concernant Jésus Christ. Les deux options sont
grammaticalement possibles, vous comprendrez que je penche pour la seconde, sans
écarter définitivement la première. L'objectif de l'auteur est de dévoiler la
richesse de la personne du messie et la signification de sa mort et de sa
résurrection pour l'avenir de la création. Il lui faut aussi confirmer ses frères, ranimer l'espérance dans les épreuves.
Son message d'espérance n'est pas coupé de la réalité de l'histoire, il est
lucide et n'occulte pas les conflits, la cruauté des persécutions, la tiédeur de
beaucoup de chrétiens, les déchirures des Eglises et la déformation du bon
Message. Il oriente ses lecteurs
sur la figure du Christ, détenant les
clés de la mort et de l'enfer car il est le Vivant, lui qui a subi la mort pour
nous. L'Eglise
du Seigneur Lire
Apocalypse chap 2 &
3 Les
sept Eglises Le
Seigneur se révèle à Jean dans une vision inaugurale qui évoque celles des
prophètes de la première Alliance. Nous reviendrons sur cette présentation
pascale du Seigneur de l'Eglise. La
première partie de l'apocalypse se présente comme une série d' épîtres adressées
à sept églises d'Asie mineure.
Césaire d'Arles entend par ces sept églises, " l'unique
Eglise catholique, en raison de l'unique esprit septiforme".
Ce
qui veut dire que nous ne devons pas rechercher dans chacune de ces sept
églises, une période de l'histoire de l'Eglise selon la théorie des âges du
monde, ou, un schéma à imposer sur la réalité des différentes communautés
chrétiennes d'Orient ou d'Occident. L'Eglise
catholique n'est pas un bloc homogène dirigé par une autorité centrale à qui le
Messie aurait confié sa place de chef de l'Eglise, elle est l'union des Eglises
locales présidées chacune par son "ange" , celui que le Seigneur "envoie"
pour être le double signe de sa présence et de l'unité des fidèles et des
communautés: c'est l'évêque. L'Eglise catholique n'est pas non plus une
abstraction idéale, elle est communautés locales bien réelles aux prises avec la
sainteté et le péché, la paix intérieure et la lutte spirituelle ou la persécution. Les Eglises locales sont
pleinement incarnées dans leur cité
avec
leur vie quotidienne. L'apocalypse utilise les événements concrets comme un
signe et un appel pour une communauté particulière et pour toutes les
Eglises. Elle
donne l'impression de redites fréquentes, notamment pour ce qui est des
septénaires: Sept Eglises, sept sceaux, sept trompettes, sept coupes, les sept
lampes, les sept esprits. De la constatation de ces apparentes répétitions est
née le "système de récapitulation" qui est une clé essentielle de la
compréhension de l'ouvrage. On propose de voir dans les septénaires non pas une
série continue d'événements, mais la description réitérée des mêmes faits sous
des formes diverses. Les commentateurs des quatre premiers siècles ont adopté le
système de récapitulation. L'appel
à la conversion Chaque
lettre est bâtie sur le même modèle: 1.
Une adresse du Seigneur à une Eglise locale par l'intermédiaire de son évêque
appelé l'ange de l'Eglise de N.
2.
Une présentation du Seigneur de l'Eglise avec ses attributs messianiques mis en
rapport avec le contenu de la lettre. 3.
Un diagnostic sur l'état de la communauté avec un bilan positif ou négatif.
4.
Un appel à la conversion ou à la fidélité. 6 5.
Des perspectives , sanctions ou récompenses. On
doit remarquer que celui qui délivre le message de la lettre est le Christ,
mais, à la fin de l'épître, il laisse l'Esprit Saint prolonger sa parole en nos
coeurs, la lettre s'adresse à une Eglise et ce sont toutes les Eglises qui
doivent l'entendre. "Celui qui a des oreilles entende ce que
l'esprit dit aux Eglises." Ce qui est dit à une Eglise n'est pas sans
importance pour les autres, chacune doit le prendre pour soi.. Chaque Eglise est
au prise à un danger particulier, leur attitude en face de ce danger engage leur avenir. La menace n'est pas
seulement extérieure avec les persécutions, elle se dissimule au sein même des
Eglises en masquant son caractère démoniaque sous des traits apparemment
chrétiens. D'où l'appel à la métanoia, à la conversion. "Change d'état d'esprit". L'esprit d'idolâtrie guette toujours les
hommes, l' hérésie déforme la révélation divine et conduit par des solutions de
facilité au dérèglement de la vie. Etre chrétien, c'est s'opposer avec
intransigeance à toute intelligence avec le mauvais. Comme le messie, ce refus
d'entrer dans le jeu du prince de ce monde, nous fait prendre la croix pour
devenir à sa suite et par sa grâce, vainqueur. Ephèse, est la première ville de la province
d'Asie. Sur le plan politique, elle mène un rude combat pour garder son
importance menacée par la désaffection de son port. Sur le plan religieux, le
culte à Artémis, déesse de la fécondité est important., elle est aussi
"gardienne du temple", ce qui met en valeur son statut de métropole du culte
impérial. La constance n'a pas manqué à l'Eglise d'Ephèse et elle a souffert
sans se lasser pour le Nom du Seigneur. Il lui est reproché "d'avoir perdu son amour d'antan".
L'amour est l'essence même de la révélation. L'amour
de Dieu pour les hommes a été la raison de l'incarnation du Logos, le motif de
la croix et la joie de la résurrection. Pour rendre compte du mystère pascal,
les chrétiens doivent montrer envers Dieu et envers les hommes le même amour. Il
semble que l'Eglise hésite dans sa fidélité et sa consécration sans partage au
message de "Au
vainqueur, je ferai manger de l'arbre de vie placé dans le paradis de
Dieu"
Désormais, il n'y a plus d'interdiction, les fruits de l'arbre de vie sont
offerts à l'humanité. Pour notre Eglise en marche vers l'accomplissement du
Règne, rien n'empêche de voir dans cet arbre de vie la sainte croix distribuant
ses fruits dans les mystères. L'Eglise
de Smyrne
est pauvre. L'est-elle en raison de
son importance numérique ou de l'origine sociologique de ses membres? Peu
importe. Si on tient compte que le Christ se présente comme "celui qui vit après avoir connu la mort
", elle est surtout pauvre d'esprit aux yeux des savants et des gnostiques.
Elle croit avec simplicité à la réalité de la passion, de la mort et de la
résurrection du sauveur. Elle est riche de la vraie richesse: la foi. Que
l'Eglise reste toujours fidèle à cette donnée de la prédication apostolique:
Pour nous et pour notre salut, le christ est mort et ressuscité.
"Le
vainqueur n'a rien à craindre de la seconde mort."
Selon l'explication de St. Irénée et des pères apologètes, la seconde mort, en
opposition avec la première, celle de notre corps de chair, est la mort
eschatologique, le contraire de la vie éternelle. C'est une possibilité de la
liberté de l'homme. La première mort n'est pas à redouter, la vie véritable
communiquée par le ressuscité est plus forte que la mort. Le
vainqueur recevra la manne cachée et la
pierre blanche. Selon le judaïsme, la manne est cachée, c'est à dire réservée, au ciel pour les élus qui en
jouiront pendant l'ère messianique. Pour le judéo-christianisme, elle symbolise
le pain eucharistique. Les fidèles reçoivent dès maintenant le pain à venir.
Comme l'Eglise d'Ephèse, celle de Pergame et toutes les Eglises partagent les
biens du monde à venir. Le futur commence dans le présent de la vie liturgique.
La
pierre blanche (on peut traduire
aussi caillou, mais alors il faudrait appeler Simon, Caillou et non Pierre!) est
peut-être selon l'usage antique la pierre d'invitation aux banquets officiels.
Cette interprétation va bien avec les reproches du Seigneur et la promesse de la
manne. Comme le baptême introduit à l'eucharistie, la pierre blanche est le
signe, de l'appartenance au monde nouveau, à la nouvelle création. La suite de
l'apocalypse dévoilera le nom nouveau: Parole de Dieu, Seigneur des Seigneurs, Roi
des rois. C'est celui du Messie Jésus. A
Thyatire,
l'Eglise a su garder son premier
amour, il lui est reproché de laisser
faire Jézabel. La communauté semble indifférente à la fausse prophétie qui
s'installe. Toutes les Eglises doivent être attentives aux révélations privées
qui entraînent les fidèles à délaisser la source de Vérité pour se désaltérer à
des citernes impures pour finalement mélanger la doctrine de vie aux discours
humains. Mais le Fils de Dieu sonde les reins et les
coeurs, il appelle au discernement, il promet au vainqueur, le pouvoir de mener les
nations avec un sceptre de fer comme un maître de doctrine pure. Il recevra
l'Etoile du matin. Le Messie, selon 2
Pierre 1, 19, est en nos coeurs l'Etoile du matin. Etre
chrétiens c'est communier totalement à l'être du Christ, participer à sa propre
nature divine par grâce. La
communauté de Sardes
semble vivante, mais cette apparence masque une mort effective, car ses oeuvres ne sont pas parfaites,
littéralement pas pleines, remplies.
Elle fonctionne apparemment parfaitement, il lui manque d'être remplie de
l'Esprit Saint, d'être vigilante à conserver Le
vainqueur recevra le vêtement blanc,
celui du baptême: la gloire, la lumière, la vie. Il vivra à jamais, son nom est inscrit sur le livre de vie.
Les Eglises doivent prendre garde de mettre en cause cette inscription en
oubliant l'acquisition de l'Esprit de Vie
pour
se contenter d'une organisation institutionnelle. L'Eglise
de Philadelphie
a
peu de moyens
comme celle de Smyrne. Elle se montre
pourtant fidèle. Le Seigneur a mis
devant elle une porte ouverte. Celle du Royaume qui appartient aux pauvres
des béatitudes. Quand viendra l'heure de l'épreuve finale à laquelle personne
n'échappera, à cause de sa persévérance, le Seigneur la gardera et fera du vainqueur
une colonne dans le temple de La
lettre à Laodicée
atteint le maximum de sévérité. L'Eglise est fade, ni chaude, ni froide: tiède. Elle se croit riche, elle est pauvre, aveugle et
nue. Il y a beaucoup de beaux parleurs sans l'or de la charité.
L'Amen fait
pourtant à cette église minable, l'invitation la plus sublime: Il se tient à la porte pour entrer et manger
avec le vainqueur Lors
de son retour, le Bien-aimé éveillera l'épouse pour entrer dans l'intimité des
noces mystiques. Je vous invite à en goûter l'anticipation dans l'eucharistie de
l'Oblation mystique. Le
Seigneur de l'Eglise Lire
Apocalypse, 1, 13-19 Le
caractère liturgique du livre de l'apocalypse est exprimé par la vénération du
Dieu saint et tout puissant. A cette vénération qui n'est en rien exceptionnelle
pour un juif monothéiste, s'ajoute un fait nouveau: On associe à la célébration
le Messie. L'auteur a la conviction que le messie doit recevoir même honneur,
même gloire et adoration que le Père des cieux. C'est 10 vraiment
un bouleversement de la connaissance de la divinité. Adonaï est un mais pas
seul. La
révélation du mystère est toute imprégnée de l'expérience
pascale: Le
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Il
est vainqueur de la mort et prémices du
monde nouveau. La résurrection du messie illumine la liturgie de
l'apocalypse; mais si Jésus est le vivant, on se garde d'oublier qu'il fut mort.
L'événement le plus important du ministère en Palestine du messie, est sa mort
et sa résurrection. La croix n'est pas séparée des apparitions glorieuses. De
même, le baptême revêt le croyant du Christ par l'expérience simultanée de la
mort et de la résurrection, symbolisée par l'immersion et l'émergence des eaux
sanctifiantes. Le
logos s'est fait chair.
La chair est le lieu où le salut se réalise, car le logos est véritablement
devenu homme parfait. C'est sur la
terre qu'il est venu mourir et ressusciter, ceux qui veulent prendre la croix et
le suivre doivent comme lui sur la terre s'engager sans partage et aller
jusqu'au comble de l'amour: mourir à soi-même, déposer sa propre volonté pour se
livrer à la volonté du Père. C'est sur la terre que nous devons le suivre par
les chemins d'épreuves et de joie. Pour recevoir la grâce et la paix, nous devons écouter la parole et garder fidèlement son
contenu. En fait pour être fidèle, il nous faut mieux connaître le Christ,
c'est à quoi nous invite l'apocalypse. Le
livre saint est le premier document de christologie. En offrant une collection
importante de titres christologiques, il nous révèle différents aspects de
l'unique personne du messie et de sa mission. Celui
qui est, qui était, qui vient.
Cette
formule est sans aucun doute la paraphrase d'exode 3, 14 ou Adonaï à la question
impertinente de Moïse sur son nom répond pour ne pas définir le mystère de son
être " je suis qui je suis". D'autres
versions traduisent "Je serai qui je
serai". Un targum palestinien
développe Deut. 32, 39 " Voyez maintenant
que c'est moi qui suis moi et qu'il n'est point de Dieu à côté de moi" par
"
Quand le logos (en hébreu Memra = Parole) du Seigneur sera révélé pour racheter
son peuple, il dira à toutes les nations: voici maintenant
que je suis celui qui est, et celui qui était et je suis celui qui sera et il
n'y a pas d'autre dieu que moi". Dès
le début le nom secret de Dieu est
donné, il n'est pas seulement l'éternel, il est celui qui vient dans le temps.
Il est le nom de celui par qui Jean donne la grâce et la paix de sa part. C'est le Nom du grand Dieu
mais aussi celui de son envoyé. Grande audace dans la bouche d'un sémite de
l''an 96, Jésus, le messie est associé à la divinité. En 325, les 318 pères de
Nicée exposeront la foi de l'Eglise: Nous
croyons <> en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, engendré du
Père, unique engendré <>Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de
vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père...
Les
sept esprits. Sept
anges? Je ne crois pas. Apoc. 3, 1
& 5, 6 donnent à celui qui écrit aux églises la possession des sept esprits.
Il est plus plausible que les sept esprits soient plutôt la plénitude de
l'Esprit Saint qui repose sur le messie. Isaïe 11, 2, énumère les sept esprits:
esprit de sagesse et d'intelligence,
esprit de conseil et de vaillance, esprit de science et de crainte du Seigneur,
esprit de piété. Sept et un ,
il est l'unique et septiforme Esprit du Seigneur. Jésus
a reçu la divinité de son Père, il n'est pas séparé de l'Esprit saint qui repose
en lui depuis toujours. L'Esprit
et le Fils sont les deux mains du Père
dit saint Irénée. saint Grégoire de Nysse précise "Tout
ce qu'a fait le Père, le Fils en est inséparé et coauteur; et ce qu'accomplit le
Fils ou l'Esprit Saint, le Père y coopère absolument et indivisiblement. Le Fils
ne fait donc rien de lui-même et
par lui-même sans le Père, ni le Père absolument rien sans le Fils et l'Esprit,
ni l'Esprit à son tour n'entreprend rien sans le Fils et le Père. " Premier
né d'entre les morts. Nous
avons aussi la possibilité de lire dans les trois premiers titres la révélation
de -celui
qui est = le Père, -les
sept esprits = L'Esprit saint septiforme c'est à dire qui remplit tout et est
partout présent, -le
premier né des morts = le Logos incarné. Il
est aussi certain que les premiers titres sont aussi attribués à Jésus le témoin
fidèle des choses d'en haut. Il est le premier né d'entre les morts, le souverain
des rois de la terre. La réalité des événements de la vie de notre Jésus
n'est pas comme le voudraient les gnostiques ou les rationalistes un mythe
naturiste où la végétation meurt à l'automne pour renaître au printemps à la
façon du culte d'Osiris et d'Horus. Notre messie n'est pas une divinité céleste
personnifiant quelque force de la nature, il est un homme réel, inséré dans
l'histoire, il est né semblable à nous en toutes choses excepté le péché, a été
soumis à l'éducation, aux fonctions naturelles, au travail, il a expérimenté la
souffrance et la mort sur la croix. Des
témoins, qui d'abord avaient douté,
affirment qu'il est vivant. Il s'est laissé voir à quelques uns pour que tous,
par la foi, fassent l'expérience spirituelle de sa mystérieuse présence. Pierre résume cette expérience:
"Et
nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des juifs et à
Jérusalem, lui qu'ils ont mis à mort en le suspendant au gibet. Mais lui, Dieu
l'a ressuscité le troisième jour, et il lui a donné de se montrer, non pas à
tout le peuple, mais aux témoins choisis d'avance par Dieu, à nous qui avons
mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts. Et il nous a
prescrit de proclamer au peuple et d'attester qu'il est, lui, établi par Dieu,
juge des vivants et des morts. "
(Actes
10, 39-42)
Ainsi
l'espérance d'Israël sur la résurrection des morts est accomplie. Le messie par
sa résurrection inaugure le Règne de Dieu . Il est le premier-né car après lui,
de nombreux frères passeront à la vie éternelle. La puissance de l'enfer est
réduite à néant pour ceux qui sont délivrés de leur péché par le sang de Jésus
le messie. Par l'événement
unique de la croix, ils sont déliés du péché, ils sont devenus un royaume, et les prêtres de Dieu son Père.
Tous
les fidèles réunis en un seul corps forment l'unique royaume vainqueur du
mauvais. Cette capacité de vaincre en eux le mal les rend capable de faire
remonter une louange parfaite vers Dieu le Père par le Christ grand prêtre de l'Alliance
nouvelle et éternelle. L'Alpha
et l'Oméga. A + W
Il
semblerait qu'ici en Apoc. 1, 8, nous entendions la voix du Père, car le titre
de tout-puissant qui suit, serait réservé au Père. Tout-puissant ou pantocrator
en grec de la septante traduit l'hébreu Sabaot = des armées. Pourtant en 22,
L'apocalypse
affirme ce que Grégoire de Nysse expliquait plus haut, l'identité d'être et de
l'action des trois personnes de En
partant de l'Alpha pour arriver à l'Oméga, il nous faut parcourir tout
l'alphabet. L'allégorie suggère la présence de Dieu à chaque instant de
l'histoire de la création. Dieu est là à la création, il est là maintenant, il
est là à la fin de ce temps. Il est celui
qui était, à l' origine du monde, celui qui est, qui conserve toute la
création dans sa main, qui vient, qui
achèvera lui-même son oeuvre de salut quand il sera temps de montrer la gloire
du ciel nouveau et de la terre nouvelle. Nous
goûtons par anticipation à la nourriture de Le
Vivant pour les siècles des siècles Lire:
Apocalypse, chapitre 4 & 5 Ce
jour, le Seigneur l'a fait; soyons dans la joie et dans
l'allégresse.
La
liturgie pascale met dans notre bouche ce verset 24 du psaume
Les
sept luminaires Le
verset 1, 21 explique que les sept
chandeliers sont les sept églises. Nous retenons toujours le chiffre sept
comme désignant non un nombre mais la plénitude. D'ailleurs, si nous regardons
la vision de Zacharie 4, 2-10, il s'agit plutôt d'un unique chandelier pourvu de
sept lampes qui représentent la force de
l'esprit du Seigneur. Car
l'unique Eglise répandue par tout l'univers trouve sa vie et la force de son
unité dans l' Oblation mystique qui est communication de l'Esprit Saint. La
communion du Saint Esprit ouvre nos yeux de l' homme intérieur pour rendre
compte de la présence du ressuscité. Il
se tient au milieu des chandeliers, le Christ ressuscité n'est pas au
dessus, en dehors mais bien au milieu des Eglises. La vie des églises est sa
vie, Il est impossible se séparer la tête du corps. La
foi qui s'adresse à lui et qui vient de lui permet seule d'être uni en lui sans
rupture.
(Origène) Le
fils de l'homme La
description du Fils d'Homme est à rapprocher de la vision de Daniel 7, 9- 14 où
est dépeint l'Ancien des jours; L'apocalypse n'hésite pas à appliquer au Christ
ce que la première Alliance attribuait à Dieu. Pour cette raison , je le répète,
on doit considérer Le
Fils de l'Homme qui dans le livre de Daniel venait sur les nuées du ciel et à qui fut
donné domination, gloire et royaume, est la figure tant attendue du messie.
Le judaïsme l'entendait comme un être céleste, dont l'aspect humain
signifiait, malgré son
mystère, sa condition de créature.
Le judaïsme tardif ne veut y voir qu'une personnalité collective représentant
les saints du Très-Haut (Dan. 7, 18). Le Christianisme attribue volontiers le
titre de Fils de l'Homme à Jésus, venu dans la chair exercer la royauté de Dieu
son Père, et son jugement sur les nations. Ce Fils de l'homme possède les
attributs de la divinité. Sa tête et ses
cheveux blancs montrent qu'il est plus âgé et plus sage que n'importe quel
vieillard, l'éternité lui appartient. Ses
yeux comme une flamme ardente signifient la connaissance du
regard
divin qui pénètre et dévoile; en Daniel, le feu environne le trône de Dieu. Une
fois de plus ce qui est dit de Dieu est appliqué à Jésus le Christ.
Il
est vêtu d'une longue tunique avec une
ceinture d'or. Il porte les insignes du grand prêtre, car par son sacrifice
il est le médiateur entre Dieu et les hommes, il a brisé le mur de séparation
qui par le péché s'était élevé entre le Saint et l'humanité révoltée.
A
l'inverse de la statue de Dan. 2, 33 qui représentait la puissance orgueilleuse
du roi de Babel, avec des pieds d'argile, le Fils de l'homme a des pieds semblable à un bronze
précieux qui marquent son
caractère stable et puissant. Nous pouvons aussi entendre par la description de
sa tête le caractère divin, et par celle de ses pieds foulant la terre, le
caractère humain. Toute la majesté du Fils de
l'homme
exprime la confession de saint Cyrille "une
seule nature du Logos fait chair"
; nature
jusis / physis devant être entendu comme synonyme d'unité d'être = hypostase
Le
concile d'Ephèse présidé par saint Cyrille, proclamait Marie mère de Dieu en
vertu de l'union hypostatique. Il eut le bonheur d'une formule christologique équilibrée mais qui ne
fut pas l'objet d'un symbole de foi par respect pour celle du concile de
Nicée:
"Union sans confusion du divin et de l'humain dans le Christ, consubstantiel à
son Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon
l'humanité;" Saint
Cyrille dit encore "le
Logos n'est pas venu dans un homme, mais il est devenu lui-même homme, sans
cesser pour autant d'être Dieu".
Par
sa résurrection, le Christ est devenu le prêtre éternel; saint Cyrille attribue
le sacerdoce, ni au Logos seul, ni à l'homme seul mais au Logos devenu chair.
"
Le Logos s'est inséré dans la chair comme la force vivifiante de Dieu, en même
temps qu'il y a enraciné en toute vérité la grâce du Saint Esprit".
Le
grand Origène a saisi lui aussi l'unité inséparable des deux natures du Christ
après l'incarnation: "
Le Fils n'est pas simplement un comme l'est une chose, ni multiple comme sont
les parties, mais il est un comme il est tout".
Dans
sa main droite sept étoiles, dans sa bouche un glaive acéré.
Les sept étoiles montrent son autorité sur le monde céleste et cosmique. Le
glaive sortant de sa bouche est Le
Vivant Les
Evangiles narrent les faits qui ont suivis la mort de Jésus sur la croix. Ils nous
expliquent comment celui que tous ont vu remettre l'esprit, se laisse voir par
les disciples , Vivant.
Le tombeau est vide, voici que deux messagers disent aux femmes: Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les
morts, il n'est pas ici, il est
ressuscité. Elles ne savaient que penser. Pierre lui aussi regardant le
linceul, quitte le tombeau, tout
étonné. Puis Jésus prend l'initiative, il se laisse voir par les disciples,
toucher par Thomas, mange le poisson grillé; Il envoie les disciples proclamer
Les
évangiles nous donnent le point de vue de la terre, l'expérience des témoins. De
l'incrédulité, ils passent à la foi. Devant l'évidence de la résurrection, ils
relisent toute la vie du messie comme une montée vers la glorification qui passe
par l'exaltation sur la croix et la présence corporelle du ressuscité.
L'Apocalypse
révèle le point de vue céleste de la victoire de Pâque: Jean
tombe comme mort aux pieds du fils de
l'homme qui pose sur lui sa main droite en disant: Sois sans crainte, je suis le
premier et le dernier, je suis le vivant,
je fus mort mais me voici
vivant pour les siècles des siècles, je détiens les clés de la mort et de
l'enfer. De
sa main qui tenait fermement les sept étoiles, le Christ maître du monde, relève
tendrement son serviteur écrasé par la vision du visage du ressuscité éblouissant comme le soleil. Le Christ
embrasse la plénitude des mondes et se penche sur chaque homme! C'est là toute
la pointe de l'apocalypse: Le ressuscité est " le
principe de l'univers et l'achèvement de tout"
(Origène), il est aussi présent à
chaque homme pour lui adresser le message de toute Le
Logos est toujours, il ne fait
jamais défaut à sa création, même
dans
les pires épreuves.
Il
est le premier et le dernier, non pas dit
Origène, par
le temps, mais parce qu'il apporte principe et achèvement.
Je
suis le Vivant.
Voici un titre donné par la
première Alliance exclusivement à Dieu, le Logos incarné est le Dieu présent et
agissant parmi les hommes et pour eux. Mais si le messie peut être appelé le
vivant à l'égal de Dieu, il ne faut pas occulter qu'il fut mort. Ce Jésus
glorieux est le même qui a vécu parmi nous, Il est mort sur la croix le grand
vendredi, pour nous et notre salut.
Depuis cette pâque il est le vivant, il n'est pas simplement revenu à la
vie, il est le vivant aux siècles des
siècles.
"
Le Logos qui est vie par nature est devenu mort pour nous; après avoir mis fin à
la douleur de la mort, il est vivant pour les siècles des siècles. Nous
confessons qu'il est devenu mort, mais pas qu'il est devenu vie, car il est Par
l'union hypostatique du Logos fait chair,
Dieu a subi dans sa chair la mort pour nous. Par
sa mort, Christ brise le pouvoir de la mort; Mourir avec et pour le Christ,
c'est passer de la vie à Le
ressuscité a les clés de la mort et de l'enfer. Il les a
conquis par l'instrument de la croix. Par elle, n'ayant pas trouvé Adam sur la
terre, il est descendu le chercher dans les enfers. Il a brisé les verrous
d'airain; L'enfer ne peut plus conserver ses prisonniers. Le pouvoir du
ressuscité ne peut être arrêté par rien, la mort même doit céder devant lui.
le
Christ est le Seigneur des Eglises, pour elles, il a subi la croix, il est le
vainqueur de la mort, celui qui est le Vivant et donne sa Vie.
& l'Agneau immolé
Lire Apocalypse, chapitres 6, 8, 9, 11 v
15sq., 15 & 16 Le
ressuscité est le vivant aux siècles des siècles. Il annonce au sujet du
vainqueur de l'église de Laodicée, " je
le ferai siéger près de moi sur mon trône, comme moi-même, après ma victoire, je
suis allé siéger près de mon Père sur son trône". Le
ressuscité n'appartient plus au monde de la chair. Rendu à la vie, son corps
pénétré de l'Esprit entre dans la gloire du Père. L'ascension marque la fin des
apparitions aux apôtres. Le messie s'élève dans les hauteurs par l'ascension
annoncée par les psaumes. "le Seigneur
s'élève parmi les acclamations<> il siège sur son trône sacré. ps. 46.
Tu es monté au ciel emmenant la captivité
libérée (littéral: la captivité captive) Ps. 67. Jean
voit une porte ouverte dans le ciel.
Et cette porte ouvre à la vision du trône de Dieu. Le christ s'élevant dans les
hauteurs laisse ouverte la porte
du
ciel pour que les hommes puissent contempler les mystères et recevoir l'Esprit.
Jean est saisi par l'Esprit et contemple ce que nul mortel ne peut voir sans
mourir: Dieu siégeant dans sa gloire. Il se tient à la porte du ciel et reçoit
dans l'Esprit c'est à dire, non par le ravissement de l'extase mais par un
passage du temps à l'éternité, mémoire de Dieu, la grâce pour connaître le
secret de la providence et suivre du point de vue de l'Economie divine (=dessein
divin) le déroulement de l'histoire du monde. Mais avant même de voir ce qui doit arriver il est appelé à être le témoin de la
liturgie céleste qui se célèbre devant le trône divin sans interruption.
Sur
le trône siégeait quelqu'un.
Nous n'apprendrons pas grand chose sur l'aspect de celui qui siège sur le trône
et c'est bien ainsi. Nous savons par la première Alliance qu'il s'agit du
créateur. Isaïe, les psaumes, Ezéchiel, aiment parler du ciel comme trône de
Dieu. Inutile d'essayer de donner une explication et même d'identifier les
pierres précieuses qui relèvent la majesté de l'occupant du trône. Jean n'est
pas un peintre figuratif, il signifie, évoque une réalité inacessible au langage
et à la représentation picturale. L'art chrétien antique respecte son incapacité
à montrer le créateur et représente Dieu par un trône vide où repose parfois le
livre des Ecritures. Jean voit en couleurs, mais la gloire autour du trône, comme une vision
d'émeraude cache plus qu'elle
ne montre; en fait ces couleurs ne disent pas plus que le psaume cosmique
103: Le Seigneur est revêtu de splendeur
et de majesté, drapé de lumière comme d'un manteau. Saint Paul écrit à Timothée 1 Th. 6, 16: Dieu habite une lumière inaccessible.
Autour
du trône divin, vingt -quatre autres trônes occupés par vingt -quatre anciens.
Le
vêtement blanc et la couronne justifient
leur identification à des hommes glorifiés; leur nom d'ancien évoque le
ministère des responsables de communautés juives ou chrétiennes (ancien
= presbytre d'où nous avons tiré le mot prêtre).
Nous n'en savons pas plus. Leur nombre a permis de supposer une identité plus
précise. Je livre pêle-mêle les interprétations en laissant la responsabilité
aux auteurs, la liberté aux lecteurs de les accepter ou de les laisser de côté:
vingt-quatre, comme les 24 classes de prêtres au service du temple, comme les 24 écrivains des
La
mer de verre, devant le trône, semblable à du cristal symbolise
à la fois le contact entre Dieu et sa création et la distance infinie entre le
Créateur inacessible et la créature fragile. En
face du trône, les quatre vivants.
Ezéchiel (chapitre 1) nous a déjà offert une vision du trône porté par quatre
vivants. La mystique juive a développé le thème de la merkaba, le char divin
porté par les chérubins qui ne cesse de visiter le monde. Malgré les différences
de morphologie entre les animaux d'Ezéchiel et ceux de Jean, on peut assurer la
similitude de l'idée théologique. Leur nombre suggère un rapport avec les quatre
directions fondamentales de l'univers, les quatre points cardinaux; la gloire de
Dieu remplit l'univers étant simultanément présente en tous lieux. Si les
vivants d'Ezechiel sont perpétuellement en mouvement, ceux de Jean ne sont plus porteurs du trône, mais ses
veilleurs stables dans leur magnificence. Ils ouvrent la liturgie céleste en ne
cessant de proclamer jour et nuit le trisagion angélique: Saint, saint, saint, le Seigneur
tout-puissant, qui était, qui est et qui vient. Pour
marquer le caractère permanent et répétitif de la louange le texte grec emploie
le futur pour exprimer l'adoration perpétuelle: les vivants rendront gloire, les
anciens se prosterneront, adoreront... (hélas
les traductions françaises, sauf Osty , utilisent le présent ou
l'imparfait).
Les
veilleurs mènent la prière. Bien entendu il s'agit de la prière angélique mais
aussi de celle de l'univers qui reconnait les mains de son créateur et lui
adressent la doxologie (=
rendre gloire) et
l'eucharistie (=
rendre grâces).
A l'adoration des anges et du cosmos tout entier, répond la glorification des
hommes représentés par les vingt-quatre anciens. Ils se prosterneront et jetteront leurs
couronnes devant celui qui est assis en disant : tu es digne de recevoir la
gloire, l'honneur et la puisssance... Avons-nous
vraiment conscience de participer à cette doxologie universelle, vraiment
catholique, quand nous sommes réunis en Eglise pour célébrer l'office divin et
plus encore offrir la sainte Oblation? Nos oreilles entendent-elles notre bouche
emprunter la langue des anges pour dire sans crainte ni tremblement le trisagion
céleste? Déjà
le culte solennel de la synagogue bénit l'Eternel par le triple saint
(=trisagion),
la liturgie chrétienne utilise aussi cette acclamation. Elle montre par là
qu'elle a sa source dans l'éternelle liturgie céleste. Elle a sa fin dans le
sang de l'Agneau répandu pour la vie du monde. Notre liturgie est en toute
vérité anticipation du Royaume et de la parousie. Car
celui qui siège sur le trône a dans sa
main un livre écrit au-dedans et au-dehors <> que personne n'avait été
trouvé digne d'ouvrir. Et voici, que se tient au milieu des quatre vivants
et des anciens un agneau debout, comme égorgé. Le
livre est entre les mains de Dieu, il contient un message pour les hommes, sa
volonté, et peut être aussi les événements qui en découlent. Ce qui est certain
c'est qu'il est message, parole de Dieu. Saint Hippolyte et Origène y voit le
texte de la première Alliance inintelligible tant que le messie ne l'éclaire
comme il a fait avec les pèlerins sur la route d'Emmaüs expliquant dans les
Ecritures tout ce qui le concernait. "
Comme la première Alliance, avant sa venue, était d'une profonde obscurité, elle
était scellé de sept sceaux. Mais ils sont devenus si
clairs
après la résurrection du sauveur que ceux à qui, par expérience, furent ouvertes
les Ecritures, disent de l'Agneau égorgé: "notre coeur n'était-il pas brûlant en
nous, lorsqu'il nous ouvrait les Ecritures" (Origène). Ce
verset nous autorise à lire la première Alliance selon l'interprétation
christologique qui seule ouvre le coeur au feu divin, sans dédaigner le sens
immédiat expliqué par l'exégèse savante. Un
des anciens annonce la victoire du lion
de Juda, on s'attend à le voir apparaître et voici un agneau! Le lion
vainqueur est l'agneau immolé. Les sept cornes notent la plénitude de sa
puissance, les sept yeux, l'Esprit qui illumine toutes les nations.
Aussi
bien le lion que l'agneau, dans l'attente d'Israël, représentent le messie. Pour
ce qui concerne l'agneau , il est évident de se référer à deux textes
importants: Isaïe 53,7 décrit le
Serviteur du Seigneur qui offre sa vie en sacrifice de purification: Il n'ouvre pas sa bouche, comme un agneau
traîné à l'abattoir. Exode 12 réclame l'immolation de l'agneau pascal dont
le sang protège les hébreux lors de la première pâque d'Egypte. Saint Jean
Baptiste avait certainement en tête l'une ou l'autre ou les deux citations quand
il a désigné Jésus comme l' Agneau de
Dieu qui ôte le péché du monde. L'agneau
se tient debout.
Cette position devant le trône de Dieu indique son éminente dignité; vainqueur
mais comme égorgé, il porte les marques de son sacrifice. Sans aucun doute,
l'agneau debout montre que son sacrifice n'a pas mis fin à sa mission. La
résurrection et l'ascension du Sauveur introduisent dans le sanctuaire le grand prêtre éternel entré pour nous en précurseur. Au prix
de son sang, il a fait<> de nous, pour notre Dieu un royaume et des
prêtres, et nous régneront sur la terre. De tout l'univers, l'adoration monte
pour unir dans une même doxologie Dieu
et l'agneau. A celui qui siège sur le trône et à l'Agneau,
bénédiction, honneur, gloire et domination pour les siècles de siècles. Amen.
Ainsi
l'apocalypse révèle l'unité consubstantielle de Dieu le Père avec son Logos
devenu homme pour notre salut. Adorons en silence avec les Vivants et les
Anciens.
Le
bouleversement des temps messianiques Lire Apocalypse chap. 12 &
13 Après
avoir contemplé la liturgie céleste et la gloire de l'Agneau, le messie immolé,
Jean quitte le monde céleste pour poser son regard sur l'histoire de l'humanité.
Il entend 22 clairement
un des quatre vivants tonner: "Viens . Et
voilà un cheval blanc". A chaque sceau ouvert, un des vivants répétera ce "viens". Au
premier abord on pourrait penser que ce viens à l'impératif est un ordre donné
au cheval, pourtant, si nous sommes attentif à l'emploi du verbe venir dans
l'apocalypse, nous constatons qu'il est plutôt une prière adressée au Christ, le
point final de la révélation sera d'ailleurs: marana tha, Amen viens Seigneur Jésus.
Si
les visions de l'histoire de l'humanité sont tragiques, elles conduisent à
l'appel de la venue du Sauveur pour mettre fin à la désolation de ce monde qui
est dominé par la violence de la nature dans l'attente de sa pleine
rédemption, et la méchanceté des
hommes sous le joug du péché par l'abandon du créateur. Après la vision de la
célébration pascale dans les cieux, de la victoire du messie, il est
naturel, avant même d'examiner
l'état du monde que le vivant souhaite sa parfaite manifestation à toute la
création. Jean
n'a pas une vision béate du temps de l'Eglise, il sait déjà par les premières
persécutions, par les premières déchirures dans les communautés, par les
premières trahisons du Bon Message et son affadissement (en 95!) que la venue du
Règne se fera comme un accouchement avec ses douleurs et ses joies, que la voie
royale du Salut est encombrée d'oppositions, d'épreuves, de souffrances. Le
messie est passé par la mort, ses disciples prendront le même chemin, mais grâce à la passion et à sa
résurrection du Maître de Vie, libérés de l'angoisse de mort, sûrs de la
victoire finale de la vie sur la mort. Donc,
voici qu'apparaissent quatre chevaux et cinq cavaliers. Le
premier cheval, blanc, monté par un
cavalier couronné, sortant en vainqueur et pour vaincre encore, doit être
mis à part des trois suivants. Il désigne certainement "le Roi des rois et le Seigneur des
seigneurs" (de
19, 11-16),
qui remporte la victoire finale. Notre cavalier avant même la description des
malheurs du monde anticipe sur la victoire pour répondre au
viens
du vivant. Christ est vainqueur par
sa croix. Malgré les catastrophes naturelles et les adversités dues aux hommes,
il a déjà pris le contrôle du cours des choses. La création dit "viens", il
arrive , il est déjà à l'oeuvre pour manifester ce qui est déjà accompli une
fois pour toutes. Le manque de foi, d'amour,
le mauvais usage de la liberté retarde pourtant sa venue. Laissant
de côté le premier cavalier qui n'appartient pas au même monde allégorique,
avant d'examiner ce qui arrive après l'ouverture des sept sceaux, il est
nécessaire de se rappeler que les événements rapportés par l'apocalypse ne sont
pas à prendre comme une succession mais comme la répétition de mêmes signes. Les
sept sceaux, les sept trompettes et les sept anges avec les sept coupes ont une
seule et même structure narrative répétitive.
Le
tableau , malgré les différences de détails montre bien l'unité des septénaires
-sceaux, -trompettes, -coupes. Grégoire
de Rome dans une homélie sur la femme aux sept démons (P.L. 71,col.1239sq.)
explique "Puisque
en effet le temps est tout entier renfermé en sept jours, le nombre sept figure
bien l'universalité".
Le
Logos a pris chair, il a assumé parfaitement la nature humaine sans tricher,
c'est à dire qu'il a subi les vicissitudes de la vie
de
l'homme incarné dans un lieu, une histoire, une culture, il a connu les tourments de la mort, puis
la gloire de la résurrection. Ses disciples, s'ils reçoivent par le baptême et
l'eucharistie de la sainte oblation les prémices de la gloire de la résurrection
ne sont pourtant pas dispensés de la fatigue de la 24 chair;
sans être du monde, ils sont dans le monde et connaissent les humiliations de la
haine, de la maladie, du déchaînement des éléments. Le
christianisme n'engendre pas des sur-hommes mais des hommes accomplis selon la parole de saint Paul
reprise par saint Irénée, cet accomplissement étant la réception de l'Esprit
Saint, l'esprit de l'homme se
conformant à la vie de l'Esprit saint. L'Esprit
saint est humble et l'homme humble ne se soustrait pas à sa condition sauf
pathologie de l'âme. L'Eglise doit attendre avec confiance le retour du messie
et saisir les malheurs du temps à la lumière de l'incarnation et de la
croix. Le cheval feu et son cavalier personnifie la guerre comme constante,
hélas, de l'histoire des hommes, et aussi comme phénomène accompagnateur du
temps messianique. La victoire du messie est déjà remportée (chevalier blanc)
mais elle entraîne un tel bouleversement que les forces du mauvais se
déchaînent. Les
guerres sont suivies de rationnement et de famine, le cheval noir et son cavalier, mais la
voix du vivant demande que l'on ne change pas le prix de l'huile et du vin. On a le droit de voir
dans ces deux denrées des signes sacramentels, on reste étonné que le pain, type
du corps mystique, n'échappe pas à
l'inflation, on peut donc se limiter à en faire, par référence à la parabole du
samaritain, le symbole de la miséricorde divine qui apporte réconfort et salut.
Le
cheval vert livide, porte deux
cavaliers, la mort et le séjour des
morts, l'hadès, conséquence de la guerre, des épidémies et des famines. Les
quatre cavaliers n'ont pouvoir que sur un quart de la terre, ainsi la vie
continue. Les
catastrophes dues aux désordres de l'homme ou de la nature affectent toute
l'humanité, les disciples du Christ ont à affronter aussi d'autres douleurs: Ils
doivent être prêts à témoigner jusqu'au sang de l'espérance qu'ils portent en
eux comme "les âmes sous l'autel qui ont été immolés à cause de la parole
de Dieu et le témoignage qu'ils portaient". Avoir le témoignage de Jésus, c'est
posséder en soi le témoignage que l'Esprit rend à Jésus, c'est être accordé à
Le
cri de vengeance des martyrs apparaît bien peu chrétien! Il montre surtout leur
état d'insatisfaction: leur martyr n'a pas eu le résultat qu'ils pouvaient en
attendre, la conversion des persécuteurs à la loi de l'Esprit. Ils demandent au
Seigneur de hâter le jugement afin que l'humanité sache où sont la vraie vie et
les véritables valeurs. Pour
ce qui concerne le sixième sceau, les six premières trompettes et coupes, je
renvois à l'étude des "signes des temps" au N° 25, décembre 1990 de la lettre de
saint Elie, (voir
excursus 1) où est examiné le style dramatique de
l'annonce de la parousie. Ces signes ambigus, susceptibles de significations
multiples, n'ont d'autres raisons que de faire découvrir à chaque habitant de la
terre, sa fragilité pour ne pas dire son inconsistance face à la plénitude de
Celui qui remplit tout. Le
septième sceau, la septième trompette, la sixième coupe, donnent le spectacle de
l'accomplissement: L'Agneau a inauguré par son immolation et par sa résurrection
sa royauté sur le monde. L'Eglise, la
foule immense que personne ne peut dénombrer, a lavé par le baptême ses vêtements après être passé par la grande
tribulation, l'épreuve de la foi contre les raisonnements. La
femme & le dragon lire Apocalypse 14, 1-5.
La
vision de la femme ayant le soleil pour
manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles
est assez connue. Une dévotion assez récente dans le monde latin y voit
l'image de Marie, Mère de Dieu. Nous verrons que cette intuition a un fondement
mais qu'il ne faut surtout pas limiter la portée de ce signe à une seule interprétation
mariale. Elle
était enceinte et elle criait torturée par les douleurs de l'enfantement.
Devant
elle se tenait le dragon prêt à dévorer
l'enfant dès sa naissance.
26 Les
pères avec toute la tradition liturgique - à
partir d'Isaïe 66.7 " avant
d'être en travail, elle a enfanté, avant que lui viennent les douleurs elle a
accouché d'un fils mâle" -
ont mis en relief la naissance sereine du messie par n'est
donc pas adéquate à exprimer la naissance dans la chair du Logos.
Le
signe de la femme et celui du dragon
apparaissent dans le ciel
. Dans tout le livre de l'apocalypse, nous devons garder en mémoire que le
ciel ou la terre ne sont pas des lieux mais des niveaux de réalité. Les réalités
spirituelles décisives et définitives qui s'inscrivent dans l'éternité, mémoire
divine, sont inscrites dans le ciel,
réceptacle invisible de la gloire divine.
Les réalités, les événements qui n'engagent pas le destin des êtres et
qui ne sont que péripéties dans l'histoire du Salut restent au niveau des
apparences, la terre. Par terre nous pouvons intégrer tout le
cosmos, champ d'intervention des cavaliers, des anges aux sept trompettes et
ceux aux sept coupes; ce qui arrive sur la terre est la conséquence de
l'égarement des hommes qui sont sourds à Dans
le ciel, se livre pour ainsi dire
un plus rude combat: celui du bien contre le mal, de la vérité contre le
mensonge, de la vie éternelle contre l'abîme. Ce grand combat a eu lieu, il a
déjà un vainqueur, l'Agneau immolé. Satan n'est plus le même, il est réduit à
l'impuissance par la croix et la résurrection du sauveur; il n'a plus de pouvoir
dans le ciel, il en a été précipité
par Mikael. Le
combat se poursuit pourtant sur la
terre, dans l'âme de chaque homme soumis à la tentation du choix entre la
parole de Dieu, exigeante, juste,
sans détours, ou celle du mauvais proposant la facilité contre le droit
du prochain, l'enfermement dans l'autonomie égoïste; le péché s'oppose à la
volonté divine. La
femme dans les douleurs est une des images de la première alliance qui servent à
exprimer l'avènement du règne de Dieu. Isaïe 13. 8 annonce le jour du Seigneur:
"Ils sont épouvantés en proie aux
douleurs et aux transes, comme celle qui enfante ils frémissent". Osée 13.
13 prédit la libération d'Ephraïm lorsque "les
douleurs de l'enfantement lui surviendront".
La
femme est donc l'Eglise qui prend ses racines dans le peuple d'Israël qui
enfante le Christ; Le Christ total comme l'appelle Augustin d'Hippone, le Christ
total, le grand corps du Christ qui incorpore au Théanthropos (=Dieu-homme)
toute l'humanité sauvée constituée par ceux qui revêtent le Christ par le
mystère du baptême dans la mort et résurrection du Sauveur.
L'Eglise
enfante son nouveau-né, le Christ total,
dans les douleurs car la conversion exige du courage et des efforts.
Jamais rien n'est acquis avant le terme, le dragon est là, prêt à dévorer l'homme
nouveau qui veut se libérer du péché et de la mort. La
femme est donc La
première naissance, celle de la résurrection affirmée par Actes 13, 33
"Nous
vous annonçons la bonne nouvelle: la promesse faite à nos pères, Dieu l'a
accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus, tout comme il est
écrit au psaume 2: Tu es mon Fils, c'est moi qui t'engendre
aujourd'hui",
n'aurait pas de réalité si le Logos, le Fils de Dieu éternellement dans son sein, n'avait pas
pris en toute vérité la chair dans les entrailles de Marie la vierge. Le Fils de
Dieu est devenu fils de l'homme en naissant de Marie, consubstantiel
à son Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l'humanité,
parfaitement un sans confusion du divin et de l'humain (concile
d'Ephèse). Marie
Théotokos a mis au monde la tête du grand corps (= Jésus le messie), l'Eglise
donne le jour au corps total ( =les saints et les fidèles unis dans la communion
de l'Esprit), Marie et l'Eglise sont mères du Christ, mais aucune des deux, ne
l'enfantent sans l'autre. On peut penser que la femme de l'Apocalypse est bien
l'Eglise qui dans la douleur, purifie ses enfants et que cette description se
réfère à Marie, en tant qu'icône de l'Eglise, qui la première au pied de la
croix de son 28 fils
a eu l'âme transpercée (Luc 2, 35) par les douleurs de la passion. Son
enfant fut emporté vers Dieu et vers son trône.
Ce verset nous confirme bien que l'enfantement douloureux est bien celui de
Le
dragon est l'ennemi du créateur, de sa créature et de toute l'Economie qui doit
conduire l'humanité à la déification par grâce. Le
dragon rouge feu avec ses attributs, sept têtes et dix cornes, donne une
première impression d'intelligence multiforme, de puissance brutale, en fait
c'est un agité, un perturbateur, il balaie le tiers des étoiles de sa queue.
Michel et ses anges finissent par l'expulser du ciel, alors est révélée son
identité: serpent, l'antique serpent,
celui qu'on appelle diable et le satan. Il
est l'agresseur permanent, mais voici que depuis la naissance de l'humanité
nouvelle par la croix et la résurrection du Christ, il est précipité du ciel; le
messie vainqueur ne daigne même pas l'affronter, les anges le jettent du ciel.
Il reste un troublion sur la terre, sa sphère d'action se rétrécit, il ne peut
plus mettre en cause la plan divin sur l'humanité. Mis en colère contre la
femme, il s'en va mener un combat d'arrière garde. Dans
sa lutte contre la descendance de
la femme, le dragon a à sa disposition deux bêtes: la bête de la mer et la bête
de la terre. La
première bête vient de la mer et concentre sur elle les signes des pouvoirs
politiques à prétention religieuse. Les commentateurs anciens ont reconnu
notamment Le
pouvoir représenté par cette bête blasphème en réclamant les honneurs dus au
créateur, il est même capable en plus de l'élimination physique, de séduction intellectuelle,
d'endoctrinement. Un seul remède: la
constance et la foi. Que le coeur ne soit pas troublé par l'apparente
victoire du mauvais, les chrétiens dans les épreuves sont invités à affronter
avec courage la perpective de la mort, la foi assure la victoire sur la mort.
La
bête de la terre se présente avec des
cornes semblables à un agneau. Elle est servante de la première bête. Elle
semble devoir persuader par ses signes et ses "miracles" ceux que la force de la
première bête n'a pas convaincus.
Comment ne pas penser au loup
déguisé en pasteur des brebis. La deuxième bête est la spiritualité dévoyée,
elle a un petit air de l'Agneau, ses sacrements, elle ne veut que notre bien,
n'a à la bouche que piété, paix, justice. En fait tout cela ne sont que
"tchache" et langue de bois, elle
n'a qu'une ambition: le pouvoir et l'asservissement des malheureux qui lui font
confiance. Laissons tomber toutes les spéculations sur son chiffre
Courage,
le dragon et ses épiphénomènes, les deux bêtes sont déjà jugées. Dans le ciel
est déjà réalisée L'Agneau
sur le mont Sion lire Apocalypse chapitres 19, 6 à 16 & 20, 1 à 15 Les
deux bêtes gardent pour quelque temps une influence redoutable sur le cours de
l'histoire. Il semble bien qu'elles sont le principe qui régit l'ambition de
l'homme de dominer sur l'homme et celui de toute économie basée sur la
croissance de la richesse pour la richesse. Les petits et les grands, les riches et les
pauvres portent la même ambition et par là sont marqués du chiffre de la bête. Mais il
en est bien quelques uns appartenant à la
descendance de la femme qui résistent à la violence de la domination de
l'homme par l'homme. Jean,
après avoir décrit la montée terrifiante des deux bêtes nous montre ce qu'il en
est de ceux qui refusent de participer à l'idolâtrie ambiante et ne cèdent ni à
la séduction, ni à la menace.
L'Agneau
est debout sur le mont Sion et avec lui cent quarante quatre mille qui portent
son nom et le nom de son père écrits sur leurs fronts.
L'Agneau
debout est le ressuscité, il est le Vivant qui par la croix a ouvert aux hommes
la vie éternelle. Il se tient sur la montagne de Sion, le lieu du salut, c'est
là que par la croix,
L'identification
des cent quarante quatre mille pose question. Faut-il y voir des vivants dans la
chair ou des vivants dans l'Esprit ayant traversés les portes de la mort ? Leur physionomie spirituelle ne permet
pas de répondre définitivement à cette question mais nous donne une piste de
réflexion. Ils
ont été rachetés de la terre. Ils ont été acquis par le sang de
l'Agneau, ils sont donc les bénéficiaires du sang de la croix, de la rédemption.
Ils peuvent ainsi représenter tous les chrétiens morts et vivants et non une
sélection parmi les croyants, ni une élite d'élus. 144 000 est bien sûr un
nombre symbolique et non un chiffre
absolu. Au chapitre 7, il est
décrit comme le carré de douze, chiffre sacré représentant la totalité dans
l'espace et dans le temps (le cube a douze arêtes, l'année douze mois, le
zodiaque douze constellations, Israël douze tribus, l'Eglise est fondée sur la
tradition des douze apôtres)
,
porté à la plénitude par la multiplication par mille. Il est le chiffre de
l'extension indéfinie et par là signifie la totalité des élus. Toutefois, comme
la maison du Père comprend plusieurs
demeures, l'Eglise des sauvés n'est pas une masse impersonnelle mais une
assemblée composée de familles à l'image des douze tribus d'Israël formant un
seul peuple de Dieu. Ils
ne se sont pas sali s avec des femmes.
La souillure évitée est celle du vêtement blanc, il ne s'agit pas a priori de
sexualité ou de virginité écartant le mariage comme une souillure, mais de la
virginité au sens large: la fidélité et l'intégrité de l'Eglise qui se garde de
toute contamination avec l'idolâtrie. Dans la première Alliance, l'idolâtrie est
souvent présentée comme une prostitution se moquant de l'amour d'Adonaï qui
accepte le rôle de l'époux d'Israël. Ils
suivent l'Agneau partout où il va. Le vrai disciple a toujours en mémoire
les Paroles du Logos et les met en pratique, il fait sienne la parole adressée par le
Maître à Pierre " Toi, suis-moi".
Ceux-là ont été achetés en
prémices pour Dieu et pour l'Agneau.
Commentant ce verset, les pères l'ont compris comme relatif aux martyrs.
Ainsi ils entendent les cent quarante quatre mille comme l'assemblée des
martyrs. La liturgie de notre Eglise copte-orthodoxe les mentionne dans la
bénédiction qui clôture l'office de l'oblation de l'encens parmi les intercesseurs, elle y voit
aussi le paradigme des saints innocents: "Que
le Seigneur ait pitié de nous, qu'il nous bénisse, illumine sa face sur nous et
nous couvre de sa miséricorde. O
Dieu sauve ton peuple et bénis ton héritage, pais ton troupeau et exalte-le
éternellement. Exalte
la puissance du nom de chrétien par la vertu vivifiante de la croix,
et
par les prières que ne cessent de t'adresser pour nous, notre souveraine
O
Christ Dieu, roi de la paix donne-nous ta paix, confirme-nous dans ta paix et
remets nos péchés. La
paix de Dieu soit avec tout son peuple. <>" *Remarquons
au passage que, dans l'état de la documentation, la sainte tradition alexandrine est la
seule Eglise chrétienne à mettre dans la bouche de ses prêtres la grande
bénédiction sacerdotale transmise à Aaron par Moïse sur l'ordre exprès d'Adonaï.
(Nombres 6, 22.26). * Pour
les 144 000, nous pouvons nous situer dans une voie moyenne et dire que, comme Marie est la figure de l'Eglise,
ils sont la troupe des martyrs figurant tous les chrétiens. Nous en sommes
d'autant plus assurés si nous ne faisons pas de contre sens sur le mot prémices
qui ici n'a probablement pas le
sens de premiers fruits annonçant la totalité, mais celui de lot de Dieu comme
l'indique le mot aparch aparché=prémice souvent traduit dans la septante pour
l'hébreu oblation, part consacrée.
Ils
étaient esclaves de la mort, l'Agneau les rachète par son sang répandu sur
l'arbre de la croix et les rend irréprochables. Non que ces gens aient
toujours dit la vérité mais parce que dans leur bouche on n'a pas trouvé le
mensonge c'est à dire la vanité
de l'idolâtrie (Cf jean 8, 44.45). Par leur confession de la foi, ils adhèrent
littéralement au Christ et, par son sang,
sont irréprochables. c'est en cela aussi que l'on dit qu'ils sont
vierges, n'ayant aucune part avec le prince du mensonge. La
première résurrection lire Apocalypse 20, 11 à 15 & 21, 1 à 8 Nous
arrivons au terme de l'histoire du salut et du livre de la révélation des choses qui doivent
arriver. L'Eglise, comme une épousée est préparée pour ses noces avec
l'Agneau. Elle se revêt des oeuvres de justice des saints. En fait, le lin fin, éclatant et pur est le signe
du vêtement blanc remis aux fidèles par la grâce du baptême, les oeuvres de justice sont donc la
réception et la garde du don généreux par l'obéissance quotidienne à la volonté
du Père. Toute l'Economie divine tend vers ses noces mystiques où le créateur
exalte sa créature lui communiquant par l'union et la communion du Saint Esprit
sa 33 divinité.
Il s'agit bien de l'union parfaite et définitive, eschatologique, du Messie et
de son Eglise. Heureux ceux qui en ce jour, jour du Seigneur, sont appelés au repas de noce de l'Agneau.
Aujourd'hui
dans le mystère de la sainte Oblation, le messie nous invite à recevoir les
prémices de notre participation à ses noces. Il nous appelle, nous attend.
Aujourd'hui, tous sont appelés, et beaucoup déclinent l'invitation et ne
sont, par leur négligence, pas
comptés parmi les élus. Saint Cyrille d'Alexandrie dans son commentaire sur
l'évangile de saint Jean commente les paroles du Seigneur "Je suis le pain de vie<> celui qui
mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. "
Puisent-ils comprendre, ces fidèles baptisés qui ont goûté la grâce divine que
par leur négligence à venir dans les églises, par leurs délais à s'approcher de
l'Eulogie du Christ<> ils s'excluent de la vie éternelle en refusant
d'être vivifiés. " <> "Ceux qui reçoivent en eux le pain de vie, auront
pour récompense l'immortalité <> ceux qui auront reçu le Christ dans la
communion goûteront quand même la mort charnelle à cause de leur nature, mais
cela ne doit pas les affliger. Ils seront soumis comme les autres à la fin
commune de tout homme, mais selon la parole de saint Paul, ils sont vivants pour
vivre éternellement à Dieu." Le vainqueur arrive sur un cheval blanc, revêtu d'un manteau trempé de sang.
le Logos fait chair, le Théanthropos siège pour juger. Ceux qui n'ont rien en eux de la bête et qui
ont été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de 34 céleste
dans les cieux, le corps du Ressuscité. Dès l'heure du trépas, ils s'incorporent
à la chair spirituelle du Christ et vivent de Lui et en Lui. C'est ici la
première résurrection mystérieuse. Ceux qui y auront part, ressusciteront à la
parousie sans craindre le jugement. Le
monde nouveau lire Apocalypse 21, 9 à 27 Avant
de poser le regard sur le monde nouveau, il est nécessaire de s'attarder sur la
première résurrection puis sur le
jugement. Devant le grand trône et Celui
qui y siège, je vis tous les morts, grands et petits, debout devant le
trône<> et les morts furent jugés <> selon leurs oeuvres. Si donc, le croyant, par son baptême
reçoit la promesse de la première résurrection qui est l'assurance d'être uni au
Christ sans crainte d'être séparé de lui , même par la mort, il sait que
l'accomplissement de cette promesse est conditionné par le sérieux avec lequel
il accueille Parmi
les livres ouverts, le livre de vie,
celui de l'Agneau , le jugement s'établira sur la conformité de la vie à la
pratique de l'Evangile et non sur les discours pieux mêlés d'arrogance ou d'irresponsabilité
pour ne pas parler d'hypocrisie. A la question du scribe de Luc 10, 27 sq. Que
dois-je faire pour gagner la vie éternelle? Jésus répond "qu' est-il écrit dans la
loi, qu'y lis-tu? Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute
ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit; et ton prochain comme
toi-même. Fais cela et tu vivras." Pour
hériter du royaume, il convient de manifester par ses actes l'amour de Dieu et
du prochain. Le jugement viendra séparer ceux pour qui l'amour de Dieu et du
prochain est un simple sujet de discours académique et ceux qui, même sans tout
à fait discerner la présence de l'image de Dieu dans l'humanité, ont montré de
la compassion pour les humbles et les malheureux. Je renvois mon lecteur aux
assises du jugement dernier annoncés par le Seigneur en Mathieu 25, 31 à 46. Le
christianisme ne se résume pas à une sorte de philanthropie universelle, mais il
n'est pas non plus théorie abstraite; sans amour concret et qui coûte, pas de
vrai disciple du Christ, Fils de Dieu, lui que les pères ont appelé le
Philanthropos, l'ami de l'homme. Par
la grâce divine, l'amour de Dieu et du prochain montre sans aucun doute la
présence dans le croyant du très Saint Esprit. Les
prières et les mystères célébrés dans les églises doivent avoir pour objet de
louer, bénir et faire monter par Jésus le messie, l'adoration vers le Père des
lumières, et, en retour recevoir la grâce de la communion à l'Esprit de vie.
Nous
conservons cette divine communion autant que nous nous éloignons du péché et que
nous nous rapprochons de notre prochain. Souvenons-nous toujours que le terme
qui désigne l'élément de l'Eucharistie sacrée (Oblation ou Offrande) est Qorban
dont la racine sémantique signifie rapprochement. Par Au
moment du jugement donc chacun sera jugé
selon ses oeuvres. Il est intéressant de remarquer que Jean ne dramatise pas
ce jour du jugement par des descriptions de catastrophe cosmique, il se contente
de dire sobrement devant le trône
s'enfuirent la terre et le ciel, il ne se trouva plus de place pour eux
. La figure du monde ancien
passe, la mort et l'enfer s'en vont vers la mort. Le messie de Dieu donne sa vie
sur la croix et par sa mort, la vie éternelle, Christ est ressuscité des morts,
par sa mort il a vaincu, détruit la mort. Celui qui, après la résurrection
universelle, ne se trouve pas inscrit
dans le livre de vie, suivra le sort de la mort et de l'enfer, la seconde mort... Mais
avant même la parousie, le vieux monde usé, celui qui est le domaine du prince
de ce monde n'est plus. "
C'est
maintenant le jugement du monde, c'est maintenant que le prince de ce monde va
être jeté dehors. Et une fois élevé de terre, j'attirerai tous les
hommes"
Jean 12, 31.32 . La
croix et la résurrection ont bouleversé l'ordre des choses, la croix et le
crucifié embrassent tous l'univers qui
échappe à la dictature du mauvais et reçoit la capacité de se déterminer
librement à la réception de la grâce divine. L'image
des noces que nous avons déjà rencontrée est tout à fait adaptée à expliquer la
déification, l'union de la divinité avec l'humanité: Comme les époux deviennent
de deux une seule chair, c'est à dire une seule réalité spirituelle, de même
chaque individu sans rien perdre de
sa personne s'unit
au Seigneur et ne fait avec lui qu' un seul esprit (1 Corint. 6, 17)
sans séparation, ni mélange. Les
derniers temps sont là, Dieu passe Alliance avec tous les peuples, toutes les
nations, l'éternité de Dieu est présente dans le temps des hommes, ils
continuent à mener une existence terrestre, mais Dieu les reçoit comme ils
seront à jamais: par le sang de la croix, les cohéritiers du Fils unique.
Le
vainqueur héritera cela, je serai pour lui Dieu et lui sera pour moi fils.
37 Je
disais que l'Eglise n'était pas Il
est digne et juste, convenable et nécessaire de te louer, de te chanter, de te
bénir, de t'adorer, de te glorifier, de te rendre grâces, à toi, l'auteur de
toutes les créatures visibles et invisibles, le trésor des biens éternels, la
fontaine de la vie et de l'immortalité, le Seigneur et Dieu de toutes choses.
Toi
que chantent <> Le
vainqueur est déjà citoyen de Que le pain et le vin sanctifiés de
l'Alliance soient pour nous le gage
de l'introduction sans retour dans La
gloire de Lire Apocalypse chap. 22 Il
est parfaitement inutile de chercher à localiser Avec
Son
éclat est semblable à une pierre très précieuse.
Le visionnaire est ébloui : le jaspe en 4,3 c'est l'évocation de Dieu sur son
trône pendant la liturgie céleste. Nul ne peut voir Dieu et vivre, sauf si Dieu
lui-même se contemple en l'homme avec les yeux de l'homme intérieur. Alors la
lumière divine enveloppe tout, le voyant semble faire un avec la divine clarté,
se perdre dans la joie ineffable jusqu'à ce qu'il entende son nom et prenne
conscience de son hypostase. La
description architecturale de La
muraille de la ville a douze assises, et sur elles douze noms, ceux des douze
apôtres de l'Agneau. Sur les portes, sont inscrits les noms
des douze tribus d'Israël. Nous discernons la continuité de l'oeuvre du salut,
la première Alliance n'est pas annulée par Pour
aller vers le Père, il faut recevoir en nous l'Esprit qui seul nous permet
d'accomplir en vérité Pierre
le premier, mais aussi les onze ont porté au monde entier la
pierre
du témoignage: Jésus est le
Fils du Dieu vivant. A
partir de cette confession, la cité sainte est édifiée. Le collège des apôtres
la porte ensemble, leurs successeurs sont les gardiens légitimes de
Nous
n'avons pas de lumières particulières sur la question des matériaux de la cité
ni sur l'allégorie des mesures. La liste des pierreries évoque les pierres
précieuses du pectoral du grand prêtre, avons-nous le droit d'associer les
matériaux précieux du grand prêtre et ceux de la ville comme un écho à l'épître
de saint Pierre 2, 4: "Avancez-vous vers
lui <Jésus>, Pierre vivante rejetée par les hommes, mais élue précieuse
devant Dieu, et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, laissez-vous bâtir en
maison spirituelle pour un sacerdoce saint";
Peut-on
y voir l 'image de la cité construite en pierres vivantes dont chacune et toutes
exercent le sacerdoce en vue d'offrir des sacrifices spirituels?
40 Saint
Macaire dans sa 34è. homélie spirituelle (collection
II, traduction P. Placide Deseille) parle
du grand corps du Christ, monde véritable et terre
vivante: "
La gloire <de la divinité> est cachée aux yeux du corps, mais elle est
clairement révélée à l'âme croyante, que le Seigneur ressuscite de la mort du
péché, de même qu'il relève les
corps morts, pour qui il prépare un ciel nouveau, une terre nouvelle et un
soleil de justice, en lui donnant toutes choses, tirées de sa propre divinité.
<.> Il est venu pour ressusciter l'homme, maintenant, dès ce monde, le
vivifier, le purifier de toute noirceur, l'éclairer de sa propre lumière et le
couvrir des vêtements célestes de sa propre divinité. Lors de la résurrection
des corps dont les âmes sont ressuscitées à l'avance et déjà glorifiées, les
corps seront glorifiés et illuminés avec les âmes qui le sont dès maintenant.
Car le Seigneur est leur maison, leur tente et leur cité. Ils sont revêtus d'une
demeure céleste qui n'est pas faite de main d'homme <> tous et toutes sont
un dans le Christ". Dieu
sera si immédiatement présent qu'il ne sera pas besoin d'un temple pour
localiser la shekina. Plus besoin de bâtiment pour aller vers le Seigneur,
les
vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité Jean
4, 23. "Je
n'y vis pas de sanctuaire car le Seigneur, le tout-puissant est son sanctuaire,
ainsi que l'Agneau". Notons encore une affirmation de l'unité
du Père et du Sauveur. Jean pose
l'égalité de Dieu et de l'Agneau en les réunissant dans le signe visible du
sanctuaire de Si
nous pouvons voir l'icône du Père, le Logos, c'est parce qu'il
a pris chair de Marie, Le
corps de Jésus, instrument de communication (car on a dans ce monde de
connaissance de la personne de l'autre que par l'intermédiaire du corps, qu'il
soit de chair ou spirituel) est le véritable sanctuaire. Déjà, le prologue de
l’Evangile de Jean
(I, 14),
annonce : “le
Logos s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa
gloire”.
Dans
le mystère de sa mort et de sa résurrection, le ressuscité, à travers les temps et les lieux ,
devient le lieu de rencontre entre Dieu et les hommes, le principe par la
communication de l'Esprit, de toute
sanctification. Il
est le nouveau sanctuaire de l'Alliance éternelle. (Voir
en excursus 3,
lettre de saint Elie N°30, le sanctuaire de son corps). “Ill
parlait du sanctuaire de son corps”
dit
Jean 2, 19 en commentant l'annonce de la destruction et la reconstruction du
temple en trois jours. La
ville n' a pas besoin du soleil ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de
Dieu l'a illuminée, et sa lampe s'est l'Agneau.<> Jamais n'y entrera rien
de souillé, ni celui qui pratique abomination et mensonges, mais seulement ceux
qui se trouvent inscrits dans le livre de vie de l'Agneau. Quand
nous posons le regard sur le monde nouveau et L'incirconcis
et l'impur deviennent celui qui pratique abomination et
mensonges. Il s'agit bien évidemment d'une conduite qui entraîne la
souillure de l'idolâtrie comme il en été mis en garde dans les lettres aux sept
Eglises. L'idolâtrie n'est pas exclusivement l'adoration des faux dieux et
fausses valeurs mais aussi et surtout pour nous, tous les mensonges de notre vie
par rapport aux paroles de notre
bouche qui prétend annoncer l'Evangile. Nous
sommes inscrits au Livre de vie et nous devons avec la grâce de
Dieu, vivre comme des enfants de l'Evangile, des Fils de la lumière illuminés dans nos coeurs et notre
comportement par la gloire de
Dieu qui ne supporte pas
l'ombre ni du péché, ni de la mesquinerie de l'âme. Le
paradis céleste lire
Apocalypse chap.
22 L'histoire
de l'humanité commence dans le jardin d'Eden, arrosé par un fleuve, où Adonaï fit pousser du sol toutes sortes
d'arbres désirables à voir et bons à manger (Genèse 2, 8-10), là se trouvait
aussi l'arbre de vie et celui de la connaissance du bien et du mal.
Après
la vision du monde nouveau et celle de <L'Ange>
me montra un fleuve d'eau de la vie <>qui sortait du trône.<> Au
milieu de la place, un arbre de vie <> et le feuillage de l'arbre sert à
la guérison des nations. L'ange et Jean ne nomment pas l'espace
ainsi décrit mais sa présentation en s'inspirant du paradis de la genèse et du
temple des temps accomplis d'Ezéchiel 47, 1.12 indique bien qu'il s'agisse du
paradis de félicité des élus. Le
fleuve d'eau vive sort du trône de Dieu et de l'Agneau. Jean dans son Evangile
(7, 37) nous a déjà dit que le fleuve
d'eau vive désigne l'Esprit que
devaient recevoir ceux qui croiraient en <Jésus>. Le paradis céleste
tire sa réalité de la sainte Trinité, le Père, le Messie-Agneau, et l'Esprit de
vie. Le salut et la vie coulent en abondance dans le jardin des délices et sa
source, l'Esprit ne peut se tarir. Ainsi les élus sont assurés de la permanence
du salut. Le Règne de Dieu est accompli. Saint Jean Chrysostome pose équivalence
entre le paradis et le Royaume des cieux: "
Sous le nom de paradis, Jésus nomme le royaume des cieux, utilisant le nom
courant pour s'adresser au larron<> puisque le retour du larron à la
perdition n'était plus à craindre, il est dit entrer au paradis".
La
difficulté pour notre intelligence limitée par notre expérience de
l'espace-temps est de comprendre pourquoi le Christ a dit au larron: "Aujourd'hui même tu seras avec moi au
paradis" et non "aujourd'hui tu seras avec moi au ciel". Comment entrer au
Paradis avant la résurrection du Christ et la résurrection universelle? Il nous
est impossible de résoudre parfaitement cette question sauf à poser des
échappatoires qui méritent pourtant une réflexion. Le jardin d'Eden pour
beaucoup de pères est une allégorie, des Ecritures saintes, de "
<>Le Seigneur accorde toujours plus qu'on ne lui demande. <Le
larron> en effet demandait que le Seigneur se souvînt de lui quand il
viendrait dans son royaume. Mais le Seigneur lui dit: Amen, amen, je te le dis:
Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. La vie, c'est d'être avec le
Christ, car où
est
le christ, là est le royaume". Donc
Ambroise, comme Jean Chrysostome pose l'équivalence du Royaume et du Paradis, il
ne s'encombre pas de considération; par la foi et la grâce, il pose la véritable
question: être avec le Christ, voilà ce qui importe. De
part et d'autre du fleuve un arbre de vie<>pour la guérison des nations.
Ezéchiel
(47, 1à 12) dans sa grande vision de la nouvelle terre sainte décrit le fleuve
qui a sa source dans le sanctuaire du temple, au bord du fleuve, sur ses rives,
toutes sortes d'arbres fruitiers dont les fruits ne s'épuiseront pas.
L'apocalypse, comme la génèse ne présente qu'un seul arbre de vie. Si nous
regardons bien la description, ce seul arbre est du part et d'autre du fleuve,
il embrasse tout l' espace. La liturgie de l'Eglise décrit un arbre de vie qui
embrasse tout l'univers: La croix vivifiante. Par les souffrances du messie,
elle est devenue croix glorieuse à cause de la résurrection, signe de
l'extension universelle de la rédemption et de l'attente/présence
eschatologique. Le signe de la croix montre l'amour éternel et universel du
créateur envers sa créature. Son fruit
nourrit et ses feuilles guérissent dès maintenant et demeureront sans fin,
car, même au paradis, l'homme reste une créature qui reçoit la vie éternelle. Il
ne sera, même déifié, jamais source de sa propre vie. Pour saint Irénée,
l'immortalité n'est pas une acquisition déterminée de la nature mais communion à
Dieu; si le don de la vie et sa libre réception devaient cesser, l'homme serait anéanti.
Il
n'y aura plus de malédiction
puisque
le tentateur ne sera plus. Dans le jardin sera la vrai paix, il n'y aura plus de nuit ni besoin de
lumière de lampe, ni de lumière du soleil, car le Seigneur brillera sur
eux. La
vision du paradis eschatologique se termine sur ces mots. Jean
dans les versets suivants revient dans l'aujourd'hui des Eglises. Heureux ceux qui lavent leurs robes, pour
qu'ils aient le pouvoir sur l'arbre de vie et entrent dans la ville (de
Maintenant
par le baptême et l'entrée dans l'Eglise, notre Christ , A
& W, nous purifie, nous revêt de la robe
blanche et nous offre le fruit de l'arbre de vie. Il est pour ceux qui recoivent la foi sans mélange, l'étoile resplendissante du matin du salut. Notre
vie dans l'Eglise est l'aurore de notre vie dans le royaume, sans discontinuité,
où le Seigneur sera notre soleil. L'Esprit travaille la création à ce jour sans
fin, c'est lui qui prépare l'épousée pour ses noces mystiques et lui fait dire
"Viens". Oui je viens dit le témoin
fidèle, l'Amen. La
grâce du Seigneur Jésus soit avec vous tous.
La liturgie de notre Eglise copte-orthodoxe met cette bénédiction dans la bouche
du prêtre à la fin des Offices divins. Elle dit par là que nous avons accès à la
vie éternelle par la croix du Sauveur en accueillant le saint Esprit en nous. Il
n'y a pas d'autre bien désirable. Nous
pouvons conclure notre brève étude de l'apocalypse par la quinzième ode de
Salomon,
hymne du 2è. S.
Le
Seigneur est mon soleil Comme
le soleil est la joie de
ceux qui recherchent son jour, ainsi ma joie c'est le Seigneur,
car
il est mon soleil. Ses
rayons m'ont ressuscité, sa
lumière a dissipé toute ténèbre devant mon visage. Grâce
à lui, j'ai acquis des yeux, et
j'ai vu son Jour Saint; j'ai
eu des oreilles et
j'ai entendu sa vérité; j'ai
eu la pensée de la science et
par son moyen je me suis réjoui. J'ai abandonné la route de l'erreur,
je
suis allé vers lui, et
j'en ai reçu généreusement le salut. Selon
sa bienveillance, il m'a donné, selon
sa munificence, il m'a traité. En
son nom j'ai revêtu l'incorruptilité, et
j'ai abandonné la corruption par sa grâce. La
mortalité a disparu de devant mon visage, le
schéol a été anéanti par une
vie immortelle est montée en la terre du Seigneur. Elle
est révélée à ses croyants et
départie sans réserve à tous ceux qui se confient en lui. Alleluia.
Oui,
le Seigneur est mon soleil. Loin d'être un ouvrage pessimiste, l'Apocalypse est
le sceau des Ecritures de Elle
nous entraîne dans la joie de la résurrection même quand elle ne nous cache pas
les difficultés. L'Amen demande de prendre au sérieux les exigeances de la vie nouvelle du
baptisé en nous montrant la gloire à venir. L'apocalypse
est lumière pour ceux qui veulent bien faire l'effort d'ouvrir les yeux
intérieurs.
Bibliographie: -
B. Allo, article apocalypse, in supplément au dictionnaire de -
Etienne Charpentier, au fil de l'apocalypse, in Cahiers Evangile n° 11: une lecture de
l'apocalypse, 1975 -Jean-Pierre
Prévost, pour lire l'apocalypse, Cerf 1991 -
Pierre Prigent, l'apocalypse de saint Jean, Labor et fides, Genève,
1988 -
Denis Marion, l'apocalypse, in Esprit & Vie n° de février à septembre
1992 -
Origène, Scholies sur l'apocalypse. traduction Solange Bouquet, in collection
les Pères dans la foi, Desclées 1989 excursus
1: + Au
début du carême de Noël, que nous appelons Avent, le lectionnaire occidental
nous propose de lire pendant quelques jours le discours de Jésus sur la ruine du
Temple. On
le trouve dans les évangiles synoptiques en Mathieu, chapitre 24 et 25, Marc,
chapitre 13 et Luc 21. Nous suivrons le texte de Luc. En
utilisant la méthode d’exégèse inaugurée par le grand Origène, qui consiste à
expliquer le texte des Ecritures par l’Ecriture elle-même, nous allons essayer
de commenter ce passage difficile de l’enseignement du
Sauveur. Luc
21, v.5 à 7. “Comme certains disaient du
temple qu’il était décoré de belles pierres et d’offrandes votives Jésus dit, De
ce que vous contemplez, des jours viendront où il ne sera pas laissé pierre sur
pierre : tout sera détruit. Alors ils lui demandèrent : “Maître, quand donc cela
aura-t-il lieu, et quel sera le signe”. Viendront
les faux prophètes, les guerres, les bouleversements, les tremblements de terre,
les famines, les pestes ; avant tout cela les persécutions puis Jérusalem sera
investie par les armées. “Et
il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles... Alors on verra le
Fils de l’Homme arriver dans une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire.
Quand ces choses commenceront à arriver, prenez confiance et relevez la tête,
car votre délivrance est proche”.
(Luc 21 v.25 à 28). Nombreux
entendent ces derniers versets comme l’annonce des signes avant courreurs de la
fin des temps et du second avênement du Messie. Dans
cette perspective, la ruine de Jérusalem et la fin du monde sont unies
mystérieusement, le premier évènement étant le symbole du second. Jésus, à la
question des apôtres “quand donc cela
aura lieu ?”, aurait donné une double réponse, deux prophéties successives,
celle de la ruine de Jérusalem puis celle de la fin du monde et de sa venue en
gloire. Cette
interprétation est assise sur la question des apôtres sur le Mont des Oliviers
dans le récit de St-Mathieu 24 v.3 : “Dis-nous quand cela (la destruction du
temple) aura lieu et quel sera le signe de ton avênement et de la consommation
du monde ?” Elle est donc légitime, mais elle ne peut occuper tout le champ
de l’exégèse. D’autres
commentaires, aussi avec raison, montrent que la triste banalité des évènements
annoncés par Jésus n’ont pas vraiment le caractère de signes. Il y a hélas
toujours des bruits de guerres, des tremblements de terre, quant aux signes
cosmiques, nous verrons plus loin. Christ
veut détourner ses disciples de l’angoisse et des illusions apocalyptiques. “Ne vous souciez pas du lendemain.” En
revanche, Il veut mettre en garde ses fidèles contre l’illusion de
l’installation du royaume terrestre du messie. Jésus prophètise sur le temple
alors que déjà “les grands prêtres et les
scribes cherchent moyen de le supprimer” (Luc 22). Avant
sa Pâque, Il veut faire comprendre aux siens que leur participation à ses
souffrances est essentielle au développement du Royaume et qu’ils ne doivent pas
attendre “Votre délivrance est proche (v.28).
Jésus compare les épreuves avec les douleurs de l’enfantement. Quand la femme
enfante, elle est dans la tristesse, quand l’enfant est né, elle est dans la
joie. Les épreuves et les calamités sont la souffrance de la parturition d’un
monde nouveau. Michée
4 v.9 à 5 v.4 utilise la même image pour promettre à Sion la délivrance. Il
conclut par la fameuse prophétie, “Et toi Bethléem... de Toi sortira pour moi
celui qui doit être souverain en Israël et ses origines remontent aux temps
anciens, aux jours antiques...” Les
signes cosmiques terrifiants ne doivent obligatoirement être pris à la
lettre. Ils
faut tenir compte du style du genre prophétique. A.Feuillet
(1) propose deux exemples qui se rapportent à notre discours : Jérémie (4,
23-24) écrit à propos des malheurs de Jérusalem “Je regarde la terre, et voici
qu’elle est informe et vide, les cieux, et leur lumière ont disparu. Je regarde
les montagnes et voici qu’elles sont ébranlées, et toutes les collines
chancellent. Ezéchiel
(32, 7 & 8) fait participer la terre entière au deuil de pharaon : “En
t’éteignant, je voilerai les cieux et j’obscurcirai leurs étoiles, je couvrirai
de nuages le ciel et la lune ne donnera plus sa lumière. Je vêtirai de deuil
tous les astres qui brillent dans le ciel.” On
peut ajouter Isaïe 34, 4 où l’univers entier paraît s’associer à la ruine d’Edom
“toute l’armée des cieux sera réduite en poussière, les cieux roulés comme un
livre... Il
est évident que les évènements ne se sont pas passés exactement comme ci-dessus
décrit. Toutes
ces images veulent marquer un tournant important dans l’histoire, mais pas la
fin de l’histoire. Elles signifient surtout que l’univers est mystérieusement
solidaire de l’homme. Dans
le temple réside Le
temple de Jérusalem est le signe de l’unité d’Israël, le peuple de Dieu. Le
sanctuaire fait de mains d’hommes va disparaître pour laisser la place au
sanctuaire non fait de main d’homme (Héb.9v.11). Le Christ est le centre
invisible de rassemblement des croyants. En lui réside la gloire, lui qui est le
rayonnement et l’empreinte de la substance du Père (Héb.I
v.3). La
venue en gloire du Fils de l’homme décrite ici n’est donc pas exclusivement
celle du dernier jugement mais essentiellement celle de l’accomplissement en
Jésus de la figure du messie. Un monde nouveau commence, l’Eglise corps du
Christ, mènera à son terme ce temps messianique. Augustin
d’Hippone interprète dans l’apparition du Christ qui rassemble les élus, “sa
venue invisible soit dans ses fidèles, qui sont comme autant de nuées, soit dans
son Eglise, son corps, qui comme une nuée se répand dans
l’univers et ne cesse de porter des fruits” de sainteté.
(2)
(1)cette
monographie doit beaucoup à l’étude de A.Feuillet, le discours sur la ruine du
temple in Revue Biblique 1948,1949. (2)
Augustin, lettre 199, P.L. 33 Excursus
2 NOUS
AVONS VU SA GLOIRE Le
mot gloire (1) (doxa) dans notre bible traduit le plus souvent l’hébreu Kâbod,
puis shekinah (présence). La gloire est aussi la majesté (gâ’on ou ge hût) (2) :
Ils élèvent leur voix, il poussent des cris
d’allégresse ; des bords de la
mer, ils célèbrent la
(gâ’on) gloire-majesté du Seigneur
(Isaïe
24,14). Si l’on fait grâce au méchant, il n’apprend
pas la justice, il se livre au
mal dans le pays de la droiture, et il n’a point d’égard à la (ge hût)
gloire majesté de Dieu. (Is.26,10). Doxa
exprime aussi la force (oz) : Chantez à celui qui chevauche les cieux, les
cieux éternels. Voici qu’il fait
entendre sa voix, voix de puissance. Rendez gloire (oz)
à Dieu, dont la splendeur repose en Israël, dont la force éclate dans
les cieux (ps.68). Ainsi
la gloire est la manifestation du Dieu transcendant qui se laisse appréhender
par sa majesté. La gloire indique sa présence, sa force, son rayonnement
fulgurant mais voile autant qu’elle révèle le Tout Autre, l’Infini,
l’Inconnaissable. Sur
ce fond lumineux, Isaïe découvre la figure sans éclat ni beauté du Serviteur qui
a été pour plusieurs un sujet d’effroi tant son visage était défiguré (52,14)
et qui est chargé de faire rayonner la gloire divine jusqu’aux extrémités de la
terre : Tu es mon Serviteur, en toi, je
révèlerai ma gloire (49,3). Les
apôtres ont reconnu en Jésus ce serviteur et proclament le lien entre la gloire
divine et la personne de Jésus. En
sa chair, se révèle la gloire du Fils unique de Dieu. Le Logos s’est fait chair et il a habité
parmi nous. Et nous avons vu sa gloire, gloire du Fils unique venu du Père,
plein de grâce et de vérité (Jean1,14). Jésus
accomplit les oeuvres du Père et par
là glorifie le Père, il interroge ses disciples en disant
Qui
est le Fils de l’homme ? Simon- Pierre s’écrit c’est Toi, le Christ, le Fils du
Dieu vivant. Six jours après, Jésus
prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène sur une haute montagne et
là il fut transfiguré devant eux. Son visage resplendit comme le soleil, ses
vêtements éblouissant comme la umière. Moïse et Elie apparus en gloire,
s’entretenaient dans la nuée lumineuse avec lui. (Math.17,1-8.
Marc9,2-8. Luc 9,28-36). “C’est
de tout son corps que jaillit la splendeur de sa divinité et sa lumière sortit
en rayons de tous ses membres ; car sa chair n’éclatait pas de lumière
extérieurement seulement mais c’est de lui que jaillissait la gloire de
La
transfiguration révèle dans la lumière incréée la gloire du Thé-anthropos
(Dieu-Homme) dans l’union des deux natures. Lors
de l’office de Nous
offrons au Père à la divine liturgie, le pain et le vin “fruits de la terre et
du travail de l’homme” (7) alors le Père céleste fait descendre sur ces dons le
feu divin, tout comme au temps d’Elie. Le pain et le vin sont pénétrés des
rayons lumineux du Saint Esprit et deviennent pour nous corps et sang du Christ
glorieux. Grégoire
Palamas nous affirme qu’en recevant l’Eucharistie, nous sommes irradiés de la
gloire de Notes
et Bibliographie (2)
A.M. Ramsey, (1)
Donatien Mollat, article Gloire, Vocabulaire de Théologie Biblique, paris
1962. (3)
St-Ephrem le Syrien, homélie sur (4)
Jean de Damas, homélie pour (5)
Avec la foi de l'Eglise qui confesse une seule personne de deux natures (divine
et humaine) en Christ sans mélange ni division, sans confusion ni séparation,
les pères acceptent ce que les théologiens appellent la communication des
idiomes (ou caractères) des deux natures, chacune des deux accomplit ce qui lui
est propre avec la participation de l’autre, ensemble car il est un seul et même
Fils unique, non divisé ou séparé en deux personnes. (6)
Evêque Germain, (7)
Bénédiction juive. excursus
3: LE
SANCTUAIRE DE SON CORPS Le
temple de Jérusalem est le signe de la présence de Dieu parmi les hommes et de
l’unité du peuple de Dieu autour du sanctuaire du Très
Haut. Le
Très Haut, celui qui n’est contenu par rien, et contient toutes choses, n’est
pas quelque part, et est à lui-même son lieu, il n’habite pas un lieu sur la
terre, ni même dans le ciel. Mais Il est pourtant le tout proche, Dieu créateur
présent à son oeuvre, Dieu Sauveur de son peuple, Dieu pasteur de ceux qui
marchent avec lui comme Abraham, Joseph et les patriarches, et se tiennent
devant lui comme Elie et les prophètes. Salomon,
réalise le projet de David son père, et construit un temple pour la gloire du
Seigneur. La nuée lumineuse signifie que Dieu accepte le temple pour le “Nom du
Seigneur”. “Mais
le ciel, et le ciel des cieux, ne peuvent le contenir, combien moins cette
maison bâtie” (I Rois 8, 27). Adonaï permet à son peuple de le
52 rencontrer
“là où est son nom” (I Rois 8, 29). Le temple sera un signe de A
David qui voulait, lui, construire le temple, le Seigneur lui fait dire par le
prophète Nathan : Ce n’est pas toi qui me construira une maison, mais c’est moi
qui t’en édifierai une en te donnant une postérité (II.Samuel 7,
11-12). Cette
prophétie annonce mystérieusement que le véritable temple, c’est le Seigneur qui
l’édifiera dans la postérité de David de laquelle est issu le Messie. Le Christ,
fils de David, Fils d’Abraham (Math.1,1) est le véritable temple où réside par
excellence la majesté divine. Lorsque
Jésus, dans le temple, “le dernier jour de la fête, le plus solennel, s’écria :
si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive” (Jean 7,37), il
s’identifie au temple régénéré d’Ezéchiel, Zacharie et de Joël, du côté duquel
une source devait jaillir. “Jésus
transfère en sa personne le privilège du temple, d’être l’endroit où l’on
rencontre Il
devient le centre de rassemblement des croyants. En lui réside la gloire, lui
qui est le rayonnement et l’empreinte de la substance du Père (héb.
1,3). Au
cours du procès, on reproche au maître de la vie, d’avoir déclaré qu’il
détruirait le Sanctuaire fait de main d’homme, et qu’en trois jours il en
rebâtirait un autre non fait de main d’homme (Marc 14, 58). Le même grief est
repris tandis qu’il agonise sur la croix (Math. 27,40). St-Jean
commente cette parole sur le sanctuaire détruit et rebâtit en trois jours par la
précision : “Il parlait du sanctuaire de son corps” (Jean 2, 19). L’Evangéliste
ajoute : “ses disciples le comprirent après la
résurrection”. Le
corps du Christ est le véritable sanctuaire. Déjà, le prologue de l’Evangile de
Jean (I, 14), annonce la révélation : “le Verbe, s’est fait chair, il a habité
parmi nous et nous avons vu sa gloire”. Dans
le mystère de sa mort et de sa résurrection, le corps du Verbe devient le
principe d’une création nouvelle, d’un homme nouveau. Le
nouveau testament utilise le même mot de corps (swma) du Christ pour trois
réalités liées l’une à l’autre : -
le corps (swma) de Jésus, né de l’Esprit Saint et de la vierge (Jean 2, 21 et
Colos. 1, 22) -
le pain rompu de l’eucharistie, corps (swma) donné pour la vie de monde (Luc 22,
19) -
le corps (swma) ecclésial dont les fidèles sont membres et le Christ la tête
(Col. 1, 18). Le
Christ récapitule en Lui toute la création et de son corps ressuscité, source de
vie, l’Eglise, fondée sur la pierre angulaire devient le véritable temple de
Dieu où sans distinction de races, de culture, de langue, tous ont accès au Père
en un même Esprit. (Ephés. 2, 19) Dans
ce temple spirituel, la liturgie célébrée est à la fois, présence, plénitude de
la divinité et gage du royaume à venir et aussi outil de construction de ce même
royaume. L’église
est bien la plénitude du Christ qui rassemble dans l’unité les enfants de Dieu
dispersés. Elle ne connaîtra son plein développement que lorsque tous ses
membres, aujourd’hui dispersés, se seront réunis. “Aussi
la résurrection du Christ après ses souffrances sur la croix embrasse-t-elle le
mystère de la résurrection du Christ tout entier et puisque l’Eglise est la
plénitude du Christ, dit avec audace Origène, le Christ ressuscité ne connaîtra
la plénitude de la joie que par la résurrection de celle qui est son corps
véritable” (2). “Il attend que nous nous convertissions ; son oeuvre est
imparfaite, dit-il avec encore plus d’audace, tant que moi, je demeure imparfait
; parce que, en moi, son oeuvre n’est pas encore achevée”
(3). Augustin
d’Hippone décrit de façon saisissante un des paradoxes de l’Eglise:
Beaucoup
semblent être dedans, qui sont en réalité dehors, et d’autres semblent être
dehors, qui sont en réalité dedans” (4). Le
Seigneur seul connaît les siens et à quel degré ils le sont. Beaucoup sont
invisiblement pierres du temple. Le
Temple demeure de Dieu parmi les
hommes, depuis la résurrection du Seigneur, est bien en construction par le
Saint-Esprit dans l’univers entier. St-Basile précise qu’il sait bien où est
l’Eglise, mais qu’il lui est difficile de dire où elle n’est
pas. Elle
est véritablement et solidement construite là où il y a véritablement corps du
Christ, c’est à dire là où le Christ unit les membres, dans son corps offert et
ressuscité, par le baptème dans le Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et
par l’eucharistie, son corps distribué. Notes
et Bibliographie (1)
Yves Congar, le Mystère du temple, lectio
divina n°22, Paris 1958 (2)
Origène, commentaire sur Jean, livre 10, S.C. n°157 (3)
Origène, sur le psaume 36, P.G. 12 (4)
cité par Y. Congar, op. cit. note
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